Étiquette : Antonella Anedda


  • Antonella Anedda | Avant l’heure du dîner

    «  Poésie d’un jour »



    Antonella_anedda_1
    Antonella Anedda
    Image, G.AdC







    PRIMA DI CENA


        « Prima di cena, prima che le lampade scaldino i letti e il fogliame degli alberi sia verde-buio e la notte deserta. Nel breve spazio del crepuscolo passano intere sconosciute stagioni; allora il cielo si carica di nubi, di correnti che sollevano ceppi e rovi. Contro i vetri della finestra batte l’ombra di una misteriosa bufera. L’acqua rovescia i cespugli, le bestie barcollano sulle foglie bagnate. L’ombra dei pini si abbatte sui pavimenti; l’acqua è gelata, di foresta. Il tempo sosta, dilegua. Di colpo, nella quiete solenne dei viali, nel vuoto delle fontane, nei padiglioni illuminati per tutta la notte, l’ospedale ha lo sfolgorio di una pietroburghese residenza invernale.

    Ci sarà un incubo peggiore
    socchiuso tra i fogli dei giorni
    non sbatterà nessuna porta
    e i chiodi piantati all’inizio della vita
    si piegheranno appena.
    Ci sarà un assassino disteso sul ballatoio
    il viso tra le lenzuola, l’arma posata di lato.
    Lentamente si schiuderà la cucina
    senza fragore di vetri infranti
    nel silenzio del pomeriggio invernale.
    Non sarà l’amarezza, né il rancore, solo
    – per un attimo – le stoviglie
    si faranno immense di splendore marino.

    Allora occorrerà avvicinarsi, forse salire
    là dove il futuro si restringe
    alla mensola fitta di vasi
    all’aria rovesciata del cortile
    al volo senza slargo dell’oca,
    con la malinconia del pattinatore notturno
    che a un tratto conosce
    il verso del corpo e del ghiaccio
    voltarsi appena,
    andare. »


    Antonella Anedda, « Prima di cena », Residenze invernali, Crocetti, Milano, 1992.






    TRADUCTION


        « Avant l’heure du dîner, avant de passer la bassinoire à l’intérieur des lits, avant que le feuillage des arbres ne se vert-de-grise et que la nuit soit déserte. Dans le bref mitan du crépuscule défilent inconnues des saisons tout entières ; le ciel se couvre alors de nuages, le vent se lève et balaie souches et ronces. Contre les vitres de la fenêtre bat l’ombre d’une mystérieuse bourrasque. L’eau renverse les buissons, les bêtes trébuchent sur les feuilles détrempées. L’ombre des pins s’abat sur le dallage ; l’eau, de la forêt, est glacée. Le temps se fige, se dissout. Soudain, dans la tranquille solennité des avenues, dans le creux des fontaines, dans les pavillons illuminés tout au long de la nuit, l’hôpital a la clarté fulgurante d’une résidence d’hiver de Saint-Pétersbourg.

    Il y aura un cauchemar bien pire
    tapi entre les feuilles des jours
    aucune porte ne claquera
    les clous plantés à l’orée de la vie
    se courberont à peine.
    Il y aura un assassin étendu dans la coursive
    le visage entre les draps, l’arme posée à côté.
    Lentement s’entrouvrira la cuisine
    sans fracas de vitres brisées
    dans le silence de l’après-midi d’hiver.
    Il n’y aura ni amertume ni rancœur, seulement
    – un court instant – la vaisselle
    débordera de splendeur marine.

    Alors il faudra s’approcher, sans doute grimper
    là où le futur se rétrécit
    jusqu’à la table encombrée de vases
    jusqu’à l’air chaviré de la cour
    jusqu’au vol indéployé de l’oie,
    avec la mélancolie du patineur nocturne
    qui sait au bon moment aligner son corps avec la glace
    se retourner à peine,
    s’en aller. »


    D.R. Traduction Angèle Paoli







    BIO-BIBLIOGRAPHIE


        D’origine sarde et corse (Serra de Serra-di-Scopamène par sa grand-mère), Antonella Anedda (Antonella, Amelia, Ester, Maria, Roberta Anedda-Angioy) est née le 22 décembre 1955 à Rome où elle a suivi des études d’histoire de l’art. Elle partage son temps entre la « Ville éternelle », Lugano, la Corse* et l’île sarde de La Maddalena, « un’isola nell’isola », « île d’une pensée » selon les termes d’Antonella Anedda, allégorisation d’une nécessaire condition poétique de solitude et d’insularité dont l’écho se retrouve dans le vers de Celan : « Niergends fragt es nach dir » [In nessun luogo si chiede di te].

    « Scrivo con pazienza
    all’eternità non credo
    la lentezza mi viene dal silenzio
    e da una libertà ― invisibile ―
    che il Continente non conosce
    l’isola di un pensiero che mi spinge
    a restringere il tempo
    a dargli spazio
    inventando per quella lingua il suo deserto. »
    (Notti di pace occidentale, op.cit., p. 14)

    « J’écris avec patience
    je ne crois pas à l’éternité
    la lenteur me vient du silence
    et d’une liberté ― invisible ―
    que ne connaît pas le Continent
    l’île d’une pensée qui me pousse
    à resserrer le temps
    à lui donner de l’espace
    en inventant pour cette langue son désert. »

        Antonella Anedda a enseigné le français à la Faculté des lettres et de philosophie de l’Université de Sienne/Arezzo, avant de travailler pour l’Istituto di studi italiani (ISI) de Lugano (Università della Svizzera italiana) et d’occuper la chaire d’anglistique de l’université de Rome. Elle écrit dans de nombreux périodiques et revues : Il Manifesto, Legendaria, Linea d’ombra, MicroMega, Nuovi Argomenti (éditions Mondadori), Poesia (éditions Crocetti).

        Antonella Anedda est l’auteure de six recueils de poésie :

    Residenze Invernali (Crocetti, Milan, 1992, préface d’Arnaldo Colasanti), pour lequel elle a reçu le prix Sinisgalli, le prix Diego Valeri et le Tratti Poetry Prize ;
    Notti di pace occidentale (Donzelli, Rome, septembre 1999). Prix Montale 2000 ;
    Il catalogo della gioia (Donzelli, Rome, 2003) ;
    Dal balcone del corpo (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, juin 2007). Prix Napoli 2007. Prix Giuseppe Dessì 2008 ;
    Salva con nome (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, mars 2012). Prix Viareggio-Repaci 2012 [extraits ICI] ;
    Historiae, Giulio Einaudi editore, 2018.

        Elle a également publié plusieurs essais et recueils de nouvelles, dont :

    Cosa sono gli anni (Fazi Editore, Rome, 1997) ;
    La luce delle cose (Feltrinelli, Milan, 2000) ;
    Tre stazioni (LietoColle, Faloppio, 2003) ;
    La vita degli dettagli (Donzelli, collana Saggine, Rome, 2009) ;
    Isolatria. Viaggio nell’arcipelago della Maddalena (Laterza, Collana Contromano, 2013).

        En tant que traductrice, elle a aussi dirigé l’édition de deux ouvrages de Philippe Jaccottet : Appunti per una semina : poesie e prose 1954-1994, anthologie de poèmes (Fondazione Piazzolla, Rome, 1994), et l’édition italienne de La parola russia (Donzelli editore, 2004 ; éd. fr. : À partir du mot Russie, Fata Morgana, 2003). Elle a en outre publié un recueil de variations poétiques et de poésies étrangères intitulé Nomi Distanti (Empiria, Rome, 1998). Elle a aussi traduit Les Tristes d’Ovide, et, plus récemment, Ann Carson et Jamie Mckendrick, et s’apprête à publier un ouvrage consacré à l’art contemporain (et notamment à Bill Viola).

        Tenue pour l’une des voix les plus originales de la poésie italienne contemporaine, Antonella Anedda est présente dans de très nombreuses anthologies italiennes et étrangères. Une traduction partielle de Notti di pace occidentale (Nuits de paix occidentale & autres poèmes) a paru en 2008 aux éditions bordelaises L’Escampette (traduction de Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe)**. Certains des poèmes de Notti di pace occidentale ont paru dans le n° 1 de la revue Confluences poétiques (Mercure de France, mars 2006), dans le n° 132 (décembre 2006) de la revue Décharge, dans le n° 20 (automne-hiver 2007) de la revue Rehauts, dans la revue Europe (novembre 2007)***, et dans le n° 5 (janvier 2014) d’Inuits dans la jungle.




    _______________
    * « Le rectangle de ces feuilles est l’enclos qui redouble la solitude de cette île : la Corse ― ni italienne, ni étrangère ― où j’ai cherché à résister au vide qui croissait autour de tout ce que j’aimais et qui était devenu invincible, pour moi, à Rome, sur le Continent » (Antonella Anedda in « Basse Lumière », avant-propos de Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 7).

    ** Ce volume est une anthologie qui rassemble plusieurs séquences de l’œuvre d’Antonella Anedda, issues de Notti di pace occidentale, de Nomi distanti, d’Il catalogo della gioia, de Dal balcone del corpo et de La luce delle cose.

    *** Antérieurement à cette publication, d’autres poèmes issus de ce recueil ont été traduits en français dans diverses revues, et notamment dans Arpa, n° 67, 1998 (traduction de Raymond Farina), Journal des poètes, n° 2/2001, Maison Internationale de la poésie de Bruxelles (traduction de Raymond Farina), Les Cahiers de poésie-rencontres, Écritures de femmes, n° 49-50, Lyon, mai 2002 (traduction de Marc Porcu).





    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    Pour écouter la voix d’Antonella Anedda disant à voix haute le poème ci-dessus, cliquer
    ICI. [Source : site berlinois lyrikline].



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    les pages que le site Italian Poetry a consacrées à Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web)
    un dossier Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    de longs extraits (en italien) des différents recueils d’Antonella Anedda
    → (sur books.google.com)
    d’autres larges extraits de Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele)
    une interview (en italien) d’Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon)
    conférence autour d’Antonella Anedda, Entre racine et lame, organisée dans le cadre du Printemps des poètes 2010, animée par Angèle Paoli et Marc Porcu
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





    Retour au répertoire du numéro de mars 2005
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Antonella Anedda | Frontières



    CONFINI



    L’ennesima notizia della strage arriva questa sera
    nell’ora in cui messi gli ultimi panni in lavatrice
    si scoperchiano i letti per dormire.
    Sullo schermo del televisore unica luce nella stanza buia
    scorrono visi morti e morti vivi, lampi di armi,
    corpi nudi e dentro ai calcinacci un cane.
    La storia moltiplica i suoi spettri, li affolla
    ai confini degli imperi nell’èra di ferro che ci irradia.
    Ha inizio un assedio senza nome.
    Acque reflue, alluvioni, rocce spaccate
    in cerca di petrolio. Resistono gli schiavi
    intenti a costruire le nostre piramidi di beni.




    Antonella Anedda, Historiae, Giulio Einaudi editore, Torino, 2018, pagina 41.






    Antonella Anedda  Historiae








    FRONTIÈRES



    La énième nouvelle du massacre nous parvient ce soir
    à l’heure où, une fois mis à laver les tout derniers vêtements,
    on défait la couverture pour dormir.
    Sur l’écran de la télévision unique source de lumière dans la pénombre de la pièce
    défilent les visages morts et ceux des morts vivants, éclairs d’armes,
    corps dénudés et parmi les décombres un chien.
    L’histoire démultiplie ses spectres, elle les agglutine
    aux confins des empires dans l’ère de fer qui nous irradie.
    Un assaut sans nom a commencé.
    Eaux résiduelles, inondations, roches éclatées
    pour la prospection pétrolière. Les esclaves résistent
    affairés à empiler nos biens en pyramides.




    Traduction inédite d’Angèle Paoli





    ANTONELLA ANEDDA

    Antonella-anedda-foto-di-dino-ignani
    Ph. Dino Ignani
    Source




    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    un autre extrait de Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes »)
    le portrait d’ Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda






    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2018
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)


    » Retour Incipit de Terres de femmes



  • Antonella Anedda | Archipel



    ARCIPELAGO (UN COLLASSO)
    Triptyque photographique, G.AdC







    ARCIPELAGO (UN COLLASSO)




    Rosso e grigio, una corona spezzata di granito e sale

    un soffio nel cuore di ogni scoglio.


    Sono caduta sotto poche nuvole
    un giorno di piena primavera
    con un cespuglio piegato sotto il corpo
    e l’intero promontorio sulla nuca.
    Avevo la sabbia nelle orecchie, la zampa
    del cane incerta sulle tempie.
    Uno smottamento simile a quello che conosciamo in sogno
    l’istante in cui il moto sembra trovare l’enigma dello spazio.


    Tutte le isole volavano
    riproducendo con esattezza il vuoto tra le pietre
    riempiendosi di vento a ogni sosta
    i sassi scattavano fischiando
    come fionde fino al gelo dei piedi
    e il fiato era un tronco con foglie da inghiottire
    a occhi stretti, fino alle radici.


    Prima ci fu la casa, grigia, perfetta dentro il sole
    assi sconnesse, vecchi chiodi, una sedia,
    poi quel fischio misto a voci
    due bambini e la lingua del cane
    come un tocco d’infinito sulla gola.
    Forse fu questo che mostrò al destino
    come ancora mi ardesse la linea della vita


    quando la mano scorticata si mosse
    a scacciare una mosca
    che puntò decisa verso il cielo.




    Antonella Anedda, “Maddalena” in Il Catalogo della gioia, Donzelli editore, Collana Donzelli Poesia, 2003, pp. 108-109.







    ARCHIPEL (UN COLLAPSE)



    Rouge et gris, une couronne brisée de granit et de sel
    un souffle dans le cœur de chaque écueil.


    Je suis tombée sous peu de nuages
    un jour de plein printemps
    avec un arbuste plié sous le corps
    et l’entier promontoire sur la nuque.
    J’avais du sable dans les oreilles, la patte
    incertaine du chien sur les tempes.
    Un éboulement semblable à celui que nous connaissons dans le rêve
    l’instant où le mouvement semble trouver l’énigme de l’espace.


    Toutes les îles volaient
    reproduisant avec exactitude le vide entre les pierres
    se remplissant de vent à chaque halte
    les pierres bondissaient en sifflant
    comme des frondes jusqu’à la glace des pieds
    et le souffle était un tronc avec des feuilles à engloutir
    avec des yeux étroits, jusqu’aux racines.


    Avant il y avait la maison, grise, parfaite dans le soleil
    axes déconnectés, vieux clous, une chaise,
    puis ce sifflement mixte de voix
    deux enfants et la langue du chien
    comme une touche d’infini sur la gorge.


    Peut-être est-ce cela qui a montré au destin
    comment encore brûlait pour moi la ligne de la vie


    quand la main écorchée s’est mise
    à chasser une mouche
    qui pointait décidée vers le ciel.




    Antonella Anedda, in « 7 poètes italiens d’aujourd’hui », Inuits dans la jungle, Numéro 5, janvier 2014, pp. 21-22. Présentation et traduction de Jean Portante.





    _________________________
    NOTE d’AP : Antonella Anedda a publié en 2013 : Isolatria. Viaggio nell’arcipelago della Maddalena (Laterza, Collana Contromano).







    Inuits 5






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Avant l’heure du dîner (+ une notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





    Retour au répertoire du numéro de janvier 2014
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • 10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia

    Éphéméride culturelle à rebours





    57250_sa_sartiglia_oristano
    Source







    SENZA NOME. SARTIGLIA


    A Oristano, sulla costa occidentale della Sardegna oltre la quale c’è solo la Spagna, il martedì di Carnevale si tiene uno dei riti più antichi dell’isola : Sa Sartiglia. Un uomo chiamato « su Componidori » viene vestito da tre donne che gli applicano sul viso una maschera di legno senza nessuna caratteristica: liscia, bianca e androgina. E’ una maschera che annulla l’identità del singolo e non ha espressione. Almeno fino a pochissimo tempo fa, lo stesso nome della persona che avrebbe rivestito il ruolo del Componidori era segreto. Il Componidori dunque non ha sesso, non ha età, non ha nome. Il suo compito è guidare i cavalieri del suo gruppo, del suo gremio, tutti ugualmente mascherati in una corsa che ha come fine quello di infilzare con la lancia una stella, in spagnolo sartiglia, sospesa a un filo sottile.
    La vestizione si svolge nel più assoluto silenzio. Una volta finita, il corpo del Componidori non può più toccare terra. Sale a cavallo direttamente da un tavolo che è quasi un altare chiamato « sa mesida ». Da quel momento non dovrà più mettere piede a terra. Per non cadere, per combattere la paura e l’impotenza, farà affidamento solo sulla forza delle gambe. Vivrà come in sogno diventando tutti gli uomini e le donne che è stato e i cui nomi si confondono fino a essere perduti.


    Antonella Anedda, “Aria” in Salva con nome, Poesia, Arnoldo Mondadori Editore, Collana Lo Specchio, Milano, 2012, pagina 11.







    Mar_stel01
    Source






    SANS NOM. SARTIGLIA




    Le mardi de Carnaval, à Oristano, sur la côte ouest de la Sardaigne au-delà de laquelle il n’y a plus que l’Espagne, se déroule l’un des plus anciens rituels de l’île : Sa Sartiglia. Un homme, que l’on nomme « su Componidori », est habillé par trois femmes qui posent sur son visage un masque en bois sans traits caractéristiques : lisse, blanc et androgyne. C’est un masque dénué d’expression qui gomme l’identité de celui qui le porte. Jusqu’à une période encore récente, le nom même de celui qui devait jouer le rôle du Componidori était gardé secret. Le Componidori n’a ni sexe, ni âge, ni nom. Son rôle est de diriger les cavaliers de son groupe, de sa corporation, tous également masqués, dans une course dont le but est de transpercer d’une lance une étoile (en espagnol sartiglia) suspendue à un fil très fin.
    La cérémonie de l’habillage a lieu dans le silence le plus absolu. Une fois l’habillage terminé, le Componidori n’a plus le droit de toucher le sol. Il monte sur son cheval depuis une table qui ressemble à un autel, appelée « sa mesida ». À partir de cet instant, il ne lui est plus permis de mettre pied à terre. Pour ne pas tomber et pour combattre la peur et la défaillance, il ne devra compter que sur la force de ses jambes. Il vivra comme dans un rêve, incarnant tous les hommes et les femmes qu’il a été et dont les noms se confondent jusqu’à totale disparition.


    D.R. Traduction inédite d’Angèle Paoli



    __________________________________
    NOTE d’AP : cette année, Sa Sartiglia d’Oristano se déroule du 10 au 12 février.







    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    un autre extrait de Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes »)
    le portrait d’ Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    les pages que le site Italian Poetry a consacrées à Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web)
    un dossier Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda : Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    de longs extraits (en italien) des différents recueils d’Antonella Anedda
    → (sur books.google.com)
    d’autres larges extraits de Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo
    → (sur Une autre poésie italienne, le poéblog de CIRCE)
    plusieurs poèmes d’Antonella Anedda traduits en français



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda






    Retour au répertoire du numéro de février 2013
    Retour à l’ index de l’éphéméride culturelle
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)


    » Retour Incipit de Terres de femmes



  • Antonella Anedda | Salva con nome




    La paura ci rende più forti ?


    Siamo mortali mortalmente spaventati
    tremiamo come volpi e cani
    diventando la muta di noi stessi






    1 basta un sogno sbagliato
    Ph., G.AdC





    Basta un sogno sbagliato
    e la luce rode dove non c’è riparo.
    Sbandiamo tra gli oggetti sperando siano veri.
    Stringiamo gli occhi provando a dormire in pieno giorno
    dicendo: qui e pensando là
    offrendo sacrifici mentre spostiamo mobili
    e tronchiamo con le forbici i gerani.
    La sera allunghiamo i tavoli per gli ospiti
    e dal legno cominciamo ad appassire.
    Posiamo con cura i tovaglioli e dal lino si sollevano demoni.
    Voltando la testa qui, pensiamo: là
    come succede davvero a ogni inseguito.
    Spalanchiamo finestre con la scusa del fumo. Il vento sa d’immondizia
    ma è una tregua. Lo stesso vento nella bellezza è una rovina.
    La saggezza ci confonde come cera.
    Stentiamo a respirare.
    Restiamo immobili
    il sangue scatta tra la nuca e la schiena
    torniamo serpi
    ci puliamo intrecciandoci.



    La peur nous rend-elle plus forts ?


    Nous sommes des mortels mortellement terrifiés
    et tremblons comme chiens et renards
    devenant à nous-mêmes notre propre meute.
    Il suffit d’un rêve avorté
    et la lumière érode là où il n’y a pas d’abri.
    Nous divaguons entre les objets en espérant qu’ils soient vrais.
    Nous fermons fort les yeux pour tenter de dormir en plein jour
    disant : ici et pensant là
    offrant des sacrifices tout en déplaçant des meubles
    et en coupant les géraniums avec un sécateur.
    Le soir nous rajoutons des rallonges pour les invités
    et du bois naît notre flétrissure.
    Nous posons avec soin les serviettes de table et du lin se lèvent les démons.






    en tournant la tête ici, nous pensons là
    Ph., G.AdC





    En tournant la tête ici, nous pensons : là
    comme il advient pour tout ce que nous entreprenons.
    Nous ouvrons grand les fenêtres sous prétexte de fumée. Le vent
    s’y connaît pour ce qui est des immondices
    mais c’est un répit. Dans la beauté le même vent est un désastre.
    La sagesse nous confond comme cire.
    Nous avons du mal à respirer.
    Nous restons immobiles
    le sang pulse entre la nuque et l’échine
    nous redevenons serpents
    nous nous faisons propres en nous contorsionnant.







    3 e indietro c-- il sanatorio
    Ph., G.AdC





    Spazio della paura diurna


    A distanza e indietro c’è il sanatorio dove viene ricoverata a vent’anni. Indossa sempre la stessa giacca di lana a quadri ruggine e nero. La neve sferza la sdraio dove resta tutta la mattina con una bottiglia di acqua calda tra le gambe. Ha paura. Di nascosto si cuoce un uovo in un tegame. Tra la porta e il vento il gas stringe il tuorlo in un fuoco azzurro-rame.
    Lei dorme con un berretto di pelo e il petto chiuso mentre la strada scricchiola di gelo. La notte ha mille astucci. Uno per ogni fiala.

    Guarisce. Nasciamo. Siamo piccoli.
    Un giorno lei prende la rincorsa verso i muri.
    Si ferisce. E’ guarita ma è malata.
    Ammaina le vele. Scuce l’orlo di tutte le tende di casa
    le stacca dagli anelli.
    Tutta la stanza tintinna.
    Faccio le finestre nude, dice.
    Apre i rubinetti.
    Accatasta le acque come un Profeta.
    E’ la Regina della Notte dalla lunga voce.
    E’ Turandot e noi le costruiamo una Città Proibita rovesciando i tavoli e le sedie.
    Si avvolge nelle stoffe, si sdraia sul pavimento. E’ il Faraone che naviga sul Nilo.

    Aspetta che sia tardi. E’ tardi, bisbiglia.

    (Lei è ― e non è ― mia madre)



    Espace de la peur diurne


    À distance et sur l’arrière il y a le sanatorium où elle a été hospitalisée à l’âge de vingt ans. Elle porte toujours la même veste de laine à carreaux rouille et noir. La neige cingle la chaise longue où elle passe la matinée une bouteille d’eau chaude entre les jambes. Elle a peur. En cachette elle fait cuire un œuf au plat. Entre la porte et le vent le gaz contracte le jaune d’œuf en une flamme bleu azur et cuivre. Elle dort une toque de fourrure sur la tête et la poitrine emmitouflée tandis que la route crisse de gel. La nuit elle a mille étuis. Un pour chaque fiole.

    Elle guérit. Nous naissons. Nous sommes petits.
    Un jour elle s’élance droit contre le mur.
    Elle se blesse. Elle est guérie mais elle est malade.
    Elle baisse pavillon. Elle découd l’ourlet de tous les rideaux de la maison, détache les anneaux.
    La pièce entière tintinnabule.






    4 Je denude les fenetres dit elle
    Ph., G.AdC





    Je dénude les fenêtres, dit-elle.
    Elle ouvre les robinets.
    Elle rassemble les eaux comme un Prophète.
    Elle est la Reine de la Nuit à la longue voix.
    Elle est Turandot et nous lui construisons une Ville Interdite tables et chaises renversées.
    Elle s’enroule dans ses étoffes, s’allonge sur le parquet. Elle est Pharaon naviguant sur le Nil.

    Elle attend qu’il soit tard. Il est tard, chuchote-t-elle.

    (Elle est ― et elle n’est pas ― ma mère)







    Vista da uno spettro


    Se l’avesse vista
    se avesse visto la sua forma mortale
    spalancare stanotte il frigorifero
    e quasi entrare con il corpo
    in quella navata di chiarore,
    muta bevendo latte
    come le anime il sangue
    spettrale soprattutto a se stessa
    assetata di bianco, abbacinata
    dall’acciaio e dal ferro
    bruciandosi le dita con il ghiaccio






    5 non - lei
    Ph., G.AdC





    avrebbe detto non è lei. Non è
    quella che morendo ho lasciato
    perché mi continuasse.




    Vue par un fantôme


    S’il l’avait vue
    s’il avait vu sa forme mortelle
    ouvrir tout grand le frigidaire cette nuit
    et presque entrer de tout son corps
    dans cette nef de clarté,
    silencieuse buvant du lait
    comme les âmes le sang
    spectrale surtout à elle-même
    assoiffée de blanc, éblouie
    par l’acier et le fer
    se brûlant les doigts sur la glace






    6 eblouie par l acier et le fer
    Ph., G.AdC





    il aurait dit ce n’est pas elle. Ce n’est pas
    celle qu’en mourant j’ai laissée
    pour qu’elle me survive.







    Questo è un modo per dimenticarsi
    Stilare un elenco.






    7 Dire che il cielo e nero come un sacco di crine
    Ph., G.AdC





    Rivolgersi alla montagna per esempio
    Pregarla come i dannati nell’Apocalisse
    Dire che il cielo è nero come un sacco di crine.
    Ormai certi che l’anima è mortale
    e il corpo solo astuto
    e la coscienza un’invenzione
    trasmigriamo con volumi di luce.
    Seduti nel pomeriggio di ottobre
    colpiti dal sole
    irreali ma pieni di tepore.






    8 les damn-s de l-Apocalypse
    Ph., G.AdC





    Ceci est un moyen pour s’oublier
    Dresser une liste



    Se tourner vers la montagne par exemple
    La prier comme les damnés de l’Apocalypse
    Dire que le ciel est noir comme un sac de crin.
    Sûrs désormais que l’âme est mortelle
    et le corps seulement rusé
    et la conscience une invention
    nous transmigrons enveloppés de lumière.
    Assis dans l’après-midi d’octobre
    frappés par le soleil
    irréels mais emplis de tiédeur.



    Antonella Anedda

    D.R. Poèmes (pour partie publiés dans le recueil
    Salva con nome d’Antonella Anedda)
    pour Terres de femmes

    Traduction inédite d’Angèle Paoli



    NOTE d’AP : le recueil Salva con nome a paru en mars 2012 aux éditions Mondadori (collection Lo Specchio).






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans la Galerie « Visages de femmes »)
    le portrait d’Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → les pages que le site
    Italian Poetry a consacrées à Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web)
    un dossier Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    de longs extraits (en italien) des différents recueils d’Antonella Anedda
    → (sur books.google.com)
    d’autres larges extraits de Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele)
    une interview (en italien) d’Antonella Anedda par Pietro Pancamo.
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salve con nome, dits par Antonella Anedda



    Retour au répertoire du numéro de février 2010
    Retour au Sommaire de l’anthologie poétique Terres de femmes
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italienne)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Antonella Anedda | Ritagliare

    «  Poésie d’un jour  »



    Il legno - segnato- vulnerabile- ustionato
    Ph., G.AdC






    RITAGLIARE

    25.



         Il sole brucia il legno attraverso una lente. Lo scultore trova i suoi materiali sulle spiagge. Spesso in quelle dell’isola di Colonsay nelle Ebridi. Quello che sfugge all’acqua cade in potere della luce. Il legno è segnato, vulnerabile, ustionato. Ora che lo vedo dietro il vetro di un museo, ricordo la carcassa di una sedia vicino a quella di un cane. Ricordo qualcosa che non pensavo di ricordare. Il cuore mi batte piano. Il suo ticchettio non significa nulla. Assisto a ciò che ricordo, seguo le sequenze. Quando tutto è finito mi volto e ricomincio a dimenticare. Se guardi bene forse puoi condividere con me quello che sembra questo nuovo quadro : un viso di donna che dorme.


    Antonella Anedda, La vita dei dettagli, Scomporre quadri, immaginare mondi, Donzelli editore, Collana Saggine, settembre 2009, pagina 53.



         « Pensare attraverso i miei occhi » : la frase di Dedalus nell’Ulisse di Joyce è la stella polare di questo libro, che traccia une originalissima mappa fatta di dettagli di opere d’arte, di attraversamenti di luoghi, di ritratti e di meditazioni sulla pittura e sugli oggetti, su quell’accumulo di immagini che la memoria costruisce nella vita di ognuno di noi.
         Cosa ci affascina dei dettagli ? La loro arbitrarietà ? Cosa ci commuove ? Forse, l’oscurità da cui il nostro sguardo li salva, la luce da cui si dirama una potenzialità di mondi…


    Antonella Anedda, id., rabat de la première de couverture.







         Le soleil brûle le bois à travers une loupe. Le sculpteur trouve son matériau sur les plages. Souvent sur celles de l’île de Colonsay dans les Hébrides. Ce que l’eau efface tombe dans le pouvoir de la lumière. Le bois est marqué, vulnérable, calciné. À présent que je le vois derrière la vitre d’un musée, me revient en mémoire la carcasse d’une chaise à proximité de celle d’un chien. Je me souviens de quelque chose dont je ne pensais pas me souvenir. Mon cœur bat doucement. Son tic-tac ne signifie rien. J’assiste à ce dont je me souviens, j’en suis les séquences. Quand tout est fini je me retourne et je recommence à oublier. Si tu regardes bien, peut-être peux-tu partager avec moi ce que semble être ce nouveau tableau : un visage de femme qui dort.



         « Penser à travers mes yeux » : la phrase de Dedalus dans l’Ulysse de Joyce est l’étoile polaire de ce livre, qui trace une carte très originale faite de détails d’œuvres d’art, de traversées de lieux, de portraits et de méditations sur la peinture et sur les objets, sur cette accumulation d’images que la mémoire construit dans la vie de chacun de nous.
         Qu’est-ce qui nous fascine dans les détails ? Leur arbitraire ? Qu’est-ce qui nous émeut ? Sans doute, l’obscurité dont notre regard les sauve, la lumière dont se diffuse une potentialité de mondes…


    D.R. Traduction inédite d’Angèle Paoli





    Anedda couv







    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon)
    conférence autour d’Antonella Anedda, Entre racine et lame, organisée dans le cadre du Printemps des poètes 2010, animée par Angèle Paoli et Marc Porcu
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda



    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2009
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Antonella Anedda | 11 septembre 2001

    «  Poésie d’un jour  »



    Seguo la scia di luce
    Ph., G.AdC





    11 SETTEMBRE, 2001


    Seguo la scia di luce dentro i mesi, nella cripta autunnale
    ascolto la prima pioggia ampia sulle grondaie.
    Settembre ― dice il calendario a metà consumato con figure
    d’insetti sopra i fogli. Quasi ottobre anticipano i gusci di
    lumaca uno per ogni giorno a disdire con la lentezza la paura.

    Loda queste creature di terra, il volo breve, la mano paziente
    che disegna. Contro il fuoco, il cielo celeste della fede.

    In basso, nell’orto, la raggiante architettura dei lombrichi, un
    velo di formiche sotto il melo. Mi inchino al fango, ai moscerini
    alla lumaca, alla fatica con cui mi sale sulle dita.


    Antonella Anedda, Il catalogo della gioia, Donzelli Poesia, 2003, page 86.





    11 SEPTEMBRE 2001


    Je suis le sillage de la lumière à l’intérieur des mois, dans la crypte automnale
    j’écoute la première pluie, ample, sur la gouttière.
    Septembre ― dit le calendrier à moitié consommé avec ses figures
    d’insectes sur les feuilles. Presque octobre en avance les coquilles
    d’escargots une pour chaque jour comme pour réfuter la peur avec la lenteur.

    Loue ces créatures de la terre, leur vol bref, la main patiente qui dessine.
    Contre le feu, le ciel céleste de la foi.

    En bas, dans le jardin, l’architecture rayonnante des lombrics, un
    voile de fourmis sous le pommier. Je m’incline devant la boue, devant les moucherons
    devant l’escargot, devant la fatigue avec laquelle il grimpe sur mon doigt.


    Antonella Anedda, Il catalogo della gioia, in Po&sie, 1975-2004, numéro 110, « Trente ans de poésie italienne », II, Éditions Belin, 2005, page 402. Traduction de Martin Rueff.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda



    Retour au répertoire du numéro de septembre 2009
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Antonella Anedda | novembre, notte

    «  Poésie d’un jour  »



    Due diversi bagliori senza luce
    Ph., G.AdC







    NOVEMBRE, NOTTE


    « Perfino adesso vedo un gesto nuziale
    dopo l’immensa distanza di questa estate lenta
    nelle’arco dei suoi steli amari
    dopo gli anni che in avanti
    hanno sbarrato l’amore perché non si perdesse
    fino a perderlo attutito contro l’erba.

    Oggi è una notte di pioggia.
    Possiamo traversarla in due diversi bagliori senza luce
    dire, toccando il gelido bordo di un bicchiere
    che tanta lontananza non è stata un errore
    se ha cinto e sciolto segretamente
    ogni irreale desiderio. »


    Antonella Anedda, Notturni, Notti di pace occidentale, Donzelli Poesia, 2001, pagina 59.






    NOVEMBRE, NUIT


    « Même maintenant je vois un geste nuptial
    après l’immense distance de cet été lent
    dans la courbe de ses tiges amères
    après les années qui au-devant d’elles
    ont barré l’amour pour qu’il ne se perde
    jusqu’à le perdre assourdi contre l’herbe.

    Aujourd’hui c’est une nuit de pluie.
    Nous pouvons la traverser selon deux lueurs diverses sans lumière
    dire, en touchant le bord gelé d’un verre
    que tant d’éloignement n’a pas été une erreur
    s’il a ceint et dissipé secrètement
    tout désir irréel. »


    Antonella Anedda, Nocturnes, Nuits de paix occidentale, in Les Cahiers de poésie-rencontres, « Écritures de femmes », n° 49-50, page 23. Traduction de Marcu Porcu.







    NUITS DE PAIX OCCIDENTALE


        « La force d’un livre comme Nuits de paix occidentale semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue, où le chant révèle sa part d’ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l’incandescente offrande de parole. Si les poèmes d’Antonella Anedda font penser à un tissu sans couture, mais brûlé ou lacéré par endroits, c’est qu’ils font place à la fois à la scène de l’intime et à la scène de l’Histoire, à l’élégie et à la tragédie, à la force nue de l’amour et aux forces armées de la violence. Leur modulation, idéalement continue et pérenne, n’en est pas moins soumise à d’implacables déchirures par la contingence ou les terribles lois de nécessité. »


    Jean-Baptiste Para, « Basse Lumière », avant-propos de Antonella Anedda, Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 5.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon)
    conférence autour d’Antonella Anedda, Entre racine et lame, organisée dans le cadre du Printemps des poètes 2010, animée par Angèle Paoli et Marc Porcu
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





    Retour au répertoire du numéro de novembre 2008
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Antonella Anedda | Per un nuovo inverno

    «  Poésie d’un jour  »



    Le_portail_de_la_maison
    Ph., G.AdC







    PER UN NUOVO INVERNO


    Se non fosse che questo : giungere a un luogo
    esattamente pronunciarne il nome, essere a casa.

    Felice inverno adesso che il nuovo inverno è passato
    da un inizio per noi ancora senza nome
    non diverso dal varco estivo di reti
    forse, un cerchio debole di lumi.

    Intorno solo piante
    che non avresti fatto in tempo a scansare
    acqua soffiata sulle pietre ― grandine
    che mai sapremo se è arrivata col suono
    che faceva sui tetti là nel tuo tempo
    nella bianca, umana pulizia dei bagni.
    Finora solo passi recisi
    che forse ascolti con ardente silenzio
    e aria tra gli aranci mossi piano dai vivi.

    Vedi qui nulla per la prima volta si perde.
    Stamattina hanno buttato la terra
    fredda ― colma della gioia dell’acqua
    ha dimenticato per te
    la sbarra della sedia, la nuca rovesciata
    il vento del cortile.
    Così felice notte ora che di nuovo è notte
    e non è vero che il gelo resti
    e abbassi piano il pensiero
    forse uno scatto invece schiude qualcosa in alto
    molto in alto ―
    una nota
    oltre il becco oltre gli occhi lucenti di un uccello
    una scheggia di collina ― quella laggiù
    serrata al tetto verde-bronzo della chiesa.
    Felice notte a te
    per sempre priva di abisso, una steppa dell’anima-sommessa
    dove l’ulivo si piega senza suono
    Gerusalemme della quiete
    della quiete e del tronco che cerchia e incide la morte
    che la succhia nel vuoto e nel vuoto la getta
    e la macera piano.

    Non ho voce, né canto
    ma una lingua intrecciata di paglia
    una lingua di corda e sale chiusa nel pugno
    e fitto in ogni fessura
    nel cancello di casa che batte sul tumulo duro dell’alba
    dal buio al buio
    per chi resta
    per chi ruota.


    Antonella Anedda, Per un nuovo inverno, Notti di pace occidentale, Donzelli Editore, Roma, 1999, pp. 65-66.






    POUR UN NOUVEL HIVER


    S’il suffisait de ceci : arriver quelque part
    en prononcer parfaitement le nom, être à la maison.

    Heureux hiver quand le nouvel hiver est passé
    d’un début qui pour nous est encore sans nom
    proche du chemin des filets, l’été
    peut-être, un faible cercle de lueurs.
    Autour, des plantes seules
    que tu n’aurais pas eu le temps de déplacer
    de l’eau sur les pierres soufflée ― la grêle
    nous ne saurons jamais si elle est arrivée au bruit
    qu’elle faisait sur les toits, là à ton époque
    dans la propreté blanche et humaine des sanitaires.
    Jusque là, juste des pas nets
    que tu écoutes peut-être avec un ardent silence
    et l’air entre les orangers agités lentement par la main des vivants.

    Tu vois, ici pour la première fois, rien ne se perd.
    Ce matin, ils ont battu la terre
    froide ― comblée par la joie des eaux
    le vent dans la cour
    a oublié pour toi
    la barre de la chaise, la nuque renversée.
    Bonne nuit maintenant qu’il fait nuit à nouveau
    et il est faux que le gel durera
    et doucement tu abaisses la pensée
    peut-être un déclic déclenche-t-il quelque chose en hauteur
    très haut ―
    une note
    au-delà du bec, au-delà des yeux brillants d’un oiseau
    un éclair de colline ― celle-là en bas
    collée au toit vert bronze de l’église.
    Bonne nuit à toi
    à jamais privée d’abîme une steppe de l’âme étouffée
    où l’olivier se plie sans un bruit
    Jérusalem de la quiétude
    de la quiétude et du tronc qui encercle et inscrit la mort
    qui l’aspire dans le vide et dans le vide la jette
    et la mâche lentement.

    Je n’ai ni voix ni chant
    mais une langue tressée de paille
    une langue de corde et du sel dans mon poing
    plein pour chaque fissure
    dans le portail de la maison qui frappe sur le tombeau dur de l’aube
    de l’obscurité à l’obscurité,
    pour qui reste
    pour qui tourne.


    Antonella Anedda, Pour un nouvel hiver, in Nuits de paix occidentale ; 30 ans de poésie italienne, Po&sie 110, 1975-2004, Éditions Belin, 2005, pp. 399-400. Traduction de Martin Rueff.



    ________________
        Dédié à Amelia Rosselli, Per un nuovo inverno a été écrit en mars 1996, un mois après le suicide de la grande poète italienne (survenu à Rome le 11 février 1996), et publié une première fois sous le titre Per un felice inverno, dans un plaquette imprimée à la main (90 exemplaires) par Meri Gorni (En Plein, Milano, 1997). « Les vers d’Antonella Anedda transforment le gel d’un adieu en un dialogue affectueux au-delà de la mort ».







    BIO-BIBLIOGRAPHIE


        D’origine sarde et corse (par sa grand-mère), Antonella Anedda (Antonella, Amelia, Ester, Maria, Roberta Anedda-Angioy) est née le 22 décembre 1955 à Rome où elle a suivi des études d’histoire de l’art. Elle partage son temps entre la « Ville éternelle », Lugano, la Corse* et l’île sarde de La Maddalena, « un’isola nell’isola », « île d’une pensée » selon les termes d’Antonella Anedda, allégorisation d’une nécessaire condition poétique de solitude et d’insularité dont l’écho se retrouve dans le vers de Celan : « Niergends fragt es nach dir » [In nessun luogo si chiede di te].

    « Scrivo con pazienza
    all’eternità non credo
    la lentezza mi viene dal silenzio
    e da una libertà ― invisibile ―
    che il Continente non conosce
    l’isola di un pensiero che mi spinge
    a restringere il tempo
    a dargli spazio
    inventando per quella lingua il suo deserto. »
    (Notti di pace occidentale, op.cit., p. 14)

    « J’écris avec patience
    je ne crois pas à l’éternité
    la lenteur me vient du silence
    et d’une liberté ― invisible ―
    que ne connaît pas le Continent
    l’île d’une pensée qui me pousse
    à resserrer le temps
    à lui donner de l’espace
    en inventant pour cette langue son désert. »

        Antonella Anedda a enseigné le français à la Faculté des lettres et de philosophie de l’Université de Sienne/Arezzo, avant de travailler pour l’Istituto di studi italiani (ISI) de Lugano (Università della Svizzera italiana) et d’occuper la chaire d’anglistique de l’université de Rome. Elle écrit dans de nombreux périodiques et revues : Il Manifesto, Legendaria, Linea d’ombra, MicroMega, Nuovi Argomenti (éditions Mondadori), Poesia (éditions Crocetti).

        Antonella Anedda est l’auteure de cinq recueils de poésie :

    Residenze Invernali (Crocetti, Milan, 1992, préface d’Arnaldo Colasanti), pour lequel elle a reçu le prix Sinisgalli, le prix Diego Valeri et le Tratti Poetry Prize ;
    Notti di pace occidentale (Donzelli, Rome, septembre 1999). Prix Montale 2000 ;
    Il catalogo della gioia (Donzelli, Rome, 2003) ;
    Dal balcone del corpo (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, juin 2007). Prix Napoli 2007. Prix Giuseppe Dessì 2008 ;
    Salva con nome (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, mars 2012).

        Elle a également publié plusieurs essais et recueils de nouvelles, dont :

    Cosa sono gli anni (Fazi Editore, Rome, 1997) ;
    La luce delle cose (Feltrinelli, Milan, 2000) ;
    Tre stazioni (LietoColle, Faloppio, 2003) ;
    La vita degli dettagli (Donzelli, collana Saggine, Rome, 2009) ;
    Isolatria. Viaggio nell’arcipelago della Maddalena (Laterza, Collana Contromano, 2013).

        En tant que traductrice, elle a aussi dirigé l’édition de deux ouvrages de Philippe Jaccottet : Appunti per una semina : poesie e prose 1954-1994, anthologie de poèmes (Fondazione Piazzolla, Rome, 1994), et l’édition italienne de La parola russia (Donzelli editore, 2004 ; éd. fr. : À partir du mot Russie, Fata Morgana, 2003). Elle a en outre publié un recueil de variations poétiques et de poésies étrangères intitulé Nomi Distanti (Empiria, Rome, 1998). Elle a aussi traduit Les Tristes d’Ovide, et, plus récemment, Ann Carson et Jamie Mckendrick, et s’apprête à publier un ouvrage consacré à l’art contemporain (et notamment à Bill Viola).

        Tenue pour l’une des voix les plus originales de la poésie italienne contemporaine, Antonella Anedda est présente dans de très nombreuses anthologies italiennes et étrangères. Une traduction partielle de Notti di pace occidentale (Nuits de paix occidentale & autres poèmes) est parue en 2008 aux éditions bordelaises L’Escampette (traduction de Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe)**. Certains des poèmes traduits dans ce recueil ont déjà paru dans le n° 1 de la revue Confluences poétiques (Mercure de France, mars 2006), dans le n° 132 (décembre 2006) de la revue Décharge, dans le n° 20 (automne-hiver 2007) de la revue Rehauts, et dans la revue Europe (novembre 2007).


    _______________
    * « Le rectangle de ces feuilles est l’enclos qui redouble la solitude de cette île : la Corse ― ni italienne, ni étrangère ― où j’ai cherché à résister au vide qui croissait autour de tout ce que j’aimais et qui était devenu invincible, pour moi, à Rome, sur le Continent » (Antonella Anedda in « Basse Lumière », avant-propos de Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 7).

    ** Ce volume est une anthologie qui rassemble plusieurs séquences de l’œuvre d’Antonella Anedda, issues de Notti di pace occidentale, de Nomi distanti, d’Il catalogo della gioia, de Dal balcone del corpo et de La luce delle cose. Le texte ci-dessus (Per un nuovo inverno) n’en fait pas partie, ni les Notturni (que l’on retrouvera par ailleurs dans Terres de femmes).






    NUITS DE PAIX OCCIDENTALE


        « La force d’un livre comme Nuits de paix occidentale semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue, où le chant révèle sa part d’ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l’incandescente offrande de parole. Si les poèmes d’Antonella Anedda font penser à un tissu sans couture, mais brûlé ou lacéré par endroits, c’est qu’ils font place à la fois à la scène de l’intime et à la scène de l’Histoire, à l’élégie et à la tragédie, à la force nue de l’amour et aux forces armées de la violence. Leur modulation, idéalement continue et pérenne, n’en est pas moins soumise à d’implacables déchirures par la contingence ou les terribles lois de nécessité. »


    Jean Baptiste Para, « Basse Lumière », avant-propos de Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 5.





    UNE POÉSIE INSULAIRE


        « Si l’insularité est moins une donnée géographique que la perception constante des bords, des découpages, des rivages exondés et des jeux de lumière, alors il n’est sans doute pas exagéré d’affirmer que la poésie d’Antonella Anedda est bien une poésie insulaire. Aussi bien, quand la poète déclare rêver d’un langage capable de dire le moi sans céder à l’invasion du moi […] Un moi capable d’écoute, mais porteur d’un regard et d’une oreille personnels et d’une voix singulière autant qu’impérieuse, mis de côté, il apparaît clairement que l’enjeu de sa poétique est la fondation d’un lyrisme de l’hospitalité qui sache limiter l’effusion du monde par un travail de bordage. On comprend mieux que les poètes avec lesquels elle entend dialoguer aient pour nom Mandelstam, Celan, Marina Tsvetaeva ou Kafka et Beckett, ces écrivains des limites. »


    Martin Rueff, 30 ans de poésie italienne, Po&sie 110, op. cit. supra, page 399.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    de longs extraits (en italien) des différents recueils d’Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





    Retour au répertoire du numéro de novembre 2008
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)

    » Retour Incipit de Terres de femmes