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  • Martin Rueff | Et des coups de poing dans la poitrine

    «  Poésie d’un jour  »



    Picasso_le_roi_des_minotaures_1958
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    ET DES COUPS DE POING DANS LA POITRINE



    Et des coups de poing dans la poitrine
    comme une locomotive
    tudum                      tudum                        tudum
    tudum                      tudum                        tudum

    pire que l’œuvre du père,
    aux innombrables détours
    aux méandres duplices
    aux murs aveugles
    plus égarant encore
    la mer aux jambages multiples
    aux issues impossibles
    aux lacis inextricables et mus
    (innumeras errores vias)
    la mer
    aux lacunes immémoreuses
    au front cornu
    de Minotaure lourd
    aux meules comme des rocs
    aux rayonnages flous
    aux côtes illisibles
    aux mailles larges
    sans retenue aucune
    la mer la mer

    et partout amphitrite…

    ô mer mon labyrinthe

    égaré le fils ténu
    par nul fil tenu
    mais seul
    et nu
    bourdonnant dans la voie sans issue
    d’une langue dédale
    s’enfonçait sous la pièce sans fenêtre
    aux mille trièdres
    s’enfonçait
    s’enfonçait

    pilotis de nuit dans la nuit
    petit vers de mescal
    dans la bouteille immense




    Martin Rueff, Icare crie dans un ciel de craie, Belin, Collection L’extrême contemporain, dirigée par Michel Deguy, 2007, pp. 55-56.






    Icare crie dans un ciel de craie






    Martin Rueff (né en 1968), poète, traducteur, maître de conférences à l’Université de Paris-VII-Denis-Diderot, professeur à l’Université de Bologne et, depuis 2010, professeur à l’Université de Genève. Il est l’auteur du Lapidaire adolescent (Chambéry, Comp’Act, 2001), de Corda Tesa (La Luna, 36, Ascoli Pisceno, 2006), de Comme si quelque (Chambéry, Comp’Act, 2006), Icare crie dans un ciel de craie (Belin, 2008) et La Jonction (Nous, 2019).

    Spécialiste de la poésie italienne, il a participé à l’édition de l’anthologie Trente ans de poésie italienne (Po&sie 109 et 110, Belin, 2004) et a co-réalisé (avec Jean-Patrice Courtois) le Dossier Poésie italienne de la revue Le Nouveau Recueil (décembre 2006-février 2007). Il a notamment traduit Profanations de Giorgio Agamben (Payot-Rivages, 2005), Si une nuit d’hiver un voyageur (Folio-Gallimard, 2015) et, dans la collection Terra d’altri qu’il dirige aux éditions Verdier, Nulle île n’est une île de Carlo Ginzburg (2005) et Ronde des convers du poète Eugenio De Signoribus (2007).

    Martin Rueff a aussi participé (aux côtés de Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé) à l’édition du volume Œuvres de Claude Levi-Strauss dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard, 2008) et du tome II des Œuvres de Michel Foucault (aux côtés de Frédéric Gros, Philippe Chevallier, Daniel Defert, Bernard Harcourt et Michel Senellart) dans la même Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard, 2015).

    En mai 2008, le Prix International de poésie francophone Yvan-Goll lui a été décerné pour Icare crie dans un ciel de craie, recueil qui a aussi reçu (en août 2008) le prix Henri Mondor de l’Académie française.





    MARTIN RUEFF


    Martin Rueff portrait
    Source




    ■ Martin Rueff
    sur Terres de femmes


    Icare crie dans un ciel de craie (lecture d’AP)
    Le jaguar aux yeux d’eau (hommage de Martin Rueff à Claude Lévi-Strauss)
    Complaintes de Mare eorum (extrait de La Jonction)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur remue.net)
    une note de lecture (« En marge du cri, Martin Rueff ») de Shoshana Rappaport-Jaccottet sur Icare crie dans un ciel de craie. Cette note a également été publiée dans le n° 952-953 (août-septembre 2008. Georg Büchner – Roland Barthes) de la revue Europe





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