Étiquette : Carl Gustaf Bjurström


  • Edith Södergran | Jours malades


    SJUKA DAGAR



    Trångt är mitt hjärta förvarat i en smal klyfta,
    fjärran är mitt hjärta beläget
    på en avlägsen ö.
    Vita fåglar flyga fram och åter
    och bringa budskap att mitt hjärta lever.
    Jag vet — hur det lever
    av kol och sand
    på vassa stenar.

    Jag ligger hela dagen och väntar på natten,
    jag ligger hela natten och väntar på dagen,
    jag ligger sjuk i paradisets trädgård.
    Jag vet att jag icke blir frisk,
    längtan och trånsjuka bli aldrig bättre.
    Jag har feber som en kärrväxt,
    jag svettas sötma som ett klibbigt blad.


    På bottnen av min trädgård ligger en sömnig sjö.
    Jag som älskar jorden
    vet ingenting bättre än vattnet.
    I vattnet falla alla mina tankar
    dem ingen sett,
    mina tankar dem jag icke vågar visa för någon.
    Vattnet är fullt av hemligheter !






    JOURS MALADES



    Mon cœur est gardé à l’étroit dans une mince crevasse,
    mon cœur est au loin
    dans une île perdue.
    Des oiseaux blancs font la navette,
    ils m’apportent le message que mon cœur est en vie.
    Je sais — comme il vit
    de charbon et de sable
    sur des pierres tranchantes.

    Je reste couchée tout le jour et j’attends la nuit,
    je reste couchée toute la nuit et j’attends le jour,
    je reste couchée, malade, au jardin du paradis.
    Je sais que je ne guérirai pas,
    désir et langueur n’en finissent jamais.
    J’ai la fièvre comme une fleur des marais,
    ma sueur est sucrée comme une plante poisseuse.

    En bas, tout au fond de mon jardin, un lac somnole.
    Moi, qui aime la terre,
    je ne reconnais rien de mieux que l’eau.
    Dans l’eau s’échouent toutes mes pensées
    que personne n’a vues,
    mes pensées que je n’ose montrer à personne.
    L’eau grouille de secrets !



    Edith Södergran, Le Pays qui n’est pas précédé de Poèmes, Orphée/La Différence, 1992, pp. 140-141. Traduit du suédois par Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini. Présenté par Lucie Albertini.





    Edith Södergran  Le Pays qui n'est pas





    EDITH SÖDERGRAN


    Edith Södergran
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Esprits Nomades)
    Edith Södergran, La voix étrange du pays qui n’est pas
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Édith Södergran, « un bond dans la liberté de soi »





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  • Pia Tafdrup | Baptême




    Bapteme Collage diptyque
    L’œil de l’homme. Il me voit
    et me souhaite de chavirer, de tomber
    dans des ténèbres où nous allons nous rencontrer

    Diptyque photographique, G.AdC






    DÅB



    Mandens øje. Han ser mig
    og ønsker mi gen kæntring, et mørke
    hvor vi skal mødes
    et bjerg der griber
    fast og stille

    Vandet der er godt
    for glemsel og flydende sten
    i det døber han mig
    Sætter mig fri
    under sin tyngde
    Jeg synger —
    dækket af sand eller dråber

    Natten er uventet mild
    og navne brænder ikke op
    forsvinder ikke som aske
    kastet på floden
    i gyldent
    — farvel






    BAPTÊME



    L’œil de l’homme. Il me voit
    et me souhaite de chavirer, de tomber
    dans des ténèbres où nous allons nous rencontrer
    une montagne qui enserre
    forte et paisible

    L’eau est bonne
    pour l’oubli et les pierres qui flottent
    il m’y baptise
    Me libère
    sous son poids
    Je chante —
    couverte de sable
    ou de gouttes

    La nuit est d’une douceur inattendue
    et les noms ne brûlent pas
    ne disparaissent pas comme des cendres
    répandues sur le fleuve
    en un geste doré —
    d’adieu



    Pia Tafdrup, La Forêt de cristal [Krystalskoven, Borgen, 1992], Circé/poésie n° 7, 2000, pp. 16-17. Traduit du danois par Carl Gustaf Bjurström.






    Pia Tafdrup




    PIA TAFDRUP


    Pia_tafdrup
    Source




    ■ Pia Tafdrup
    sur Terres de femmes

    Pouls imaginaire (poème extrait des Chevaux de Tarkovski)
    Flamme de coquelicot (poème extrait du Soleil de la salamandre)




    ■ Voir aussi ▼

    le site de Pia Tafdrup





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