| ROBERTO BOLAÑO Source ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de la revue Les Hommes sans épaules) une notice bio-bibliographique sur Roberto Bolaño |
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Allen Ginsberg en 1953 Ph. William Burroughs “Myself seen by William Burroughs, my new-bought Kodak Retina from Bowery hock-shop in his hand, our apartment roof Lower East Side between Avenues B & C, Tompkins Park trees under new antennae, Kerouac, Corso and Alan Ansen visited, The Subterraneans records much of the scene, Burroughs & I worked editing manuscripts he’d sent me as letters from Mexico & South America, the neighborhood heavily Polish & Ukrainian, some artists, junkies & medical students, rent only 1/4 of my $120 monthly wage as newspaper copyboy. Fall 1953.” Source 11 oct. – 61 Éveillé au lever du soleil j’ai regardé par la fenêtre la brume vaporeuse et brillante, me suis endormi, attaque d’amour et j’ai joui dans ma main, pensant au grec à l’allure douteuse et à son baiser.
Me suis dit hier que ce serait bien joli le gris de la pluie sur la plaine, quand je me suis réveillé pour manger à 7h30 il pleuvait encore — passé la matinée au lit, regardé par la fenêtre, lu l’Odyssée — mangé dans la cahute à côté en parlant de Zeus, éclair aveuglant derrière la porte, et plus tard un coup de tonnerre qui a ébranlé la cabane de terre.
Puis j’ai marché sur la plaine en zigzaguant sur des routes mouillées parmi les arbres surchargés de pommes rouges mûres, branches pendant jusqu’au sol — suis monté voir la vue du cirque des montagnes au-dessus du village de Tzermiades — me suis assis boire un café à une table en fer et regarder les filles courir après les vaches, les camions qu’on déchargeait, et les vieux penchés sur leur canne clignant des yeux dans la rue principale. En descendant la montagne, j’ai entendu un miaulement dans les rochers — oiseau miauleur ?— mais non, dans une petite excavation dans les roches rouges volcaniques, un charnier de chats — j’ai regardé à l’intérieur, épouvanté par les crânes reptiliens et les os probablement semblables à ceux de l’antre de Polyphème, sol cannibale — et le petit chat miaulant à l’aide derrière la paroi profonde. Je suis parti, trop effrayé pour le sauver, pour plonger la main dans tous ces os et dents de chats où les paysans avaient enterré ces bébés.
Rentré à l’hôtel en faisant des détours sur les routes au bord des champs pour profiter d’une heure de soleil couchant. Souper, poisson et haricots, me suis à nouveau branlé, déterminé à accepter la vie comme dans l’Odyssée, stoïque dans le malheur, puisque c’est la vie.
Allan Ginsberg, « La Méditerranée » in Journal 1952-1962, Christian Bourgois Éditeur, Collection Titres, n° 162, 2011, pp. 385-386. |
| ALLEN GINSBERG Source ■ Allen Ginsberg sur Terres de femmes ▼ → Kenji Myazawa → 3 juin 1926 | Naissance d’Allen Ginsberg → Sabine Huynh, Avec vous ce jour-là / Lettre au poète Allen Ginsberg (note de lecture d’AP) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de Christian Bourgois éditeur) une fiche descriptive d’Allen Ginsberg → the website of the Allen Ginsberg Estate |
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KENJI MYAZAWA
(extrait)
“ All is Buddhahood br>
to who has cried even once
Glory be? ”
So I said glory be
looking down at a pine
feather
risen beside a dead leaf
on brown duff
where a fly wavers an inch
above ground
midsummer.
Could you be here?
Really be here
and forget the void?
I am, it’s peaceful, empty,
filled with green Ponderosa
swaying parallel tops
fan like needle circles
glittering haloed
in sun that moves slowly
lights up my hammock
heats my face skin
and knees.
Wind makes sound
in tree tops
like express trains like city
machinery
Slow dances high up, huge
branches wave back &
forth sensitive
needlehairs bob their heads
— it’s too human, it’s not
human
It’s treetops, whatever they think,
It’s me, whatever I think,
It’s the wind talking.
[…]
Ph., G.AdC
| ALLEN GINSBERG Source ■ Allen Ginsberg sur Terres de femmes ▼ → 3 juin 1926 | Naissance d’Allen Ginsberg → 11 octobre 1961 | Allan Ginsberg, Journal 1952-1962 → Sabine Huynh, Avec vous ce jour-là / Lettre au poète Allen Ginsberg (note de lecture d’AP) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de Christian Bourgois éditeur) une fiche descriptive d’Allen Ginsberg → the website of the Allen Ginsberg Estate |
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Né à Pise le 24 septembre 1943, Antonio Tabucchi est mort à Lisbonne le 25 mars 2012. Passionné par le Portugal (il a traduit l’œuvre intégrale de Fernando Pessoa), Antonio Tabucchi a navigué toute sa vie entre Lisbonne et l’Italie où il a enseigné (à partir de 1973) la langue et la littérature portugaise (Université de Gênes, puis de Sienne). Récompensé par de nombreux prix, Antonio Tabucchi a connu un très beau succès de librairie en 1994 avec Sostiene Pereira (Pereira prétend, 1995). Le héros du roman, inspiré par Pessoa, l’auteur aux multiples visages, a été incarné à l’écran par Marcello Mastroianni, dans un film de Roberto Faenza (1995).
Pereira sortit de sa rêverie quand il passa devant Santo Amaro. C’était une belle plage incurvée et on voyait les cabines de toile à bandes blanches et azur. Le train s’arrêta et Pereira eut l’idée de descendre et d’aller se baigner, de toute façon il pouvait prendre le train suivant. Ce fut plus fort que lui. Pereira ne saurait dire pourquoi il ressentit cet élan, peut-être parce qu’il avait pensé à l’époque de Coimbra et aux bains à la Granja. Il descendit avec sa petite valise et traversa le passage souterrain qui conduisait à la plage. Quand il arriva sur le sable, il enleva ses souliers et ses chaussettes et avança ainsi, tenant d’une main la valise et de l’autre les chaussures. Il vit tout de suite le maître-nageur, un jeune homme bronzé qui surveillait les baigneurs, étendu sur un transat. Pereira s’approcha et lui dit qu’il voulait louer un costume de bain et un vestiaire. Le maître-nageur le détailla de la tête aux pieds, d’un air narquois, et murmura : je ne sais pas si nous avons un costume à votre taille, quoi qu’il en soit je vous donne la clé du magasin, vous verrez, c’est la cabine la plus grande, le numéro un. Puis il demanda d’un air qui sembla ironique à Pereira : vous avez aussi besoin d’une bouée ? Je sais très bien nager, répondit Pereira, peut-être beaucoup mieux que vous, ne vous en faites pas. Il prit la clé du magasin et celle du vestiaire et s’en alla. Dans le magasin, il y avait un peu de tout : des bouées, des brassières gonflables, un filet de pêche couvert de flotteurs, des costumes de bain. Il fouilla dans les costumes de bain pour voir s’il en trouvait un à l’ancienne, ceux entiers, de façon à couvrir aussi le ventre. Il réussit à en trouver un et le passa. Il lui était un peu serré et c’était de la laine, mais il ne trouva pas mieux. Il déposa sa valise et ses habits dans le vestiaire, puis traversa la plage. Au bord de l’eau se trouvait un groupe de jeunes gens qui jouaient au ballon et Pereira les évita. Il entra calmement dans la mer, tout doucement, laissant le froid l’envelopper petit à petit. Puis, quand l’eau lui arriva au nombril, il plongea et se mit à nager un crawl lent et cadencé. Il nagea longuement, jusqu’aux bouées. Quand il s’accrocha à la bouée de sauvetage, il sentit qu’il était à bout de souffle et que son cœur battait beaucoup trop fort. Je suis fou, pensa-t-il, cela fait une éternité que je ne nage plus, et je me jette ainsi à l’eau, comme un sportif. Il se reposa, accroché à la bouée, puis il fit la planche. Le ciel au-dessus de lui était d’un azur féroce. Pereira reprit son souffle et rentra calmement, à brassées lentes. Il passa devant le maître-nageur et voulut se donner satisfaction. Comme vous l’avez constaté, je n’ai pas eu besoin de bouée, dit-il, quand passe le prochain train pour Estoril ? Le maître-nageur consulta l’horloge. Dans un quart d’heure, répondit-il. Très bien, dit Pereira, alors rejoignez-moi, je vais me rhabiller et je voudrais vous payer, car je n’ai pas beaucoup de temps. Il se rhabilla dans le vestiaire, sortit, paya le maître-nageur, donna un coup de peigne au peu de cheveux qui lui restaient avec un petit peigne qu’il avait dans son portefeuille et il salua. Au revoir, dit-il, et surveillez ces jeunes gens qui jouent au ballon, d’après moi ils ne savent pas nager, et ils dérangent les baigneurs. Il traversa le passage souterrain et s’assit sur un banc de pierre, sous la marquise. Il entendit arriver le train et regarda l’horloge. Il était tard, pensa-t-il, sans doute l’attendait-on pour le déjeuner à la clinique de thalassothérapie, parce que dans les cliniques on mange tôt. Il pensa : tant pis. Mais il se sentait bien, il se sentit détendu et frais, tandis que le train arrivait en gare, et puis, pour la clinique de thalassothérapie, il avait tout le temps, il allait y rester au moins une semaine, prétend Pereira…
Antonio Tabucchi, Pereira prétend [Sostiene Pereira, Feltrinelli editore, 1994], Christian Bourgois éditeur, 1995, pp. 108-109-110. Traduit de l’italien par Bernard Comment. |
| ■ Antonio Tabucchi sur Terres de femmes ▼ → Antonio Tabucchi | Rêve de Giacomo Leopardi, poète et lunatique ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site ina.fr) entretien d’Antonio Tabucchi avec Laure Adler (20 janvier 1998) |
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