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  • Ito Naga, Iro mo ka mo



    Firefly
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    IRO MO KA MO (extraits)



    Ce qu’était Pasolini a disparu du monde social et culturel, et manque” a écrit Robert Maggiori “comme les lucioles disparaissent du monde naturel et manquent”. À Kyoto, le long d’une rivière dans le quartier de Gion, il est écrit sur un panneau:
    “N’attrapez pas les lucioles, s’il vous plaît”.

    Elle aimait attraper les lucioles quand elle était enfant. Sentir leur odeur un peu pharmaceutique dans le creux de ses mains.

    Ensuite elle les glissait dans une tige d’oignon et les faisait tournoyer.

    Une tige verte pour donner une lueur plus verte encore.

    “Longtemps après que la fleur d’iris s’est fanée, on peut sentir son parfum délicat au creux de la tige si on la casse” expliquait Sei Shonagon.




    […]




    “C’est beau la vapeur”, a-t-elle dit devant un bol de thé vert.

    Est-ce la vapeur elle-même ou la fluidité de ses mouvements qui la ravit ?

    Elle se souvient de celles des sources thermales dans le sud du Japon. Elles montaient tout droit dans le ciel bleu et froid de l’hiver.

    Chaque couche de vapeur qui s’élève pourrait dévoiler un secret mais une autre vient aussitôt le masquer.

    Elle aime aussi remuer doucement sa tasse de thé pour voir les feuilles tourner.

    Et les observer comme des algues au fond de l’eau, des fonds marins miniatures.




    Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne Éditeur, Collection Grands fonds, 2010, pp. 29, 73-74.





        Sous le pseudonyme d’Ito Naga se cache un éminent astrophysicien français, né en 1957. Il collabore régulièrement à la revue italienne Sud et a déjà publié un premier ouvrage Je sais chez Cheyne Éditeur en 2006, qui en est aujourd’hui à sa cinquième réédition.

        « Pas besoin d’être grand clerc pour constater que, du monde, de soi et des autres, on ne sait pas grand chose. Il n’empêche. Il en est, biologiste, astrophysicien ou écrivain, qui ne désespèrent pas d’en savoir plus. C’est le cas de l’auteur de ce livre. Sa méthode ? Celle du scientifique qui s’apparente à celle du poète ou celle du philosophe : un affût intense qui met en examen tout ce qui tombe sous le regard, l’ordinaire, l’infime, l’incident de préférence. Où se vérifie cette loi heureuse : sous chaque observation, mille énigmes nouvelles. » (Jean-Pierre Siméon)


    ■ Ito Naga
    sur Terres de femmes

    un autre extrait de Iro mo ka mo, la couleur et le parfum

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  • Jean-Pierre Lemaire | Giotto

    «  Poésie d’un jour  »



    Giotto, Crucifixion,1303-1306, Fresque 200 x 185 cm, Chapelle Scrovegni, Eglise de l'Arena, Padoue
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    GIOTTO



    Crucifié dans le bleu,
    cerné de douceur,
    source de douceur.

    Les bourreaux s’y baignent
    sans lever les yeux
    comme des étrangers.

    La mère douloureuse
    et les saintes femmes
    bouche ouverte, en défaillent.

    Les anges recueillent
    le sang de ses mains,
    le sang de son cœur.

    Marie-Madeleine
    lui baise les pieds
    et moi, plus bas encore,

    enterré sous la croix
    j’attends de renaître
    avec les os d’Adam.



    Jean-Pierre Lemaire, L’Intérieur du monde, Cheyne éditeur, 2002 ; rééd. 2007, pp. 50-51.






    Jean-Pierre Lemaire, L'Intérieur du monde






    JEAN-PIERRE LEMAIRE


    Jeanpierre-lemaire
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    Jean-Pierre Lemaire est né le 18 août 1948 à Sallanches (Haute-Savoie). Il a été professeur de lettres en classes préparatoires au lycée Henri-IV (Paris) et au lycée Sainte-Marie-de-Neuilly. Depuis son premier livre, Les Marges du jour, publié chez La Dogana en 1981 (rééd. 2011 ; postface de Philippe Jaccottet), Jean-Pierre Lemaire a publié sept recueils chez Gallimard, dont L’Exode et la Nuée suivi de La Pierre à voix (1982), Visitation (prix Max-Jacob 1985), L’Annonciade (1997), Figure humaine (2008) et Faire place (2013), et un essai chez Bayard : Marcher dans la neige – Un parcours en poésie (2008). Il a reçu en 1994 le Grand Prix du Mont-Saint-Michel et, en 1999, le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. En juin 2015, la revue Nunc (n° 36) a consacré un important dossier à Jean-Pierre Lemaire. Vient de paraître (février 2016) : Le Pays derrière les larmes (poèmes choisis, collection Poésie/Gallimard).




    ■ Jean-Pierre Lemaire
    sur Terres de femmes

    [La terre est invisible] (autre poème extrait de L’Intérieur du monde)
    [Pendant la tempête](poème extrait des Marges du jour)
    [Ne te hâte pas de regagner la surface] (poème extrait de Visitation)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    cinq poèmes de Jean-Pierre Lemaire
    → (sur e-litterature.net)
    une lecture de L’Intérieur du monde par Françoise Urban-Menninger






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