Étiquette : Carole Darricarrère


  • Carole Darricarrère | [Bleu est un chemin d’ambiance dans le rouge]





    Carole Darricarrere  Beijing Blues 2
    Ph. Carole Darricarrère, in Beijing Blues,
    éditions du Petit Véhicule, Galerie de l’or du temps, 2018.
    Source







    [BLEU EST UN CHEMIN D’AMBIANCE DANS LE ROUGE]



    Bleu est un chemin d’ambiance dans le rouge
    rouge est un chemin d’accès dans les matières
    chaque ligne dessine un chemin de fer dans le cercle des visages.

    Je lis à visage ouvert
    entre les lignes de forces qui séparent les uns des autres.

    Je stabilise mon horizon au centre
    équerre de cristal dans une main de velours.

    Quelqu’un demande
    pourquoi aligner le texte au centre

    Que le moindre hiatus me saute aux yeux.

    Le texte est une colonne vertébrale qui est une échelle de Jacob.



    Carole Darricarrère, Beijing Blues, éditions du Petit Véhicule, Galerie de l’or du temps, 2018, page 37. Textes et photographies de l’auteur.






    Beijing Blues 2





    CAROLE DARRICARRÈRE


    Carole Darricarrere
    Source




    ■ Carole Darricarrère
    sur Terres de femmes

    Les doubles jeux du (Je) [note de lecture d’AP sur le recueil Le (Je) de Léna]
    Élévation du feu
    Face à face avec mes mains
    Imagine qu’un matin… (+ une notice bio-bibliographique)
    Je coupais souvent à travers champs
    Nous vécûmes
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Ulysse (Joyce remixed)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un extrait du recueil Demain l’apparence occultera l’apparition



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Carole Darricarrère
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Carole Darricarrère
    → (sur le site des éditions du Petit Véhicule)
    la fiche de l’éditeur sur Beijing Blues de Carole Darricarrère





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  • Carole Darricarrère | Ulysse (Joyce remixed)



    ULYSSE (JOYCE REMIXED)



    Bloom ballon ballant de la tête, ostensoir de ces choses minuscules, gerbes dérivations, feux brefs, abstractions spectrales, ses galaxies, rangées de ruches reine de lui-même, pensionnaire ébahi du monde déballant ses sonnets, fièvres, poches pleines, de Poucets, cailloux, cadavres, savons, de rognons, d’engeances, avatars, permanentes malles à colombes, mouchoirs, lapins, ruses, seins, soucis, ballon vague s’évadant sur le dos de quelque longue vague ravie, pauvre proie d’un rêve que rien n’assouvit.





    1 - pauvre proie d-un r-ve
    Ph., G.AdC






    Triple lecture de « l’inéluctable modalité du visible », digeste assimilation spéculative d’une représentation roide, amidon de mes abîmes, soupe de cela, théâtre intime de malfaçons sonnantes, moins vraies que nature, chacun son midi, pas de porte, son inviolable altérité territoriale, réel fantôme de lui-même par affabulations successives, maître du vivant plus fervent que la simple assertion qui tapisse avoisinant les corps. Ce bleu que je sécrète à compte d’auteur sera toujours plus bleu que celui-ci qui s’expose contournable en vérité, ce bleu de messe que je ressuscite, ma note mellifère contre un bleu patriote siliconé à la pensée unique, calqué, pixelisé, botoxé, speedé, clôné, ma saveur contre la sienne, sillage ensablé dans la quantité du monde, tout ce qui parfume en douce mes allées contre les vôtres, une ride, un brin de poésie.


    Ma musique contre les installations sonores, prêt-à-performer mondial, échafaudages secs étalonnant tout ce qu’ils touchent : le réel, ment, nouvel opium, ma réalité détrône la tienne. Ma mienne musique. Mon remix. Mes longues déclamations sensorielles décernées à l’ange derrière le masque. Sampling de mon petit oiseau siffloteur à l’abri dans ta cage. Je relis la phrase à l’envers, et je l’éternue. Molly aime. Mes stridulations solitaires, un Picasso plus réel que le réel lui-même. Dali ne condense pas la réalité. Ma claire vision. Une lecture dans les plis. Un visage peut en cacher un autre. Lumière aurorale entre les baleines de ton corset. Ce qui luit dessous le tain. Image inversée à un cri du couteau carnivore.


    Je fends le monde sur l’aile d’un oiseau voisin et le lointain me sera proche. Discernante musique, élue des sphères, et qui ne fait plus de phrases. Ma main désormais obsolète. Deux petits maçons de concert, parfois non, se repliant deux l’un contre l’autre, ailes chastes, détestant désormais les œuvres, pardonnées, bonnes dès que réunies. L’invisible règne alors sur la chair, les marées loin rougissent en quête des terres, les voiles claquent dès qu’un coin se rebiffe. Le temps est ce qui jaunit. Petit dieu aux mains percées, écume aux lèvres, tout son corps tient sur le cul de ses pieds, tandis que sur le toit du monde, ses yeux vapeur écoutent ce qui se départ. Sa vie en titre, n’est qu’un de ces extraits. La flamme consume ce que le ver ne rongera pas.





    2 - H-ros tout de m-me
    Ph., G.AdC






    Vincent a trouvé refuge dans la contemplation orphique des fleurs. La nuit dans mon jardin, les cornes de brume de ces animaux vagues tracent sur la mer brune d’indigents sillons, et voguent à qui vaque. Ils ont rasé deux plants jumeaux de tournesol, ivres bus de l’ordre de ce jaune poulain caracolant sur une monture de nuit. Leurs petites lèvres baisant les armures, fruits saignés, mollusques ceignant la fierté de nos jardins, avec quelle inusable lenteur la lune montre du doigt le bouclier d’airain. Les dents de la nuit. L’éclat pâle de ce ruissellement obscur. Ainsi apprit-il à écrire en lisant alentour, ce dont le tableau fit bon usage. Le bourdon organique par-dessus toute antienne, sa loi. Une lecture se doit d’être au moins ce corps-à-corps.


    Très tôt R. se mit à fuir les poètes, détestant la poésie vénérer le Poème. K. contemporain de la légende entre vivant dans la doublure. Molly aimerait. Héros tout de même s’en souvenir pourquoi pas ? Le doigt du maître n’est jamais très loin de la lune.



    Carole Darricarrère
    D.R. Texte inédit de Carole Darricarrère, remix février 2010
    pour Terres de femmes





    CAROLE DARRICARRÈRE

    CAROLE DARRICARRERE



    ■ Carole Darricarrère
    sur Terres de femmes


    Les doubles jeux du (Je) (note de lecture sur le recueil Le (Je) de Léna)
    Élévation du feu
    Face à face avec mes mains
    Imagine qu’un matin… (notice bio-bibliographique)
    Je coupais souvent à travers champs
    Nous vécûmes
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Carole Darricarrère (+ un extrait du recueil Demain l’apparence occultera l’apparition)


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    Les éditions Isabelle Sauvage, par Olivier Goujat



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  • Carole Darricarrère | Élévation du feu


    - le regard sans -ge que tu poses doucement sur elle.
    Ph., G.AdC






    ÉLÉVATION DU FEU, I



    T
    u regardais la mer, tu voyais que la mer, te regardait.

    On ne sait jamais ce qui va vous atteindre dès lors que l’on lève les yeux sur le monde, quelle averse de lumière, quel champ de blé, quelle balle pure cherchant à se loger.

    Ni pourquoi ce moment-là fut qui demeure seul vivant entre les morts.

    Comme un chien orphelin survivant jusqu’à son maître avance distrait dans le jadis abstrait et calme.

    Combien de vers iront ton chemin, combien d’âmes mortes, combien de reflets.

    Dans le grain de tes yeux s’additionne tout ce qui se refuse, le nombre creux, la somme basse mordante de toutes les marées.

    La mer devant s’agite comme un sang benêt s’épuise à se penser loi et reine.

    Quand de grands végétaux mobiles, poursuivent leur chemin, et qu’une étoile souple, s’appuie contre ton dos.

    Tu me dictes la rime au henné, et tu dors dans les parts, comme un qui n’est plus rivé à la forme.

    Ce parfum de rose sous tes aisselles, quand midi mégère par le fond aigre des paniers, et que terre déborde, les urines et les selles, la couronne chauve et le pain des pieds.

    Une lune est là, et bientôt une autre, puis toutes.

    Tu mensonges un aveu depuis la chambre : les mots ne laissent pas de traces.

    Qu’est-ce qui retient la mer de s’en aller, le regard sans âge que tu poses doucement sur elle.


    *


    Je voudrais rêver les yeux ouverts sur l’étoile naine qui luit à Obock […]




    Carole Darricarrère, « Élévation du feu, I » (extrait) in Demain l’apparence occultera l’apparition, Éditions Isabelle Sauvage, 2009, pp. 102-103.






    Carole Darricarrère, Demain l’apparence occultera l’apparition, Éditions Isabelle Sauvage, 2009





    CAROLE DARRICARRÈRE

    CAROLE DARRICARRERE





    ■ Carole Darricarrère
    sur Terres de femmes

    [Bleu est un chemin d’ambiance dans le rouge] (extrait de Beijing Blues)
    Les doubles jeux du (Je) (note de lecture sur le recueil Le (Je) de Léna)
    Face à face avec mes mains
    Imagine qu’un matin… (notice bio-bibliographique)
    Je coupais souvent à travers champs
    Nous vécûmes
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Ulysse (Joyce remixed)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Carole Darricarrère (+ un extrait du recueil Demain l’apparence occultera l’apparition)




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