Étiquette : Anne Sexton


  • Anne Sexton | When man enters woman




    WHEN MAN ENTERS WOMAN







    Anne Sexton
    Source






    When man
    enters woman,
    like the surf biting the shore,
    again and again,
    and the woman opens her mouth with pleasure
    and her teeth gleam
    like the alphabet,
    Logos appears milking a star,
    and the man
    inside of woman
    ties a knot
    so that they will
    never again be separate
    and the woman
    climbs into a flower
    and swallows its stem
    and Logos appears
    and unleashes their rivers.

    This man,
    this woman
    with their double hunger,
    have tried to reach through
    the curtain of God
    and briefly they have,
    though God
    in His perversity
    unties the knot.




    Anne Sexton [The Awful Rowing Toward God, 1975] in Anne Sexton, The Complete Poems, Boston, Houghton Mifflin Company, 1981 ; First Mariner Books Edition, 1999, p. 428. With a foreword by Maxine Kumin.







    Anne Sexton, The Complete Poems







    QUAND UN HOMME PÉNÈTRE UNE FEMME




    Quand un homme
    pénètre une femme
    comme la vague qui mord la rive,
    encore et encore,
    que la bouche de la femme s’entrouvre de plaisir
    que ses dents brillent
    tel l’alphabet,
    le Logos semble traire une étoile,
    et l’homme
    au-dedans de la femme
    noue un nœud
    pour que plus jamais
    tous deux ne se séparent
    et la femme se fait fleur
    et ravale sa tige
    et le Logos apparaît
    et déchaîne leurs fleuves.

    Cet homme
    cette femme
    et leur désir duplice
    ont tenté de franchir
    la courtine de Dieu,
    un court instant ils y sont parvenus,
    même si par la suite Dieu
    dans Sa perversion
    dénoue le nœud.




    Traduction inédite d’Angèle Paoli.






    ANNE SEXTON


    Anne-sexton_Joanna-Rusinek
    Source



    ■ Anne Sexton
    sur Terres de femmes


    Anne Sexton | Her Kind
    Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci



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    Anne Sexton lisant le poème ci-dessus : « Her Kind », 1966 (The Poetry Center and American Poetry Archives at San Francisco State University)
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    de nombreux poèmes (12) d’Anne Sexton (+ leur traduction en français par Michel Corne)
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  • Anne Sexton | Her Kind



    HER KIND



    I have gone out, a possessed witch,
    haunting the black air, braver at night;
    dreaming evil, I have done my hitch
    over the plain houses, light by light:
    lonely thing, twelve fingered, out of mind.
    A woman like that is not a woman, quite.
    I have been her kind.

    I have found the warm caves in the woods,
    filled them with skillets, carvings, shelves,
    closets, silks, innumerable goods;
    fixed the suppers for the worms and the elves:
    whining, rearranging the disaligned.
    A woman like that is misunderstood.
    I have been her kind.

    I have ridden in your cart, driver,
    waved my nude arms at villages going by,
    learning the last bright routes, survivor
    where your flames still bite my thigh
    and my ribs crack where your wheels wind.
    A woman like that is not ashamed to die.
    I have been her kind.



    Anne Sexton, To Bedlam and Part Way Back (Boston: Houghton, Mifflin, 1960), in The Complete Poems, Boston: Houghton Mifflin Company, 1981 ; First Mariner Books edition, 1999, pp. 15-16.







    Anne Sexton, The Complete Poems








    SA SEMBLABLE



    Je suis sortie, sorcière possédée,
    qui hante l’air obscur, plus vaillante la nuit ;
    rêvant du mal, j’ai fait ma tournée
    au-dessus des maisons ordinaires, de lumière en lumière :
    pauvre créature solitaire, à douze doigts, affolée.
    Une femme comme cela n’est pas une femme, pas tout à fait.
    J’ai été sa semblable.

    [traduction en français de Patricia Godi-Tkatchouk]


    J’ai trouvé dans les bois des cavernes bien au chaud,
    je les ai remplies de poêlons, de statuettes, de rayonnages,
    de placards, de soieries, de tout un bric-à-brac ;
    j’ai mitonné les brouets pour les vers et les elfes ;
    geignant, remettant de l’ordre dans le désordre.
    Une femme comme cela est incomprise.
    J’ai été sa semblable.

    J’ai été trimballée dans ta charrette, cocher
    j’ai salué de mes bras nus les villages à rebours,
    retenant les derniers trajets éclairés, survivante
    là où tes flammes mordent encore ma cuisse
    et mes côtes craquent où s’enfoncent tes roues.
    Une femme comme cela n’a pas honte de mourir.
    J’ai été sa semblable.






    Anne Sexton To Bedlam and Part Way Back







    _______________________________________

    NOTE : « Dans ce poème central de son premier recueil, Anne Sexton retourne à la figure ancestrale de la sorcière, figure d’un savoir occulte et de la sagesse, figure de la conteuse, comme le rappelle Suzanne Juhasz dans Naked and Fiery Forms: Modern American Poetry by Women, dans le chapitre qu’elle consacre à l’œuvre d’Anne Sexton, et, cependant, également symbole des persécutions qui ont marqué l’histoire des Etats-Unis, de la « chasse aux sorcières » de l’Amérique coloniale puritaine, puis de celle des années cinquante et du « maccarthysme » et, plus généralement, figure de l’autre femme, celle qui ne plie pas aux attentes de la société, l’intellectuelle, l’artiste, la célibataire, celle qui ne fut ni mariée, ni mère. Pourrait-on dire qu’avec « Her Kind », Anne Sexton prend le contrepied de l’image traditionnelle de la femme, celle de « l’ange du foyer », dont toute femme qui veut accomplir sa vocation d’écrivain doit s’émanciper ? Dans ce poème, par le biais du symbole, en donnant libre cours à un imaginaire marqué par l’audace et un désir éperdu de liberté, Anne Sexton écrit du point de vue d’un sujet à l’étroit dans les définitions réductrices de la féminité imposées par la société américaine conservatrice de son époque. Sa poésie représente le mal de vivre et l’incapacité pour le sujet féminin de jouer les rôles traditionnellement dévolus aux femmes. De manière répétée, la poésie d’Anne Sexton rend compte de la difficulté, de l’impossibilité d’exister selon les critères de l’idéologie de la féminité véhiculée par la culture patriarcale, qu’il s’agisse des textes qui abordent le thème du mariage ou celui de la maternité. » (Patricia Godi)






    ANNE SEXTON


    Anne-sexton_Joanna-Rusinek
    Source




    ■ Anne Sexton
    sur Terres de femmes


    When man enters woman
    Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci



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    Anne Sexton lisant le poème ci-dessus : « Her Kind », 1966 (The Poetry Center and American Poetry Archives at San Francisco State University)
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  • Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci

    «  Poésie d’un jour  »



    Sexton biagini








    TWO HANDS


    From the sea came a hand,
    ignorant as a penny,
    troubled with the salt of its mother,
    mute with the silence of the fishes,
    quick with the altars of the tides,
    and God reached out of His mouth
    and called it man.
    Up came the other hand
    and God called it woman.
    The hands applauded.
    And this was no sin.
    It was as it was meant to be.

    I see them roaming the streets:
    Levi complaining about his mattress,
    Sarah studying a beetle,
    Mandrake holding his coffee mug,
    Sally playing the drum at a football game,
    John closing the eyes of the dying woman,
    and some who are in prison,
    even the prison of their bodies,
    as Christ was prisoned in His body
    until the triumph came.

    Unwind, hands,
    you angel webs,
    unwind like the coil of a jumping jack,
    cup together and let yourselves fill up with sun
    and applaud, world,
    applaud.


    Anne Sexton, The Awful Rowing Toward God (1975), in The Complete Poems, Boston, Houghton Mifflin Company, 1981 ; First Mariner Books edition, 1999, p. 421.






    DEUX MAINS


    La mer apporta une main,
    aussi niaise qu’un sou,
    corrodée par le sel de sa mère,
    rendue muette par le silence des poissons.
    Elle arriva rapide sur l’autel de la mer
    et Dieu la saisit de Son Verbe
    et il l’appela homme.
    L’autre main monta à la surface
    et Dieu l’appela femme.
    Les mains applaudirent.
    Et ceci n’était pas un péché.
    C’était comme cela devait être.

    Je les vois sillonnant les rues :
    Levi se plaint de son matelas
    Sarah scrute un cafard
    Mandrake tient dans la main une tasse de café
    Sally joue du tambour lors d’une partie de football
    John ferme les yeux de la femme à l’agonie
    il y en a qui sont en prison,
    et même dans la prison de leur corps,
    comme le Christ fut prisonnier de Son corps
    avant que le triomphe advint.

    Déliez-vous, mains,
    vous angéliques lacis,
    déliez-vous comme le ressort d’une sauterelle
    unissez-vous en forme de coupe et emplissez-vous de soleil :
    et maintenant, applaudissements, monde,
    applaudissements.


    Traduction Angèle Paoli





    _______________________________________
    NOTE d’AP :

    C’est au cours de ma lecture du recueil Nel bosco (Einaudi, 2007), et plus particulièrement de La Surprise dans l’œuf (La sospresa nell’uovo) d’Elisa Biagini que je suis « tombée » sur cette troublante dédicace à Anne Sexton : « Fact : death too is in the egg/Constat : la mort aussi est dans l’œuf » (The Operation, 2, All My Pretty Ones, 1962 ; in The Complete Poems, Boston, Houghton Mifflin Company, 1981 ; First Mariner Books edition, 1999, p. 57). D’où le choix du poème ci-dessus. Choix qui acquiert une pertinence accrue pour qui sait qu’Elisa Biagini a enseigné aux Etats-Unis et a édité en 2006 chez Einaudi une anthologie des nouveaux poètes américains.

    En dehors de la Toile, il n’existe pas encore de traduction française de la poésie d’Anne Sexton*. Pas davantage de traduction française de quelque recueil que ce soit d’Elisa Biagini **. Ci-dessous, trois poèmes d’Elisa Biagini, rencontrée vendredi 18 avril 2008 aux Premières rencontres poétiques de Fiesole.

    Elisa Biagini sera le 13 mai 2008 l’invitée du Centre d’Études Poétiques de l’ENS de Lyon (en partenariat avec l’Institut Culturel Italien et le département d’italien). Elle y parlera notamment de son expérience d’écriture.


    * A paraître en 2021, aux éditions des Femmes, une édition française des poèmes d’Anne Sexton, sous la conduite de Sabine Huynh.
    ** Depuis la rédaction de cette note (avril 2008), plusieurs poèmes ont été publiés et traduits en français dans la revue Italies (Revue d’études italiennes, Université de Provence, Poètes italiens d’aujourd’hui, 2009/1, n° 13, pp. 43-54), précédés d’une communication d’Estelle Ceccarini (maître de conférence à l’Université de Provence)[« La poésie d’Elisa Biagini, images de l’intime et démystification du monde » (id., pp. 27-42)], et également dans la revue Inuits dans la jungle (numéro 5, janvier 2014), dans une traduction de Jean Portante. La traduction que j’ai effectuée des trois poèmes ci-dessous a aussi été publiée dans le premier numéro de la revue de poésie Place de la Sorbonne (mars 2011, pp. 129-131), en même temps qu’une notice sur Elisa Biagini (page 158). En 2017 a paru aux éditions Cadastre8zéro (dans la collection Donc dirigée par Bernard Noël) la traduction française de Da una crepa, par Roland Ladrière et Jean Portante : Depuis une fissure.





    VOCE SCRITTA


    Voce scritta
    sul vetro, pelle
    affondata di
    lana, unghie come
    cadute sul tappeto:

    ma per te ho
    scarpe di
    campanelli, ogni
    voltarmi carta
    vetrata sul tuo
    muro.


    Elisa Biagini, La sorpresa nell’uovo in Nel bosco, Giulio Einaudi Editore, 2007, p. 60.





    Papier_de_verre_sur_ton_mur
    Ph., G.AdC





    VOIX ÉCRITE


    Voix écrite
    sur le verre, peau
    coulée de
    laine, ongles comme
    tombés sur le tapis :

    mais pour toi j’ai
    des chaussures à
    clochettes, chaque
    fois que je me retourne papier
    de verre sur ton
    mur.


    Traduction Angèle Paoli





    PERDUTA ?


    Perduta ? è il bosco
    che mi segue, che beve
    la mia ombra, mi
    svuota, tronco cavo:
    io foglia, tra le
    pagine di un libro.


    Elisa Biagini, Gretel o del perdersi, in Nel bosco, p. 110.





    Le_bois_qui_boit_mon_ombre
    Ph., G.AdC





    PERDUE ?


    Perdue ? C’est le bois
    qui me suit, qui boit
    mon ombre, me
    vide, tronc creux :
    moi feuille, entre les
    pages d’un livre.


    Traduction Angèle Paoli





    NEL BOSCO


    Nel bosco
    gli occhi sono
    sganciati come
    bottoni, la bocca
    un’asola.
                   Il viso tutto
    un pugno che
    si chiude.


    Elisa Biagini, Gretel o del perdersi, in Nel bosco, p. 121.





    Dans_le_bois_les_yeux_sont_dgrafs_2
    Ph., G.AdC





    DANS LE BOIS


    Dans le bois
    les yeux sont
    dégrafés comme
    des boutons, la bouche
    une boutonnière.
                                    Le visage entier
    un poing qui
    se ferme.


    Traduction Angèle Paoli





    ■ Elisa Biagini
    sur Terres de femmes

    Nel bosco | Dans le bois (lecture d’AP)
    [Les nuits se ferment] (poème extrait de Depuis une fissure)
    Depuis une fissure (lecture d’AP)
    Sotto i castagni (extrait du recueil L’ospite) (+ une notice bio-bibliographique)
    Da una crepa [Anthologie poétique Terres de femmes (29)]
    Elisa Biagini à l’ENS de Lyon (chronique de Marie-Ange Sebasti)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait d’Elisa Biagini (+ un poème extrait du recueil L’ospite, un poème extrait d’Acqua smossa et un poème extrait de Da una crepa. Avec leur traduction en français par AP)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur American Poems) une
    biographie d’Anne Sexton (+ 172 poèmes)
    le site personnel d’Elisa Biagini
    → (sur Lyrikline)
    dix poèmes d’Elisa Biagini dits par Elisa Biagini (+ traduction française)
    → (sur Poetry International Web)
    une bio-bibliographie d’Elisa Biagini (+ de nombreux poèmes)





    ■ Anne Sexton
    sur Terres de femmes


    Her Kind
    When man enters woman




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Short clips of Anne Sexton reciting some poetry and excerpts from home movies
    → (sur YouTube)
    Anne Sexton reading her poem With Mercy For The Greedy
    → (sur YouTube)
    Anne Sexton reading her poem The Starry Night
    → (sur YouTube)
    Anne Sexton reading her poem The Truth the Dead Know
    → (sur YouTube)
    Anne Sexton reading her poem Her Kind, 1966
    → (sur Poetry Foundation)
    une page sur Anne Sexton
    → (sur anne-sexton.blogspot.fr)
    de nombreux poèmes (12) d’Anne Sexton (+ leur traduction en français par Michel Corne)
    → (sur le blog Quelques pages d’un autre livre ouvert)
    une bio-bibliographie (en français) d’Anne Sexton
    → (sur PoemHunter.com)
    Poems of Anne Sexton
    → (sur Arlindo Correia)
    de nombreux poèmes d’Anne Sexton (traduits en espagnol, en italien et en portugais)
    → (sur lyrikline blog)
    Readings to remember: Anne Sexton





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