Étiquette : Claude Chambard


  • Déborah Heissler | « Des pas dans la neige »




    « DES PAS DANS LA NEIGE ».



    Et le ciel par où l’yeuse, plus loin, s’approche au plus près des neiges. Quelque chose qui prend figure, à la limite de l’image et en même temps image déjà, d’un départ.
    Blanche.

    Puis par la fenêtre le jardin parmi les arbres qui portent encore leurs fruits de bure, givrés légèrement.




    Jamais, je l’avoue, je n’avais pensé qu’un poème à lui seul eût pu un jour rencontrer les silences de Blanche. Du poème, elle n’aimait ni ses formats, ni même sa facture — et si peu sa propre voix à elle — rien qui ne respire, ni ne heurte assez, n’insiste tant, que l’instrument, celui auquel nos mains s’accordaient quelquefois. Là où précisément l’attente talonne le presque, le tout et le rien, qu’elle préférait au presque tout du poème. « Des pas dans la neige », en un sens indubitablement.



    Déborah Heissler, « I – Jardin — Elle endormie », in Sorrowful Songs, Æncrages & Co, Collection Voix de chants, 25047 Baume-les-Dames, 2015, s.f. Dessins de Peter Maslow. Préface de Claude Chambard.




    ________________________
    « Ces Sorrowful Songs nous conduisent jusqu’à l’essence même de la vie. Il n’est plus question de joie ou de peine. La vie ne se divise pas, ne s’immobilise pas. Ils nous font entendre tout ce qui en nous se mêle pour nous emporter dans le mouvement permanent qui, du vif au trépas – inversement -, nous mène dans la lumière blanche de l’amour qui nous transfigure. »

    Claude Chambard







    Déborah Heissler, Sorrowful Songs




    DÉBORAH HEISSLER


    Deborah Heissler Guidu
    Image, G.AdC




    ■ Déborah Heissler
    sur Terres de femmes


    Les Nuits et les Jours (lecture d’AP)
    Je ne peux oublier (poème extrait des Nuits et des Jours)
    Sorrowful Songs (note de lecture d’AP)
    La protection des pierres (poème extrait de Près d’eux, la nuit sous la neige)
    Près d’eux, la nuit sous la neige (lecture d’AP)
    sur l’herbe sèche ce jour (poème extrait de Chiaroscuro)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    loin (poème extrait de Comme un morceau de Nuit, découpé dans son étoffe)
    → (dans la galerie Visages de femmes) le poème « 
    Errance »




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Déborah Heissler





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  • Claude Chambard | Le moment où l’on se retrouve



    LE MOMENT OÙ L’ON SE RETROUVE



    Le moment où l’on se retrouve & celui où l’on se sépare sont les deux plus grandes époques de la vie.





    Le soleil se lève.
    Notre passé. La tragédie. La vie.
    Une phrase.
    Monde & temps.
    Perception & lecture.






    Je suis entr- dans l--glise Sainte-Marie. Il y faisait frais.
    Ph., G.AdC






    Au pied des Pyrénées, au bord de la Méditerranée.
    Une indécision.
    J’ai posé sur la table de nuit cette photo avec maman où elle trouve que je ressemble à un dieu. Elle a écrit en travers, de la pointe large & plate de son gros crayon rouge de menuisier « Mon Young Apollo ».
    Dehors il fait chaud. Septembre au bord de la mer.
    L’oppression est là. Il ne faut pas s’en offusquer. C’est ainsi.
    C’est une lutte permanente. Mais je n’ai plus la force.
    Dans ma sacoche, j’ai de quoi mettre fin à l’oppression.
    Jamais je n’aurais pensé que je partirais d’ici.
    Tout à l’heure je suis entré dans l’église Sainte-Marie. Il y faisait frais.
    Je me suis senti en sécurité le temps d’un repos, d’une méditation.
    J’ai lu un peu entre les colonnes gothiques, dans le calme de la nef.
    J’ai dîné d’un poisson frais en regardant la mer. Des bateaux de pêche colorés quittaient le port. D’autres rentraient.
    Les maisons blanches rougeoyaient dans le soleil couchant. Des cactus les entouraient de toutes parts. J’ai terminé la soirée à la terrasse d’un marchand de vin, me grisant légèrement d’un rouge frais & un peu amer.

    Vous me trouverez étendu dans ma chambre. Allongé sur le lit.
    Paisiblement allongé je l’espère.
    Dans cette chambre modeste du modeste Hôtel Francia.




    Claude Chambard, Young Apollo, Éditions de la Cabane, 2008, pp. 11-12.





    ■ Voir aussi ▼

    Un nécessaire malentendu (le site littéraire de Claude Chambard)



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