Étiquette : Collection Blanche


  • Lionel Ray | Résurrection



    Lionel Ray Sete 2017
    Lionel Ray au festival Voix Vives
    de Méditerranée en Méditerranée (Sète),
    juillet 2017
    D.R. Ph. Guy Bernot
    Source







    RÉSURRECTION



    Même le blanc sera couleur nocturne
    Nous serons solitaires parmi les ruines
    Dans l’attente vaine d’un futur antérieur

    Les pages elles-mêmes nous serviront de masques
    Têtes sanglantes comme celle du Baptiste et les fenêtres
    N’ouvriront plus que sur des horizons fantasques

    Nous connaîtrons des ruissellements d’aristoloches
    Des vacillements des fanfares
    Des élégances de diamant de stèle de menhir

    Des cristallisations de volubilis des lectures d’eau morte
    Entre estampes et caprices désastres et triomphes
    Et les oiseaux qui s’évaporent sous le soleil

    Des effondrements de ciels profonds et soudain
    Habitables En attendant le colloque des traces
    Des coulures les semis des étincelles

    Enfin les plus hautes tours Il y aura des matinées
    Heureuses au fil des rivières nous saluerons
    La patience des heures les dernières glaces

    La musique sinueuse des labours et la germination

    Enfin d’un éternel sommeil



    Lionel Ray, « La neige du temps » in Souvenirs de la maison du Temps, poèmes, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2017, pp. 73-74.






    Lionel Ray  Souvenirs de la maison du Temps





    LIONEL RAY


    Ray Kobel
    Lionel Ray au festival Voix Vives
    de Méditerranée en Méditerranée (Sète)
    le 27 juillet 2010
    Ph. : Pierre Kobel
    Source





    ■ Lionel Ray
    sur Terres de femmes

    Navigation interstellaire (poème extrait d’Entre nuit et soleil)
    Tu cherches la lettre perdue (poème extrait de Syllabes de sable)
    [Tu serais un arbre calme] (autre poème extrait de Syllabes de sable)
    Viatique



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Souvenirs de la maison du temps
    → (sur Texture)
    une lecture de Souvenirs de la maison du Temps par Michel Baglin
    → (sur le site de L’Humanité)
    Lionel Ray lisant un extrait [« Théâtre »] de Souvenirs de la maison du Temps au festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée (Sète) le 24 juillet 2017
    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Lionel Ray
    → (sur le site de Poésie/première)
    une page sur Lionel Ray
    → (sur La Pierre et le Sel)
    « Lionel Ray, poète lyrique à trois têtes », une contribution de Jean Gédéon



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  • André Velter | Nocturne


    NOCTURNE



    Il est une heure sous les étoiles
    Où s’allient simplement les désirs et les ombres.
    Ce qui est là n’impose rien,
    Toute présence étant douce et complice,
    Légère à la vue comme au toucher,
    Harmonieuse en plan large ou serré.
    Ainsi le réel agrandit ses royaumes
    Sans répudier marges ni rêves,
    On dirait qu’une libation est offerte
    Aux pierres, aux choses autant qu’aux dieux,
    À l’inconnu, à la nuit autant qu’au poète qui s’enivre,
    Au silence alentour et au rythme profond
    Où bat le sang du ciel
    Avec ce qui renaît des amours insensées.




    André Velter, « L’ivresse des immortels » in Les Solitudes, éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, page 28.






    André Velter  Les Solitudes 2





    ANDRÉ VELTER


    Velter
    Ph. © Catherine Hélie/Gallimard




    ■ André Velter
    sur Terres de femmes


    Comment jeter un regard neuf
    Quelque tendresse que
    Sur un thème de Walt Whitman



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’André Velter
    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Les Solitudes d’André Velter
    → (sur Causeur.fr)
    une lecture des Solitudes d’André Velter par Gwen Garnier-Duguy





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  • Guillevic | À Denise Le Dantec



    Blessure
    « Au commencement était la blessure »
    Ph., G.AdC








    À DENISE LE DANTEC




    Au commencement était la blessure
    Et la blessure n’a pas cessé.

    Dans le vent, dans la lumière océanique,
    Dans la nuit-tourbillon, dans la nuit-aux-aguets,
    Dans la rare ascension au presque bien-être,

    L’entourage
    Comme un ajonc universel
    Crie son besoin
    De partager la déchirure —

    Et pourtant la caresse
    D’un pétale de rose

    Inaccessible
    Et toujours présent.


    28/06/19801



    Guillevic, « Pour saluer quatre voix amies de femmes en poésie », in Ouvrir, Poèmes et proses, 1929-1996, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, page 74. Édition établie et préfacée par Lucie Albertini-Guillevic. Postface de Monique Chefdor.



    ________________________________________
    1. Ce texte dédié a été écrit après la lecture des poèmes de Denise Le Dantec qui a publié une trentaine d’ouvrages dont Guillevic et la Bretagne, Éditions Blanc Silex, 2000.






    Guillevic  Ouvrir





    GUILLEVIC


    Guillevic dantec
    Source




    ■ Eugène Guillevic
    sur Terres de femmes


    5 août 1907 | Naissance d’Eugène Guillevic
    A
    Carnac, traduit en corse par Francescu-Micheli Durazzo
    Rites



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Ouvrir d’Eugène Guillevic
    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la préface d’Ouvrir d’Eugène Guillevic par Lucie Albertini-Guillevic (flipbook, PDF)



    ■ Denise Le Dantec
    sur Terres de femmes


    [Beau temps sur la planète] (extrait d’ENHEDUANNA)
    29 avril | Denise Le Dantec, L’Estran
    [« ceci est l’espace de la transparence »](poème extrait d’et je t’embrasse)
    Mémoire des dunes
    Mémoire des dunes (extrait de 7 Soleils & autres poèmes)
    [La Seine est verte] (extrait de La Seconde augmentée)
    La Seconde augmentée (lecture d’AP)
    [J’ai pris la perspective du rossignol](extrait de La Strophe d’après)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Où quand
    → (dans la Galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Denise Le Dantec (+ un extrait de l’Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes)





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  • Jean Ristat | [C’était dans les îles là-bas]



    Burattoni
    Dessin original de Gianni Burattoni
    in Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés,
    éd. Gallimard, 2017, page 10.








    [C’ÉTAIT DANS LES ÎLES LÀ-BAS]




    C’était dans les îles là-bas où l’on regarde
    Le ciel obscur dans un miroir comme une lettre
    Cryptée pour en déchiffrer l’énigme appelle
    T-on cela une vie et sur le sable la
    Mer efface le dessin d’un rêve aussi
    Tôt que tracé c’était dans l’envers du monde et
    La lune sous le bras tu marchais au milieu
    Des dieux en exil à pâques il n’y aura pas
    De résurrection





    Comme tu aimais les vagues lorsqu’elles font
    Le bruit d’un livre qu’on feuillette et nous racontent
    L’histoire du ciel amoureux de la terre





    Comment en pleine course encore cet effréné
    Désir de vivre désormais rendu à la
    Nuit immobile et lourde ah je n’accuserai
    Ni les dieux ni les hommes je n’ai rien à dire
    Que les larmes et sur la tête du dormeur l’ogre
    A posé sa patte griffue comme un rêve d’éternité
    Nul n’échappe à la froide nécessité





    Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
    Ombres ombres aimées que me voulez-vous
    Je marche parmi les ruines et je cherche encore
    Au ciel la lumière dans la nuit une poche
    Vide
    Pourtant





    Mélisande a perdu sa bague dans l’eau d’une
    Fontaine avant de mourir comme aragon
    J’ai les yeux brulés





    Ah maintenant que les acteurs sont partis les
    Musiciens à leur tour rentrent dans la coulisse
    Le rideau de scène tiré les spectateurs
    Se lèvent dans le plus grand désordre la salle
    Tinte comme un sac d’osselets tu salues le
    Peuple des ombres
    Ami





    Tout
    En moi
    Étrangement
    S’éteint et
    Attend





    Tamara Ô tamara
    Les anges ont replié leurs ailes sur le tom
    Beau de l’amour




    Jean Ristat, « I. Éloge funèbre de Monsieur Martinoty » in Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés, accompagné de dessins originaux de Gianni Burattoni, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, pp. 11-12-13-15.






    Jean Ristat  O vous qui dormez





    JEAN RISTAT


    Jean Ristat
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
    → (sur le site d’En attendant Nadeau, n° 45)
    une note de lecture de Gérard Cartier sur Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés





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  • Emmanuel Moses | [Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité]


    [AUJOURD’HUI J’AI OUVERT LE JOURNAL DE L’ÉTERNITÉ]



    Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité
    J’y ai lu qu’un rayon de soleil a effleuré la surface d’un lac
    Qu’un vol d’oies sauvages a traversé le ciel au crépuscule
    Que le vent a ébouriffé les cheveux d’une femme
    Qu’un enfant a couru derrière un ballon
    Que des amants se sont réveillés en tremblant de désir
    Que des amants se sont séparés en chancelant de chagrin
    J’ai lu que les marronniers ont verdi
    Que des ombres ont glissé dans des allées de sable
    J’ai lu que les vagues sont venues battre une falaise en
    entonnant un chant sauvage.



    Emmanuel Moses, Dieu est à l’arrêt du tram, poèmes, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, page 37. Prix Méditerranée Poésie 2018.






    Emmanuel Moses  Dieu est à l'arrêt du tram





    EMMANUEL  MOSES


    Emmanuel_moses_didier_pruvot_flammarion
    Ph. © Didier Pruvot/Flammarion
    Source





    ■ Emmanuel Moses
    sur Terres de femmes


    [Je ferme les yeux](autre extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    Dona (lecture d’AP)
    [La pluie donne un soir inachevé](poème extrait de Dona)
    [Je suis allée au puits](extrait de Comment trouver comment chercher)
    [Derniers feux](extrait d’Ivresse)
    La fleur « Shortia » (extrait de Polonaise)
    Ivresse (lecture de Gérard Cartier)
    [La mer, à peau de cétacé](extrait du Paradis aux acacias)
    Quatuor (lecture d’AP)
    [Mais voilà il y a un au-delà des apparences](extrait de Quatuor)
    Tout le monde est tout le temps en voyage (lecture d’AP)
    Tardives (poème extrait de Tout le monde est tout le temps en voyage)
    [Mettre un éléphant dans un poème](extrait d’Un dernier verre à l’auberge)
    [Le cahier vide et le cahier qui se remplit](extrait du Voyageur amoureux)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur La Cause Littéraire)
    lecture de Dieu est à l’arrêt du tram, d’Emmanuel Moses, par Sanda Voïca
    → (sur le site des éditions Galaade)
    une notice bio-bibliographique consacrée à Emmanuel Moses





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Emmanuel Moses | [Je ferme les yeux]


    [JE FERME LES YEUX]



    Je ferme les yeux et je vois une ombre, sans visage, sans bouche
    Une ombre, rien de plus
    Oui, ce matin-là il s’est passé quelque chose sur le quai devant l’hôtel
    Sous les palais décrépis et jaunes hantés par des centaines de générations de fantômes
    Je crois me souvenir d’un couple de tourterelles sur le rebord d’une fenêtre
    De chiens errants, efflanqués et aux prunelles ardentes
    D’un vieillard apparu soudain en haut des marches qui de la ruelle descendaient jusqu’au fleuve
    Ce vieillard aurait-il baragouiné quelque phrase sur l’arbre en le pointant du doigt ?
    Je pense que là où la mémoire faillit, s’arrête abruptement, la fiction prend la relève
    Sans même qu’on y fasse attention d’ailleurs
    Mais dans mon cas, où s’arrête la mémoire et où commence la fiction ?
    Et si elles étaient aussi étroitement mêlées dans mon récit que les tresses des jeunes filles de là-bas [?]



    Emmanuel Moses, Dieu est à l’arrêt du tram, Gallimard, Collection blanche, 2017, page 20.






    Emmanuel Moses  Dieu est à l'arrêt du tram





    EMMANUEL  MOSES


    Emmanuel_moses_didier_pruvot_flammarion
    Ph. © Didier Pruvot/Flammarion
    Source





    ■ Emmanuel Moses
    sur Terres de femmes


    Dona (lecture d’AP)
    [Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité](autre extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    [La pluie donne un soir inachevé](poème extrait de Dona)
    La fleur « Shortia » (extrait de Polonaise)
    [Derniers feux](extrait d’Ivresse)
    Ivresse (lecture de Gérard Cartier)
    [Je suis allée au puits](extrait de Comment trouver comment chercher)
    [La mer, à peau de cétacé](extrait du Paradis aux acacias)
    Quatuor (lecture d’AP)
    [Mais voilà il y a un au-delà des apparences](extrait de Quatuor)
    Tout le monde est tout le temps en voyage (lecture d’AP)
    Tardives (poème extrait de Tout le monde est tout le temps en voyage)
    [Mettre un éléphant dans un poème](extrait d’Un dernier verre à l’auberge)
    [Le cahier vide et le cahier qui se remplit](extrait du Voyageur amoureux)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Galaade)
    une notice bio-bibliographique consacrée à Emmanuel Moses
    → (sur le site des éditions Galimard)
    la fiche de l’éditeur sur Dieu est à l’arrêt du tram d’Emmanuel Moses





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  • Brina Svit, Nouvelles définitions de l’amour

    par Angèle Paoli

    Brina Svit, Nouvelles définitions de l’amour, nouvelles,
    éditions Gallimard, Collection blanche, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli


    ESPRIT DE GÉOMÉTRIE/ESPRIT DE FINESSE : UNE PARFAITE ALCHIMIE




    Quelles nouvelles de l’amour ? Quelles nouvelles équations/adéquations ? Inadéquations ? Quelles surprises les Nouvelles définitions de l’amour nous réservent-elles ? Accompagné en sous-titre du mot « nouvelles », le titre choisi par la romancière Brina Svit pour son dernier ouvrage annonce une manière subtile de jouer sur et avec les mots. En même temps que le plaisir implicite d’une fine psychologue agile à débusquer les petites stratégies d’aujourd’hui et à en traverser tous les mirages. Nouvelles/nouvelles. Me reviennent en mémoire les Cent nouvelles nouvelles médiévales, destinées au duc de Bourgogne entre 1456 et 1462, mais dont l’auteur n’est pas à ce jour définitivement identifié. Nouveauté des nouvelles, nouveauté des définitions ? Nouveauté. Quelles nouvelles de l’amour la romancière va-t-elle apporter à ses lecteurs ?

    Hors le titre, lointainement analogique, rien ne rapproche bien sûr le recueil de Brina Svit de l’ancêtre médiéval, rien sinon le souci de vraisemblance qui anime de part et d’autre du temps les deux « novellistes » ; rien sinon l’unité de style et de ton qui se dégage de l’ensemble des deux œuvres. Cependant, alors que les « nouvelles » médiévales en tant que genre littéraire s’apparentent aux fabliaux et offrent de ce fait une place importante aux facéties propres à l’esprit du XVe siècle, la pétillante Brina Svit ancre ses récits et leur déroulement dans la société contemporaine qui est la sienne, dans la multiplicité de ses composantes, travers et revers, drames et plaisirs. Pour en tirer un jeu de variations inépuisable sur les situations amoureuses et sur la vie. Entre hier et le ici et maintenant de l’ultra-contemporain, les routes de l’écriture se séparent.

    Depuis Con Brio (1999) jusqu’à Visage slovène (2013) en passant par Moreno (2003) ou par Coco Dias ou La Porte Dorée (2007)…, le lecteur s’est familiarisé avec l’univers romanesque de Brina Svit. Cette fois-ci, délaissant le roman, Brina Svit a opté pour la « nouvelle ». Un art peu prisé des lecteurs, si l’on en croit le personnage de Sandro qui le dit en clair dans le récit « Grain de folie » :

    « […] des nouvelles. C’est très bien, lui dit Sandro quand elle les lui fait lire, mais ça ne marche pas en France, les nouvelles. Ça marche pour moi, dit-elle avec entrain, mais bien moins sûre d’elle qu’elle ne le laisse entendre ».

    Si ça marche pour Nathalie, dans son dialogue avec Sandro, ça marche aussi pour Brina Svit, qui maîtrise à merveille cet art difficile et le déploie avec brio tout au long de ses récits. Soit un ensemble de dix nouvelles. Voilà pour le genre, qui permet à la plume experte de l’auteure d’explorer avec finesse les nouvelles facéties du « jeu de l’amour et du hasard ».

    Quant au titre, il met l’accent, grâce au pluriel, sur la variété des définitions. Lesquelles débordent largement celle de Susan Sontag proposée en exergue  : « Rien n’est mystérieux, aucune relation humaine. Sauf l’amour ». Mais est-ce bien là une définition de l’amour ? N’est-ce pas plutôt une des composantes de l’amour ? Le mystère étant ce qui caractérise toute relation amoureuse. Ainsi l’amour se dérobe-t-il, qui ne se laisse pas enfermer dans une définition unique. Sauf peut-être pour l’« ébouriffante » Lil Skarabot qui confie à son ami Trubar : « Je ne connais qu’une façon d’aimer, inconditionnelle, fidèle et absolue » (in « Histoire écrite »). Une façon qui, semble-t-il, conduit droit à la mort. En revanche, pour Esmé White, « la petite hirondelle de fenêtre », « interprète et traductrice de conférences » de son état, insatisfaite de sa relation avec Arno, elle opte momentanément pour un long jeu d’un soir, « un jeu d’adultes », « un jeu frissonnant, tremblant, haletant », exclusivement mené par le sexe.

    « C’est peut-être une autre formule à expérimenter, pensait-elle, roulée sur le flanc à côté de lui, écoutant son souffle et observant le désordre qu’ils ont mis dans la chambre : coucher avec des ornithologues de Montpellier au lieu de se tourmenter et de se faire souffrir comme ils le faisaient avec Arno… » (in « Le grand labbe et la petite hirondelle de fenêtre »).

    De son côté, lassée des « histoires avortées avec les hommes qui ne sont pas faits » pour elle, Nath préfère se « remettre » à ses « nouvelles ». C’est la conclusion provisoire à laquelle aboutit Nath dans « Grain de folie ». Si l’on en croit le couple Thomas-Larsen de « Précipice », qui persiste à ronronner sur sa « mythologie officielle », l’amour comme « dialogue ininterrompu, conversation éternellement renouvelée », ne concerne en fin de compte que les « titres de la presse et la postérité ». Pour ce qui est de la lectrice que je suis, après lecture enjouée de ces étonnantes variations, je serais bien en peine de cerner ce qu’il en est réellement de l’amour et de l’encager dans quelques mots. « Balivernes, tout ça » ?, comme conclut Nath dans « Grain de folie ».

    En revanche, ce qui apparaît dans toute la lumière de son chatoiement, ce sont les « nouvelles » configurations amoureuses. Conformes aux situations et aux vies d’aujourd’hui, elles sont multiples elles aussi, et tous les agencements sont possibles. Brina Svit jongle avec les rencontres, les séparations, les enfants, les ambiguïtés, les situations cocasses et inattendues, les retournements de situation, les sorties de trajectoire… La surprise est un de ces ingrédients savoureux dont Brina Svit a le secret.

    Par delà l’échiquier qu’elle met en place avec les acteurs du moment — « À vous de jouer maintenant », écrit Lil Skarabot à Trubar —, ce qui caractérise les récits de la novelliste, ce sont les écarts, ces fameux décalages — de tons, de signatures, de situations… —, ces légers pas de côté qui poussent le lecteur ailleurs, hors des suppositions qu’il avait anticipées, et le placent devant la perplexité, l’interrogation, le doute, le suspens. De sorte que chaque nouvelle renouvelle les donnes — redistribution des cartes — et le jeu reprend. Avec d’autres figures, d’autres personnages (qui nous ressemblent étrangement), d’autres noms. Parfois sous des cieux lointains, éloignés de Paris. Comme Buenos Aires ou Ljubljana, qu’affectionne tout particulièrement la romancière. Mais ce sont partout, toujours, les mêmes attentes, les mêmes réflexions, les mêmes atermoiements, les mêmes tergiversations. Les mêmes dialogues savoureux étroitement mêlés aux monologues intérieurs qui épousent les fluctuations de la pensée. « Est-elle déçue » ? s’interroge Lise en cherchant à cerner « son reflet dans la vitre ».

    « Triste ? Fatiguée par toutes ces émotions ? Oui, elle est tout ça, déçue, triste, fatiguée, mais aussi étrangement calme et silencieuse. » (in « Quelle que soit la couleur de son eau »).

    Le décalage, Brina Svit le pratique en permanence, cela fait partie intégrante de son art. C’est sans doute là aussi que se tient le secret de sa légèreté. Une légèreté qui va de pair avec son humour, sa bonne humeur et sa joie de vivre.

    Lire et relire Nouvelles définitions de l’amour procure un plaisir sans cesse renouvelé. Chaque nouvelle ouvre sur un univers qui lui est propre ; avec ses spécificités. Chacune désoriente par l’enchantement inattendu qu’elle réserve au lecteur. Ainsi, dans la « Deuxième révolution de Saturne », Brina Svit explore-t-elle à nouveau, à partir du personnage d’Agnès, le monde du tango qu’elle relie à celui de l’astrologie. À travers une belle métaphore astucieusement filée, la romancière donne sans doute d’elle-même une définition possible de la complexité de sa personnalité imprévisible, en même temps qu’une définition possible de son travail :

    «  Y a-t-il vraiment des hasards dans le cosmos, cette géométrie secrète et ordonnée des astres et des étoiles, le mot “cosmos” signifiant justement un monde ordonné ? »

    Chez Brina Svit, la narration ne tient-elle pas du « cosmos » ? Et les rouages de son récit n’en constituent-ils pas « cette géométrie secrète et ordonnée » qu’elle décrypte dans la carte du ciel ?

    Ailleurs, derrière le titre longtemps mystérieux « Le grand labbe et la petite hirondelle de fenêtre », c’est le monde des oiseaux qui se présente, porteur d’interrogations multiples. Une occasion pour la romancière de dialoguer sur le thème très sensible de la « migration » :

    « Que le soir, au dîner, elle était assise entre un traducteur bulgare et un ornithologue de Montpellier, un certain Jean-François qui voulait savoir si elle faisait exprès de traduire par moments “migrants” à la place de “migrateurs” et à qui elle avait répondu par l’affirmative. Que sa réponse lui a plu et l’a intrigué, pas que sa réponse d’ailleurs, a-t-il ajouté, charmant et charmeur, l’invitant à boire un dernier verre dans sa chambre. »

    Chaque nouvelle comporte sa propre ligne mélodique. Une musique intime dessine les arabesques et contrepoints qui sillonnent l’aventure amoureuse. La Grande Arche de la Défense offre à Nathalie des rêveries artistiques quotidiennes qui varient selon l’humeur du moment :

    « La Grande Arche est un mirage qui se dessine au loin, un tableau de ciel gris sur un ciel tout aussi gris et incertain. »

    ou encore :

    « …l’Arche n’est pas juste une forme aux proportions parfaites en train d’apparaître devant ses yeux. C’est un rêve. Un rêve tout blanc avec un nuage accroché au milieu. » (in « Grain de folie »).

    Dans la nouvelle « Le jardin de ma femme », la photo de la forêt alimente les perplexités de Claude Krieff face à la découverte de l’existence d’un jardin secret dans la vie de sa femme Suzanne. Morte depuis un an :

    « Puis, tiens, il ne l’a jamais vue, celle-là : une forêt, des troncs d’arbres plutôt à perte de vue, avec de la mousse au sol, des aiguilles de pins, le tout baigné d’une belle lumière latérale, laiteuse. »

    ou encore, quelques pages plus loin :

    « Et cette photo de la forêt, une étrange photo de troncs et de mousse à côté ? Qu’est-ce qu’elle a à voir dans tout ça ? »

    Les lectures de Suzanne (lectrice de Virginia Woolf et de Roland Barthes) et les rencontres au jardin de Bagnolet, apporteront-elles des réponses à ce distrait de mari ? Perdu et perplexe est-il, le pauvre veuf devant ce jardin où rivalisent de beauté des choux multicolores. Un jardin qui comblait partiellement le désir de Suzanne d’avoir « une chambre à soi » :

    « Elle voulait avoir un endroit à elle, mener sa vie comme elle l’entendait, continuer à écrire ses petits textes sur le jardin justement, une sorte de journal de bord, journal du jardin plutôt, vous voyez ce que je veux dire… ? » confie Théo à un Claude déconcerté.

    Première des dix nouvelles de l’ouvrage, « Le jardin de ma femme » est un petit chef-d’œuvre. La nouvelle donne d’emblée une idée du niveau d’exigence que Brina Svit veut conférer à l’ensemble des autres récits. Aucun d’entre eux ne déçoit l’attente du lecteur.

    Pour chacune des nouvelles, il y a ces « petits détails » qui sont la signature de leur auteure. Détails qui échappent au premier abord et qui prennent toute leur importance sous le regard attentif de la romancière :

    « Pourtant il la regarde attentivement, au cas où quelque chose pourrait lui échapper, un détail, n’importe, un champignon, cette amanite rouge, par exemple, qu’il n’a pas vue la première fois, ou ce lichen gris-vert sur une face des troncs, à la même place d’un arbre à l’autre, comme si une main invisible voulait multiplier l’effet. » (in « Le jardin de ma femme)

    Mais il y a aussi le fameux vélo qui traverse Paris. Celui qu’Alice « a attaché au poteau sur le trottoir » ou, plus loin, « au grillage du parc » (in « Dans le tunnel ») ; celui que Sol a attaché « à une poubelle devant la porte » d’un « magasin de meubles contemporains » (in « Table de Noël ) ; et les cheveux qui attirent le regard : les « longs cheveux souples et soyeux » de la caissière du G20, « attachés en queue de cheval » (in « L’été avec Sonia »). Cette même « queue-de-cheval qui bouge avec elle quand elle tourne la tête ». Observatrice de ces petits riens qui en disent long sur ses personnages, Brina Svit l’est aussi de leurs tics de langage. Ainsi, dans « L’été avec Sonia », assiste-t-on à une prolifération de « ça » qui ponctuent dialogues et monologues intérieurs. Les modalités du discours rendent compte des stéréotypes qui ficellent le couple de Maud et de Paul, tous deux prisonniers du milieu dans lequel ils évoluent et des codes de pensée qui le structurent :

    « Et elle est pressée, c’est ça, pressée. Elle veut commencer une nouvelle vie, ajoutait-elle, déjà à la porte, habillée toute en blanc, pantalon, chemise, lunettes de soleil dans les cheveux et un sac de voyage à la main, voix froide et expéditive comme quand elle veut régler une affaire au plus vite. »

    Et lui, quelques lignes plus bas :

    « Il s’entretenait, c’est ça, il voulait garder un ventre plat et une forme impeccable… »

    Et, plus loin :

    « Lui, un homme plutôt compliqué, disons-le comme ça, pas trop sûr de lui malgré tous les films qu’il a produits […] il l’a juste regardée faire — et répondre à ses questions, simplement, c’est ça, c’est le mot… »

    Les exemples sont multiples — allusions constantes à l’écriture et discrètes à la littérature (Italo Calvino, Susan Sontag, Virginia Woolf, Alice Munro…), clichés de la conversation courante et conventions en matière de goût, tous marqueurs de l’appartenance à une classe sociale — qui font la richesse du travail de patiente broderie à laquelle se plie Brina Svit. Mais toujours, dans chacune des nouvelles, qui les relie modestement mais joyeusement l’une à l’autre, la garde-robe des héroïnes du moment, dessous inclus. Avec une prédilection pour la petite jupe (rouge à pois) qui se porte avec un pull en V et des ballerines plates. Celle qui « danse autour d’elle quand elle se déplace » et « se déploie autour de ses cuisses ». Ou bien la petite robe « bleu ciel à pois, serrée à la taille et manches trois-quarts ». Ou encore cette « robe bleue sans manches en velours de soie, ni trop habillée ni trop simple mais faisant toujours effet… » Autant de variations sur le langage des signes qui émaillent habilement les récits au même titre que tous les menus décalages qui sont la marque de fabrique de Brina Svit. Ce n’est sans doute pas un hasard si Brina Svit remet en avant cette réflexion de Roland Barthes :

    « car il faudrait ne plus placer le sens du livre dans sa structure, mais au contraire reconnaître que l’œuvre émeut, vit, germe à travers une espèce de « délabrement » qui ne laisse debout que certains moments, lesquels sont à proprement parler les sommets. » (in « Le jardin de ma femme ») [Conférence de Barthes au Collège de France : « Longtemps je me suis levé de bonne heure », 19 octobre 1978]

    Des sommets que permet d’atteindre l’art de Brina Svit, qui connaît à la perfection les subtilités de « l’esprit de géométrie » et de « l’esprit de finesse ». Une alchimie parfaite, un grand bonheur pour le lecteur que ces Nouvelles définitions de l’amour.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Brina Svit, Nouvelles définitions de l'amour




    BRINA SVIT


    Brina Svit denim
    Brina Svit,
    photographie de Philippe Matsas





    ■ Brina Svit
    sur Terres de femmes


    Cela s’appelle l’aurore (Coco Dias ou la Porte Dorée) [lecture d’AP]
    Coco ou le désarroi de Brina
    Conversation privée avec Brina Svit
    Le Dieu des obstacles (lecture d’AP)
    Les incertitudes du désir (Une nuit à Reykjavík) [lecture d’AP]
    Turris eburnea (Moreno + bio-bibliographie)[lecture d’AP]
    Petit éloge de la rupture (lecture d’AP)
    Un cœur de trop [lecture d’AP]
    Visage slovène (lecture d’AP)
    Rue des Illusions perdues (Con brio) [lecture d’AP]
    → (en commentaires sur Terres de femmes)
    Mort d’une Prima Donna slovène
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Portrait de Brina Svit (+ extraits de Moreno, Un cœur de trop, Coco Dias ou la Porte Dorée)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur lelitteraire.com)
    une recension de Nouvelles définitions de l’amour par Jean-Paul Gavard-Perret






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  • Lionel Ray | Navigation interstellaire




    NAVIGATION INTERSTELLAIRE




    une bougie allumée au fond de la mémoire     comme un œil ouvert    la maison des solitudes    la servitude des saisons        il sombra dans un futur fabuleux       aspiré par la nuit aventureuse la constellation d’Hercule     ou d’autres alvéoles            cherchant une planète habitable un chiffre simple centaines de mille millions de milliards le noyau de l’extrême l’inaltérable la rédemption l’apogée de l’être mercuriel ou neptunien     ô tant de naissances inapaisées ces générations frénétiques
                     et le mystère entier d’une présence invisible entre la chevelure de Bérénice                 et Véga de la Lyre il voyagea          il avait rencontré toute la boue du temps il revint par matin tiède     c’était en avril     jusqu’au pied du lit étroit de l’après-sommeil



    Lionel Ray, « Variabilité » in Entre nuit et soleil, poèmes, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2010, page 60.






    Lionel Ray, Entre nuit et soleil





    LIONEL RAY


    Ray Kobel
    Lionel Ray au festival Voix Vives
    de Méditerranée en Méditerranée (Sète)
    le 27 juillet 2010
    Ph. : Pierre Kobel
    Source





    ■ Lionel Ray
    sur Terres de femmes

    Résurrection (poème extrait de Souvenirs de la maison du Temps)
    Tu cherches la lettre perdue (poème extrait de Syllabes de sable)
    [Tu serais un arbre calme] (autre poème extrait de Syllabes de sable)
    Viatique



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Lionel Ray
    → (sur le site de Poésie/première)
    une page sur Lionel Ray
    → (sur La Pierre et le Sel)
    « Lionel Ray, poète lyrique à trois têtes », une contribution de Jean Gédéon





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  • OCTOBRE | René Frégni [je cherche la lumière depuis que je suis né]

    Éphéméride culturelle à rebours




    [JE CHERCHE LA LUMIÈRE DEPUIS QUE JE SUIS NÉ]



    Je cherche la lumière depuis que je suis né. L’automne est le pays des couleurs, je marche vers cette lumière. J’écris en marchant, j’écris tous mes éblouissements, je bourdonne dans les chemins, mais écrire c’est avoir le courage de tirer une chaise devant une table, s’asseoir et saisir un stylo. Un stylo qui fait si peur et tant de bien dans les profondeurs de tout le corps, dès qu’il laisse des empreintes noires ou bleues dans les champs de neige du cahier. Quand j’écris le mot neige, moi qui ai une vue si faible, je vois devant moi d’immenses étendues blanches et les forêts bleues des mots.

    J’aime les grands espaces de lumière que fait jaillir l’automne. Si quelqu’un partait à pied des granits de la Bretagne et cheminait vers la Haute-Provence, il marcherait en dormant. La France est un doux vallonnement de vaches et de clochers. Brutalement ce marcheur se cognerait aux dentelles de Montmirail, au mont Ventoux ou à la montagne de Lure. Tout le monde se réveille à Malaucène ou à Nyons.

    À partir de là c’est un chaos sauvage où ne grimpent que des chèvres d’os, de barbe et de tendons. Un désordre de barres rocheuses, d’éboulis à sangliers, de broussailles, de hameaux sans mémoire, de gorges, d’à-pics, de chemins dévorés par les ronces, de ruines, de ravins, de forêts, de petits cimetières effacés par la mousse, de coups de haches telluriques et de lumineux déserts de lavande et d’amandiers, jusqu’aux gouffres du Verdon, sous l’ombre noire des vautours.

    Je marche dans ce pays depuis mon enfance, j’en connais le moindre vallon, chaque pente boisée de Buis-les Baronnies aux gorges pourpres du Cians et de Daluis. J’ai franchi en toute saison ces clues glaciales et ces plateaux où ne courent que l’ombre des nuages et le vent.

    Il m’arrive souvent de partir le matin vers des collines que je vois de ma terrasse et qui m’apportent en été l’haleine brûlante de la résine.

    Pour sortir de cette ville ronde, je passe sous une tour dont l’œil blanc d’une horloge surveille une rue rétrécie de cagettes de légumes, de guéridons de bistrots et de cartes postales.

    Je suis tout de suite dans des petits vergers qui grimpent en terrasses vers des pins noirs d’Autriche. Octobre donne ses premiers coups de pinceau rouge sur les plus hautes branches des cerisiers. Je frôle une ferme tapie dans l’ombre d’or des trois tilleuls ; et je suis seul sur la pierraille des collines, dans l’odeur des cades, du thym et du genévrier.



    René Frégni, « Octobre » (extrait), in Je me souviens de tous vos rêves, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2016, pp. 62-63-64.






    René Frégni, Je me souviens de tous vos rêves,







    RENÉ  FRÉGNI


    Rene-Fregni
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site René Frégni, la passion de l’écriture au fil des mots)
    une notice biographique sur René Frégni
    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Je me souviens de tous vos rêves
    → (sur lelitteraire.com)
    une recension de Je me souviens de tous vos rêves par Jean-Paul Gavard-Perret





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  • Jean-Pierre Lemaire | [Ne te hâte pas de regagner la surface]



    [NE TE HÂTE PAS DE REGAGNER LA SURFACE]




    Ne te hâte pas de regagner la surface
    où tout s’oublie si vite. Ici, avec moi
    et les pauvres qui voient le monde par-dessous
    tu n’es pas loin de son entrée. Sois fidèle au jugement
    pour être fidèle à la grâce. Et si tu suffoques
    dans les angles des villes cristallisées
    les fumées d’or qui font vaciller le soleil
    baisse-toi : l’air frais se trouve près du sol
    Tu as été fouillé à la frontière
    et tu attends le reste de tes bagages
    mais moi qui n’ai rien, je t’offre d’échanger
    tes ailes de cire avec mes mains percées
    tes raisons avec mon silence
    une fausse innocence avec le vrai pardon



    Jean-Pierre Lemaire, « Au pied de l’arc-en-ciel », Visitation, Éditions Gallimard, Collection blanche, 1985 (prix Max-Jacob 1986 | médaille de bronze de l’Académie Française) [ouvrage épuisé] in Jean-Pierre Lemaire, Le Pays derrière les larmes, poèmes choisis, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2016, page 154. Préface de Jean-Marc Sourdillon.






    Jean-Pierre Lemaire, Le Pays derrière les larmesNOTE d’AP : sur les vingt-deux suites de poèmes qui composent le volume anthologique Le Pays derrière les larmes, sept sont extraites du recueil Visitation (Gallimard, Collection blanche, 1985, prix Max-Jacob 1986, recueil épuisé) : « La rivière et la route », « Accompagnement », « Le sursis », « À découvert », « Au pied de l’arc-en ciel », « Album », « L’habit de noces », le recueil Visitation comportant lui-même douze suites de poèmes.






    JEAN-PIERRE LEMAIRE


    Jeanpierre-lemaire
    Source



    ■ Jean-Pierre Lemaire
    sur Terres de femmes

    Giotto (poème extrait de L’Intérieur du monde + une notice bio-bibliographique)
    [La terre est invisible] (autre poème extrait de L’Intérieur du monde)
    [Pendant la tempête](poème extrait des Marges du jour)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    plusieurs poèmes de Jean-Pierre Lemaire
    → (sur Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes inédits de Jean-Pierre Lemaire





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