Étiquette : Cesare Pavese


  • 1er novembre 1935 | Cesare Pavese, Le Métier de vivre

    Éphéméride culturelle à rebours



    La description correcte relève du sentiment
    Diptyque photographique, G.AdC







    [QUELLE SALADE !]



    1er novembre



    Elle est intéressante cette idée que le sentiment en art est le simple fragment mimétique, l’exacte description du calme plat. C’est-à-dire une description faite avec des termes propres, sans découvertes de rapports d’images et sans intrusion de la logique.

    Mais si l’on peut concevoir une description qui ne comporte pas d’images (ce que, peut-être, la nature même du langage nie), peut-il y avoir une description qui se passe de la pensée logique ? N’est-ce pas déjà l’expression d’un jugement que d’observer que l’arbre est vert ? Ou, s’il semble ridicule de voir une pensée dans une telle banalité, où finit la banalité et où commence le véritable jugement logique ?

    Pour le second alinéa, je renvoie à un meilleur philosophe. Il me semble en tout cas exact que la description correcte relève du sentiment. Utiliser les émotions pour y découvrir des rapports est en fait déjà élaborer rationnellement ces expériences.

    Et comment se fait-il que la nature du langage nie la possibilité de ne pas employer d’images ? Que vert vienne de vis et soit une allusion à la force de la végétation, c’est là un rapport aussi beau qu’indiscutable ; mais est également indiscutable l’actuelle simplicité de ce mot et sa référence immédiate à une idée unique. Qu’arriver ait jadis signifié aborder et qu’au début, c’ait été faire une image nautique que de dire que l’hiver arrivait, ne détruit pas l’absolue objectivité de la même observation faite maintenant. Ma parenthèse était donc stupide. Quelle salade !



    Cesare Pavese, Le Métier de vivre in Œuvres, Quarto Gallimard, 2008, page 1383. Édition établie et présentée par Martin Rueff.






    CESARE PAVESE


    Pavese
    Image, G.AdC



    ■ Cesare Pavese
    sur Terres de femmes

    9 septembre 1908 | Naissance de Cesare Pavese
    Cesare Pavese dans la collection Quarto (note de lecture d’AP)
    L’Idole et autres récits (note de lecture d’AP)
    Lavorare stanca (+ courte notice bio-bibliographique)
    Semplicità
    Tu as un sang, une haleine
    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese (note de lecture d’AP)





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  • Cesare Pavese, L’Idole et autres récits

    Cesare Pavese, L’Idole et autres récits | L’Idolo e altri raconti,
    Gallimard, Collection folio bilingue, 2012.
    Traduit de l’italien par Pierre Laroche.
    Préface, notes et révision de traduction par Mario Fusco.



    Lecture d’Angèle Paoli



    PORTICI TORINESI
    Ph., G.AdC






    RIPENESS IS ALL





        Essayiste, traducteur et directeur de collection, Mario Fusco vient de faire paraître, dans la collection Folio bilingue de Gallimard (Livre de Poche), L’Idole et autres récits. Les trois nouvelles rassemblées dans ce volume ont été écrites par Pavese dans la période la plus féconde de sa vie, au cours des dix années qui ont précédé la mort de l’écrivain, de 1939 à 1950. D’inspiration en apparence très différente, ces trois nouvelles sont l’occasion pour Pavese de mettre en place des micro-sociétés dont il va observer et analyser les rouages à partir des thèmes qui lui sont chers. Dans une langue naturelle d’une grande fluidité, Pavese explore « l’ensauvagement » de la vie et des hommes ― Nuit de fête, Le Blouson de cuir, l’inadaptation au monde et le rejet qui en découle ― Le Blouson de cuir, L’Idole ―, l’inaccessibilité du bonheur ― Nuit de fête, Le Blouson de cuir, L’Idole. Mais aussi « l’amitié avec un homme plus fort, plus mûr, plus homme » dans l’admirable récit du Blouson de cuir.


        Pavese choisit la campagne des Langhe et ses chères collines pour situer l’action de Nuit de fête dont la tension dramatique est soutenue par l’omniprésence d’images auditives. Marqué par le roman noir américain ― je pense en particulier au Facteur sonne toujours deux fois (1934) de James M. Cain, repris par Visconti dans Ossessione (1943) ―, le récit fluvial Le Blouson de cuir ― qui fait aussi penser, par certains aspects à Partie de campagne de Jean Renoir (1936) ― prend les rives du Sangone (affluent du Pô) comme témoin du drame qui va se dérouler dans le petit monde ordinaire de la « baraque de l’embarcadère ». Seule la nouvelle de L’Idole se déroule en ville ― Turin, puis Milan puis à nouveau Turin ― dans le monde clos d’une maison de prostitution ou au cours des mornes déambulations dans les rues de la ville.


        Si Mario Fusco a jugé intéressant et opportun de rassembler ces trois nouvelles dans un même ouvrage, c’est sans doute pour répondre au souci de Pavese d’atteindre, au-delà de la diversité des personnages et de leur histoire, « la logique unitaire de la forme ». Peut-être aussi pour tenter de rejoindre, à travers cette même diversité, l’unité symbolique d’un nouveau triptyque qu’un fil conducteur imperceptible parcourt, d’un récit à l’autre. Il m’a semblé en effet que, pour chacun des trois textes, un leitmotiv particulier guidait la composition, en structurait le déroulement, créant ainsi une partition particulière, à la fois familière et inattendue. Mais toujours singulière, qui fait que le lecteur reconnaît d’emblée la voix de Pavese, une voix-monolithe qui fait résonner les accents et les notes du fameux « noyau mythique » cher à Martin Rueff.

        Ainsi, dans le troisième récit, L’Idole, Guido, le narrateur et amant idolâtre de Mina, assiège-t-il sans cesse la jeune prostituée de ses supplications : « épouse-moi »/« je veux t’épouser ». Différentes variantes de ces intimations jalonnent le récit, ponctuent les rencontres des deux amants, rythment leur dialogue :


        « Arrête donc et marions-nous »./« Mais épouse-moi, Mina, cesse cette vie »
    « Et toi, pourquoi ne veux-tu pas m’épouser ? ».


        Ou, un peu plus loin :


        « C’est parce que je vois la vie que tu mènes que je veux t’épouser ».


        À ces demandes insistantes, obsessionnellement réitérées, Manuela (nom de prostituée de Mina) répond en traitant son amant de « gamin ». En lui reprochant ses « enfantillages », Mina renvoie le jeune homme à son inadaptation, à ce qui est pour elle son manque d’expérience et son immaturité. L’exaspération que suscite chez Mina l’extrême douleur exprimée par le visage de Guido, fait dire à la jeune femme : « Tu vois, et tu voulais m’épouser ». Expression en négatif de celles qui reviennent dans la bouche de Guido. Aux injures silencieuses d’un Guido à la torture, Mina répond par le reproche, accentuant sans cesse davantage le fossé qui sépare les deux amants. Poussé à bout par sa passion aveugle et par la jalousie qui l’aiguillonne, Guido ne sait qu’inventer pour persuader l’« impitoyable et adorée » de le prendre pour époux. Dans son désir de se rapprocher de la femme aimée, de se rendre disponible pour elle, il commet l’irréparable. La folie d’abandonner son travail. Épuisant peu à peu ses ressources, le représentant de commerce se trouve bientôt à court d’argent.


        « Tu n’es qu’un gamin, Guido. Pourquoi ne retournes-tu pas à ton travail ? », lui reproche Mina. « Je n’ai plus de travail », lui répond Guido. Ce nouveau motif donne un argument fort à Mina qui lui annonce tout de go qu’elle va épouser l’ingénieur, « un bon client » !


        Renvoyé par Mina à l’incapacité qui est la sienne de se comporter en adulte, désormais réduit à la misère et à la plus grande des solitudes, le jeune homme est hanté par l’image du couple de Mina et de l’ingénieur :


        « Je pensais à Mina et à son mari comme à deux êtres adultes qui ont un secret : un gamin ne peut que les regarder de loin en ignorant les joies et les douleurs qui composent leur vie. »


        Convaincu qu’il n’est qu’un « gamin », Guido vieillit, à jamais exclu du monde adulte et de ses jeux inaccessibles.


        Dans Nuit de fête, le premier des trois récits rassemblés dans cet ouvrage, le leitmotiv qui guide le cheminement de l’action ― une action retenue à l’extrême et qui frôle, l’espace d’un instant, la tragédie ― est la musique, dans toute la gamme de ses variations. Jusqu’au dernier point d’orgue que suit le silence. Associée au « chant grêle » et incessant des grillons, aux bourdonnements des voix qui montent dans la nuit d’été, au vacarme de la fête qui franchit les collines, la musique tantôt jaillit par explosion, « à la fois limpide et étouffée », tantôt s’estompe pour laisser place à une « voix puissante », surgie d’on ne sait où, puis, plus près, aux gémissements des dormeurs qui s’agitent sur leur paillasse. Pour les enfants prisonniers du misérable univers rural dans lequel ils évoluent, la vraie vie est ailleurs, au-delà des collines qui forment frontière. Inaccessibles collines d’où s’échappent les rumeurs de la fête. Pour Biscione, le plus maltraité des élèves du « Padre Supérieur », mais aussi le plus lucide et le plus rebelle, la tentation est grande de prendre la fuite. Et peut-être aussi, dans la noirceur hallucinée de la nuit et dans le vacarme des grillons, d’en finir, d’un coup de serpe, avec le « Padre ».


        « Biscione se pencha à l’intérieur et il lui sembla qu’il n’entendait rien dans cette obscurité. Les grillons chantaient à tue-tête. On n’entendait rien d’autre. « Si les grillons ne le réveillent pas, personne ne peut le réveiller. Pourvu que les ivrognes ne se mettent pas à crier maintenant. »


        Du monde extérieur de la fête qui bat son plein pendant cette chaude nuit de la Saint-Roch, de l’autre côté des collines, seules parviennent des bribes apportées par le vent. Mais bribes suffisamment enivrantes pour donner aux hôtes de la ferme-école ― et au Professeur ― une idée de nuit avinée et de réjouissances débridées auxquelles les va-nu-pieds n’auront pas droit. Sous la férule du Padre ― pour qui la fête est signe de « bien mauvais vent », de mauvaises fréquentations et de mauvaise vie ―, ils n’auront d’autre réjouissance que la corvée de nettoyage des tinettes, leurs noires éclaboussures et leur puanteur, le sifflement des balais et des taloches. Il y a quelque chose de la fascination sauvage et primitive dans ce rituel autour du tonneau dont les gamins, armés de branchages et de balais, fouettent la merde. Une bien étrange fête, à vrai dire, qui ne laisse pas insensible le Professeur et le gagne en profondeur :


        « Des bouffées presque liquides, presque palpitantes, de cette puanteur arrivaient jusqu’aux nez du Professeur, et il sentait sa tête tourner, ses yeux et son nez le piquaient, au loin la musique résonnait et il était pris d’une envie de se déchausser, de se déshabiller, de se jeter lui aussi, la barbiche au vent, au milieu des éclaboussures, de sauter et de crier. Mais il ne cilla pas… »


        Au fur et à mesure qu’avance la soirée, la musique change de timbre, se fait dense et surréelle, comme les collines d’où elles naissent :


        « Les collines étaient noires et lointaines, derrière le frémissement des mûriers de l’autre côté de la butte. Les éclats de musique arrivaient maintenant aériens, fréquents, tourbillonnant dans l’air tranquille, se libérant dans le ciel du tumulte, de la fougue et du vin dont ils étaient nés, un son pur et surhumain comme celui du vent. »


        Spectateur énigmatique et distancié du microcosme de la ferme, le Professeur (le double de Pavese ?), déjà enivré par les effluves malodorants des tinettes, rejoindra seul les collines (ellipse du récit). Et, sans que nul ne soupçonne son escapade, participera de l’ébriété générale. Plus tard, dans la lueur naissante de l’aube, alors même que le calme s’est étendu sur les Langhe, le Professeur, sensible à la poésie originelle du monde, confie au Padre des bribes de sa méditation : la paix et le silence de cette nuit de la Saint-Roch, il ne les a pas cherchés, confie-t-il. Ils sont venus à lui. Avec la fraîcheur de l’aube, « les grillons ont cessé de chanter. »


        Second récit proposé par le recueil des trois nouvelles de L’Idole, Le Blouson de cuir fait partie des nouvelles rassemblées dans Vacance d’Août (Feria d’Agosto). Écrit en 1945 et publié après la mort de Pavese, Le Blouson de cuir constitue, par synecdoque, le leitmotiv du récit qui se déroule aux abords du fleuve. Tandis que le vêtement fait le lien entre les différents personnages qui fréquentent la « baraque de l’embarcadère », le récit analeptique (retour en arrière) du Blouson de cuir passe par le regard du jeune Pino. Grand admirateur de Ceresa à qui il espère ressembler un jour, le garçon vit dans l’aura du batelier une forme de bonheur. Jusqu’à l’arrivée de Nora. La magie des matinées de pêche s’en trouve brisée. Pino fait l’expérience, chaque jour plus précise, de la méchanceté de Nora, de sa bêtise et de sa légèreté. Et mesure chaque jour davantage le progrès du malheur de Ceresa. Enfant défavorisé et inadapté, méprisé et rudoyé par la nouvelle « patronne », Pino tente de déchiffrer, dans l’imbroglio relationnel qui se tisse autour de la jeune femme, les signes que s’échangent les amants et de comprendre les jeux auxquels se livre Nora.


        D’abord signe d’appartenance de Ceresa, le vêtement est symbole de virilité du batelier qui endosse son blouson de cuir à même la peau.


        « En dessous, il était toujours torse nu et il me disait que si je vivais au bord du Pô, quand je serais grand j’aurais des muscles comme lui… »


        Plus tard, quelque temps après l’arrivée de Nora, Ceresa « agitait la fermeture Éclair de son blouson comme si c’était un éventail et Nora clignait des deux yeux et regardait la fermeture en riant. »


        Tombé entre les mains de Nora, le blouson poursuit par mimétisme son rôle de gadget sexuel. En rejoignant le lit de son amant blond et musclé, et en endossant à son tour son « cuir » directement sur son maillot de bain rouge (du même rouge que sa robe), la belle servante, devenue en peu de temps la « patronne » de la baraque, passe de maîtresse du lieu à maîtresse de certains de ses habitués. Le blouson se révèle être une seconde peau pour celui/celle qui le porte à cru, s’appropriant du même coup la force et la sensualité de Ceresa. Ainsi de Nora dont le pouvoir et l’assurance se trouvent implicitement décuplés par les possibilités que lui offre le blouson de cuir de son amant.


        « Elle ouvrit la fermeture Éclair de son blouson. J’aperçus qu’en dessous il y avait de la chair nue, quelque chose de blanc avec des taches ; elle n’avait pas son maillot. Elle referma tout de suite. »


        La façon dont Nora joue de sa nouvelle tenue ne laisse pas inactifs les habitués du débarcadère. Parmi eux, un soldat émoustillé se saisit de la situation :


        « Le soldat mit la main sur la fermeture du blouson et dit en riant : « Il faut aérer. » C’était un Napolitain. »


        D’une sortie en barque à l’autre, la tension érotique s’intensifie. Témoin silencieux de ce manège, Pino vit « Nora se pencher sur la table et le soldat tendre la main comme l’autre jour, mais cette fois il descendit la fermeture et Nora, inclinée, riait elle aussi. » Le narrateur assiste, impuissant et malheureux mais de plus en plus lucide et éclairé, à cette comédie. Confusément d’abord, Pino comprend que ce qui se trame autour de Nora est contraire à l’attente de Ceresa. Le « gamin » mal dégrossi découvre peu à peu tout l’éventail des sentiments humains dont il ignorait jusqu’alors la nature. Tromperies, disputes, jalousie conduiront au drame final. Drame ordinaire de la jalousie, à l’issue duquel le fameux blouson tombe entre les mains de la mère Pina, qui le jette sur ses épaules quand il pleut. « Mais il ne suffit pas de porter un blouson de cuir pour savoir diriger un embarcadère », pense Pino. La gérante de l’auberge est trop vieille et le charme du blouson de cuir est rompu. Il est loin désormais le temps où Ceresa, un jour d’orage, s’était séparé de son vêtement pour le glisser sur les épaules de son jeune compagnon de pêche.


        « La maturité est tout », écrira Pavese en exergue de son dernier roman La Lune et les feux. « Ripeness is all ». Empruntée au Roi Lear, l’épigraphe shakespearienne, souvent reprise par l’écrivain italien, dit la hantise de Pavese d’accéder à la maturité, « la douloureuse impossibilité de se construire et de s’affirmer » dans un relation adulte pleinement assumée et partagée. Or le monde des adultes est impitoyable. Vacance et vanité renvoient sans cesse le héros pavésien à sa marginalité. Avec, pour unique issue, le désespoir et la souffrance. Reste la « poésie-récit » des fables de Cesare Pavese, poésie qui agit à la manière d’un philtre lent dans les veines du lecteur.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    CESARE PAVESE


    Pavese
    Image, G.AdC



    ■ Cesare Pavese
    sur Terres de femmes

    9 septembre 1908 | Naissance de Cesare Pavese
    Cesare Pavese dans la collection Quarto (note de lecture d’AP)
    Lavorare stanca (+ courte notice bio-bibliographique)
    1er novembre 1935 | Cesare Pavese, Le Métier de vivre
    Semplicità
    Tu as un sang, une haleine
    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese (note de lecture d’AP)





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  • Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese

    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese,
    Gallimard, Collection L’un et l’autre
    dirigée par J.-B. Pontalis, 2009.


    Pavese
    Image, G.AdC







    « J’AI CHERCHÉ L’AUTRE ET J’AI TROUVÉ MOI-MÊME » (Cesare Pavese)



         « La meilleure façon de découvrir son propre pays est de fréquenter des terres exotiques ».

         Attribuée à Cesare Pavese, cette affirmation prend sa véritable dimension au fur et à mesure que se précise la relation que Jean-Pierre Ferrini, auteur du Pays de Pavese, entretient avec l’œuvre du grand écrivain italien. Avec sa vie.
         C’est que Jean-Pierre Ferrini, investi de la double tension qui l’habite, celle qui le pousse à retourner dans le pays de ses origines et celle qui le conduit sur les pas de Pavese, découvre peu à peu, au contact de ces deux réalités différentes, que son pays de Luino se dérobe et que son vrai pays est bien celui de Pavese. « Les terres exotiques » de Ferrini, c’est dans l’œuvre de Pavese qu’elles se trouvent. Et le pays de Pavese, c’est dans le mythe qu’il réside. Non pas un « mythe identifiable », mais « le mythe que chacun porte en lui, dans son flanc. » Pour Pavese, le mythe repose sur le souvenir, la « seconde fois du souvenir ». « Foyer d’images obsessionnelles », la mythologie personnelle de Pavese repose sur un passé immémorial qui puise ses racines dans l’enfance.


         À mi-chemin entre autobiographie et essai, ni tout à fait l’un ni tout à fait l’autre, Le Pays de Pavese est une œuvre-miroir de l’âme de Ferrini, faite d’entrelacements de paysages et de réflexions dont le lecteur hésite par moments à savoir à qui les attribuer. À Ferrini ou à Pavese ?
         Au commencement, il y a les lieux de l’enfance du père, ceux qui ont marqué durablement sa mémoire. Jean-Pierre Ferrini tente de s’en approcher et de s’en approprier les événements marquants. C’est en Italie du nord, du côté de Luino, au bord du lac Majeur. C’est du côté de l’histoire, « durant l’hiver 1944, au moment de la République italienne de Salò, à quelques lacs de distance. » Il y a aussi la rencontre réelle, plusieurs fois réitérée à l’occasion de séjours à Luino. Avec les noms égrenés quotidiennement par le haut-parleur de l’embarcadère. Maccagno, Cannobio, Cannero, Porto Valtravaglia, Laveno, Intra, Baveno, Isola Bella… Mais les noms de pays ne sont porteurs d’aucun souvenir qui soit propre au narrateur, d’aucune existence précise, d’aucune véritable épaisseur. Le lieu des origines échappe et c’est ailleurs qu’il faut le chercher, ailleurs que dans les généalogies ou chez les habitants d’aujourd’hui. Dans le même temps, c’est ailleurs que dans les biographies qu’il faut chercher le pays de Pavese. C’est au cœur de l’œuvre de Pavese, au milieu des collines qui en dessinent les paysages fondateurs, parmi les noms des personnages qui habitent les Langhe que le narrateur du Pays de Pavese trouve un écho profond à sa propre histoire et à son projet d’écriture. Ferrini connaît tous les textes de Pavese. Mais jamais il ne se lasse de les revisiter. Avec précision et émotion. Le Métier de vivre, Dialogues avec Leucò, Travailler fatigue. Et bien sûr, les grands récits mythiques. Par chez toi, Vacance d’août, Avant que le coq chante, La Lune et les feux… Jusqu’à s’en approprier les moindres résonances. Car si Ferrini est à Luino, ce n’est plus pour retrouver son passé ; c’est parce qu’il écrit un livre sur Cesare Pavese.


         Pour écrire un livre sur Pavese, pour ne pas céder à la facilité factice de la biographie, il faut quitter là sa propre histoire afin d’aller au devant d’une histoire bien antérieure qui a à voir avec le mythe. Il faut aller au-delà des contrées de Luino et même de Santo Stefano Belbo, lieu de naissance de Pavese où se trouve le « centre d’études pavésiennes ». Il faut aller au-delà encore, jusque dans cette Amérique dont Pavese s’est approprié les grands romanciers. L’Amérique où l’écrivain ne s’est jamais rendu et qu’il décrit, pourtant, dans La Lune et les feux. Il faut, comme le « narrateur orphelin » qui revient du bout du monde, tenir son pays à distance pour pouvoir en parler et pour pouvoir le vivre de l’intérieur. C’est du côté de l’infans que ce pays se trouve, du côté des « images primordiales qui ont sédimenté notre mémoire, déterminant ensuite toutes les autres images ». Entrer dans le pays de Pavese, dans son œuvre, c’est aussi plonger « à pleines mains dans la langue de Virgile et de Dante ». Car l’œuvre géorgique de Pavese trouve sa mythologie dans la réalité, et dans le classique, le rustique. Semblable à Dante qui se laisse guider aux Enfers par Virgile, semblable au narrateur de La Lune et les feux qui se laisse guider par Nuto ― le compagnon d’enfance et la mémoire du pays ―, le narrateur du Pays de Pavese se laisse guider par Pavese lui-même.
         De sorte que la lecture du Pays de Pavese est une constante relecture de l’œuvre pavésienne. L’une et l’autre ― lecture et relecture ― s’accompagnent, se relaient, se distancient, se dédoublent, se retrouvent. Dans un constant chassé-croisé d’interrogations, d’analyses, d’interprétations, démultipliées. Y compris dans la descente jusqu’au cœur des mots, au cœur même de la langue et de ses résonances. Pavese/Paese ; Langhe/Lingua ; Macchia/Macula ; Via/Vita… À chaque mot son histoire, ses visages, ses paysages, ses vibrations. Au-delà, rendus aux récits de Pavese, les mots-images en dessinent tout le mystère. Ils jalonnent, avec une cadence et « une monotonie singulière », le « chemin de l’âme » qui mène à Pavese. À son pays. Un pays ouvert sur toutes ses mélancolies.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    CESARE PAVESE


    Cesare_pavese_1



    ■ Cesare Pavese
    sur Terres de femmes

    9 septembre 1908 | Naissance de Cesare Pavese
    Cesare Pavese dans la collection Quarto (note de lecture d’AP)
    L’Idole et autres récits (note de lecture d’AP)
    Lavorare stanca (+ courte notice bio-bibliographique)
    1er novembre 1935 | Cesare Pavese, Le Métier de vivre
    Semplicità
    Tu as un sang, une haleine





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  • Cesare Pavese dans la collection Quarto


    Cesare Pavese, Œuvres,
    Gallimard, collection Quarto, 2008.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Pavese
    Image, G.AdC






    CESARE PAVESE DANS LA COLLECTION QUARTO,
    UNE ÉDITION ÉTABLIE ET PRÉSENTÉE PAR MARTIN RUEFF




    Le centenaire de la naissance de Cesare Pavese, né le 9 septembre 1908, est l’occasion pour les éditions Gallimard de publier dans la collection Quarto un volume rassemblant les œuvres majeures* du grand écrivain italien. Dirigé par Martin Rueff, cet ouvrage imposant comporte, outre une biographie très complète agrémentée de photos, de notes et d’extraits d’articles, une bibliographie commentée par Martin Rueff lui-même. Les œuvres sont présentées par ordre chronologique, depuis Travailler fatigue (1930-1935), recueil poétique traduit par Gilles de Van, jusqu’au Métier de vivre. Commencé en 1935, ce « journal d’écrivain », à la fois « cahier d’écriture et cahier de lecture », accompagne Cesare Pavese jusqu’au 17 août 1950, dix jours avant sa mort survenue le 27 août 1950.

    Intitulé Cesare Pavese, Œuvres, l’ouvrage s’ouvre sur « Portrait d’un ami » de Natalia Ginzburg. Texte par lequel Natalia Ginzburg ancre « la mélancolie voluptueuse du jeune homme qui n’a pas encore touché terre » dans la mélancolie de la ville qui était chère à Pavese. Turin. Natalia Ginzburg évoque les années de jeunesse turinoise en même temps que celles des amitiés qui avaient fini par ennuyer l’écrivain devenu célèbre. « Nous-mêmes qui étions ses amis, nous disait-il, nous n’avions plus de secret pour lui et nous l’ennuyions infiniment. » Elle évoque enfin cette nuit d’août où Pavese s’est donné la mort. « Aucun d’entre nous n’était là. Il a choisi pour mourir, un jour quelconque de ce mois d’août torride et il a choisi la chambre près d’un hôtel de la gare ; il a voulu mourir, dans la ville qui lui appartenait, comme un étranger ». Une mort annoncée bien des années auparavant dans Le paradis sur les toits (Travailler fatigue, Poésie/Gallimard, p. 157).

    Pour clore cet ouvrage, outre les pages consacrées à une importante bibliographie inspirée de l’irremplaçable bibliographie critique établie par Luisella Mesiano, Cesare Pavese di carta e di parole ; bibliografia ragionata e analitica (Alessandria, 2007), un dossier composé d’une interview donnée à la radio par Cesare Pavese, et d’un article d’Italo Calvino.

    Dans l’entretien radiophonique consenti à la Rai en 1950 (et paru dans la revue Aretusa), Pavese répond à la critique ― qui lui reproche d’être « passé de l’américanisme au néoréalisme polémique », puis au « régionalisme » ― en « parlant de son œuvre comme s’il s’agissait de celle d’un autre » et en réaffirme la « nature ambiguë ». C’est-à-dire :

    « l’ambition de fondre en une seule les deux aspirations qui s’y sont combattues dès le début : un regard ouvert vers la réalité immédiate, quotidienne, « rugueuse », et une réserve de professionnel, d’artisan, d’humaniste ; une familiarité avec les classiques comme s’ils étaient des contemporains, avec les contemporains comme s’ils étaient des classiques, en somme la culture entendue comme métier. »

    Dans son article intitulé « Pavese et les sacrifices humains », publié en 1966 dans la Revue des études italiennes, Italo Calvino affirme que la seule préoccupation obsédante de Pavese, celle vers laquelle converge sa création littéraire, c’est son intérêt pour les sacrifices humains. « Relier l’ethnologie et la mythologie gréco-romaine à son autobiographie existentielle et à sa production littéraire a été le programme constant de Pavese », durablement influencé par la lecture ancienne du Rameau d’or de Frazer.

    Entre les textes de Natalia Ginzburg et ceux d’Italo Calvino viennent s’insérer les œuvres de Cesare Pavese. Depuis le recueil poétique Travailler fatigue ― qui est suivi d’Essais critiques (1943) ― jusqu’au Métier de vivre. Chacune de ces œuvres est annoncée par une analyse de Martin Rueff, texte dans lequel l’auteur d’Icare crie dans un ciel de craie choisit de mettre l’accent sur une particularité de l’œuvre présentée. Un certain regard, le regard très personnel de Martin Rueff, oriente celui du lecteur, le conduit sur des voies inédites. Pour son plus grand bonheur. Ainsi du récit Par chez toi /Paesi tuoi (1939), traduit par Mario Fusco et introduit par Martin Rueff. Dans le texte liminaire à l’intitulé proustien ― « Nom de Pays : Le Pronom »―, Martin Rueff insiste sur la question du « pronom » et celle de la relation qu’il entretient avec le Pays. « Récit d’une confrontation entre la ville et les collines du Piémont », Par chez toi est aussi un récit anthropologique. Qui confère au motif récurrent de « l’astuce », la dimension nécessaire au « métier de vivre » et fait de ce motif « une image de la pensée ».

    Suivent les récits de La Plage (1942), Vacance d’août (1945), Le Camarade (1947), Dialogues avec Leucò (1947) ― « véritable chef-d’œuvre de beauté énigmatique », « qui porte les traces d’une fascination pour les grands instants du mystère où l’on échappe au temps » ―, Avant que le coq chante (1948), « diptyque politique » placé « sous le signe du reniement de Pierre », Le Bel Été (1949), triptyque construit autour du thème de la tentation (et de la sanction), La Lune et les feux (1949) ― « ample prose funèbre » dédiée à Constance Dowling (Connie) ― qui « offre un autoportrait de l’écrivain en Ulysse » de retour dans les Langhe. Et enfin, Le Métier de vivre (1935 -1950), « laboratoire secret de l’écriture » dans lequel s’élaborent « les concepts fondamentaux de sa poétique : l’image-récit, le symbole, le style, le mythe ».

    Plusieurs fois publié, Le Métier de vivre a été l’objet de coupes sombres dans ses versions précédentes (1952, 1958, 1962, 1977). Pour la présente édition, première édition intégrale à proprement parler, Martin Rueff a repris la nouvelle édition de Marziano Guglielminetti et Laura Nay, édition établie en 1990 à partir des feuillets manuscrits conservés au Centre Pavese de l’université de Turin. Une restitution qui contribue à mettre en lumière le « monolithe », ce « noyau mythique » auquel Cesare Pavese a travaillé toute sa vie.





    Laocoon_2
    Laocoon et ses fils
    Cour du Belvédère, musées du Vatican.





    Clore cette présentation sans évoquer l’éblouissante préface de Martin Rueff serait occulter une pièce maîtresse de cette « somme » considérable qu’est le Cesare Pavese, Œuvres. Car sous le titre mystérieux, « Laocoon monolithe » ― préface en quatre chapitres ― Martin Rueff met l’accent sur deux dimensions essentielles de la création Pavésienne : « le monolithe » et « Laocoon ».

    « Monolithe » ? Le terme revient à plusieurs reprises sous la plume de Pavese pour parler de l’unité de son œuvre et de l’obsession du noyau que l’écrivain cherche à rejoindre, quelle que soit la forme que prend son récit.

    « Je n’ai pas de doutes sur la fondamentale et durable unité de ce que j’ai écrit et de ce que j’écrirai ; je ne parle pas d’une unité biographique ou de goût, car elle est sans intérêt, mais de celle des thèmes, des intérêts vitaux, je parle de l’entêtement monotone de celui qui a la certitude d’avoir atteint dès le premier jour le monde véritable, le monde éternel, et qui ne peut que tourner autour de ce gros monolithe, en détacher des morceaux, les travailler et les étudier sous tous les éclairages possibles. »

    Cette unité, qui touche tout créateur, l’écrivain doit la chercher dans un ailleurs qui plonge dans l’enfance ― « qui nous précède à la fois parce qu’elle vient avant nous, parce qu’elle nous suit et parce qu’elle nous dépasse » ―, écrit Martin Rueff. L’œuvre entière de Pavese est régie par cette tension vers le « monolithe » et par l’interrogation obsédante du comment articuler les œuvres entre elles, poèmes et récits, comment donner à l’œuvre « complète » son unité de construction, sa cohérence unificatrice. Cette obsession ― qui aboutira au geste final du suicide comme aboutissement suprême de cette quête ― passe par la recherche incessante de la forme dont l’unité est assurée par la répétition monotone des images, du symbole ou du mythe.

    Ainsi lit-on dans Le Métier de vivre, à la date du 9 novembre 1937 :

    « La répétition dans mes nouveaux poèmes n’a pas une raison musicale mais constructive. Observer comme les phrases-clés dans ceux-ci sont toujours au présent, et comme les autres, même si elles sont au passé, convergent vers elles. Je veux dire qu’il m’arrive dans ces poèmes de saisir une réalité actuelle, non narrative mais évocatrice, où il arrive quelque chose à une image, où cela arrive maintenant, étant donné que l’image est élaborée maintenant par la pensée et qu’elle est vue en train d’agir et d’enfoncer ses racines dans la réalité.

    Le mot ou la phrase répétés ne sont pas autre chose que le nerf de cette image, un nerf, construit de fond en comble comme un échafaudage, le pivot grâce auquel l’imagination tourne sur elle-même et se soutient précisément comme un gyroscope qui existe seulement dans le présent, en action, et puis tombe et devient un quelconque morceau de fer. » (p. 1425)

    Réflexion que l’on retrouve bien des années plus tard, en janvier 1950, dans Littérature et Société :

        « Tout écrivain authentique est superbement monotone, dans la mesure où son œuvre est marquée par un moule toujours repris, par une loi formelle de l’imagination qui transforme les matériaux les plus divers en figures et en situations qui sont toujours à peu près identiques ».

    Quant à la figure du Laocoon, Cesare Pavese y fait allusion quelques jours avant sa mort, le 21 août 1950, dans une lettre adressée à Tullio et Maria Cristina Pinelli :

    « Je suis comme Laocoon ; je m’enguirlande artistiquement de serpents et me fais admirer ― mais de temps en temps, je m’aperçois de l’état où je suis, alors je secoue les serpents, je leur tire la queue, et eux ils serrent et mordent. »

    Semblable au Laocoon troyen de L’Énéide, Pavese incarne la malédiction tragique. « Conscience lucide », il est celui « qui voit pour les autres » sans pour autant parvenir à s’en faire entendre ni parvenir à se voir lui-même. Pavese, comme Laocoon, offre le « spectacle de la nature humaine livrée à la plus grande douleur ». Une douleur du corps et de l’âme dont le Laocoon d’Hagesandros, maître d’œuvre du groupe mis au jour dans l’aire de la Domus Aurea à Rome le 14 janvier 1506, « tend à Pavese la triple énigme de son miroir de marbre ». Énigme de la détresse ― concentrée dans la représentation du cri de Laocoon ; énigme du stoïcisme, celle de la souffrance de Laocoon que « nous voudrions pouvoir supporter » comme la supporte « ce grand homme »**, celle de Pavese qui écrit à la date du 21 mars 1950 du Métier de vivre : « Résigne-toi. Le stoïcisme, c’est cela qui compte. » Énigme de l’œuvre d’art dont l’« homme-colline » du Laocoon guide la réflexion théorique de Pavese sur l’obsédante question du monolithe et sert de modèle à sa création: « Quelle forme choisir ? Quelle forme donner à mes textes ? À mon œuvre ? Et encore quelle forme donner au rapport de mes œuvres ? » Sans cesse nourries par le débat esthétique ouvert par Lessing*** sur l’imitation de l’art, les « tensions fondamentales de Pavese trouvent leur écho dans le Laocoon ». « Un effort consubstantiel à son destin et à son œuvre, et qui ne cessera qu’avec son suicide. »


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    ________________________________

    * Œuvres publiées du vivant de l’auteur.
    ** Gotthold Ephraim Lessing (« le plus éminent critique d’art allemand » du XVIIIe siècle), Laocoon. Des frontières de la peinture et de la poésie, 1766 ; Hermann, éditeurs des sciences et des arts, 1997, page 44.
    *** Lessing est le premier à remettre en question le principe de l’ut pictura poesis, rhétorique selon laquelle la poésie serait une manière parlante de peinture et la peinture une sorte de poésie muette. Principe qui, selon Lessing, fausse les interprétations critiques. À partir du groupe du Laocoon, Lessing établit une distinction entre art poétique et art pictural.






    Pavese Quartoi





    CESARE PAVESE


    Cesare Pavese





    ■ Cesare Pavese
    sur Terres de femmes



    9 septembre 1908 | Naissance de Cesare Pavese
    L’Idole et autres récits (note de lecture d’AP)
    Lavorare stanca (+ courte notice bio-bibliographique)
    1er novembre 1935 | Cesare Pavese, Le Métier de vivre
    Semplicità
    Tu as un sang, une haleine
    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese (note de lecture d’AP)





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