Étiquette : Apollinaire


  • 10 juillet 1914 | Apollinaire, Dessins d’Arthur Rimbaud

    Éphéméride culturelle à rebours



    [10 juillet.]



    DESSINS D’ARTHUR RIMBAUD



         On a déjà publié beaucoup de dessins d’Arthur Rimbaud ; ils sont à la fois très amusants et très singuliers, et rappellent par certains côtés de déformation expressive plutôt que caricaturale les dessins de Gogol dont j’ai vu la reproduction dans une édition de ses œuvres complètes.
         La Nouvelle Revue Française publie la description due à la plume de M. Paterne Berrichon de quelques dessins ornant trois lettres inédites d’Arthur Rimbaud *. J’aurais aimé voir la reproduction des dessins mêmes, mais il faut savoir se contenter.
         « Dessin à la plume.― Dans le ciel, un petit bonhomme avec une bêche en ostensoir et ces mots lui sortant de la bouche : « Ô nature, ô ma soeur. » Par terre, un bonhomme plus grand, en sabots, une pelle à la main, coiffé d’un bonnet de coton, dans un paysage de fleurs, d’herbes, d’arbres. Dans l’herbe, une oie avec des mots lui sortant du bec : « Ô nature, ô ma tante! »









         Voici un autre dessin à la plume :
         « Le hameau de Roche, ou de la maison où a été écrite la Saison en Enfer et où les exemplaires de la brochure livrés par l’imprimeur ont été détruits. En bas du dessin, ces mots : « Laïtou, mon village. »









         Et enfin, ce troisième dessin à la plume :
         « En haut de la lettre, à gauche, une maison de quatre étages protégée par une clôture et entourée d’arbustes ; une voiture d’où sort un petit bonhomme empressé, arrêtée devant ; sous le tout, en biais, ces mots : Wagner verdammt in Ewigkeit  ! Expectorés par un personnage fantastique occupant toute la marge de gauche.
         « Au bas de la lettre, un paysage de ville où se voient, à gauche, des pieux et des bouteilles formant oriflamme, sur lesquels sont écrits ces mots: Riessling, fliegende Blätter ; et, de gauche à droite, une espèce de cirque avec, en dessous, ces mots : vieille ville; puis, des maisons avec des squares, des arbres, un tramway qui roule vers le haut et en tournant, et encore plus haut, des étoiles et un croissant noir. Tout ce fouillis de Riess, Riessling en lettres capitales. »
         Il est à souhaiter qu’on réunisse ces dessins à la plume dans un album qui ne manquera point d’avoir un vif succès auprès des rimbaldiens dont le nombre est de plus en plus grand de par le monde.


    Guillaume Apollinaire, Chroniques d’art, 1902-1918, Éditions Gallimard,1960 ; collection folio essais, 2002, pp. 511-512.



    * Dans la Nouvelle Revue Française du 1er juillet 1914, pp. 49-57. Les deux premiers dessins ornent une lettre à Ernest Delahaye de Roche [Roches dans le dessin de Rimbaud], mai 1873, et le troisième une lettre à Ernest Delahaye de Stuttgart, mars 1875. Aucun fac-similé n’existe de ces dessins, selon les éditeurs des Œuvres complètes de Rimbaud (Bibliothèque de la Pléiade).




    APOLLINAIRE CHRONIQUES D ART




    GUILLAUME APOLLINAIRE


    Apollinaire_daprs_un_portrait_de_pi




    ■ Guillaume Apollinaire
    sur Terres de femmes


    26 août 1880 | Naissance de Guillaume Apollinaire
    28 février 1912 | Première exposition de Marie Laurencin (+ poème « Marie » lu par Apollinaire)
    26 avril 1915 | Lettre de Guillaume Apollinaire à Lou
    8 mai 1915 | Lettre de Guillaume Apollinaire à Lou
    17 juin 1915 | Publication de la Case d’Armons d’Apollinaire
    15 avril 1918 | Publication de Calligrammes d’Apollinaire
    9 novembre 1918 | Mort de Guillaume Apollinaire
    Les dicts d’amour à Linda




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur fr.calameo.com)
    Bibliophilie apollinarienne






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  • 9 novembre 1918 | Mort de Guillaume Apollinaire


    Éphéméride culturelle à rebours



    Il y a cent deux ans, le 9 novembre 1918, atteint par la grippe infectieuse qui ravage Paris, Guillaume Apollinaire succombe à 5 heures du soir. Le poète est inhumé au Père-Lachaise.

    Le 10 novembre 1917, un an avant la mort d’Apollinaire, avait paru au Mercure de France Vitam impendere amori, recueil de 6 poèmes réalisé en collaboration avec André Rouveyre (huit bois gravés).






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    Ph., G.AdC






    VITAM IMPENDERE AMORI


    I


    L’Amour est mort entre tes bras
    Te souviens-tu de sa rencontre
    Il est mort tu la referas
    Il s’en souvient à ta rencontre

    Encore un printemps de passé
    Je songe à ce qu’il eut de tendre
    Adieu saison qui finissez
    Vous nous reviendrez aussi tendre





    II

    Dans le crépuscule fané
    Où plusieurs amours se bousculent
    Ton souvenir gît enchaîné
    Loin de nos ombres qui reculent

    O mains qu’enchaîne la mémoire
    Et brûlantes comme un bûcher
    Où le dernier des phénix noire
    Perfection vient se jucher

    La chaîne s’use maille à maille
    Ton souvenir riant de nous
    S’enfuit l’entends-tu qui nous raille
    Et je retombe à tes genoux





    IV

    Tu descendais dans l’eau si claire
    Je me noyais dans ton regard
    Le soldat passe elle se penche
    Se détourne et casse une branche

    Tu flottes sur l’onde nocturne
    La flamme est mon cœur renversé
    Couleur de l’écaille du peigne
    Que reflète l’eau qui te baigne






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    Ph., G.AdC





    VI

    O ma jeunesse abandonnée
    Comme une guirlande fanée
    Voici que s’en vient la saison
    Et des dédains et du soupçon

    Le paysage est fait de toiles
    Il coule un faux fleuve de sang
    Et sous l’arbre fleuri d’étoiles
    Un clown est l’unique passant

    Un froid rayon poudroie et joue
    Sur les décors et sur ta joue
    Un coup de revolver un cri
    Dans l’ombre un portrait a souri

    La vitre du cadre est brisée
    Un air qu’on ne peut définir
    Hésite entre son et pensée
    Entre avenir et souvenir

    ma jeunesse abandonnée
    Comme une guirlande fanée
    Voici que s’en vient la saison
    Des regrets et de la raison




    Guillaume Apollinaire, Vitam impendere amori, in Œuvres poétiques, éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, pp. 157, 158, 161, 162.



    GUILLAUME APOLLINAIRE


    Apollinaire_daprs_un_portrait_de_pi




    ■ Guillaume Apollinaire
    sur Terres de femmes


    26 août 1880 | Naissance de Guillaume Apollinaire
    28 février 1912 | Première exposition de Marie Laurencin (+ poème « Marie » lu par Apollinaire)
    10 juillet 1914 | Apollinaire, Dessins d’Arthur Rimbaud
    26 avril 1915 | Lettre de Guillaume Apollinaire à Lou
    8 mai 1915 | Lettre de Guillaume Apollinaire à Lou
    17 juin 1915 | Publication de la Case d’Armons d’Apollinaire
    15 avril 1918 | Publication de Calligrammes d’Apollinaire
    Les dicts d’amour à Linda




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