Étiquette : Canari


  • Quelques ocelles de bonheur




    LE COUVENT BY GUIDU
    Ph., G.AdC





    QUELQUES OCELLES DE BONHEUR


    Canari, Chjesa di San Francescu, Master Class 2010



        Une grosse dame très grosse taffetas bleu nuit     Lance ses notes plein volume plein corps plein ciel. Air de Micaëla.

         « Je dis que rien ne m’épouvante ». Elle : « C’est pas très juste cocotte, ne pliez pas les genoux ». On reprend. Piano.

        La grosse dame très grosse dame tour Murtella enrubannée air rubicond et bouche vermeille cheveux haut perchés sur le crâne rond tout dans la taille ronde-bosse reprend. Air de Micaëla. Piano.

        Elle, elle se croit. Un peu. Elle commande. Porte bien son nom. Ne peut s’empêcher de donner de la voix et des gestes montre tourne mime. Souriante malgré tout gentille. Jolie. Assai. Piquante. Soignée sensuelle rien de la séparation du chagrin qui se vit du temps qui passe de ce qui n’est plus d’elle de lui ne se lit sous le fard.

        À l’angle de l’autel sultan Mourad pousse une voix qui sourd des tréfonds de l’enfer peut-être un feulement avec éructation retenue sur certaines notes l’homme à la houppe s’impatiente     Micaëla s’en va grosse dame tour de taille tour d’amour tour d’ébène taffetas bleu nuit flottant autour taille énorme forme informe glisse en canard de soie pieds palmés en aplat sur les dalles mortuaires de Saint-François.

        Piano. Inspiration suspension retenue lancement : « Come raggio di sol / mite e sere-eno » belle voix sourde profonde chaude petit homme à la houppe gilet fleuri farfadet précieux et vif va chercher loin au fond là-bas dans les forêts lointaines de mes rêves Baïkal les larmes anonymes de « mite e sere-eno » jusqu’où descendre Baïkal serpent de mer qui frôle les hauts-fonds les notes plongent encore encore toujours plus loin toujours plus bas dans les abysses noirs de la musique.

        Elle : « Colorez davantage, dégagez un peu le son. On recommence ». Piano.

        « Come raggio di sol / mite e sere-eno » gestes suspendus au-dessus des flots de Faust en attente du mal qui sourd
        Elle, reprend. La voix au bord des lèvres aspire les sons pince les notes arrondit
        Elle, se moque des petits gestes appuis sur lesquels il pose son rythme petit farfadet rond précieux sultan Mourad
        Elle, trace la ligne des sons l’horizon d’où les notes doivent prendre leur envol se déployer s’élargir s’élever.

        [La voix et le sexe quel sexe sous la voix en dessous au-delà quelle pose du sexe forme du sexe pendant que la voix s’exhibe s’expulse se déroule anneaux et cris volutes de plaisir ?]

        [Petit mitron baryton rondouillard pousse son rot devant la glace en se coiffant le matin peigne « almain » avec gel petite voix de fausset aiguë puis grave sous le ventre rond de prud’homme précieux œil noir cerclé de khâl]

        [On s’ennuie parfois à toujours repasser par les mêmes chemins de ta voix sultan Mourad !]

        Elle, se lance se déploie buste en avant mains dans les poches du denim désirable belle voix chaude sexuée vibratile qui monte s’élargit pousse en avant les notes reviennent prolonger tirer encore dans les sous-bois du monde musical     Lui, reprend Elle, l’arrête écho répétition avec gestuelle duo de mimiques.

        Elle, balancement féminin sensuel chaud mime les rondeurs du désir ampleur des gestes souplesse Lui toujours petit rondibilis de BD plutôt que sultan Mourad d’opéra fait des ronds de jambe petit coq un brin ridicule.

        Elle, moulinets étirements joue sur son épaule Lui distrait Elle recommence tourniquet entrechat pas de deux Elle et Lui voix chaude d’elle qui ponctue « c’est pur c’est simple c’est beau ». Pirouette. Piano.

        Farfadet baryton sultan Mourad reprend autre air guilleret coquin joue avec elle petit raminagrobis petit cul serré gilet fleuri tendu sur le bedon comédie all’italienne Don Giovanni. On reprend. Piano.

        « Madamina Il catalogo è questo […] mille e tre »

        Lumières d’automne à travers les vitraux l’eucalyptus joue et tremble le duo de séduction se poursuit quelle comédie se joue derrière la musique « Il mio tesoro intanto » escarpolette barcarolle sultan Mourad gilet tendu sur les rondeurs.

        [Et si le petit-tout soudain se dressait même posture des reins cambrés regard perdu dans le lointain ou absorbé dans la contemplation des pieds tiens-toi tranquille à l’abri dans ta flanelle ce n’est pas le moment c’est l’heure lyrique voyons !]

        Elle, geste ample rond large qui monte il la caresse la toise familier du regard elle, n’est pas commode pourtant chantonne se caresse l’ourlet de l’oreille lance des œillades duo d’amour les amants se séparent vrai faux duo d’amour imaginaire réel lequel ?

        [Un couple se faufile entre les bancs Coucou on est là vous nous avez vus ? C’est nous nous sommes indispensables dans le décor de Saint-François Et vous croyez-vous que vous le soyez autant que nous ? Elle le taquine lui tire l’oreille caresse la joue tapote l’épaule œillades complices sourires doucereux qui trahissent leur duo d’amour del pomeriggio Lui se garde de ses gestes crainte de se trahir.]

        Jeune pâtre grec colère s’avance sombre engoncé dans sa pelisse rosefluo conciliabules et désordre tout tombe objets boites bruits un rai de lumière joue sur mes pieds tantôt oui tantôt non.

        Elle, interrompt les premières mesures : « Chantez toutes les notes on reprend ». Piano.

        « On reprend tout tout tout : je veux une mesure complète ». Sueur froide désespoir « Allez on y va IAAA [aaaa] en bas » voix puissante de Mephistophélès « tu vas sortir de ce funeste lieu »/« il faut nous dire adieu »
        Elle, « appuyez sur le Di oui, dans le nez contre les cloisons à l’arrière » !

        [Que pense-t-elle vraiment elle pense qu’elle s’ennuie sauf quand elle chante.]

        On reprend la romance : « dans tes yeux tout baignés de larmes » Don Carlo Farewell
        Elle, je n’ai pas compris : « pourquoi donc ce… muetetfroid mueteffroi »
        Elle, « faites vibrer le masque arrondissez le son n’écrasez pas il faut rechercher la couleur On recommence ! » Piano.

        Or du temps hors espace rond le temps de l’or qui coule long le vent qui feule dans les interstices de lumière ocelles blonds sur l’ocre des murs.

        La jeune coréenne papillon noir voix haut perchée de flûte monte monte étire les notes tout dans le plissé des pommettes.
        Elle, oiseau de mer étoffe s’envole mime l’élan ailes déployées vers la lumière « attention, je veux toutes les notes On recommence » barcarolle légèreté des flots « soulevez-moi tout ça, dans les gestes allons-y ». Piano.

        « O mio babbino ca-ro » corps présent les bras les mains guident la trajectoire des notes leur cheminement jusqu’à leur expulsion.

        Elle, barcarolle ample arrondi du geste « toujours maîtriser les muscles les canaux les contractions le passage de l’air plus de mouvement » Valse rythme le fleuve « c’est mieux bien mieux ». Caresse au passage les ailes douces frôle le papillon s’éclipse en souriant.
        Elle, libre, tout est possible peut tout envisager. Libre. Piano.

        Or du temps hors espace
    rond le temps de l’or qui coule
    long le vent qui feule interstices de lumière
    ocelles blonds sur l’ocre des murs.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Billevesées)
    Festival at Canari, 2010: Listening.

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  • Conservatoire du Cap Corse de Canari (Haute-Corse)

    Agenda culturel de TdF



    Logo_du_cap_corse




    Le vendredi 17 octobre 2008 à 16h30
    est inauguré
    au couvent Saint-François de Canari (Haute-Corse)
    le Conservatoire du Cap Corse de Canari.





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    Montage Ph., G.AdC




    Exemple unique de conservatoire sur toute la Corse,
    le Conservatoire du Cap Corse de Canari
    propose en permanence deux expositions :

    Une exposition « Costume traditionnel »
    Une exposition « Photographies anciennes »





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    Manu Mucci et Fabienne Ceccarelli
    dans des costumes de Rennie Pecqueux-Barboni
    Crédit Ph.
    Diana Lui




    Exposition permanente « Costume traditionnel »


        Sise dans les anciennes caves du couvent Saint-François (1506), l’exposition permanente « Costume traditionnel » du Conservatoire du Cap Corse de Canari est une création récente, unique dans l’île. Récemment restaurées, les caves abritent des mannequins habillés selon les usages en pratique dans la Corse du XIXe siècle. Neuf mannequins en tout, huit femmes et un homme, dont les costumes ont été réalisés par l’atelier de couture de l’Association Anima Canarese à partir des travaux de recherche de l’ethnologue Rennie Pecqueux-Barboni.

        La richesse des costumes et leur diversité varient en fonction du rang social des femmes. Mais la caractéristique commune de tous les costumes de femmes est le nombre de jupons qu’elles cachent en dessous leurs jupes. Sept au total, qui vont du jupon de nuit au jupon le plus élégant. Toutes, depuis la paysanne jusqu’à la riche villageoise, portent mantilles, fichus et foulards. Seule change, avec chaque région, la façon de nouer la coiffe. La cocarde épinglée sur le plastron est quant à elle réservée aux femmes mariées. Au milieu de toutes ces femmes, le berger. Un « pilone », lourd manteau en poil de chèvre (imperméable), recouvre pantalon de velours et gilet. Cette tenue ― qui est aussi celle du chasseur ― est complétée par une burette remplie de poudre et par un fusil.

        Dès 1890, sous l’influence de la mode française et de la mode italienne, le noir fait son apparition dans les tenues vestimentaires. Mais il faut attendre le lendemain de la Première Guerre mondiale pour que la couleur noire se généralise et que disparaissent couleurs et fantaisies.

        Panneaux explicatifs et photos illustrent ce bel ensemble. Ainsi qu’une vidéo qui montre les diverses étapes de l’habillement des villageois(es), puis un défilé de mode devant l’église Santa Maria Assunta.

        Dans la boutique d’accueil, les visiteurs peuvent trouver affiches, cartes postales, bourses et bijoux. Sans oublier les poupées en costume traditionnel, habillées par les habiles couturières du village.





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    Pepita Marcantetti et son fils Joseph
    Crédit Ph. Collection Pepita Franceschi & Yvonne Mattei





    Exposition permanente « Photographies anciennes »


        Patiemment élaboré pendant cinq ans par Elizabeth Scaglia, le département photographique du Conservatoire du Cap Corse de Canari a été constitué à partir des collections particulières de familles du village. Reproduites sur support argentique, ces photographies constituent un fonds d’archives d’une exceptionnelle richesse.

        Projetées sur grand écran, les photographies sont consultables par tous à partir d’un pupitre d’ordinateur.

        Trois époques ont été à ce jour répertoriées :
    • Seconde moitié du XIXe siècle et début du XXe siècle ;
    • Autour des années 1920/1930 ;
    • Les années 1940/1950.

        Organisées par thèmes, les photographies comportent chacune une identification précise et l’indication de leur provenance.


    Angèle Paoli





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    ©Ph. Elizabeth Scaglia





    Partenariat du Conservatoire du Cap Corse de Canari :

    ► Commune de Canari
    ► Association Anima Canarese
    ► Association La Kanelate
    Projet réalisé dans le cadre du Programme européen Leader+, avec le soutien de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse) et du Conseil Général de Haute-Corse.

    Pour tous renseignements, téléphoner au 04 95 37 80 17 ou au 04 95 37 13 90.




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  • Santa Maria Assunta à Canari (Haute-Corse)




    Canari Santa Maria Assunta
    Ph., G.AdC





    Au commencement, il y avait une chapelle…

        Au commencement, il y avait une chapelle piévane. Une construction harmonieuse, oblongue, édifiée au cours du XI-XIIe siècle par les maîtres pisans. De proportions et d’apparence modestes, la chapelle est, semble-t-il, une sobre réplique de la cathédrale de La Canonica. L’une et l’autre, la cathédrale et la chapelle, vouées à la Vierge, à son Assomption, ont pour nom Santa Maria Assunta.






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