Étiquette : Collection Ulysse Fin de Siècle


  • 23 janvier 1904 | Naissance de Louis Zukofsky

    Éphéméride culturelle à rebours




    Le 23 janvier 1904 naît à New York City le poète américain Louis Zukofsky. Assumant sa double ascendance russe et juive, Louis Zukofsky apprend l’anglais et s’inscrit à l’université de Columbia où il fait de brillantes études. Dès 1926, le jeune intellectuel à l’érudition surprenante publie sa première œuvre poétique importante : Poem Beginning “The” / “Le”, dans laquelle Zukofsky tente de concilier idéal politique et idéal poétique. En 1928, il entreprend la création de “A” , son œuvre maîtresse. Cette « œuvre ouverte » gigantesque, à la fois « épique et historique » (selon les mots du poète), considérée comme hermétique, le tient jusqu’en 1974. Structurées en vingt-quatre parties, les huit cent pages qui composent le poème font entendre, en une partition complexe, les voix multiples du monde contemporain.

    Zukofsky énonce sa méthode dans “A 12” :

    « À propos de ma poétique/musique/discours/Une intégrale/Limite inférieure discours/Limite supérieure musique ».

    Quel sens donner à ce “A” ? Le caractère polysémique du titre permet plusieurs interprétations, lesquelles se combinent et se recoupent. Selon Serge Gavronsky, le “A” désigne en premier lieu l’article indéfini anglais “A” : “Un” . Qu’il est possible de compléter selon Zukofsky par “A poem of a life” ; « Un » poème d’une vie. Mais “A” peut aussi désigner le nom propre du poème, la ligne de métro qui amenait le poète à Brooklyn. Ou encore « le sixième accord de la gamme en do majeur » dans le solfège anglais.






    “A” — 18 (EXTRAIT)




    Exhumer
    est-ce une fois pour toutes
    ma Valentine
    que je dis ça maintenant.
    Je le sais depuis toujours
    me voilà déjà mort
    et si j’en arrive là

    quel chagrin de
    te savoir toute seule.
    Je pense à toi
    privée de moi
    privé d’ans et
    privé d’heures
    ainsi va le temps.
    Égoïste je
    te souhaite vraiment
    de vivre
    assez longtemps

    sans occuper
    tout le temps
    à penser à moi
    ça n’a pas de sens
    car dans ta pensée
    je serai bien mort.
    Ne pleure pas
    je t’en prie
    dans le sens où
    je serai bien incapable
    de penser
    que je suis mort
    car je ne serai
    plus là
    près de toi
    je te dis
    maintenant
    ce que tu pressens
    depuis longtemps.

    Je suis ici laissons vivre les jours
    au fil des jours duvet d’oiseau soufflé sur
    les fils d’un grillage griffonné
    qui donnera vie à des pages.
    c’est iob (Job) qui ne veut donner sens aux majuscules
    swift aurait su d’emblée se lamenter à chaque anniversaire
    Yovad yom yahweh médecin major, forte houle
    haute comme le mât d’un navire nippon soleil
    levant sur le drapeau du grand mât
    il vogue après une semaine de mouillage dans
    les tourments d’une brume crépusculaire
    qui se lève à l’est et à l’ouest se couche.
    typee tatoué dans la trame mouillée
    et quand le major opéra une autre blessure il vit
    aussitôt la dictame tatouée SWAN nota plus tard
    après la guérison du marin c’est charmant quel à-propos et
    la balise dérive’ s’écria SWAN ! c’était SASKATCHEWAN
    […]



    Louis Zukovsky, “Aˮ (section 13 à 18), Éditions Virgile, Collection Ulysse Fin de Siècle, 2012, pp. 193-194. Traduction de Serge Gavronsky et François Dominique.







    Zukofsky A





    LOUIS ZUKOFSKY


    Louis Zukofsky
    Ph. : Ann Charters (1970)
    Source




    ■ Louis Zukofsky
    sur Terres de femmes

    « A » 9 (première partie)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    “Aˮ (section 13 à 18) de Louis Zukofsky (lecture de René Noël)
    → (sur le blog de La Quinzaine littéraire)
    Louis Zukofsky, « A » par Yves di Manno
    → (sur le site d’Éric Pesty Éditeur)
    la page consacrée à Louis Zukofsky





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  • Emmanuel Laugier | Et ce peut être aussi mauve

    «  Poésie d’un jour  »



    MAUVE
    Ph., G.AdC







    ET CE PEUT ÊTRE AUSSI MAUVE



    et ce peut être aussi mauve
    précipité de
    d’aussi exacte clarté
    quand cela passe entre une rue
    le bout qu’un angle arrête des couleurs
    passées et floues sont mêmes choses
    qu’écart par quoi reste en chacun un reste de
    même surface
    et
    un imprescriptible peut-être
    flottement
    vient dans de l’irréductible netteté


    Emmanuel Laugier, Mémoire du mat, Éditions Virgile, Collection Ulysse Fin de Siècle, 2006, page 47.






    Lugier, Mémoires du mat






    EMMANUEL LAUGIER


    EMMANUEL LAUGIER
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    Carte Blanche à Angèle Paoli : du titre et singulièrement de celui d’Emmanuel Laugier, Mémoire du mat
    → (sur Poezibao)
    Mémoire du Mat d’Emmanuel Laugier (lecture de Florence Trocmé)
    → (sur remue.net)
    une note de Jean-Marie Barnaud sur Mémoire du mat






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