Étiquette : Brigitte Mouchel


  • Brigitte Mouchel | à tenter de voir dans la nuit ‒ un homme ?



    À TENTER DE VOIR DANS LA NUIT ‒ UN HOMME ?
    (extrait)




    L’’île est un plateau calcaire avec, au nord, une impressionnante falaise, tandis qu’au sud, la côte est très découpée, formant des promontoires et des anses profondes qui abritent de petites plages de sable. Les habitants vivent de pêche et de tourisme. L’intérieur de l’île, aride et caillouteux, a un aspect désertique.

    Certains parlent d’une île-sentinelle.

    Ils tentent la traversée dans des embarcations de fortune. Chaque fois, ils racontent. Après quelques heures de navigation, un autre bateau s’approche, le passeur saute à bord et le bateau disparaît. Ils sont abandonnés, pertes humaines, dommages collatéraux aux guerres, à la misère.


    Et ta carcasse raide, le froid au creux du dos, cette rencontre tactile contre la nuit
    où tu ne perçois rien, monochrome ‒ palpite
    parfois apparaît une trouée
    un faible éclat de jour ‒ ou de vie, de terre et d’humains ‒ qui fait comme un voile
    une sorte de visage ‒ la trace d’un visage ‒ à peine un éclat, même pas, faible, et rien ne peut désemparer l’éclatante noirceur ‒ l’attente, le temps à peine ‒ ne passe
    une vague lumière, des traces voilées comme buée ‒ ta bouche ? ‒ il n’y a personne




    Brigitte Mouchel, « à tenter de voir dans la nuit ‒ un homme ? » (extrait), in Et qui hante, éditions Isabelle Sauvage, collection « présent (im)parfait », 2018, pp. 67-68.






    Brigitte Mouchel  Et qui hante






    BRIGITTE MOUCHEL




    ■ Brigitte Mouchel
    sur Terres de femmes

    exil (extrait d’événements du paysage)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage)
    une fiche bio-bibliographique sur Brigitte Mouchel
    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage)
    la fiche de l’éditeur sur Et qui hante





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  • Brigitte Mouchel | exil



    Le d-sir de d-part -vanoui englu- de brouillard
    Ph., G.AdC






    exil



    i
    l reste à se souvenir du chemin
    il reste à retrouver le passage
    il reste à s’attacher de ces temps d’ici, calmes
    quitte à perdre sa voix

    mais je reste, échappée

    un voile s’est déchiré depuis longtemps, il pend, calme
    et me laisse en suspens
    le désir de départ évanoui
    englué de brouillard
    reste une vibration sourde et ces temps d’ici, calmes
    il ne fait pas vraiment nuit
    c’est-à-dire pas vraiment
    il fait semblant de jour
    c’est-à-dire je me perds
    c’est-à-dire ne pas dire
    quitte à perdre la voix
    il reste que je reste
    avec un visage sans bouche
    sans pourtant reconnaître le tranquille du temps
    car il ne se peut pas
    car il ne se peut plus, sans bouche
    voix décentrée
    sans…

    sang

    jusqu’au vide




    Brigitte Mouchel, événements du paysage, éditions Isabelle Sauvage, 2010, pp. 65-66.






        Une « poétique du monde » que les quatorze « tableaux » du recueil événements du paysage de Brigitte Mouchel (née le 9 novembre 1959, à Paris), poète et plasticienne. Par petites touches et/ou par collages, celle-ci procède par déboîtements – bégaiements – de la langue. Une langue du quotidien au service d’images qui s’entrechoquent sans perdre leur fluidité. Chacun de ces tableaux est animé d’une vraie présence : un sujet, ici maintenant, riche, même si souvent amputé de son passé, voire de son avenir ; inscrit dans un paysage, à entendre tout autant dans l’acception d’un espace mental que d’un paysage intérieur.






    MOUCHEL






    BRIGITTE MOUCHEL



    ■ Brigitte Mouchel
    sur Terres de femmes

    à tenter de voir dans la nuit ‒ un homme ? (extrait d’Et qui hante)






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