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  • Anamaría Mayol ǀ Árbol en algún bosque

    « Poésie d’un jour

    choisie par Silvia Guzzi




    ÁRBOL EN ALGÚN BOSQUE



    Tal vez antes de ser mujer
    fui árbol en algún bosque
    y mis ramas crecían hacia el cielo
    siempre intentado ver
    el horizonte

    y estuve allí por siglos
    enraizada
    aferrada a la tierra
    bebiendo el cielo
    habitada de pájaros y estrellas

    Tal vez antes de ser mujer
    disemine retoños
    dejé semillas
    y el viento fue mi amante
    en los silencios
    mi piel era corteza
    y mis colores símbolos
    del transcurso del tiempo
    en crecimiento

    A veces pienso en ello
    y el bosque
    no es un lugar extraño

    Tal vez antes de ser mujer
    fui árbol en algún bosque
    aún siento el latido de la tierra
    en mis venas
    y hay días que regresan los pájaros
    y anidan



    Anamaría Mayol, Poemas pájaros, Ediciones El Mono Armado, Buenos Aires, 2006, page 58.







    Poemas pajaros







    ARBRE DANS QUELQUE FORÊT



    Peut-être qu’avant d’être femme
    j’étais arbre dans quelque forêt
    et mes branches poussaient vers le ciel
    dans l’espoir fou de voir
    l’horizon

    plantée là des siècles durant
    enracinée
    accrochée à la terre
    buvant le ciel
    habitée d’oiseaux et d’étoiles

    Peut-être qu’avant d’être femme,
    je répandais des bourgeons
    semais des graines
    et avais le vent pour amant
    dans les silences
    ma peau était écorce
    et mes couleurs symboles
    du temps qui passe
    et grandit

    J’y pense parfois
    et la forêt
    ne m’est pas étrangère

    Peut-être qu’avant d’être femme
    j’étais arbre dans quelque forêt
    je sens encore le battement de la terre
    dans mes veines
    et il est des jours où les oiseaux reviennent
    et font leur nid.



    Traduit de l’espagnol (Argentine) par Silvia Guzzi.
    D.R. Traduction Silvia Guzzi
    pour Terres de femmes







    ANAMARÍA MAYOL


    Anamaria Mayol
    Source



    Anamaría Mayol est poète. Née à La Pampa (Argentine) le 7 mai 1953, elle habite depuis plus de vingt ans à San Martín de los Andes (Saint-Martin-des-Andes) dans la province de Neuquén (Patagonie), en Argentine. Elle est professeure d’histoire et de géographie. Elle a obtenu un master en gestion du territoire urbain et régional. Elle est spécialiste de l’évaluation de l’impact environnemental et consultante en matière d’environnement.

    Elle a publié dix recueils de poésie et en a autant d’inédits.

    Riconto, Ed. Fondo Editorial Pampeano FEP, 2000 Argentine ; Ventanas Rotas, Linaje Editores, Mexique, 2004 ; Poemas pájaros, Ed. el Mono Armado, 2006, Argentine ; De mares y de sombras, écrit avec José Manuel Maldonado Beltrán, Ed. el Mono Armado, 2007, Argentine ; Posiblemente Somos Memorias en la Piel, écrit avec Simón Zavala Guzmán, Centro de Artes y Letras de Ecuador, 2007 ; Informe sobre sombras y otoños, Ed. Mundo Gráfico, Pérou, 2007 ; Por eso las estrellas, Ed. Puentepalo et Ed. el Mono Armado Espagne-Argentine, 2007 ; No se trata de mí, Ed. el Mono Armado, Argentine, 2011 ; Para no espantar a los pájaros, Ed. el Mono Armado, Argentine, 2012 ; Rara especie el amor, Ed. La Grieta, 2014.

    Elle a contribué à plus de quarante anthologies de poésie et de contes, en Argentine, au Costa Rica, au Chili, en Colombie, en Equateur, au Nicaragua, au Mexique, au Pérou, au Porto Rico, en Uruguay, et a reçu des Prix, des Mentions et des distinctions dans différents concours littéraires nationaux et internationaux. Certains de ses textes sont traduits en anglais, catalan, français, portugais, arabe et suédois. Elle a été publiée dans des revues littéraires et des journaux dans plusieurs pays, notamment en Argentine, Colombie, Costa Rica, Chili, Equateur, Mexique, Pérou, Porto Rico, Uruguay. Elle a participé à de nombreuses rencontres nationales et internationales d’écrivains ainsi qu’à des Salons du livre où elle a présenté d’importants auteurs latino-américains.



    ■ Voir aussi ▼

    le site Poemario de mujeres où le poème ci-dessus est répertorié





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  • Juan Gelman | Vers le sud



    HACIA EL SUR



    te amo señora/como el sur/
    una mañana sube de tus pechos/
    toco tus pechos y toco una mañana del sur/
    una mañana como dos fragancias

    de la fragancia de una nace la otra/
    o sea tus pechos como dos alegrías/
    de una alegría vuelven los compañeros muertos
    en el sur
    establecen su dura claridad/

    de la otra vuelven al sur/vivos por/
    la alegría que sube de vos/
    la mañana que das como almitas volando/
    almando el aire con vos/

    te amo porque sos mi casa y los compañeros
    pueden venir/
    sostienen el cielo del sur/
    abren los brazos para soltar el sur/
    de un lado les caen furias/del otro/

    trepan sus niños/abren la ventana/
    para que entren los caballos del mundo/
    el caballo encendido de sur/
    el caballo del deleite de vos/

    la tibieza de vos/mujer que existís/
    para que exista el amor en algún lado/
    los compañeros brillan en las ventanas del sur/
    sur que brilla como tu corazón/

    gira como astros/como compañeros/
    no hacés más que subir/
    cuando alzás las manos al cielo/
    le das salud o luz como tu vientre/

    tu vientre escribe cartas al sol/
    en las paredes de la sombra escribe/
    escribe para un hombre que se arranca los
    huesos/
    escribe la palabra libertad/



    Juan Gelman, Hacia el sur (y otros poemas), Espasa Calpe, Buenos Aires, 1985.







    VERS LE SUD



    je t’aime/dame/comme le sud/
    un matin monte de tes seins/
    je touche tes seins et je touche un matin du sud/
    un matin comme un double parfum/

    du parfum de l’un se lève l’autre/
    ou bien tes seins comme double allégresse/
    de l’une reviennent les compagnons morts dans le sud/
    ils établissent leur dure clarté/

    de l’autre ils reviennent au sud/vivants de
    l’allégresse qui monte de toi/
    le matin que tu donnes comme de douces âmes volant/
    faisant âme l’air avec toi/

    je t’aime car tu es ma maison et les compagnons
    peuvent venir/
    ils soutiennent le ciel du sud/
    ils ouvrent les bras pour lâcher le sud/
    d’un côté leur tombent des furies/de l’autre

    grimpent leurs enfants/ils ouvrent la fenêtre
    pour qu’entrent les chevaux du monde/
    le cheval enflammé de sud/
    le cheval du délice de toi/

    la tiédeur de toi/femme qui existes
    pour que l’amour existe quelque part/
    les compagnons brillent aux fenêtres du sud/
    de ce sud qui brille comme ton cœur/

    tourne comme des astres/ou compagnons/
    tu ne fais que monter/
    quand tu lèves les mains au ciel
    tu lui donnes santé ou lumière comme ton ventre/

    ton ventre écrit des lettres au soleil/
    sur les murs de l’ombre il écrit/
    il écrit pour un homme qui s’arrache les os/
    il écrit liberté/



    Juan Gelman, Vers le sud et autres poèmes, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2014, pp. 213-214. Présenté et traduit de l’espagnol par Jacques Ancet. Postface de Julio Cortázar.







    Juan Gelman, Vers le sud et autres poèmes






    JUAN GELMAN


    Juan Gelman
    Source




    ■ Juan Gelman
    sur Terres de femmes

    Arte poética
    comentario XI (hadewijch)
    comentario XXXIII (san juan de la cruz)
    el ángel de la tarde



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Recours au poème)
    d’autres poèmes de Juan Gelman extraits de Vers le sud et autres poèmes
    un site (en espagnol) entièrement dédié à Juan Gelman
    → (sur lemonde.fr)
    « Juan Gelman (1930-2014) : la vie de combat, de tendresse et de deuil d’un poète argentin », par Florence Noiville
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Juan Gelman : une parole pour l’indicible
    → (sur le site de France Culture)
    Hommage à Juan Gelman (Ça rime à quoi, par Sophie Nauleau, émission du 19 janvier 2014)
    → (sur perfil.com)
    une photo-galerie de Juan Gelman
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    rencontre avec Juan Gelman, Jacques Ancet et Jean Portante [15 juin 2012] (archive sonore)






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  • Alejandra Pizarnik | Fiesta



    Verres vides
    Ph., G.AdC







    FIESTA



    He desplegado mi orfandad
    sobre la mesa, como un mapa.
    Dibujé el itinerario
    hacia mi lugar al viento.
    Los que llegan no me encuentran.
    Los que espero no existen.


    Y he bebido licores furiosos
    para transmutar los rostros
    en un ángel, en vasos vacíos.




    Alejandra Pizarnik, Los trabajos y las noches, Editorial Sudamericana, Buenos Aires, 1965, pág. 106.







    FÊTE



    J’ai déployé mon état d’orpheline
    sur la table, comme une carte.
    J’ai dessiné l’itinéraire
    vers mon pays au vent.
    Ceux qui arrivent ne me trouvent pas.
    Ceux que j’attends n’existent pas.


    Et j’ai bu des liqueurs furieuses
    pour transmuer les visages
    en un ange, en verres vides.




    Alejandra Pizarnik, Les Travaux et les Nuits, Ypsilon Éditeur, 2013, page 46. Postface d’Olga Orozco. Traduction de Jacques Ancet.







    Pizarnik, Les travaux et les nuirs





    ALEJANDRA PIZARNIK

    Alejandra_pizarnik_1
    Image, G.AdC



    ■ Alejandra Pizarnik
    sur Terres de femmes

    Œuvre poétique (note de lecture d’AP)
    Cahier jaune et L’Enfer musical (note de lecture d’AP)
    El olvido (poème extrait de Les Travaux et les Nuits)
    Invocations (poème extrait de Les Travaux et les Nuits)
    La lumière tombée de la nuit (poème extrait des Aventures perdues)
    Les Aventures perdues (extraits + notice bio-bibliographique)
    La parole du désir (extrait de L’Enfer musical)
    Presencia de sombra (extrait de L’Autre Rive)
    Quelqu’un tombe dans sa première tombée (extraits de Textes d’Ombre)
    22 mai 1966 | Journal d’Alejandra Pizarnik
    25 septembre 1972 | Mort d’Alejandra Pizarnik
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    « L’Obscurité des eaux » (poème extrait de L’Enfer musical)





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