Étiquette : Collection 3


  • Michel Bourçon | [Dès le lever, le corps sent le vide autour]




    [DÈS LE LEVER, LE CORPS SENT LE VIDE AUTOUR]




    Dès le lever, le corps sent le vide autour et ses craquements d’articulations, ses bruits organiques qui retentissent en lui. La journée durant, il se tiendra à la lisière des autres avec, à l’intérieur, cette inclination à l’échappement, pour finir, au soir, dans le vague où les yeux fixent la lassitude qui est une étendue en expansion.



    Ce qui nous incombe se lève avec le jour, éloigne ce qui compte à nos yeux. Sans dépasser l’insupportable, la lumière devient un refuge où nul cri n’est de mise et, puisque il y a les livres, les mains ne sont jamais vides, l’essor viendra de l’intérieur. Pour le moment, le monde a disparu autour, on est bien, là, dans l’entre -deux, à durer dans la lecture.



    Rien ne vient dans le jour figé où nous continuons sans plus savoir ce que nous poursuivons, tant de gestes qui se précipitent et fondent dans le vide, de masques retirés pour d’autres, suspendus dans le temps que jamais nous ne rattraperons. Au soir, nous ne rejoignons qu’une dépouille abrutie de fatigue que rien ne console, pas même le vin. Nous sommes avec les choses, avec tout ce qui demeure dans le mutisme, demeurons sans réponse à cela que nous nommons vivre.



    Michel Bourçon, Demeure de l’oubli, Éditions p.i.sage intérieur, Collection 3,14 gr de Poésie dirigée par Yves-Jacques Bouin, 2016, pp. 61-62-63.






    Michel Bourçon, Demeure de l'oubli





    MICHEL BOURÇON


    Michel Bourçon
    Ph. ©Michel Durigneux
    Source






    ■ Michel Bourçon
    sur Terres de femmes

    [quelque chose cesse] (extrait de Visages vivant au fond de nous)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Michel Bourçon
    → (sur le site des éditions p.i.sage intérieur)
    une fiche bio-bibliographique sur Michel Bourçon





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  • Mathilde Vischer | [Quand l’attente est tombée]




    [QUAND L’ATTENTE EST TOMBÉE]




    Quand l’attente est tombée, les jours passent, on les sent à peine glisser, on ne sait plus si l’oiseau qui crie parfois la nuit, comme un égorgé, a crié la nuit dernière ou il y a une semaine, un mois, on ne sait plus si on a passé ici un été ou toute une vie. On se dit qu’il vaut mieux qu’il en soit ainsi, mieux que l’attente qui rend chaque minute dense, épaisse comme un tronc de micocoulier ; on se dit qu’il vaut mieux cet écoulement que l’arrêt, la suspension du souffle, puisque de toute façon la rencontre viendra, à son heure, en son lieu, et que les blés continueront à mûrir, les arbres à être nommés.




    Mathilde Vischer, Lisières, p.i.sage int.érieur, Collection 3,14g de poésie dirigée par Yves-Jacques Bouin, 2014, page 46. Prix du poème en prose Louis-Guillaume 2015.







    Mathilde Vischer, Lisières






    MATHILDE VISCHER


    Mathilde Vischer 2
    Ph. © Yvonne Böhler
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions p.i.sage int.érieur)
    la notice de l’éditeur sur Lisières de Mathilde Vischer
    → (sur Recours au poème)
    des extraits de Lisières
    → (sur Terre à ciel)
    d’autres extraits de Lisières (+ un entretien avec Cécile Guivarch, et une notice bio-bibliographique)



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