Étiquette : anthologie


  • Paulina Mikol Spiechowicz | De cristal et d’autres minéraux



    Je laisse les espaces noirs s’intercaler au vide
    Diptyque photographique, G.AdC







    DE CRISTAL ET D’AUTRES MINÉRAUX





    Les labours de la nuit

    De ses formes singulières

    Solitaires
    Je les traîne en moi


    Nécessaires,

    Ils s’agitent, dramatisent,
    Découvrent l’abstrait et ses abîmes


    En eux, j’exige,
    Une fois de plus

    La possession, le corps, les doigts,

    Le rire, les larmes

    L’extase


    Pas assez !


    Je voudrais saisir la réalité par ses contraires

    L’intelligible par la beauté
    Transpirer l’un et l’autre


    Appartenir au bleu
    Et transcender l’attente


    Dans la séduction de l’impossible

    Je découvre la raison

    Dans l’ailleurs, le désir


    Je laisse les espaces noirs s’intercaler
    Aux vides,

    j’impose la plénitude


    Le tout est suspendu

    Et se déverse en amour.





    Paulina Mikol Spiechowicz
    texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)





    PAULINA MIKOL SPIECHOWICZ


    Paulina Mikol
    Photo by ©Guglielmo Pinsone
    Source




    ■ Paulina Mikol Spiechowicz
    sur Terres de femmes

    Et cetera (+ notice bio-bibliographique)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Horror Vacui)
    une page sur Paulina Mikol Spiechowicz
    → (sur academia.edu)
    une fiche bio-bibliographique sur Paulina Mikol Spiechowicz [PDF]





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  • Colette Nys-Mazure | [Triptyque]



    Triptyque main .blanc du jour. écris

    Triptyque photographique, G.AdC






    [TRIPTYQUE]




    Dehors | Dedans


    Par la fenêtre entrouverte, le mois de mai te hèle à tendres parfums de glycine très bleue. Toi tu restes là, assis, tous sens assoupis. Tu tiens la main d’une femme qui n’a plus envie de vivre.

    Elle a déposé les armes et les outils. Nue, sans défense ni désir. Elle se laisse couler. Elle glisse irrémédiablement. Tu ne veux pas l’abandonner à son enlisement, si seule, si misérable.

    L’as-tu jamais comprise ou aimée ? Tu ne sais plus. Tu ne connais que cette exigence : être une présence sans pourquoi.






    Silence


    Tu restes abasourdi. Tant de bruit pour rien. L’effroi d’un fracas incessant venant battre la cloison qui t’isole du mouvement. Un flux obsédant. Une menace.

    En vain essaies-tu de préserver un espace vierge. Le vacarme vient corrompre le blanc du jour vacant. Tu te rebelles sans espoir.

    La nuit offrira-t-elle ses territoires vierges à l’âme altérée ? Où creuser un vide qu’enchanterait la musique des sphères ?






    Et toujours le poème


    Chaque fois tu t’étonnes et t’émerveilles.

    De partout te pressent les urgences, mais tu sens monter en toi, irrépressible, le poème. Lui prêteras-tu voix ?

    La nécessité de tendre l’oreille aux cris du monde, de répondre aux appels fait obstacle au jaillissement.

    Tu réprimes le surgissement inopiné.

    Il prétend te harceler sans égard.

    Tu devines qu’il en va de ta vie, l’essentielle. Alors tu cèdes à l’élan. Tu écris.




    Colette Nys-Mazure
    texte inédit
    pour Terres de femmes (D.R.)





    COLETTE NYS-MAZURE


    MAZURE  vignette
    Source



    ■ Colette Nys-Mazure
    sur Terres de femmes

    le site personnel de Colette Nys-Mazure
    → (sur Encres Vagabondes)
    un entretien avec Colette Nys-Mazure





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  • José-Flore Tappy | [elle transpire l’humide la verte terre]



    Ne rien dire
    Ph., G.AdC







    [ELLE TRANSPIRE l’HUMIDE LA VERTE TERRE]



    Elle transpire
    l’humide la verte
    terre qui persévère
    bol de vapeur où
    je plonge mon visage


    monte
    jusqu’à l’opaque
    toute sa moiteur


    ne rien dire
    peut-être est-ce
    juste pour respirer
    quand le corps
    n’a plus d’ombre




    José-Flore Tappy, Lunaires, La Dogana, 2001 [rééd. Terre battue, suivi de Lunaires, Éditions Empreintes, Collection Poche Poésie, 2005, page 107] in La Poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, Éditions Seghers, Collection Anthologie, 2005, page 224. Présentée par Marion Graf et José-Flore Tappy.




    ____________________________________
    NOTE d’AP : le numéro d’automne (volume 19, n° 2-Autumn 2012) de la revue américaine The Bitter Oleander (A magazine of contemporary international poetry & short fiction) contient un Dossier José-Flore Tappy, comportant une long entretien (en anglais) avec l’auteure et de nombreuses traductions de ses poèmes par John Taylor.





    JOSÉ-FLORE TAPPY


    Tappy
    Ph. © Yvonne Böhler
    Source





    ■ José-Flore Tappy
    sur Terres de femmes

    [Même par poignées les allumettes] (poème extrait de Tombeau)
    [Qui se penche] (poème extrait de Hangars)
    [Tandis qu’un nom dans ma tête chantonne] (poème extrait de L’île in Terre battue)
    Tombeau (lecture de Bernadette Engel-Roux)
    Les pylônes (poème extrait de Trás-os-montes)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur culturactif.ch)
    une fiche bio-bibliographique sur José-Flore Tappy (+ de nombreux poèmes)
    → (sur asymptote)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) de John Taylor sur José-Flore Tappy (+ plusieurs poèmes)





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  • Nada Menzalji | La paix virtuelle




    LA PAIX VIRTUELLE
    (extrait)




    Cette maigre fumée
    dessine sur le miroir un nuage
    Aujourd’hui, comme hier, il n’y a pas de pluie
    Il n’y a pas sur le ventre de la terre
    une fleur pour séduire l’abeille
    et le silence n’est pas digne de la prière.
    Une mouche vient de terminer sa randonnée
    autour du globe terrestre.
    Je veux dire que par-delà des mers virtuelles
    il doit y avoir des jeunes virtuels
    ils sont très pris par un jeu
    comme s’ils venaient de le découvrir
    ses rôles sont simples :
    des poitrines nues
    des armées
    et des balles
    L’armée tire des balles
    et les jeunes courent pour tomber par terre
    et leurs ailes
    palpitent vers le ciel
    sans que soit coupé
    leur long cri de liberté.




    Nada Menzalji [Syrie], in Femmes poètes du monde arabe (anthologie), édition préparée, présentée et traduite en français par Maram al-Masri, Le Temps des Cerises, 2012, pp. 21-22.







    Maram al-Masri, Femmes poètes du monde arabe





    NADA MENZALJI



    Originaire de Lattaquié (Syrie), où elle a fait ses études à la Tishreen University, la poète Nada Menzalji vit actuellement à Londres.



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Temps des cerises)
    une page consacrée à l’anthologie Femmes poètes du monde arabe





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  • Nohad Salameh | L’écoute intérieure


    Peuple sans signature ni généalogie dépourvu d’alphabet
    Source






    L’ÉCOUTE INTÉRIEURE



    Quelquefois
    des dieux dans la fleur de l’âge
    venus de la lumière de minuit
    par des chemins d’éclairs
    s’envolent en toi
    dans un silence de châtaigne.

    Peuple sans signature
    ni généalogie
    dépourvu d’alphabet
    ils ne sont plus personne :
    sinon des matelots de l’air
    ramant vers l’infini.

    Ils pénètrent dans la mesure du songe
    tel un été tardif.
    De leurs voix semblables au vol
    ils t’emplissent de signes
    de labyrinthes
    et de doute.




    Nohad Salameh, poème inédit in Voix de femmes, anthologie, poèmes et photographies du monde entier, Éditions Turquoise, 2012, page 159. Poèmes choisis pas Lionel Ray. Sous la direction de Erhan Turgut.





    NOHAD SALAMEH


    Nohad Salameh 3




    ■ Nohad Salameh
    sur Terres de femmes

    L’envol immobile
    L’intervalle (+ notice bio-bibliographique)
    Marcheuses au bord du gouffre (lecture d’AP)
    Les nudités premières
    Plus neuve que la mort (poème extrait du Livre de Lilith)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Nohad Salameh







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  • Arnaud Beaujeu | « La lumière et les mots »

    «  Poésie d’un jour  »



    Cadenas6
    Ph. angèlepaoli







    LA LUMIÈRE ET LES MOTS




    Dans la fumée tu disparais, dans ses volutes blanches. Ton bras n’est que
    nuée, ton visage est immense, ton épaule s’efface au masque d’évidence


    Tu passes sous la croix dans l’herbe desséchée, contournes la chapelle,
    par le petit sentier, disparais dans les prés


    L’eau verte qui t’appelle, verte l’obscurité, et dans sa profondeur je
    t’aperçois perché à l’aplomb du rocher



    Dans le chaos des pierres, les galets la rivière, les arbres argentés, les
    roches la lumière, l’ombre le défilé. Dévalant le pierrier parmi les
    aubépines, le ciel a rétréci, le vallon s’est fermé


    crois-tu que je puisse traverser la rivière en suivant cette branche et
    jusqu’à ce rocher ?


    Entre un banc de galets et l’onde glacée



    Le cadenas rouillé sur la porte de bois ne se rouvrira pas
    la maison est fermée
    tu descends l’escalier une dernière fois
    le temps s’est arrêté dans le micocoulier
    et les voix se sont tues
    sur la pierre une date
    c’est en mil huit cent vingt que le temps fut scellé
    assis au bas des marches
    tu regardes le chien qui regarde les marches
    le chemin est laissé aux herbes à l’obscur
    aux mimosas bleutés
    tu t’en vas dans l’allée qui descend vers la mer
    où tout va s’oublier



    De ce feu dans la nuit l’ombre nous est donnée
    Par-dessous les étoiles ― nous franchissons le pont
    Quand nous nous retournons les braises s’enflamment




    Arnaud Beaujeu, « La lumière et les mots », in Revue NU(e) N° 42, « Anthologie », novembre 2009, pp. 36-37-38-39.




    ARNAUD  BEAUJEU


    Arnaud Beaujeu





    ■ Arnaud Beaujeu
    sur Terres de femmes


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    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    Arnaud Beaujeu, Fleur d’encre (+ une notice bio-bibliographique)



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