Étiquette : Collection L’autre langue


  • Aurélia Lassaque | Ulysse




    ULISSES



    Te vòli retrobar dròlla
    retrobar aqueles jorns de ventadas
    qu’escalpravan ta cabeladura
    de sabla e de sal

    alara ganhavas ma cauna
    dapasset
    que remirèsse ta còfa
    e ta mina esquèrra

    parlavas pas mai
    fasiás de gèstes largs
    lo solelh dins ton esquina
    fasiás mòure las ombras

    e t’apelavi Reina

    vòli engulhar mas mans de dròlle
    darrièr ta nuca
    portar ta cara coma un calici
    e dançar coma un cèc

    vòli fregar ton pè
    dins la posca freda
    e que ton rire me devòre
    vòli dormir quand velhas
    e que las cabras davalen lo sèrre
    per anonciar la sera

    te vòli veire partir e demorar sol
    per reculhir
    al bruch de las campanas animalas
    las pèrlas de sabla e de sal
    casudas de tos pelses






    ULYSSE



    Je veux te retrouver enfant
    retrouver ces jours de grand vent
    qui sculptaient ta chevelure
    de sable et de sel

    alors tu rejoignais mon antre
    à pas lents
    pour que j’admire ta coiffe
    et ton allure étrange

    tu ne parlais plus
    tu faisais de grands gestes
    le soleil dans ton dos
    tu déplaçais les ombres

    et je t’appelais Reine

    je veux glisser mes mains d’enfant
    derrière ta nuque
    porter ton visage comme un calice
    et danser en aveugle

    je veux frôler ton pied
    dans la poussière froide
    et que ton rire me dévore
    je veux dormir quand tu veilles
    et que les chèvres dévalent la colline
    pour annoncer le soir

    je veux te voir partir et rester seul
    pour recueillir
    au son des cloches animales
    les perles de sable et de sel
    tombées de tes cheveux




    Aurélia Lassaque, « Chant I » in En quête d’un visage, édition bilingue français-occitan, éditions Bruno Doucey, Collection « L’autre langue », 2017, pp. 18-19-20-21.






    Aurélia Lassaque  En quête d'un visage





    AURÉLIA LASSAQUE


    Aurélia Lassaque 2
    Ph. © Éric TEISSÈDRE
    Source




    ■ Aurélia Lassaque
    sur Terres de femmes

    Ombres de Lune
    Lo sòmi d’Orfèu | Lo sòmi d’Euridicia (poèmes extraits de Pour que chantent les salamandres)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lo temps s’es perdut



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Bruno Doucey)
    la fiche de l’éditeur sur En quête d’un visage





    Retour au répertoire du numéro de mai 2017
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Nimrod, Sur les berges du Chari

    par Angèle Paoli

    Nimrod, Sur les berges du Chari
    district nord de la beauté,

    Éditions Bruno Doucey,
    Collection « L’autre langue », 2016.



    Lecture d’Angèle Paoli


    DES NOCES POÉTIQUES AVEC LE CHARI



    « Sur les berges du Chari », le ciel occupe tout l’espace. C’est lui qui assure la jonction entre la terre et l’eau. L’eau du ciel et celle du fleuve souvent se confondent pour composer un paysage d’une totale uniformité. Cette trilogie « ciel-fleuve-espace » a façonné en profondeur et à jamais le poète Nimrod. Ici, Sur les berges du Chari, l’espace du poème est espace temporel pour dire cet accord parfait, ce mirage commun partagé pour confier au poète ce qui le fonde :

    « Le grand fleuve sous octobre se raconte ».

    C’est sur ce vers que se clôt Sur les berges du Chari, district nord de la beauté, recueil récemment publié par les éditions Bruno Doucey.

    Si le fleuve est au centre, présent dès le titre de l’ouvrage, le ciel est encadrement. Avec le poème d’ouverture « Au ciel », le poète se place en situation, en prise avec ses propres limites et contradictions. En prise également avec sa propre quête :

    « je cherchais à dire

    la course vers l’avenir

    lorsque le banian s’élève

    à la verticale de l’azur. »

    Dès ce premier poème un paysage s’offre, un monde tout entier contenu en trois mots : « ciel », « cité solaire », « banian ».

    Avec le poème final, Nimrod s’en remet à l’attente :

    « J’attends leur accord de tétrarque ».

    Que s’est-il passé entre ces deux extrêmes ? L’accord qui permet au poète-berger-pêcheur de rejoindre sa trilogie existentielle s’est-il manifesté dans les interstices de la poésie ? Il se peut, même si le poète continue de s’inscrire dans l’attente.

    Sur les berges du Chari, district nord de la beauté regroupe plusieurs sections (5 en tout) où alternent poèmes brefs, parfois proches du haïku, et poèmes de formes plus classiques (odes, sonnets). Quelle que soit la forme que prennent ces poèmes sur la page, tous ont un lien étroit avec le fleuve, dans le fusionnement que le Chari invente et noue avec le ciel. Et avec la terre qu’il baigne de ses eaux patientes :

    « La terre liquide

    m’emporte vers le rivage

    Il me donne à voir

    L’infini dans sa rondeur

    Ce n’est pas la terre c’est la presqu’île

    Tel un mot bien ouvragé… »

    (in « Le Bac », 4)

    Avec les poèmes de la première section se fait le passage du singulier — « ciel » — au pluriel — « ciels ». Composition en trois volets, « Ciels errants » se présente d’abord comme une succession de poèmes brefs, sans titre. En dehors de toute cartographie, autre que celle qui se lirait « à hauteur de ciel » et figerait l’espace dans l’exiguïté de ses limites. Ces poèmes s’inscrivent dans une immensité sans frontière où se lit la jonction ciel-nuages-vent-océan. Dans une seule et même tonalité qui réduit tout « à une ligne ». Rien en effet qui fasse « ride » ou « biffure » ; dans cet univers qui « court vers une inertie parfaite », le poète a ancré ses désirs ainsi que ses rêves de royaume naturel et de possession. Légèreté modestie et humour :

    « J’aurais un royaume tout

    à moi en bois flottés. Une

    rivière de diamants en

    désespoir de cause ».

    Il faut attendre la fin du voyage, la fin du recueil et le poème du « Bac » (2, dans la section éponyme du recueil) pour que se dessine une géographie plus précise et plus étendue :

    « Le Chari confirme la

    géographie du Congo

    apprise hier à l’école

    S’y fait entendre l’écho du Zambèze

    Et le bac maître des liaisons liquides

    flotte sur ses rondins comme pour arrêter

    les lumières du soir et comme pour favoriser l’aube… »

    Dans l’intervalle se décline toute la poésie que drainent les eaux du Chari. Enfances, parents, guerres, exil/exode. Avec les cinq poèmes du « Grand troupeau » (in « Ciels errants ») surviennent les vents et les orages, et cette fraîcheur promesse de l’eau à laquelle aspire le poète. Car le poète ne craint rien tant que la force annihilante du soleil. Il fuit la fournaise, appréhende la « surchauffe » et « l’aridité ». « Je n’aime pas la poussière, j’en viens/Recommandez-moi à l’azur », confie-t-il dans « Envol » (in « Les superbes »). L’été est sa saison honnie. Pourtant, au cœur de ces jours de feu, se tient la mère, figure tutélaire de la verticalité. Elle est « stèle », sobre fidèle solide. Silencieuse et solitaire. D’une grande dignité. Semblable au banian qui « s’élève à la verticale de l’azur ». Celle qui veille dans l’attente et que peuplent les « orphelines pensées » du poète est-elle la même que « la mère solitude » ? Cela est probable car les deux figures se ressemblent. Le poète, qui rend un hommage émouvant à sa mère, lui confie son amour filial indestructible et intemporel. Un amour qui le lie au passé et continue de vivre au présent :

    « J’ai aimé ma mère j’ai embrassé son destin

    Comme un fils comme un mendiant […] Je l’aime

    Comme un exilé saisi par la douleur d’espérer. »

    Plus lyriques plus exaltés plus élégiaques aussi, les poèmes de « Ciels errants » sont d’une facture toute différente de ceux qui précèdent. Une ode en six sizains, dédiée à une femme (à Denise Moran, i.m.) — est-ce la mère ? —, ouvre cette section où se lisent en filigrane (et par hypallage) les errances du poète.

    « J’expose mon cœur à un champ orphelin » écrit-il ; ou encore « Je chante pour alléger ma petite existence » ; et plus loin : « Je pleure ma mère abandonnée ». L’histoire familiale et les chagrins qui l’ont façonnée sont évoqués ici avec grande pudeur. Mais ils affleurent à travers le blues qui s’exprime et rejoint le bleu du ciel, sa couleur « d’eau infinie ».

    Le poète revisite le passé de l’enfance. Il évoque son goût de la liberté et de l’errance. Il fait renaître en lui, dans les distiques d’un long poème (III), les images qu’il cultivait de lui-même :

    « Jadis je courais dans ces plaines

    Tel un mage arpentant un pays mystérieux »…

    « Ainsi allais-je en ces périphéries de ma ville natale

    Juste au-dessus de Dembé pour m’emplir d’espace… »

    Devenu voyageur de l’immobile, globe-trotter d’un espace infini ramené aux proportions familiales de la « maison maternelle », sa pensée s’évade, envol vers des temps révolus des lieux où l’image du père pasteur vient peut-être se greffer en surimpression du chant. Ainsi de ce passage anaphorique construit sur la répétition, en début de vers, de l’affirmation : « J’aimais ».

    « J’aimais le rêve sur la colline

    J’aimais la voix qui proclamait :

    “ Voici trois tentes : une pour Élie

    Une pour Moïse, une pour toi ˮ».

    Le poète consacre aux « superbes » une galerie de portraits. Annoncés dans le chant précédent

    Les superbes

    Les superbes

    Les suuuupeeeerbes — (pasteurs bergers griots ? incarnations de la figure paternelle ?), « [l]es superbes » occupent la seconde section du recueil. Parmi eux « [l]e suffisant », « le contrôleur SNCF », les paysannes, « [l]’éléphant » en qui le poète éprouve « [l]’écho d’une parole commune » ; et lui-même, « le pauvre de ce canton », dans le poème intitulé « Ma véranda » :

    « J’écris un poème

    Sur l’or qui court

    Dans l’herbe jusqu’au

    Pied du grand tilleul. »

    Ces portraits culminent avec le magnifique poème « Les Éthiopiennes  », somptueux éloge des « Filles de la reine de Saba », où se dit le rêve d’une alliance retrouvée. Alliance qui passe aussi par la réconciliation du poète avec lui-même. Dans la ville de Jérusalem qu’il arpente, contemplant « le dôme de la mosquée d’al-Aqsa », il écrit :

    « Je contemple la face orientale de mon âme ».

    Face aux pierres fondatrices des trois religions, face à tout ce calcaire dans lequel se grave son bonheur, le poète exulte, empli de reconnaissance envers ses « chères Éthiopiennes ». Son chant monte vertical et puissant dans le calcaire de la Ville sainte pour résonner sur la blancheur de la page comme un chant de pure essence biblique :

    « Couleur poivre, beauté noire sur le sol biblique, je porterai tout à l’heure au Mur des Lamentations mes vœux pour vous,

    J’exprimerai dans le silence de mon cœur, entouré des rabbins, des hassidim, des pieux de toutes conditions,

    Votre prière

    […]

    Baisez-moi, Éthiopiennes, baisez-moi au pied du mur ! Que je m’en aille avec ce goût de pain d’épices

    Sur la langue, sur le cerveau, sur le cœur sur le visage, comme l’alliance scellée jadis par Moïse. »

    Un amour puissant et fiévreux habite le regard que Nimrod porte sur le monde qui l’entoure.

    « La face orientale » de l’âme du poète — son attirance pour « une sultane beauté », son goût pour les « soieries orientales » — vibre dans la section « Tam-Tam », « tam-tam au cœur ». Avec « Tam-Tam », le poète explore une mise en espace qui associe les disjonctions. Il joue avec la page, la typographie, l’agencement des mots, allant jusqu’à composer des formes de calligrammes. Ainsi du poème « New York », vertige gratte-ciel qui épouse la silhouette d’une grue sur le ciel de Manhattan. La langue éclatée scande le rythme syncopé du tam-tam. Les poèmes brefs et saccadés sont construits sur les répétitions et sur les glissements d’un mot à son homologue proche (« pendue » / « pentues » ; « danse » / « transe ». Ainsi le poète voyage-t-il dans ses souvenirs à la recherche d’un syncrétisme qui lui permette de combiner sereinement une incessante combinaison de l’Occident et de l’Orient avec l’Afrique. Mais la réalité historique est plus complexe qu’il n’y paraît. Et si Occident et Orient combinent leurs présences, elles le font aussi à travers heurts et conflits qui les opposent l’un à l’autre. Ainsi en est-il dans les poèmes de « [l]’enragement ». Le poème « Ils frappent ils tuent » a été écrit en « hommage aux étudiants Tchadiens réprimés les 8 et 9 mars 2015 à N’Djaména. » Dans « La honte noire », le poète évoque les causes perdues souvent construites sur des mensonges :

    « C’est toujours sur la Seine, et c’est toujours sur les bords de l’eau qu’on prostitue les grandes causes. » Le poète dénonce les luttes et les guerres qui avilissent et qui tuent. Il n’est pas tendre envers la France qui ne joue pas le beau rôle dans ces massacres :

    « Oublions cette honte qui teinte Paris de la cendre de nos restes. C’est la misère française. »

    Pour renouer avec les eaux du fleuve, et avec tout ce qu’elles drainent de mémoire, il faut (Pour commencer) s’en retourner vers « [l]e Bac ». C’est sur ce très bel ensemble de poèmes que s’achève le recueil. Une fois franchis les quatre premiers poèmes, le lecteur est confronté à une alternance de petits paragraphes en prose poétique (page de gauche) et de poèmes en drapeau regroupés en tercets (page de droite). On y retrouve la lumière le soleil l’espace le manguier le saule les bois flottés, « la terre qui renoue avec l’eau, le ciel, la verdure telle une phrase-Dieu ». Tout le mystère de la poésie de Nimrod, ses énigmes visuelles et auditives, ce fusionnement intense — ciel et eau — dont le mage-poète a le secret.

    « L’épervier jette sa moisson d’étoiles à pleines mains. Les poissons y accrochent leurs écailles. »

    Rien de plus beau ni de plus précieux que ce moment poétique où le poète scelle ses noces avec l’univers qu’il recrée à la volée. À la manière dont son père jetait jadis ses filets dans les eaux du Chari.

    « J’aimerais me couler en moi-même. Je me déborderais à droite, je me déborderais à gauche puis à la surface des eaux, ses éclats d’horizon ses écailles de prince des poissons. Voilà je préside à leur envolée, je préside au ciel qui sied à leur baignade. »

    Chaque fois que le poète retrouve le fleuve, c’est la figure du père, grand pêcheur devant l’Éternel, qui revient en lui.

    Et ces poèmes haïkus — une constellation de vers — pour dire dans la concision le mélange de bonheur et de souffrance.

    « Une graine

    invente

    le sol

    Arbre

    j’attends l’enfant

    aux yeux de rosée

    un grain de lumière

    détaxe

    la ténèbre »



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Nimrod, Chari 2





    NIMROD


    Nimrod 2






    ■ Nimrod
    sur Terres de femmes


    [J’ai aimé ma mère] (poème extrait de Sur les berges du Chari, district nord de la beauté)
    Nimrod | Des « paroles plus précieuses que l’or » (chronique d’AP)
    L’enfant n’est pas mort (lecture d’AP)
    Gens de brume (lecture d’AP)
    [je suis la dernière figure de l’homme] (poème extrait de Babel, Babylone)
    L’herbe (poème extrait d’En Saison)
    Sous les étoiles
    [Tu poseras ton faix] (poème extrait de J’aurais un royaume en bois flottés)
    Le roman s’achève (poème extrait de Petit Éloge de la lumière Nature)
    Le Temps liquide (lecture d’AP)
    En remontant le Lac Tchad (extrait du Temps liquide)
    La Traversée de Montparnasse (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Doucey)
    la fiche de l’éditeur sur Sur les berges du Chari, district nord de la beauté
    → (sur le site de la revue Secousse, 10)
    d’autres extraits de Sur les berges du Chari, district nord de la beauté [PDF]
    → (sur e-littérature.net)
    une fiche bio-bibliographique et de nombreux articles d’Alice Granger sur les ouvrages de Nimrod
    → (sur Recours au poème)
    une page sur Nimrod (+ plusieurs poèmes)
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Nimrod
    → (sur le site de la revue Project-îles)
    une rencontre avec Nimrod (24 novembre 2020)





    Retour au répertoire du numéro d’avril 2016
    Retour à l’index des auteurs
    Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Salah Al Hamdani | Bagdad, désespérément






    Bagdad_7
    Source







    BAGDAD, DÉSESPÉRÉMENT



    Partir sans se quitter soi-même
    regarder simplement le bleu de la mer
    et s’imprégner de la chair du ciel

    Ne pas fuir sa nuit
    sur un navire inerte

    Partir n’est pas regarder devant
    mais corriger l’usure du temps
    ébarber les saisons

    Partir ne signifie pas chasser le clair de lune
    mais l’aube qui aboie au fond de l’homme

    Car c’est ici
    que l’averse dissimule l’ombre de Bagdad
    comme au retour d’un long voyage
    comme une saison obscure
    cadencée par le deuil

    Le lointain vient en petites vagues
    et se fixe comme une aile sur mon matin

    Alors je sors
    je marche
    et je m’élève
    dans la lumière aveuglante

    Puis je me balance
    comme un hiver égaré dans sa brume



    Salah Al Hamdani, Rebâtir les jours, Éditions Bruno Doucey, Collection « L’autre langue », 2013, pp. 35-36.







    Hamdani








    SALAH AL HAMDANI


    Salah Al Hamdani  NB2
    Ph. H. Schneese



    ■ Salah Al Hamdani
    sur Terres de femmes

    Le début des mots (extrait de Bagdad mon amour)
    Saison du sel
    Isabelle Lagny — Salah Al Hamdani | [Dans la lumière blanche] (extrait de Contrejour amoureux)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Salah Al Hamdani
    → (sur YouTube)
    un entretien avec Salah Al Hamdani





    Retour au répertoire du numéro de septembre 2013
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Aurélia Lassaque | Lo sòmi d’Orfèu | Lo sòmi d’Euridicia



    Sophie Guinzbourg, Mort d'Eurydice
    Source






    LO SÒMI D’ORFÈU



    Dins los infèrns que los òmes
    Son pas mai que d’ombras,
    Me farai ombra al dedins de ton còs.

    Bastirai de ciutats de sabla
    Qu’agotaràn lo flum que degun ne tòrna.

    Dansarem sus de torres que nòstres uèlhs veiràn pas.

    Serai ta lenga trencada que sap pas mentir.

    E maudirem l’amor que nos a perduts.





    LE RÊVE D’ORPHÉE



    Dans les enfers où les hommes
    Ne sont plus que des ombres,
    Je me ferai ombre au-dedans de ton corps.

    Je construirai des cités de sable
    Pour tarir le fleuve dont on ne revient pas.

    Nous danserons sur des tours invisibles à nos yeux.

    Je serai ta langue tranchée qui ne sait pas mentir.

    Et nous maudirons l’amour qui nous a perdus.






    LO SÒMI D’EURIDICIA



    Cavarem d’autras regas que cobrirem de cendre.
    Veirem morir lo vent carrejaire d’oblit.
    Aurai de pomas dins ma pòcha raubadas a mai paure que ieu.
    Las pelarem amb d’espasas.
    E amb çò que sobra de nòstres sòmis
    Ne bastirem mai
    Delà los fuòcs
    E la termièra de l’agach.






    LE RÊVE D’EURYDICE



    Nous creuserons de nouveaux sillons que nous couvrirons de cendre.
    Nous verrons mourir le vent qui charrie l’oubli.
    J’aurai des pommes dans ma poche volées à plus pauvre que moi.
    Nous les pèlerons avec des épées.
    Et avec le reste de nos rêves
    Nous en bâtirons d’autres
    Par-delà les feux
    Et la frontière du regard.



    Aurélia Lassaque, Pour que chantent les salamandres, Éditions Bruno Doucey, Collection « L’autre langue », 2013, pp. 98-99-100-101.






    Aurélia Lassaque, pour qque chantent les salamandres





    AURÉLIA LASSAQUE


    Aurélia Lassaque 2
    Ph. © Éric TEISSÈDRE
    Source




    ■ Aurélia Lassaque
    sur Terres de femmes

    Ombres de Lune
    Ulysse (extrait d’En quête d’un visage)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lo temps s’es perdut



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans Les Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera)
    une bio-bibliographie et deux poèmes d’Aurélia Lassaque






    Retour au répertoire du numéro de mai 2013
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes