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je ne crois pas que l’on puisse humidifier
sans cesse l’étoile des mers et la rigole de pluie n’est qu’un attrait d’enfance la bave de l’escargot brillant qui forcément s’assèche et se replie dans l’oubli des longues traînées vertes.
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je ne crois pas que l’on puisse humidifier
sans cesse l’étoile des mers et la rigole de pluie n’est qu’un attrait d’enfance la bave de l’escargot brillant qui forcément s’assèche et se replie dans l’oubli des longues traînées vertes.
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Comment remercier
pour ce si petit fil d’espoir et de salive de respiration fine que semble parfois confier l’air aux poumons de silence ? Il dit si je réchappe… mais la mousse rattrape l’élan bleu à vouloir vivre sans cesse, sans fin et à se résigner dans la pourriture verdie des poumons d’oiseaux autrefois jadis et d’espace dans tes poumons d’oiseau éphémère
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Désormais il n’est plus nécessaire d’échapper
car la mousse a rejoint le corps des lichens et ramène à la terre cet horizon de neige et d’air gonflé de sang. Désormais nul besoin de s’agiter juste pénétrer en soi le travail des mousses et ne plus chercher l’étroit passage où s’ouvrirait une fenêtre car la mousse a grandi sur l’étoile des poumons et tout a fait son nid désormais dans la mort.
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il croit qu’il est sauvé
et d’un coup cette sensation de libération comme les convalescences d’enfant et puis grandit la poigne de la mousse s’élargit comme un faisceau de plumes dans l’arbresle des poumons et pluine d’étoiles en fer au centre des carrefours de neige rejoint cette sensation d’être bloqué à jamais dans la mâchoire du poisson qui plus jamais ne saisit l’air des libellules mais seulement la bouche ouverte tendue en vain vers l’unique ruisseau de l’espace
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le couteau s’enfonce
dans le corps mou il est difficile de frapper mais le plus facile est la neige neige carbonique de brûlure et ce feu ancien qui étouffe transformé en mousse de lichen si semblable dans la mort au berceau de tulle à la sensation blonde des mousses de Noël
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je ne peux que repenser
à la mollesse absurde de la mousse qui ronge le dépôt de limon et la perte du fleuve je ne peux que penser au poumon lentement rongé à la moustiquaire verdie de la mort
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je ne peux que repenser
à l’étreinte molle mais sans faille sans espacement sans ouverture sans liberté aucune de la mousse de ce monde mou absurde et de la mousseline verte autour du poumon pauvre chose autrefois dans le carrefour des neiges et dans le grand large de la mer
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![]() Aquatinte numérique originale, G.AdC
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![]() Ph., G.AdC
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![]() Image, G.AdC
La terre rouge, une déchirure de nuit, les grands grumeaux de terre éclatant dans les vignes. La sueur rousse écartelée. Un prieuré sévère en pierres de sable s’écoulant dans les chênes, les vignes comme une rose non encore ouverte au prisme de verdure. Le vert et le rouge échangent des provocations d’amour. Le silence éclate au cœur. Les dédales d’un labyrinthe brûlant dans le vent des pierres, comme un marché au désert, et parfois une oasis de platanes à l’ombre d’un jardin retiré, la brûlure d’une traversée silencieuse dans les ruelles de la ville, puis l’ombre recueillie d’une maison offerte au sable. La fresque porte la lumière, trois fois ourlée des cordelettes de prière. Sur les murs de la maison qui va être détruite, les taches de couleur, les oiseaux, les marques du désir ont laissé une colle rose. Les couleurs éclaboussent le matin, dans les formes enfantines d’un trait mal défini. Le sabre entre les cuisses, la fresque viole la lumière dans une fin d’après-midi qui doit mourir. Une fontaine est posée entre les murs, sa pluie avive les couleurs projetées dans la lumière.
Béatrice Bonhomme, Courbe de calligraphie silencieuse (extrait) in Revue Nu(e), 34, septembre 2006, page 97. |
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