Étiquette : collection Les Cahiers d’Arfuyen


  • Gabrielle Althen | Corps à corps




    CORPS À CORPS



    Souffre de ton angoisse comme d’une fable
    Et sois tendre avec le superbe ennui

    Ossip Mandelstam



    S’est posé sur le tapis au milieu de la chambre
    Le temps rond comme une pomme
    L’étoile avait perdu son fard
    Et nous très nus au moment du baiser
    Malgré notre désir d’applaudir
    Nous étions immobiles tous deux
    Ce temps de craie nous faisant face
    La grosse pomme posée sur le tapis
    Sans entrelacs le temps
    La porte torse
    Présent sans bras
    Et craie à remuer
    ― L’évasement de la personne !




    Gabrielle Althen, « Trouver manque » in Soleil patient, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen n° 225, 2015, page 31.






    Gabrielle Althen, Soleil patient 2




    GABRIELLE ALTHEN


    Gabrielle Althen
    Source



    ■ Gabrielle Althen
    sur Terres de femmes
    Soleil patient (lecture de Matthieu Gosztola)
    Soleil patient (note de lecture d’Isabelle Lévesque)
    La Cavalière indemne (note de lecture d’AP)
    L’isole (extrait de La Cavalière indemne)
    Sans titre
    Vie saxifrage (extrait)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une fois le gris devenu l’autre versant du bleu
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un poème extrait de Vie saxifrage



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    la page de l’éditeur sur Soleil patient
    le site personnel de Gabrielle Althen
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Gabrielle Althen
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Gabrielle Althen, entre splendeur et écharde




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  • Michèle Finck | [Chostakovitch, Tsvetaïeva, Akhmatova]


    Shostakovitch








    [CHOSTAKOVITCH, TSVETAÏEVA, AKHMATOVA]



    Chostakovitch : Six poèmes de Marina Tsvetaïeva.
    Bernard Haitink. Ortrun Wenkel.



    « O muza platcha, prekrasnejchaya iz muz !
    I ia dariu tebe svoj kolokolnyj grad,
    Akhmatova! I siertse svoie v pridachu. »

    Contralto creuse les graves. Creuse.
    Lave de voix basse et nue. Chirurgicale.
    Larmes pleurées et non pleurées. Galactiques.
    Âpres. Percussion. Silence expectoré.
    Don. Torche de sons brûlés vifs. Don.







    Marina Tsvétaïeva : « À Anna Akhmatova »
    «Ô muse des larmes, la plus belle des muses !
    Je te fais don de ma cité aux mille clochers,
    Akhmatova ― et j’y ajoute mon cœur. »




    Michèle Finck, « VI – Golgotha d’une femme » in La Troisième Main, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, volume 218, 2015, page 100.






    Finck








    LE LIVRE [EXTRAIT DU PRIÈRE D’INSÉRER DE L’ÉDITEUR]



    En épigraphe de la note finale de son recueil, Michèle Finck a placé ce mot d’ordre de Rilke : « Faire des choses avec de l’angoisse. » […] La Troisième Main a été écrit dans des circonstances très particulières : « Ce livre, composé d’une suite de cent poèmes d’extase musicale, a été écrit dans le noir et la pénombre, après une opération de la cataracte. Comme si, en opérant les yeux, on avait ouvert quelque chose de plus profond : brèche dans l’écoute ; non pas poèmes sur la musique, mais poèmes à et avec la musique ; poésie et musique intensément mêlées, qui tournoient tout au bord du silence. Noir avec torche de musique. »

    Comment décrire la subtile alchimie qui transmute la musique entendue en poème, comme un précipité de quelques mots, nullement descriptifs ni impressionnistes, mais rendant la même chose autrement, par d’autres moyens qui ne sont plus les sons mais les mots, avec leur propre économie et leur rayonnement propre. Il s’agit de transcription comme telle ouverture d’opéra de Rossini ou telle symphonie de Beethoven a pu être transcrite pour piano solo par Liszt. Et l’étrange est que les noms des œuvres et des interprètes deviennent eux-mêmes comme des éléments du texte. Citons le premier de ces poèmes-transcriptions, comme un coup d’archet : « Bach : Cantate Ich habe genug. / Hans Hotter. Anthony Bernard. // Seigneur, c’est assez. Baryton descendu /Tout au fond des sons jusqu’à la douleur. / Tout au fond du silence jusqu’à l’amour. / La musique relie les vivants aux morts. / Elle est leur étreinte. Leur bouche-à-bouche. »

    Ainsi chemine l’écriture en creusant sans cesse davantage, du Lamento d’Arianna de Monteverdi au Kat’a Kabanova de Janacek ; du Chevalier à la rose de Strauss à Sequenza III de Berio ; des Leçons de ténèbres de Couperin au Strange Fruit de Billie Holiday ; de la Lulu-Suite de Berg au Arsis et Thésis de Michaël Levinas.





    _____________________________
    Ci-dessous, le texte intégral du poème de Marina Tsvetaïeva, mis en musique par Chostakovitch :


    Ахматовой


    О, Муза плача, прекраснейшая из муз!
    О ты, шальное исчадие ночи белой!
    Ты чёрную насылаешь метель на Русь,
    И вопли твои вонзаются в нас, как стрелы.

    И мы шарахаемся и глухое: ох! ―
    Стотысячное ― тебе присягает: Анна
    Ахматова! Это имя – огромный вздох,
    И в глубь он падает, которая безымянна.

    Мы коронованы тем, что одну с тобой
    Мы землю топчем, что небо над нами – то же!
    И тот, кто ранен смертельной твоей судьбой,
    Уже бессмертным на смертное сходит ложе.

    В певучем граде моём купола горят,
    И Спаса светлого славит слепец бродячий…
    И я дарю тебе свой колокольный град,
    ― Ахматова! ― и сердце своё в придачу.


    19 июня 1916





    À AKHMATOVA


    O muse des pleurs, la plus belle des muses !
    Toi, acolyte perdue de la nuit blanche !
    Tu jettes sur les Russes ta sombre tempête
    Et tes hauts cris nous percent, comme des flèches.

    Nous bondissons de côté, et sourdement : ah! ―
    Des milliers de fois ― nous te jurons fidélité. Anna
    Akhmatova ! Ce nom même ― vaste soupir,
    Tombe dans des profondeurs qui n’ont pas de nom.

    Nous portons une couronne, à seulement fouler
    La même terre que toi, sous le même ciel ― que toi !
    Et celui que blesse ton destin mortel
    S’étend immortel déjà sur son lit de mort.

    Sur ma ville qui chante, les coupoles brillent,
    El l’aveugle qui passe célèbre les louanges du seigneur…
    ― Moi, ― je t’offre ma ville avec ses cloches,
    Akhmatova! ― et aussi mon cœur, en plus.


    19 juin 1916



    Marina Tsvétaïeva, L’Offense lyrique et autres poèmes, Éditions Farrago | Éditions Léo Scheer, 2004, page 195. Texte français Henri Deluy.





    MICHÈLE   FINCK


    Portrait de Michèle Finck
    Image, G.AdC




    ■ Michèle Finck
    sur Terres de femmes

    [Pier Paolo Pasolini, Mamma Roma] (poème extrait de Connaissance par les larmes)
    Connaissance par les larmes (lecture d’AP)
    La Troisième Main (lecture d’Isabelle Raviolo)
    Pitié (poème extrait de L’Ouïe éblouie)
    [Cette fois nous parvenons à travailler] (poème extrait de Poésie Shéhé Résistance)
    Sur un piano de paille (lecture d’AP)
    Variation 9 :: À Glenn Gould 1981 (poème extrait de Sur un piano de paille)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une notice bio-bibliographique sur Michèle Finck
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page sur La Troisième Main de Michèle Finck
    → (sur deezer.com)
    Shostakovich, Six poems of Marina Tsvetaeva op. 143a [dont 6. To Anna Akhmatova]
    → (sur Terres de femmes)
    Marina Tsvétaïeva | J’aimerais vivre avec vous (poème extrait de « Pour Akhmatova »)






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  • Max de Carvalho | Le reflux (ex-voto)



    Letincelante dérive du corail (1)
    Source







    LE REFLUX
    (ex-voto)




    Les marins de longue date
    péris en mer ont la couleur
    de la roussette au clair de lune.
    Ils retournent à la sauvagerie
    des côtes où ils s’échouèrent,
    aux laves primitives, aux caresses
    du vent, à l’étincelante dérive
    du corail, pâture d’écumes.




    Max de Carvalho, « Marines », Sélans, in Les Degrés de l’incompréhension, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, 2014, page 77. Photographie de couverture : Magali de Carvalho.







    Max de Carvalho, Les Degrés de l'incompréhension.jpg 2





    MAX  DE  CARVALHO


    Max de Carvalho
    Source



    ■ Max de Carvalho
    sur Terres de femmes

    Adresse de la multiplication des noms



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de BiblioMonde)
    une fiche bio-bibliographique sur Max de Carvalho
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une notice bio-bibliographique sur Max de Carvalho
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page sur Les Degrés de l’incompréhension de Max de Carvalho





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  • Marwan Hoss | [J’ai bu l’eau claire de ta bouche]



    [J’AI BU L’EAU CLAIRE DE TA BOUCHE]




    J’ai bu l’eau claire de ta bouche
    Et sur ton corps j’ai gravé
    Un alphabet millénaire.



    Les mots se cabrent
    Quelques jours d’écriture
    Pour des mois de silence.




    Il y a comme une odeur de cendre
    Comme si je m’étais
    Brusquement embrasé.




    Tu m’as dit de ne pas confondre
    La vie et la mort
    Le soleil et la nuit
    Tu m’as dit de chercher mes mots
    Dans le vent qui se lève.




    Marwan Hoss, La Lumière du soir, Arfuyen, Collection Les cahiers d’Arfuyen n° 220, 2014, pp. 38-39-40-41.







    Marwan Hoss, La Lumière du soir







    MARWAN HOSS



    Marwan hoss finale
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    plusieurs pages sur Marwan Hoss
    → (sur le site L’Orient Littéraire)
    Marwan Hoss ou la traversée de la vie en solitaire, par Fady Noun
    → (sur La Pierre et le Sel)
    une recension de La Lumière du soir par Alain Roussel
    → (sur Recours au poème)
    une recension de La Lumière du soir par Lucien Wasselin





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  • Jacques Pautard | [Ô dieu des Nègres où sont mes rives ?]



    [Ô DIEU DES NÈGRES, OÙ SONT MES RIVES ?]




    Ô dieu des Nègres où sont mes rives ? Où est la terre, et où le fleuve ? Où mon corps, ma réalité ? « L’humanité » n’est jamais qu’un malheur pour l’homme, un rêve de déraciné ou un mensonge des empires… Une larve a fondé la Chine, un poisson fait naître la Flandre, un livre destiné l’arabe. Où sont ma terre et mes victoires, mon livre, mes feux, mon village ? Mon artisanat et ma guerre ? Mes dieux, mon clan, mon roi, ma jonque, mes bannières ? Je suis un fruit ouvert, mes sucres coulent,
    ô dieux de mon père, un homme ne peut non plus se passer d’une histoire, une appartenance,
    à ce niveau-là où il erre des vérités de la terre…
    Ciel de mon père, donne-moi un droit, un point d’appui, une origine, ou un début d’explication… Explique ce mystère, vieux ciel qui m’a donné la vie,
    ciel nain qui m’a donné la terre en cachant la place des puits,
    donné des seaux percés, des outils démanchés, m’a planté en terre étrangère étant semence de pays,
    m’a fait une tête de Maure, de Turc, donné une grande couleur morte,
    une voix qui ne porte pas, n’irrigue pas, ne féconde pas.
    (ce toit percé du jeu des mots pour ma maison…). Ô ciel des fous, m’as-tu semé pour que je meure ? Suis-je là pour rien rencontrer,
    demeurer caché à moi-même ?
    Dis-moi quelle est cette naissance où tout dissone ?
    Ce territoire d’être étranger dans un destin semblant d’emprunt ?
    Dis-moi le sens de cette énigme (de mon énigme ou de la tienne…),
    ce chemin sans début ni fin, cette aumône d’ombre pour sol,
    ces nuits en plein milieu du jour, ces aubes au milieu des nuits,
    ces jours et ces nuits inutiles, ce travail livré aux méchants…




    Jacques Pautard, Mélanine in Grand chœur vide des miroirs, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, 2014, pp. 115-116.








    Jacques PAUTARD couverture






    JACQUES PAUTARD



    Né en 1945, Jacques Pautard est le fils naturel d’un soldat noir de la Deuxième Guerre Mondiale et d’une paysanne de Haute-Saône. Élevé en familles d’accueil, centres d’apprentissage et maisons de correction, puis porté par la vague de contestation des années pré et post-1968, il a vécu une vie de marginal et d’autodidacte. Il s’est forgé ainsi une expérience de vie et un champ de réflexion singuliers et considérables. D’une force et d’une ampleur, qui nous semblent uniques dans la littérature française d’aujourd’hui, Grand chœur vide des miroirs est son premier livre de poésie.
    Dans sa préface au Journal du réel gravé sur un bâton, de Michel Jourdan, Yves Bonnefoy écrivait : « Une dimension manque à la poésie française. Et c’est pourquoi je trouve de l’importance à ce qu’écrit Michel Jourdan, et voudrais contribuer à attirer l’attention sur son œuvre où un possible s’ébauche. » Beatnik impénitent qui a passé sa vie sur les routes en quête d’une sagesse peu conventionnelle, Pautard est de la même famille que Jourdan. Et peut-être ce Grand chœur vide des miroirs est l’un des textes qui évoque le mieux en français, dans sa liberté souveraine, la grande poésie de la beat generation américaine.





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Anise Koltz | [Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?]



    Avec mon dernier soupir je rendrai l’alphabet photocollage
    Photocollage, G.AdC







    [QU’AI-JE EMPRUNTÉ À LA CHAIR MATERNELLE ?]




    Qu’ai-je emprunté
    à la chair maternelle
    qu’ai-je moi-même inventé ?


    L’attraction de la terre m’a happée
    je vis clouée au sol
    je ne garde rien
    en mémoire
    de ma provenance


    Avec mon dernier soupir
    je rendrai l’alphabet




    Anise Koltz, Galaxies intérieures, Éditions Arfuyen, Collection « Les Cahiers d’Arfuyen », n°211, 2013, page 73.







    Anise Koltz, Galaxies intérieures




    ANISE KOLTZ


    ANISE KOLTZ
    Source




    ■ Anise Koltz
    sur Terres de femmes


    L’Ailleurs des mots
    Automne (extrait du Cirque du soleil)
    Béni soit le serpent
    [Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres)
    [Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves)
    Je me transforme (poème extrait de Je renaîtrai)
    [Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre)
    Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai)
    Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l’épervier)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page consacrée à Galaxies intérieures d’Anise Koltz





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