Étiquette : collection D’une voix l’autre


  • Boris Ryji | [L’enfant juif]


    Mальчик-еврей принимает из книжек на веру
    гостеприимство и русской души широту,
    видит березы с осинами, ходит по скверу
    и христианства на сердце лелеет мечту.
    Следуя заданной логике, к буйству и пьянству
    твердой рукою себя приучает, и тут —
    видит березу с осиной в осеннем убранстве,
    делает песню, и русские люди поют.
    Что же касается мальчика, он исчезает.
    А относительно пения — песня легко
    то форму города некоего принимает,
    то повисает над городом, как облакό.







    À Lena Tinovskaïa



    L’enfant juif lit des livres et croit vraiment
    que l’âme russe est vaste et hospitalière,
    dans les bosquets il voit des bouleaux, des trembles
    et chérit le rêve de devenir chrétien.
    Selon la même logique, il s’entraîne avec zèle
    au débridement et à l’ivrognerie,
    et quand il voit les bouleaux, les trembles
    parés des couleurs de l’automne,
    il en fait une chanson que tous les Russes entonnent.
    On ne saurait dire ensuite où le gamin est passé.
    Il reste le chant qui tantôt prend sans peine
    La forme d’une ville, tantôt la survole comme les nuées.




    Boris Ryji, La neige couvrira tout, édition bilingue, Cheyne éditeur, collection D’une voix l’autre, 2020, pp. 74-75. Traduit du russe et préfacé par Jean-Baptiste Para.





    Boris Ryji  La neige couvrira tout




    BORIS RYJI | Борис Борисович Рыжий (1974-2001)


    Boris Ryji portrait 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de Cheyne éditeur)
    la fiche de l’éditeur sur La neige couvrira tout





    Retour au répertoire du numéro d’ octobre 2020
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Valerio Magrelli | Rima palpebralis




    Ni mirages ni tentationsne traverseront le miroir opaque.
    Ph., G.AdC








    RIMA PALPEBRALIS [extrait]




    Domani mattina mi farò una doccia
    nient’altro è certo che questo.
    Un futuro d’acqua e di talco
    in cui non succederà nulla e nessuno
    busserà a questa porta. Il fiume
    obliquo correrà tra i vapori ed io
    come un eremita siederò
    sotto la pioggia tiepida,
    ma né miraggi né tentazioni
    traverseranno lo specchio opaco.
    Immobile e silenzioso, percorso
    da infiniti ruscelli,
    starò nella corrente
    come un tronco o un cavallo mort,
    e finirò incagliato nei pensieri
    lungo il delta solitario dello spirito
    intricato come il sesso d’una donna.







    Demain matin je prendrai une douche,
    rien d’autre n’est sûr.
    Un avenir d’eau et de talc
    où rien n’arrivera, où personne
    ne frappera à cette porte. Le fleuve
    oblique coulera entre la vapeur et moi,
    et comme un ermite je resterai assis
    sous la pluie tiède,
    mais ni mirages ni tentations
    ne traverseront le miroir opaque.
    Immobile et silencieux, parcouru
    de ruisseaux infinis,
    je resterai immobile dans le courant
    comme un tronc ou un cheval mort,
    et finirai échoué dans les pensées
    au bord du delta solitaire de l’esprit
    enchevêtré comme un sexe de femme.




    Valerio Magrelli, Rima palpebralis, in Ora serrata retinae, Cheyne éditeur, Collection D’une voix l’autre, domaine étranger, 2010, pp. 24-25. Édition bilingue. Traduit de l’italien et préfacé par Jean-Yves Masson.




    VALERIO MAGRELLI


    Valerio Magrelli





    ■ Valerio Magrelli
    sur Terres de femmes

    Aequator lentis
    [ne rien avoir à écrire] (extrait de Nature e venature)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de Cheyne éditeur)
    la page consacrée à Valerio Magrelli
    → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix)
    une page consacrée à Valerio Magrelli
    → (sur Poetry International Rotterdam)
    une page bio-bibliographique et de nombreux poèmes
    → (sur Italian Poetry)
    trente poésies de Valerio Magrelli
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes de Valerio Magrelli dits par l’auteur, dont certains issus du recueil Ora serrata retinae
    → (sur Circolo Culturale Albatross)
    un dossier sur Valerio Magrelli
    → (sur Mosaici, St. Andrews Journal of Italian Poetry)
    un entretien de Valerio Magrelli avec Federico Bindi
    → (sur YouTube)
    une vidéo sur une rencontre entre Margherita Guidacci et Valerio Magrelli (10 mars 1989)



    Retour au répertoire du numéro de février 2014
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)


    » Retour Incipit de Terres de femmes