Étiquette : André Jean Nestor

  • Dialogues avec l’erreur

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (22)


    DIALOGUES AVEC L’ERREUR




    DIALOGUES AVEC L-ERREUR
    Diptyque photographique, G.AdC





          La nuit rampe, va à reculons vers son tourment. Et que ceux qui surent haïr couvent leur déroute dans leurs bouges, forts de leur pus et de leurs croix, de leurs harnais et de leur pauvres délivrances !
          Tous fils de la louve, semant les mêmes traîtrises, cuvant l’alcool des routes et l’herbe stérile, tenant le pas gagné, mais par l’autre…
          Aux ardents nouveaux la suie de leur bal, aux cohortes flagellées cadences et levains, aux lendemains qui toujours chanteront la chance de tout déclore, repeindre les brèches, arrêter l’emplacement des charniers et l’heure des oriflammes.
          L’enfer, ce sont parfois les Nôtres…

          Peut-être que l’Un n’asphyxie que l’épars, pas les feux de l’énigme, peut-être n’y a-t-il de sevrage qu’on ne devine en le dissimulant – aveugle ou ignorant, s’offrant à qui jamais ne fit don de rien, assombrissant l’imprévoyance de l’heure, les promesses closes sur cette éternité à l’essai, vos suspects acharnements contre le lieu et ses rapines…

          Pactes soumis aux temps mutilés, miroirs onanistes voués aux soifs et aux présages, gravant l’éclair sur les touffes et les grains, sur l’inachevé enfin dépris des scories, là où l’écart entre l’habitude de feindre de croire et la résignation à croire finira par s’effacer, où la raison de ton départ en sera l’unique conséquence, où l’on s’émerveillera de la clarté des enjeux simplement parce que les yeux ne verront que ce qu’est leur habitude de voir, mêmes couteaux, mêmes eaux intactes, mêmes cernes, mêmes cendres, mêmes veilles à peine habitées…
          Pas une qui ne sache combien inassouvi tombera le dernier geste !


    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Lente bouteille, lourdes mers

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (21)





    LENTE BOUTEILLE, LOURDES MERS…





    Je te devine- ineffa-able parmi les tron-ons-

    Ph., G.AdC





          Souffles bus à même ta peau, je me penche vers la houle concave, à peine un frémissement, à l’angle de la pièce rouge les chiens veillent, les cils dansent à tes pointes redurcies, tes cuisses déferlent, tu goûtes au fruit dès longtemps entêté, je t’accomplis avec les gestes qui t’effacent, ta paume s’égare dans la lumière stridente, la chance à chaque secousse tient sa vengeance, comme tu plies, ma guerrière, ma dispersion, mon ambiguë, je crie du fond de ton désert humide, les visages sans traits se lacèrent, je te devine, ineffaçable parmi les tronçons, au bord des rumeurs doubles te porte, te dissimule, te remplis, ma lointaine, ma redissoute, envol maquillé dans le désordre des fissures, je te prends comme jamais, me joue de tes dons, de tes feintes, j’ai gagné, l’aube fume, inlassable, je m’incurve dans la torpeur neuve, je suis seul, absent, inexpugnable, je t’aime, vent mien salubre sur les détours, j’avance sous l’horizon recomposé, dans l’intimité sans soumission où je perds, j’avance, poignard à la hanche vers toi comme vers l’odeur salée, j’avance vers la défaite devinée, j’avance en me jouant de tes visages furtifs ou inépuisables, j’avance sans compter, sans oublier, traînée d’écumes et de poursuites, j’avance pour qu’après, bien après, tu reviennes me noyer et renouer le pacte…



    André Rougier

    D.R. Texte André Rougier

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  • Discours sans méthode

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (20)


    Le silence qui manque, bris atterré du miroir, sceau rompu des vues-
    Ph., G.AdC




    DISCOURS SANS MÉTHODE




          Si tout est chiffre et presque rien semence, peut-être le regard ne peut-il aucunement être lissé, tout au plus abrité ou dénudé, peut-être le devenir n’est-il, contre toutes faims de sens, que le silence qui manque, bris atterré du miroir, sceau rompu des vues, sillage et non pas épave des preuves, hantant ces ports où les houles se valent, ces gares où l’on prête oreille aux silencieux, au hasard des souches, à l’enchanteur qui égare…
         Intransigeante fortune, haine du cadastre, gibet encore humide flétrissant les grâces taciturnes, ce que tu fus, tout autre que ce que séparas, submergeas, bourlingueur semant ses lamentos et sa prestesse, la trappe qui dénigre et dont on oubliera sous peu les noms, les dettes, les désenvoûtements, le désir lestant l’instant du fétiche irrécusable…
         Parole allant, comme le suicidé du pont Mirabeau nous en enjoignit « de seuil en seuil », brassée oublieuse au front de l’idole nue qui rien ne détient, ne réserve, ne prélève ni ne cache, sentinelle dissidente sachant concéder au regard sa triple appartenance, pressentant en son sang l’avenir trépané faisant fi des soucis, des captures, des cueillettes, des sobriquets, des vaillances…
         Congédier, oui, cela même qui fonde et déjoue sans jamais servir de cible, gerbe de tisons, soif non assidue, guet qui presque rien n’apaise de l’autre et si peu de soi, lumière surgie de l’ailleurs que tu sus, enfin livrée aux prête-noms malmenés par ton ombre, par la rose que Rilke t’offrit, gage de la « pure contradiction », de cette « joie de n’être le sommeil de personne sous tant de paupières »…


    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Genesis

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (19)




    RIMBAUD PAR Thierry Despont
    Arthur Rimbaud par Thierry Despont
    Source






    GENESIS



         Que vienne l’heure qui aura raison de tout, foisonnement taciturne où tout sonne faux, jouissant de ce que l’on redoute, faveurs soustraites aux lendemains qui s’échappent et qu’il faudra, fût-ce à leur dépens, nous réapproprier, tirer le réel de son exil, ratage des feux, jouet qui musarde, cœur des distances assouplies, ni argile brouillée, ni obéissance au saut, puisque recommencer, c’est se contredire…
         Que vienne le traquenard, le creux templier, ce qui jamais n’atténue, ne dégrade ni ne pervertit l’heure, l’apprêt ou la surprise, lenteur étarquant ses voiles, mémoire fuyant ses aises, lumière dévoreuse de désastres que pas même le rebours n’habite, fugue, regain, espace captieux, avec ses bas-côtés, ses chiffres et ses consignes, cercle où l’on n’entre qu’à reculons, enfin plié à nos mesures, Arthur et l’aveu, son œil fixe de basilic, hanté comme par l’offense l’innocent, comme le toucher des fins et des louanges, comme le bras qui relève et lave du parjure.
         L’adolescent de toujours marche, veille, soupèse. Il est seul. Rien qui vaille ou fasse valoir qui ne se mesure à son aune…


    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Hamlet ou l’impossible choix

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (18)




    Ph., G.AdC





    HAMLET OU L’IMPOSSIBLE CHOIX

    (avec, selon, à la mémoire de et en hommage à Jan KOTT )



         Hamlet ne joue pas, ne sait pas jouer. L’acteur, lui, s’adapte à toutes situations, les dompte et domine, en ceci précisément qu’il ne s’identifie à aucune, assumant sans coup férir les rôles, quels qu’ils soient, parce qu’au sens fort du terme il « n’est pas », il fait semblant, rien de plus, il est par essence « au-dessus », celui qui tout survole, qui non seulement joue, mais GAGNE.
         Dans ce grand scénario qu’est littéralement « Hamlet », avec ses déchirures et son inachevé, incombe à chacun des protagonistes une tâche qu’il lui est impossible de refuser d’accomplir, car imposée de l’extérieur. C’est dans ce cadre tout à fait indépendant d’eux et qui les antécède que les héros agissent, cadre lequel définit une situation qui régit, du moins en surface, leurs relations, leur imposant de manière tantôt rigide, tantôt oblique, jusqu’aux paroles proférées et aux gestes accomplis…
         Le seul personnage que la situation ne définit peut-être pas complètement, c’est justement Hamlet. Son caractère ambigu vient très exactement de cette impossibilité d’accepter pour lui autre chose que le rôle qui lui est dévolu, mais auquel il est par ailleurs extérieur et qu’il dépasse, son acceptation étant constamment contrebalancée par la révolte contre les contraintes qui lui sont dictées et dont il ne veut pas, alors qu’elles lui sont consubstantielles et le définissent. Ce n’est que dans la sphère de l’acte que Hamlet arrive à s’accepter, ce n’est que dans ce qu’il lui faut « faire » (et non pas dans ce qu’il « pense ») qu’il croit du moins pouvoir s’engager. Jusqu’au bout du bout, Hamlet défend bec et ongles ce qu’on peut appeler sa « marge », l’insoutenable tension tout comme son échec final n’étant que l’expression de son absolu refus d’admettre que les raisons puissent être à sens unique…
         Pour faire pièce au Réel, pouvoir guérir de ses morsures ou, à tout le moins, atténuer leurs effets, se donnant ainsi une chance d’affronter ce qui en lui irrémédiablement altère et corrompt, il n’y a que deux potions qui s’offrent à nous, humains, l’irréalité et la non-adhérence.
         L’irréel, c’est tout autre chose que le faux – où l’écart par rapport à la réalité est en quelque sorte involontaire -, ou alors le mensonger, qui en est le pendant délibéré. Dans l’un de ses contes, Borges, évoquant le sort des protagonistes, parle de ces « choses qui auraient pu être autres », variantes possibles et interchangeables de ce grand scénario qu’est le Réel, apaisant et subvertissant ce qu’il peut y avoir en lui de terriblement univoque…
         La non-adhérence est très exactement une attitude d’« acteur » où, tout en assumant pleinement les rôles qu’on nous impose ou que nous sommes amenés à nous choisir, nous ne nous y identifions que dans les actions qu’ils impliquent et leurs conséquences, apparentes ou non, tout en les dépassant, en « faisant semblant » pour que l’illusion soit parfaite sans qu’elle nous enferme ou contraigne jusqu’au bout, tant nous nous éprouvons, parfois jusqu’à l’extase ou la lie, « autres » que le masque que chaque rôle nous fait porter…
         La folie d’Hamlet – dont il n’est pas aisé de savoir s’il convient ou non de l’affubler de guillemets, tant elle est à la fois maladie, fuite, ruse et arme – c’est, encore une fois, l’impossibilité de faire pleinement appel à cette pharmacopée peut-être nécessaire, mais quelque part aussi maligne et vénéneuse que la pointe empoisonnée de l’épée qui finit par l’affranchir de toute quête à venir…
         L’on a toujours le choix – et le nôtre est autre –, mais nous nous savons pourtant comme lui inguérissables, ontologiquement et irrémédiablement inguérissables…


    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Lettera amorosa dei tempi passati

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (17)




    Fondre l-or des jours dor-navant non gaspill-s
    Ph., G.AdC






    LETTERA AMOROSA DEI TEMPI PASSATI



         Tu voudrais qu’avec toi elle cueille, s’oriente et se redresse, qu’elle te rejoigne dans la rumeur et la distance…
         Tu voudrais qu’elle répudie l’indifférence, apprenne ton ombre et tes silences, la paix de tes refuges et le fracas de tes guerres, surgisse pour accueillir ce qui désormais ne se peut salir ni défaire…
         Tu voudrais que ses lèvres aient soif de toi et te noyer dans leur salive, défiler pour ses seuls yeux te contemplant, fondre l’or des jours dorénavant non gaspillés, nager dans les eaux du monde avec les yeux enfin lavés de tout mensonge…
         Tu voudrais partager l’odeur des peaux, la brise renouant, le soleil déclinant, bondir barbouillés comme les enfants, courir nus pieds, boire l’eau des puits, dormir deux en un, sentir l’éveil dans le blanc des yeux de l’autre, une main passer dans les cheveux, une pointe d’inquiétude, le cœur sambant à perdre haleine…
         Tu voudrais sentir son sexe mouillé à ta seule approche, tes mains brûler à ses courbes, complices au point que suffise un seul troc de souffles…
         Tu voudrais que ses bras te délivrent de ce qui traîne, étouffe et obscurcit, qu’elle soit tienne jusque dans ce qui t’écarte, te macule et déchire, que vos mains et bouches et épidermes se joignent, se mêlent, scellant comme à jamais ce qui sera votre jeu, votre secret, votre pacte… Et après l’amour, rassasié, en sueur, tu voudrais la serrer à nouveau, murmurer qu’elle est celle qui sut germiner et t’incendier sans te blesser, comme par miracle…
         Tu voudrais tout, tu la veux toute…

    (années ’80)



    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Approche du fleuve (I)

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (16)



    Comme si ce deuil pr-coce en annon-ait d-autres
    Ph., G.AdC






    APPROCHE DU FLEUVE (I)

    ARTHUR ET SES PESÉES





         Il n’y a d’aveu que sans retour, entame des failles, levée dernière, dette que l’heure tient à distance et épuise, là où il n’y a du secret que l’annonce et le déchaînement, où plus rien ne vient divertir la promesse, ébranler la limite qu’elle scelle, le malentendu qui l’habite et que le langage seul sut rendre audible, le délaissant comme le regard de l’aveugle le poids des preuves, de ce qu’il y a en elles d’indemne et d’effrayant, poings d’un autre temps, dépris des rancunes comme des parjures, appétits qu’aucun ciel n’épuise, ni voûte des sots, ni impatience des seuils, exhortant à rejoindre les milices du noir et du pourpre, ou leurs aubaines, attraits du tain où l’on ne parvient qu’en y entrant de plain-pied et libre de tout cadastre, brièveté du reflet qui y apprit le poison, y cisela maléfices et usures, nous fit croiser ceux qu’on ne quitte plus, les indociles, les maniaques de l’épars, les amnésiques cernés par ces piétinements, ces roses hybrides, ces routes sans traînes ni brouillards, ces soupçons avec leurs épaisseurs et suffisances, nuits obstinées, datées, souci qui clôt, vert fossile, lasso des traces quémandant du bourreau l’aval et l’héritage, Arthur et ses foulées, ce feu en moins, ce réel à bâtir, plus sournois encore que ses plis et ses doubles, couteau entre les yeux, rumeur qui desserre, pas à pas, nœud à nœud, s’appropriant sans hâte le multiple, comme si ce deuil précoce en annonçait d’autres, comme si le sort, avec ses renvois et ses passeurs, s’acharnait à lui arracher ce consentement qui fit s’agenouiller affûts et pesées sur son passage…



    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • Héraclite au bois (I)

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (15)





    Heraclitus
    Hendrick ter Brugghen
    Héraclite, 1628
    Rijksmuseum, Amsterdam
    Source







    HÉRACLITE AU BOIS (I)




    Seuil de soi, geste frayé dans le noir qui s’y réfléchit et s’y dépose, crue qui te fait surgir en rompant, horizon tu que détour insémine, plus rien qui te prive de tes trépas, dilapide tes nœuds et tes frappes, entame ta rage, parachève l’écho, compagnon et promesse, fardeau tapi là où il n’y a plus autrui ni sa promesse, poudre ocre, délivrance d’arrière-pays, proximité de l’aveu qui t’appartient en ce qu’il est pour que tu sois, embarras du monstre qui, de toujours à réinventer, traque tes lacis, la souillure orpheline, les fétiches de l’ombre qui, de soi à soi, n’a plus de pouvoir et n’est pas perte…



    • L’obscur n’est pas l’autre du clair, tu le sais bien, et quand bien même il le serait, sa furie ne vient pas éclore tant que l’autre est tout Autre, ne tressaille et bourgeonne que s’il se fait différent, imprudemment contigu, celui qu’on ne peut ni arracher à soi, ni altérer par le regard, par le silence dont les choses rêvent, double d’un parcours qui n’a guère de « sens », mais qui redoublé en acquiert souverainement un, demi-tour soudain d’Orphée, l’assiégeant en son secret, le dépouillant de ces traces avec lesquelles il n’y a pas de paix, ni même de trêve envisageable…



    • Parole déchue de sa royauté, vide du ciel à la place du vil bastion des feuillages, prodige, clairière, appropriation ne détournant que de soi, chuchotement engourdi, retable nocturne, temps ensevelissant les signes de sa survie, là où rien n’est premier, ne fut qui n’ait déjà été ou qui sera, où tout est boucle, ressasse et reprend, delta ralliant la source, la recouvrant, s’y déployant, la rachetant, souffle de ces aïeux qui ne demeurent qu’en ce qu’il y a en nous de plus clos, irrécusable…




    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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  • There are more things (III)

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (14)




    Au coin de la pi-ce rouge- le tableau longtemps attendu que tu aidas      - faire surgir
    Ph., G.AdC






    THERE ARE MORE THINGS… (III)




    * Qu’approche la rive détachée du souvenir, le mot aveugle qui de loin nous guette, et son immense rumeur…
    De lui, de l’ombre dévoyée qui s’offre et qui s’efface, qu’en sera-t-il ?
    Nul ne le sait, toi pas plus que quiconque. Tu pressens seulement qu’il te revient désormais de les porter, avec à tes côtés l’écharde malhabile, celle qui reçoit et disperse les faims comme éternellement.


    * Au coin de la pièce rouge, le tableau longtemps attendu que tu aidas      à faire surgir, ses couleurs contrastant violemment aux confins, caressant les contours, glacis soudain moiré se déposant et changeant sous l’insistance du regard, s’abandonnant à l’ombre pour cadrer à jamais les deux figures, les mains, les torses, les souffles…


    * Double horizon, pli, cicatrice, partage des eaux, turgescente chaleur… Tu paressais à la terrasse devant une bière, il y eut un coup de brise soudainement ravivant la mémoire du crépuscule, deux ou trois minutes indélébiles pendant lesquelles tu revis tous les soirs du monde…


    * Air soyeux, pur langage de l’attrait, de l’espace sans césure que ton regard touche à peine, comme refusant de le reconnaître, croisées que guetta l’adolescent muant le sang et les blasphèmes en offrande, leurres étendus, rumeurs concaves, tes mots qui les cachent, ce qu’ils vont épaissir, ce qu’ils vont rejouer, lui enfin penché sur l’onde dernière…


    * Ô vaine culbute des feux, semant l’imprévoyance de l’heure, l’éternité à l’essai, les promesses closes…




    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier

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