Étiquette : avril 2011


  • Seithamo Motsapi | Tenda



    Je me souviendrai toujours de toi - de ton visage qui est la fin de toutes les routes
    Source






    TENDA



    Je te regarde
    & tu me rappelles toutes les montagnes
    que je n’ai pas vues ou embrassées
    & puisque tu es comme chacun de nous
    tu jaillis de mon cœur
    avec la sérénité anguleuse du Kilimandjaro
    immuable comme les prophéties
    paisible comme les distances
    puisque tu es comme nous tous
    éternel comme tous les fleuves
    même quand la mer nous appelle
    pour moi tu es porteur d’affirmation
    pousse dans la terre brûlée, ravaudage dans le tissu déchiré
    l’eau d’un vieux puits
    & puisque chacun de nous
    porte les graines d’une tempête en lui
    puisque les montagnes viennent se reposer
    dans le sein de chacun de nous
    commençant le long voyage dans le désert
    puisque les forêts & le ciel & les visages des enfants
    débordent des leçons de l’amour
    qu’il nous faut tous apprendre
    Je me souviendrai toujours de toi
    & de ton visage qui est la fin de toutes les routes
    la poésie ne voyagera jamais
    je me souviendrai de toi
    quand j’aurai appris les remous des rivières
    quand j’aurai appris les gestes gauches de la compassion
    quand j’aurai appris à être infiniment présent
    & cependant invisible comme le ciel




    Seithamo Motsapi, in « Poésie sud-africaine post-apartheid », Confluences poétiques n° 4, avril 2011, pp. 28-29. Poème traduit par Catherine Pierre-Bon.




    Note biographique : Seithamo Motsapi est né en 1966 dans la province du Limpopo (République d’Afrique du Sud). Il a enseigné l’anglais à l’Université du Nord et travaille comme rédacteur en chef du Bureau sud-africain des standards à Pretoria. Il a publié le recueil de poèmes Earthstepper/The Ocean is Very Shallow (Deep South/ISEA, 1995 ; édition révisée, Deep South, 2003).



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  • Philippe Merlet | Sous tes pas…



    Atacama (1)
    Image, G.AdC





    SOUS TES PAS…



    Sous tes pas
    le sol s’enfonce
    il se craquelle s’effrite
    tremble

    une lumière froide
    allonge
    l’ombre de ton corps
    friable

    très brièvement
    une fleur
    halophyte
    s’éveille et se referme

    la terre rose d’Atacama
    se fend comme une lampe de cristal
    déforme ta peau
    illumine un trouble de papier

    un jour certain

    une goutte de lune

    SALÉE

                cerne tes yeux

    vigognes et viscaches
    déchirent le parchemin
    du ciel

    lèvres calcinées
    salive et sang
    parole offerte

    pour quel partage

    la sueur
    des mineurs
    s’évapore

    il ne reste que du blanc
    une brûlure
    un vol de flamants

    une lagune de
    douleur.




    Philippe Merlet in Sels, Thαuma n° 8, Revue de philosophie et de poésie, avril 2011, pp. 121-122.



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