Étiquette : Christian Dotremont


  • Christian Dotremont | [Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses]



    LAMPE ANGELE [2392]
    Je lui ai raconté un peu de ma vie claire-obscure
    (comme une lumière avec un abat-jour dessus).
    Ph. angèlepaoli









    [ET NOUS AVONS TRAVERSÉ TOUTES SORTES DE BONNES CHOSES]





    Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses : du soir, du brouillard et des rues floues.
    Je lui ai raconté un peu de ma vie claire-obscure (comme une lumière avec un abat-jour dessus).
    Elle a dit qu’elle n’était qu’une pauvre personne.
    Et qu’elle ne savait pas toutes ces choses mais ses leçons de grec et de latin.
    Je lui ai dit qu’il fallait m’empêcher de voir la vie en m’en aveuglant plein les yeux.
    Elle a dit « c’est très compliqué mais je mettrai souvent mes lèvres sur tes joues ».
    Et j’ai dit que je serais content alors et même après et même avant.
    Je me demandais comment c’était possible d’avoir été si malheureux et de ne plus l’être.
    Je me disais « c’est très idéal » et je serrais très fort contre moi la petite fille réelle.
    Tout de suite j’ai compris en la voyant quitter l’école qu’elle quittait nos jeux passés.




    Christian Dotremont, « Petite », II, Ancienne éternité & autres textes [éditions Mercure de France, 1998], éditions Unes, 2021, page 22.






    Christian Dotremont  Ancienne éternité 2




    CHRISTIAN DOTREMONT


    Christian-Dotremont Portrait
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    ■ Christian Dotremont
    sur Terres de femmes


    [Quand l’avez-vous vue ?] (autre extrait d’Ancienne éternité)
    Kara




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  • Christian Dotremont | Kara




    Alechinsky
    Pierre Alechinsky, Rectangles et noeuds II, 1965.
    Eau-forte exécutée pour illustrer un poème de Christian Dotremont
    dans Paroles peintes II, éditions Lazare Vernet, Paris, 1965.
    Tirage : 15 épreuves signées imprimées en sanguine.







    KARA




    Kara petit nœud de rien du tout
    deux mains serrées au sein des glissements

    Petit ruban de terre sur les cheveux
    sur les fourrures des monts et des vaux

    Drap tendu qui sèche entre les
    Gorges sur les bras de la première pluie

    Karapitale des bois
    de l’âge que j’avais quand je serai vieux

    Où les rennes tordent un cri
    les yeux à l’égyptienne

    Pincée de cordes de cornes
    à tue-tête avec le rien

    Mon grand Nord qui dort la gueule ouverte
    sur toi petit piège chaud

    Lasso assis sur la carte
    blanche de l’espace étalé

    Karasciure de neige dans la
    menuiserie des arbres

    Du bois dont on fait les fleurs
    les racines hautes et les ramures basses

    Entre racines et racines
    un renne qui traîne un renne

    Qui mange un doigt de lichen
    dépassant de l’hiver



    ____________________________
    Ce poème daté de 1961 n’a pas été repris dans les Œuvres poétiques complètes de Christian Dotremont publiées au Mercure de France. Il fait partie d’un ensemble de quatre poèmes parus avec une lithographie de Pierre Alechinsky dans Paroles peintes II, Paris, Lazare-Vernet, 1965.



    Christian Dotremont, Paroles peintes II, éditions Lazar-Vernet, Paris, 1965, in Europe, revue littéraire mensuelle, « Christian Dotremont », n° 1079, mars 2019, pp. 72-73.






    Dotremont Europe




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    ■ Christian Dotremont
    sur Terres de femmes


    [Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses] (extrait d’Ancienne éternité)
    Quand l’avez-vous vue ? (autre extrait d’Ancienne éternité)




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  • Christian Dotremont | [Quand l’avez-vous vue ?]



    [QUAND L’AVEZ-VOUS VUE ?]


    I




    quand l’avez-vous vue ? ― eh ! bien ? ― son allure ? ― elle mangeait quelque chose et je n’ai jamais su si c’était de l’herbe ― ou moi. ― pourquoi ? vous habitiez l’herbe à ce temps-là ? ― non. mais après l’avoir vue, j’ai disparu. ― vous souvenez-vous d’être mort ? ― un peu, mais je ne suis pas encore venu à la terre, ― sauf ces jours-là et cette fille-là. ― et alors ? comment voulez-vous vivre ? ― en me disant que je ne sais pas mourir. ― comment était-elle ? petite comme le monde, exactement en arrière des choses, ― comme quelqu’un qui va bondir. ― elle a bondi ? ― non. la joie fut fortement cachée ― et sortait de mon côté, bien qu’elle n’était pas en moi, ― au contraire. ― elle était tigre, elle était après la vie, la mort. ― elle était rien. ― elle n’était pas tout ? ― c’est la même chose.



    Christian Dotremont, Ancienne éternité, Éditions Unes, 1998, s.f. (exemplaire H.C., page 9).




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    [Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses] (autre extrait d’Ancienne éternité)
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