Retour au répertoire du numéro de janvier 2016
Retour à l’ index des auteurs
Étiquette : Chelsea Editions
-
Philippe Jaccottet | (Tombeau du poète)(The poet’s tomb)
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Lorenzo Calogero | Già pallide chiome
Giuseppe Stival, Portrait de Lorenzo Calogero, vers 1960
Source
GIÀ PALLIDE CHIOME
Già pallide chiome
su ripidi abissi muovono
le isole dei vulcani
e il fresco capelvenere
nasconde le alme contrade.
Conosco il riposo dei riflessi rettilinei
e un fuoco nel grembo si accende
come una nuvola nell’immenso.
Tu soffri gli arsi richiami
che ti manda dallo spazio
un effluvio verde e tracci
gli aspri rami della vita nel silenzio
in un gomitolo che si sperde.
Lorenzo Calogero, Ma Questo… (1950-1954), ed. Maia, 1955, in Opere poetiche 2, Lerici editori, 1966, pagina 14.
ALREADY PALE TRESSES
Already pale tresses
on steep abysses are moving
the volcanic islands
and the fresh maidenhair fern
is hiding the life-giving lands.
I’m enjoying the respite of rectilinear reflections
and a fire in the womb flares up
like a cloud in the immensity.
You are suffering from the burn-up beckoning
that a green fragrance is sending you from space
and you trace
the bitter branches of the silent life
in a ball of wool going astray.
Lorenzo Calogero, Ma Questo…, 1955, in An Orchid Shining in the Hand, Selected poems 1932-1960, bilingual edition, Chelsea Editions, New York, 2015, p. 134. Translated from the Italian by John Taylor.
DÉJA DE PÂLES CHEVELURES
Déjà de pâles chevelures
sur des abysses abrupts déplacent
les îles des volcans
et le frais capillaire de Vénus
recouvre les contrées fertiles.
Je connais le repos des reflets rectilignes
et au giron s’allume un feu
comme un nuage dans l’immensité.
Tu souffres des appels ardents
que t’envoie de l’espace
une verte fragrance et tu traces
les âpres ramifications de la vie-silence
dans une pelote qui se perd.
Traduction (en français) d’Angèle Paoli
LORENZO CALOGERO
Source
« Médecin de campagne, poète, suicidé. Sèches formules qui suffiraient à donner un profil minimal de Lorenzo Calogero (1910-1961), de celui qui disait avoir « vécu sa profession comme en écrivant des vers ». La vie, le texte, en un seul élan. Presque un demi-siècle après Campana, il publie lui aussi à ses frais une unique plaquette, Ma questo… (1955), qu’il tente en vain de faire connaître et diffuser. Quelques autres tentatives suivront, dont l’échec le convaincra de renoncer pour un temps à la poésie. Malgré le soutien de Sinisgalli, qui ira en son nom retirer le prix Villa San Giovanni – seule reconnaissance littéraire reçue de son vivant, pour Come in dittici ; et quelques signes d’amitié (Betocchi ou Giuseppe Tedeschi), Calogero connut la solitude absolue, à la fois individuelle et socio-historique, de nombre d’intellectuels du grand sud de l’Italie, avant le « miracle » des années 1960. Et parfois après. Interné à plusieurs reprises dans la maison de repos de Villa Nuccia – où il devait écrire ses plus intenses poèmes (les Cahiers de Villa Nuccia donnèrent leur titre au recueil édité par R. Lerici, lequel avait programmé trois volumes d’Œuvres poétiques dont seuls deux virent le jour) –, démis d’une charge médicale officielle, cherchant un refuge provisoire auprès de sa mère (décédée en 1956), à l’étroit dans le bourg de Melicuccà, en Calabre, ainsi que Leopardi avait pu l’être à Recanati, mais incapable de s’en affranchir, Lorenzo Calogero n’assista pas à l’espèce de « cas littéraire » que la sortie du premier tome des Œuvres, en 1962, allait déchaîner. On ne manqua pas de le définir un « Rimbaud italien », oubliant au passage qu’il laissait une masse considérable d’inédits, toujours en attente d’éditeur. Le poète s’était donné la mort dans sa maison familiale de Melicuccà, où son corps sans vie fut retrouvé le 25 mars 1961. Près de sa dépouille, ce billet : « Je vous prie de ne pas m’enterrer vivant ». Il parlait, croyons-nous, surtout de son œuvre poétique. […] »
Jean-Charles Vegliante [Source]
■ Voir aussi ▼
→ (sur Poesia, di Luigia Sorrentino) Lorenzo Calogero & John Taylor
→ (sur le site de Chelsea Editions) une page sur Lorenzo Calogero, An Orchid Shining in the Hand, Selected poems 1932-1960, translated from the Italian by John Taylor
→ le site lorenzocalogero.it
→ (sur le site CIRCE) une anthologie PDF des poèmes de Lorenzo Calogero, réalisée par Jean-Charles Vegliante et CIRCE (Sorbonne Nouvelle-Paris III) [© Librairie Italienne Tour de Babel, Paris, 2014]
→ (sur le site lorenzocalogero.it) de nombreux poèmes (51 fragments) de Lorenzo Calogero, traduits en français par CIRCE et Jean-Charles Vegliante
→ (sur Imperfetta Ellisse) trois poèmes de Lorenzo Calogero en double traduction (en anglais par John Taylor, et en français par Valérie Brantôme)
Retour au répertoire du numéro d’août 2015
Retour à l’index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
21 avril 2004 | Alfredo de Palchi, Ultime (extrait)Éphéméride culturelle à rebours
Ph., G.AdC
ULTIME (extrait)
Già ramaglia stecchito mi spezzo
avvampandomi di odori
frasche di tigli e spezie
nel braciere di carne avvilita che affanna
le fiamme a stracci,
età di desolazione e di infimo
sobbollire del sangue che mi smuove
le gambe sconnesse e gli occhi di orbo
cantore antico quale mi ravviso
ancora a fronte alta
per assaporare la perpendicolare
giovane ferita che separa
l’essere del mulinello esterno di foglie
nel tuo ventro profondo.
21 aprile 2004
Ph., G.AdC
Already dried up brushwood I snap
blazing with scents
branches of lime trees and spices
in the brazier of dejected flesh that vexes
the flames in shreds,
age of desolation and of shallow
simmering of the blood that moves
my disconnected legs and my blind man’s eyes
ancient bard as I see myself
still with my head high
to savor the perpendicular
young wound that separates
the being of the external whirlwind of leaves
in your deep womb.
21 April 2004
Alfredo de Palchi, da Ultime (2000-2005)/from The Last Ones (2000-2005) in Paradigm, New and selected Poems 1947-2009, Selected, Edited, and Introduced by John Taylor, Chelsea Editions, New York, 2013, pp. 356-357. Translated by Luigi Bonaffini.
Ph., G.AdC
Branchage sec déjà, je me brise
m’enivrant d’odeurs
branches de tilleuls et d’épices
dans le brasier de chair humiliée qui tourmente
les flammes en guenilles,
âge de désolation et d’infime
bouillonnement du sang qui me disloque
les jambes et m’arrache les yeux
aède antique c’est bien ainsi que je me vois
encore le front altier
pour savourer la perpendiculaire
et jeune blessure qui sépare
l’être du tourbillon externe des feuilles
dans le profond de ton ventre.
21 avril 2004
Traduction inédite d’Angèle Paoli
ALFREDO DE PALCHI (1926-2020)
Source
■ Voir aussi ▼
→ le site Alfredo de Palchi
→ (sur The Cortland Review) Interview with Alfredo de Palchi (Courtland Review. February 2001)
Retour au répertoire du numéro d’avril 2013
Retour à l’ index des auteurs
Retour à l’ index de l’éphéméride culturelle
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Philippe Jaccottet | [Encore des fleurs ? | Flowers again ?]
Image, G.AdC
[ENCORE DES FLEURS ?]
(Encore ?
Encore des fleurs, encore des pas et des phrases autour des fleurs, et qui plus est, toujours à peu près les mêmes pas, les mêmes phrases ?
Mais je n’y puis rien : parce que celles-ci étaient parmi les plus communes, les plus basses, poussant à ras de terre, leur secret me semblait plus indéchiffrable que les autres, plus précieux, plus nécessaire.
Je recommence, parce que ça a recommencé : l’émerveillement, l’étonnement, la perplexité ; la gratitude, aussi.)
Philippe Jaccottet, « Aux liserons des champs », Et, néanmoins, Gallimard, Collection blanche, 2001, page 71.
[FLOWERS AGAIN ?]
(Again ?
Flowers again ? Stepping and phrasemaking again around flowers ? Moreover, while still making more or less the same footsteps and making the same phrases ?
Yet I cannot help it: because bindweed flowers were among the most ordinary and the lowliest flowers, simply blooming along the ground, their secret seemed more indecipharebale, precious, and necessary than that of other flowers.
So I will begin again because it has begun all over again: the wonder, the astonishment, the bewilderment; the gratitude as well.)
Philippe Jaccottet, “To field binweed”, And, Nonetheless: Selected Prose and Poetry 1990-2009, Chelsea Editions, New York, 2011, pp. 258-259. Translated and introduced by John Taylor.
Retour au répertoire du numéro de septembre 2012
Retour à l’ index des auteurs» Retour Incipit de Terres de femmes