Étiquette : André Velter


  • André Velter | Nocturne


    NOCTURNE



    Il est une heure sous les étoiles
    Où s’allient simplement les désirs et les ombres.
    Ce qui est là n’impose rien,
    Toute présence étant douce et complice,
    Légère à la vue comme au toucher,
    Harmonieuse en plan large ou serré.
    Ainsi le réel agrandit ses royaumes
    Sans répudier marges ni rêves,
    On dirait qu’une libation est offerte
    Aux pierres, aux choses autant qu’aux dieux,
    À l’inconnu, à la nuit autant qu’au poète qui s’enivre,
    Au silence alentour et au rythme profond
    Où bat le sang du ciel
    Avec ce qui renaît des amours insensées.




    André Velter, « L’ivresse des immortels » in Les Solitudes, éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, page 28.






    André Velter  Les Solitudes 2





    ANDRÉ VELTER


    Velter
    Ph. © Catherine Hélie/Gallimard




    ■ André Velter
    sur Terres de femmes


    Comment jeter un regard neuf
    Quelque tendresse que
    Sur un thème de Walt Whitman



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’André Velter
    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Les Solitudes d’André Velter
    → (sur Causeur.fr)
    une lecture des Solitudes d’André Velter par Gwen Garnier-Duguy





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  • Gérard Chaliand | [Les rennes blancs courent]



    [LES RENNES BLANCS COURENT]




    Les rennes blancs courent au bord de la mer boréale
    et je pêche la baleine et le phoque.
    L’étoile polaire est au sommet de ma tente.
    Mes oiseaux sauvages emportent leurs cris blessés.
    Mes chasses n’ont plus que des veines mortes
    et mes couteaux se brisent au fil du temps.
    J’ai la mort au bord du regard
    sur ta tombe, un soleil et une lune contre les ténèbres.
    Ma carène glisse dans le jour gris.



    Gérard Chaliand, Feu nomade, 4 [Chambelland, 1972], in Feu nomade et autres poèmes, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2016, page 70. Préface de Claude Bugelin, Postface d’André Velter.






    Gérard Chaliand, Feu nomade







    ■ Voir aussi ▼

    → (sur La Cause littéraire)
    entretien avec Gérard Chaliand : « La poésie nomade »
    → (sur le site de la revue Possibles de Pierre Perrin)
    une recension de Feu nomade (12 novembre 2016)





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  • André Velter | Quelque tendresse que

    André Velter, L’Amour extrême
    Prix des Découvreurs 2008


    «  Poésie d’un jour  »



    Chantal Mauduit André Velter
    Source







    QUELQUE TENDRESSE QUE


         Quelque tendresse que j’y mette, et même une fervente douceur, je me heurte sans cesse à ta présence désincarnée, à ta présence qui force les prodiges, déchaîne les images, multiplie les éclats.
         Comment croire que tu me guettes, que tu m’escortes, que tu te joues d’un réel qui sans toi serait moins qu’une chimère ? Comment céder à ce miracle de toi qui peuple les rues de tournesols, pose un papillon sur mon épaule et fait merveille à contre-mort ?


    André Velter, L’Amour extrême et autres poèmes pour Chantal Mauduit, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2007, page 83.





    ANDRÉ VELTER


    Velter
    Ph. © Catherine Hélie/Gallimard




    ■ André Velter
    sur Terres de femmes

    Comment jeter un regard neuf
    Nocturne (poème extrait des Solitudes)
    Sur un thème de Walt Whitman



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’André Velter
    → (sur le site du Matricule des Anges)
    un entretien d’André Velter avec Marc Blanchet





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  • André Velter | Sur un thème de Walt Whitman

    «  Poésie d’un jour  »



    Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière
    Image, G.AdC







    SUR UN THÈME DE WALT WHITMAN (EXTRAIT)

    À François Chaumette



         J’avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,
         déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois
         comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant
         sur la ligne d’infini où la peau et les os s’accordent un vrai baiser de sable.

         Ce n’est pas rien d’être ce mouvement violent aux lèvres du néant,
         pas rien de changer le requiem de l’âme en murmure d’or et de poussière,
         en facéties d’atomes, en feulement d’herbes, de flammes ou de pierres,
         pas rien d’échapper au corps du grand repos.

         (Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,
         ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d’amant, partage secret de l’impossible…
         Tout est cette mort qui s’efface
         quand vient un amour face à face.)

         Je suis dans l’éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,
         de source de feu toujours
         et de fille cavalière.
         Je suis dans l’éternel présent, dans l’offrande du sol, des nerfs, des caresses,
         dans l’éloge des visages égarés, transparents,
         dans le rire à pleines dents d’une vertu cannibale bien plus que cardinale,
         dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes
         et dans le midi du monde.

         Je me trouve quand je me perds,
         quand je vis sur le départ, l’arête vive du premier pas, l’envol de l’éphémère.
         Je ne balance pas, je bascule,
         je plonge dans le lait de l’aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

         (Tout m’est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôture, bris d’épaves, bris de brisures…
         J’assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,
         je veux jouir d’une eau aride, d’une terre sans freins ni frontières
         jouer de la vitesse de mes visions
         en connaissant l’extase douce
         d’un cavalier qui ralentit l’allure
         à mesure que monte le soleil face à face.) […]


    André Velter, Du Gange à Zanzibar, Gallimard, 1993, in Anthologie de la poésie française du XXe siècle, tome II, Gallimard, Collection Poésie, 2000, pp. 608-609.





    NOTE : le Prix des Découvreurs 2008 vient d’être attribué à André Velter pour L’Amour extrême. Poèmes pour Chantal Mauduit, Gallimard, Collection blanche, 2000 (Gallimard, Collection Poésie, février 2007). Ce prix, décerné cette année encore par un jury de plusieurs centaines de lycéens répartis dans toute la France, bénéficie du soutien officiel de l’Éducation nationale, du ministère de la Culture et de l’association du Printemps des Poètes. Il a été fondé en 1995, à la demande de la ville de Boulogne-sur-Mer, à partir d’une proposition de Georges Guillain, poète et collaborateur de La Quinzaine littéraire.
        La remise officielle du prix se fera à Boulogne-sur-Mer le 6 février prochain à 17h00, à la Bibliothèque Municipale, dans le cadre des Journées de la Critique.
        Pour en savoir plus, consultez le site officiel du Prix.





    ANDRÉ VELTER


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    Nocturne (poème extrait des Solitudes)
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    le site personnel d’André Velter
    → (sur Terres de femmes)
    Walt Whitman | Fureur amoureuse
    Rubén Darío | Walt Whitman



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