Étiquette : Collection


  • Corse_3 Patrizia Gattaceca | Filari zitelleschi




    FILARI ZITELLESCHI




    Sò di vaghjime i passi
    chì voltanu à u rimore
    di e porte chjose
    Azurru è mare
    s’inghjottenu a to partenza
    L’assuffoca a rena e parolle
    Ch’ùn ti dissi
    Pare longu u tempu
    è a lettera
    sola, unica
    infinita
    di zerga micca palesa
    Filari
    pè un listinu di cose à fà
    dui amichi à salutà
    Filari
    belli allibrati
    chì muscanu
    cum’è lenzole di muchju
    ind’è l’armadiu
    d’una camera finta
    Filari zitelleschi
    chì fermanu è firmeranu
    i to filari à mè.



    Patrizia Gattaceca, “Altri Lati” in Paesi ossessiunali, Collection Veranu di i pueti, Albiana/Centru Culturale Universitariu, 2015, page 31.







    Patrizia Gattaceca, Paesi ossessiunali








    DES PHRASES ENFANTINES



    L’automne a fait les pas
    qui retournent au bruit
    des portes que l’on claque
    L’azur et la mer
    avalent ton départ
    Le sable tue les mots
    que je ne t’ai pas dits
    Le temps semble si long
    et la lettre
    la seule, unique
    mais sans fin
    de colère étouffée
    Les lignes
    d’une liste de choses quotidiennes
    des camarades à voir
    Des lignes
    bien rangées
    comme des draps tissés
    du parfum entêtant du ciste
    dans l’armoire
    d’une chambre rêvée
    Des phrases enfantines
    qui sont et resteront
    les mots de toi à moi.



    Transcription du corse par Alanu di Meglio





    PATRIZIA GATTACECA


    Patrizia Gattaceca
    Ph. D.R.




    ■ Patrizia Gattaceca
    sur Terres de femmes

    Patrizia Gattaceca, Mosaicu
    Sextine III (+ une notice bio-bibliographique)
    So pieni i cascioni | Malles remplies
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Patrizia Gattaceca (+ un poème de l’auteure)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans les numéros 19-20, « Utopie » [Espace Corse] de la revue numérique québécoise Mouvances)
    cinq poèmes inédits de Patrizia Gattaceca
    → (sur Recours au Poème)
    une page sur Patrizia Gattaceca (+ cinq poèmes)





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  • Gabrielle Althen, Soleil patient

    par Matthieu Gosztola

    Gabrielle Althen, Soleil patient,
    Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen n° 225, 2015.



    Lecture de Matthieu Gosztola




    « Ce livre, même s’il dit aussi la complexité ordinaire de l’expérience existentielle, voudrait évoquer un trajet, avance l’auteure dans un éclairant « En guise d’argument ». Un trajet qui aille du gris, peut-être erroné, du moment à quelque visite furtive du meilleur. Trouver manque, son premier titre, était une expression de ma mère. Bretonne, transplantée en Algérie, elle pouvait dire qu’elle trouvait manque des ciels mobiles de sa Bretagne natale. La langue lui eût permis de dire tout simplement qu’elle en manquait. Mais l’expression – venue d’où ? – qu’elle employait, dans le paradoxe qu’elle institue entre le fait de trouver et celui de manquer, possède un caractère actif qui me touche. Il y a une initiative dans trouver manque. Falloir, le second titre, correspond à une autre initiative. Celle de répondre. Continuer et se battre pour secouer la grisaille ? Sans doute. Bien davantage cependant s’appliquer, comme on entretient un feu, à mériter son désir. »

    « [L]a poussière […] commençant à nos cœurs », la peine, la douleur apparaissent bien en premier (mais c’est pour que puisse avoir lieu – ensuite – la consolation) : « Choses noires avec choses blanches / Dans l’heure qui se tourmente / Le monde debout près de la peur […] ». « Tu appartiens à ta douleur ». « [A]imes-tu encore ton corps qui se délabre ? » « Il n’y a là aucun salut / C’est un oubli de la lumière ! »

    « La lumière est certaine mais elle est en voyage ». Quelle posture adopter, en conséquence ? Faire pousser des ombres ! « Je traversai la vitre et me baignai dans la couleur / Dans le jardin je fis pousser des ombres ». « Que la couleur me pardonne / J’ai fait pousser des ombres ! » « J’avais besoin de fleurs ». « J’étais venu pour du lilas ». « On a coupé tous les lilas ».

    « Le soleil dort encore / Et la fleur tient son cœur ». Puis la lumière paraît, cette enfant. « Dans les bois de la lumière, marche un ange à la rencontre du moment, sceau sur le jour qui fléchit, sourire à l’ombre dans l’inattendu que d’aucuns croient blessure. » « Les pentes sont très douces et la clarté aussi ». « Amen dit la lumière de la lumière ». « Car chacun, vois-tu, habite son ogive. Malgré l’ombre, une musique s’y concentre et des soleils s’entrecroisent. On cherche des accords. Sans murmures, rayonnement pour rayonnement, le tout reste secret. »

    Des larmes à la joie, des larmes au mystère : vivre ce trajet intérieur, jusqu’à l’amour (« Repère les crissements de la neuve aventure, et si parfois l’espace manque, c’est que le cœur y est futur. » « La limpidité n’épelle pas ses chemins, bien que les signes ni ne manquent ni ne mentent. Vous parcourrez ainsi beaucoup de passerelles, puis ce sera l’amour. »)

    Cela nous est possible grâce à la parole poétique (qui est notre « imperceptible clef de voûte »). Grâce à ce feu. Grâce aux doigts fous, amoureux, du vent (notre sensibilité), qui jouent, tendres, dans la chevelure de ce métaphorique (mais non moins vécu) feu.

    Si le feu qu’est la parole poétique est vécu, c’est parce qu’il n’est pas donné. Il est à construire. C’est-à-dire à recevoir (activement), avec une disposition d’accueil de tout l’être, avec une écoute sans limites données à la profondeur de cette dernière. « Nous avions il est vrai revêtu d’implacables prisons / Dans l’anfractuosité de nos phrases banales ». « Il n’y a pas encore de mots à l’horizon. » « Un mot / Pour attirer la foudre / Dans le gris sans éperons du moment ». « Des perles manquent au chapelet de la parole ». « J’ai prié / Pour que / Chaque jour la parole m’éveille ».

    Cette parole poétique, Gabrielle Althen (dont il faut lire également les très beaux essais que sont Proximité du Sphinx, Intertextes, 1991 –, Dostoïevski, le meurtre et l’espérance, Le Cerf, 2006 – et La Splendeur et l’Écharde, Corlevour, 2012), Gabrielle Althen l’abreuve au moyen (la liste n’est point exhaustive) de la mythologie, de l’Antiquité, des contes, d’une forme réinventée de la ballade, d’allusions faites à Rimbaud (« Autres saisons, autres châteaux. », « Au-dessus de la chance perdue des saisons de l’offense, la danse surélevant ses lignes où des ponts se parlaient. »…) ; elle l’abreuve et l’ouvrage (écrire : « nous étions la table où s’enfante le jour » ; « [l]a liberté fut nue sur la table du jour ») en se servant des outils de haute valeur et fort difficiles à manier que sont la formule (sa justesse, sa précision) et la beauté onirique, imprécise du rêve, se situant ainsi bellement, et de frappante manière, en ce recueil, à mi-chemin entre René Char (qu’elle a connu dès 1974) et Georges Schehadé.




    Matthieu Gosztola
    D.R. Texte Matthieu Gosztola
    pour Terres de femmes







    Gabrielle Althen, Soleil patient 2




    GABRIELLE ALTHEN


    Gabrielle Althen
    Source



    ■ Gabrielle Althen
    sur Terres de femmes

    Soleil patient (note de lecture d’Isabelle Lévesque)
    Corps à corps (poème extrait de Soleil patient)
    La Cavalière indemne (note de lecture d’AP)
    L’isole (extrait de La Cavalière indemne)
    Sans titre
    Vie saxifrage (extrait)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une fois le gris devenu l’autre versant du bleu
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un poème extrait de Vie saxifrage



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    la page de l’éditeur sur Soleil patient
    le site personnel de Gabrielle Althen
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Gabrielle Althen
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Gabrielle Althen, entre splendeur et écharde






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  • Gunvor Hofmo, Tout de la nuit est sans nom

    par Muriel Stuckel

    Gunvor Hofmo,
    Tout de la nuit est sans nom, édition bilingue,
    Collection « Pour une rivière de vitrail »,
    éditions Rafael de Surtis, 2009. Préface de Ole Karlsen.
    Traduit du norvégien par Pierre Grouix et Grete Kleppen.



    Lecture de Muriel Stuckel



    GUNVOR HOFMO, VOIX D’OMBRE ET DE NEIGE : UNE POÉTIQUE DU MURMURE




    « L’œuvre solitaire du poète
    ciselant la matière précieuse des mots
    est l’acte de débusquer un vis-à-vis. »


    Emmanuel Levinas





    La publication en 2009 de l’anthologie bilingue Tout de la nuit est sans nom (éditions Rafaël de Surtis) a eu le mérite de nous révéler la singularité d’une voix poétique de Norvège, celle de Gunvor Hofmo (1921-1995), une poète du Nord qui, selon Ole Karlsen (dans sa présentation de l’ouvrage), « peut se mesurer à des poètes tels que Georg Trakl, Nelly Sachs et Paul Celan ».

    Élaborant une poétique du murmure, cette œuvre nous touche par son refus de tout effet lyrique. Sous « l’éclat stellaire du deuil », une voix d’ombre, bouleversée par la disparition tragique de l’amie juive Ruth Maier, victime de la grande rafle en Norvège du 26 novembre 1942, s’énonce pour esquisser une dramaturgie de l’intime, dès le poème inaugural « Je veux rentrer » :

    Je veux revenir habiter parmi les hommes-

    tel un aveugle

    transpercé dans l’obscurité

    par l’éclat stellaire du deuil.

    (p. 15)

    Cet oxymore, où se redouble l’idée de lumière cosmique, succède au motif de l’ombre qui, par l’intercession de « l’aveugle transpercé dans l’obscurité », avoue sa force expressive : ne figure-t-il pas la poète constellée par le deuil, source véritable de sa création poétique ? D’autant plus après l’épreuve du silence douloureux qu’elle s’est infligé durant ses longues années d’enfermement, de 1955 à 1971.

    Or, quand elle formule le désir de « revenir habiter parmi les hommes- », le tiret qui crée un effet de suspension à la fin du vers laisse pressentir la mise à l’écart de sa voix poétique :

    mais je suis de l’autre côté, là où les brins d’herbe

    sont des cloches qui sonnent de deuil, d’attente amère.

    Je tiens la main d’un être humain,

    regarde dans les yeux d’un être humain,

    mais je suis de l’autre côté,

    là où l’être humain est une brume de solitude et d’angoisse.

    (p. 17)

    La mise à l’écart, la mise « de l’autre côté », se précise en des termes relevant bien d’une voix d’ombre :

    mais je suis un être humain jeté aux confins,

    et j’entends bruire le silence,

    j’entends crier le silence

    depuis des mondes plus profonds que celui-ci.

    (p. 17)

    Cette voix des profondeurs n’est pas sans révéler ses inflexions orphiques, à l’écoute du silence des confins que l’acte poétique seul pourra métamorphoser en murmure endeuillé :

    J’ai vu mon amie,

    l’unique, je l’ai vue

    partir pour la mort.

    Et depuis, les arbres sont en deuil,

    et depuis, la Mort a tiré

    mon corps, mon âme, ma voix

    dans l’océan du désespoir !

    (p. 25)

    La voix d’ombre et de deuil se fait voix de nuit, même si « la nuit n’est pas assez obscure », pouvant « exploser d’elle-même ». Elle culmine dans un poème dont le titre pose une équivalence métaphorique saisissante : « La nuit est un dieu. » Grâce au mot très doux d’« effleurement » qu’il comporte, on appréhende l’effet de sourdine qu’implique l’effacement de la voix énonciative Je : souvent la voix d’ombre s’inverse en voix de neige.

    Loin de souscrire au symbolisme hyperboréen de la neige plutôt convenu qui chercherait à lire Hofmo seulement comme une poète du Nord, on peut au contraire dégager les ressources signifiantes de cette métaphore pour saisir la singularité de son écriture poétique. Certes, on ne peut nier le symbolisme thématique de la voix de neige : elle émerge d’un paysage de l’entre-deux, entre l’automne et l’hiver, pour dire sa froidure intime, son cœur glacé d’effroi : « Le givre est déjà sous les mains des êtres humains, sous leurs pas ». Mais ne constituant pas toujours un motif concret ou étant seulement perceptible avec les « icebergs sous-marins qui dérivent dans la mer », la neige se présente aussi avec une double valeur d’abstraction et d’altérité, pour symboliser l’aspiration au renouvellement que suggère la blancheur paradoxale de la neige, à la fois virginale et génitrice :

    C’était une autre neige,

    une autre obscurité

    que dans cette nuit-là

    La neige accoucha de ton avenir

    […]

    Mais ensuite tu reconnus

    tout. Tous tes pas

    à travers le Monde

    résonnaient venus d’un enclos

    blanc de neige

    sous une lune qui voit.

    (p. 79)

    Dans le poème « Pas morts », où se proclame dès le titre le refus de la mort, la voix de neige résulte d’une métamorphose originale, subie par les mots eux-mêmes : des mots en neige, puis des mots en bouche, bouche qui aspire à une dimension cosmique, tissant des liens entre la terre et le ciel, pour apaiser sa soif de lumière et d’étoiles : la bouche même du poète au sens universel, ou la bouche de son double spéculaire, comme le suggère le jeu de l’interlocution ?

    Car la poésie de Gunvor Hofmo pose la question de la voix énonciative mise en scène de façon souvent problématique, oscillant entre l’affirmation d’un Je, l’apostrophe d’un Tu, la multiplication des Ils et l’effacement de toute personne, brouillant parfois le cheminement heuristique du lecteur.

    Si l’on relie deux poèmes qui se font écho, un véritable questionnement ontologique se formule : à la triple anaphore qui formule l’interrogation majeure de l’être dans « Suis-je ? » (p. 29) répond celle du dire dans « Testament pour une éternité », où les instances énonciatives entremêlent confusément un Je et un Tu pour réfléchir la scission du moi (p. 35).

    Mais le discours lyrique d’Hofmo élaborant souvent une mise en sourdine du Je, la voix poétique se fait également voix de neige. Cela nous amène à superposer au symbolisme thématique de la neige un symbolisme d’essence lyrique, désignant avec précision cette voix blanche qui s’énonce sans emphase, sans artifice, jusqu’à effacer ses propres notes, voire jusqu’à ensevelir ses propres traces.

    Ainsi le poème « Au sujet de “je” » ne comporte paradoxalement aucune occurrence de la première personne : la voix de neige, qui efface et ensevelit le Je qui la profère, se décrypte sous le subterfuge discret d’une triple tournure infinitive, au cœur du poème :

    Retentir, prendre soi-même forme

    dans les larmes perdues de Dieu,

    à mi-chemin entre agneau et vipère,

    laisser en vain le venin témoigner !

    (p. 21)

    Le lyrisme d’Hofmo propose des variations pour cette procédure d’étouffement du Je poétique, comme dans le poème éponyme « Tout de la nuit est sans nom », où la préposition de valeur privative prend tout son sens :

    Tout de la nuit est sans nom

    Calmes, heure après heure,

    les choses posent

    leur nom

    l’arbre et la pierre

    interprètent la voix de l’univers,

    perdent leur identité

    propre.

    (p. 83)

    À la privation du nom et à la perte de l’identité se conjugue une démarche interprétative qui prend valeur universelle : « la voix de l’univers » se substitue à celle discrète, effacée, blanche, de la poète, ne serait-ce que pour lui conférer de l’ampleur, lui permettre de résonner et de « chuchoter l’éternel », comme dans le poème « La bouche du soir », lui aussi dépourvu de Je.

    Cette voix de neige, à la fois blanche et universelle, sans effets lyriques appuyés mais reconnue de tous comme personnelle, se retrouve dans le poème qui traite symboliquement du motif immémorial des « Pyramides » :

    Patience ! dit le sable.

    Et les pyramides se dressent

    comme d’immenses cyprès

    comme d’éternelles nuques de dieux

    portant le poids du ciel.

    Le monde dont la pierre

    ressemble à celle de la lune

    Le monde dont la soif d’éternel

    Reflète les étoiles

    Les habite

    Et dans le sang des humains

    se confondent dieux et

    mortels.

    (p. 65)

    Effacer les traces du Je poétique grâce au recours à la troisième personne permet de refonder par le verbe l’architecture audacieuse des pyramides qui traverse les âges, miroir de ce « monde dont la soif d’éternel / Reflète les étoiles ». La voix de neige se fait alors discrètement cosmique, pour que « dans le sang des humains / se confondent dieux et / mortels. »

    Mais cet effacement ne permet-il pas de nouer voix d’ombre et voix de neige pour que s’élabore une poétique du murmure, à la fois discrète et intense, se situant entre le silence et le cri, se faisant incantatoire pour faire advenir un chant ontologiquement personnel ?

    Nulle imposture poétique, nul travestissement esthétique, nul déguisement rhétorique : la voix d’Hofmo nous touche par sa recherche d’authenticité, issue d’un entre-deux précaire, fragile, déchirée entre le silence de la douleur et le cri de la révolte : « De mille gorges j’ai parlé à travers la nuit » (p. 35). De même dans « D’une autre réalité » :

    On tombe malade à force d’appeler la réalité

    J’étais trop près des choses,

    à m’en brûler à travers elles

    (p. 17)

    Mais refusant de vibrer « comme un cri allant crescendo », la voix poétique d’Hofmo fait plutôt le choix musical de s’énoncer mezza voce. En harmonie profonde avec la thématique du murmure, elle s’affirme comme une voix de l’entre-deux, une mi-voix, qui entrelace douceur et douleur, comme dans « Les derniers mots », où le murmure se profère par les morts pour dire « trop tard, trop tard » (p. 27), ou dans « Hiver » où il se trouve indissolublement lié à la mort :

    Comme de la cendre, comme des ossements, tu resteras couché, devinant les nuits au-dessus de toi, les hautes maisons murmureront en toi, à jamais. (p. 47)

    Dans le poème consacré à « Vincent van Gogh », le murmure, négation du cri humain, se fait douceur harmonieuse :

    La nuit des ombres est passée

    les couloirs longs

    où les humains ne crient pas

    mais la solitude

    où la beauté du vase

    était encore un murmure

    d’harmonies

    non vécues.

    (p. 61)

    Murmure et solitude s’entremêlent aussi pour s’amplifier dans « Sans cesse murmurent des voix » où s’apprécie la richesse de la palette lexicale pour dire le murmure incessant entre le silence, le bruissement et la voix :

    Sans cesse murmurent des voix dans

    des rues vides d’êtres humains

    on dirait un bruissement de vent

    on dirait un bruissement de pluie

    les voix des humains pénétraient

    des façades, des trottoirs,

    des panneaux

    mais veulent retourner à

    l’humain

    et réclament en silence

    leur propre corps !

    (p. 87)

    Puis, comme dans le poème dédié au poète Henrik Wergeland qui évoque « les profondeurs murmurantes de l’univers » (p. 67), Hofmo associe étrangement le murmure à des instances qui le dépassent ou l’annihilent, comme l’universel ou l’éternel. Ainsi, dans le poème de clôture « La bouche du soir » :

    La bouche du soir se referme

    mais son murmure résonne

    dans les arbres, les rochers

    Elle chuchote l’éternel

    et la nuit qui vient

    où les éclairs, les uns après les autres,

    te montrent les images du Monde !

    (p. 101)

    La voix poétique vibre avec une tonalité véritablement mezza voce, pour restituer sans la compromettre la résonance universelle du murmure, à la fois végétale « dans les arbres » et minérale dans « les rochers ». Mais à cette dimension universelle se superpose l’évocation explicite de l’éternel, avec un jeu de variation lexicale nous faisant passer du nom « murmure » au verbe « chuchoter », pour l’adjoindre de façon oxymorique à « l’éternel ». Il s’agit là d’une belle trouvaille poétique, à même de symboliser toute l’intensité suggestive de la modalité mezza voce.

    Enfin, quand il est question dans « Invité sur la Terre » de « profondeur », d’« incessante création », du « défilé […] de millions d’années », la voix poétique emblématise tout cela par « un murmure neuf du néant », formule magnifique. Ne reflète-t-elle pas la poétique du murmure, parfaite conciliation symbolique de la voix d’ombre avec l’idée de « néant » et de la voix de neige avec l’idée de « neuf » ?

    Ainsi, par sa recherche d’authenticité, la poésie singulière d’Hofmo s’apprécie comme mise à l’épreuve du lyrisme convenu pour avouer sa modernité. Car si l’on compose avec ses plus belles trouvailles poétiques une constellation signifiante, ne peut-elle pas se définir comme « un murmure neuf du néant » désireux de nous dire « sous l’éclat stellaire du deuil », par-delà l’ombre et la neige : « sans un son ta voix atteindra chacun » ? Mieux encore : « À présent ton âme se faufile à travers l’éternel ».

    « Sans un son » ou plutôt avec un murmure mezza voce, sa voix si personnelle parvient bien à « se faufiler à travers l’éternel », à nous atteindre au plus profond par la justesse de sa lyre intime. Ce faisant, elle devient universelle, illustrant la définition que propose Emmanuel Levinas du poème : « Il va vers l’autre. Il espère le rejoindre délivré et vacant ».

    Nul doute qu’Hofmo sache encore « débusquer » en chacun de nous « un vis-à-vis » mais, bien sûr, grâce au talent conjugué de Grete Kleppen et de Pierre Grouix, excellents passeurs de poésie, « ciselant » eux aussi « la matière précieuse des mots », entre la Norvège et la France.



    Muriel Stuckel
    D.R. Texte Muriel Stuckel
    pour Terres de femmes





    ___________________
    NOTE d’AP : une version synthétique de cette note de lecture a paru dans la revue Europe n° 983, mars 2011, pp. 352-354.




    GUNVOR HOFMO


    Gunvor Hofmo




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Les hommes sans épaules)
    une notice bio-bibliographique sur Gunvor Hofmo
    → (sur Recours au Poème)
    Voix d’ombre voix de neige (suite de poèmes de Muriel Stuckel dédiés à Gunvor Hofmo)
    → (sur le site du Ceriel)
    une notice bibliographique sur Muriel Stuckel



    ■ Autres notes de lecture de Muriel Stuckel
    sur Terres de femmes

    Jacques Estager, Douceur
    Stéphane Sangral, Circonvolutions






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  • Alain Duault | [Tempêtes tempêtes]



    [TEMPÊTES TEMPÊTES]




    Tempêtes tempêtes et puis des cris l’arc des cris les plus
    Rauques les plus cris les plus tempêtes et creux de pluie
    Et le jasmin les acacias tout ça les éclairs et l’éclat le cra
    Quement des roses comment est-il possible que notre vie
    Passe comme ça et le claquement des fouets sur les murs
    Tout ce qui fait mal aux cheveux comment est-ce dicible
    À quel vent quelles heures voraces à quels vœux se jouer
    Les loups sont dans nos bras et leurs regards vrillés verts
    Nous flashent soufflent nous poussent dans leurs fleuves
    À qui donner ces mots âcres la tête éclaboussée d’ombre
    Les danseurs nous emportent au pire et n’écoutent l’aveu
    Froissé des membres obscurs que dans la perte Quel sens
    Accorder à la clarté confuse aux doigts délicats du jour si
    Toutes les taches du ciel sont tombées Comment regarder
    Le ciel nettoyé jusqu’à l’os par la tempête avec qui danser




    Alain Duault, « Tempêtes et creux de pluies », in L’Effarant Intérieur des ombres, Gallimard, 2008 ; in Où vont nos nuits perdues et autres poèmes, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2015, page 193. Préface de Xavier Darcos.






    Alain Duault, Où vont nos nuits perdues





    ALAIN DUAULT


    Alain Duault
    Source




    ■ Alain Duault
    sur Terres de femmes


    [Il n’est peut-être pas trop tard] (poème extrait de La Cérémonie des inquiétudes)
    Le dos (poème extrait de Nudités)
    Comprendre la poésie (poème extrait de La Poésie, le ciel, Petite méditation lyrique)




    ■ Voir aussi ▼


    l’humeur d’Alain Duault (le blog d’Alain Duault)





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  • Françoise Oriot | Combat à recommencer



    COMBAT À RECOMMENCER



    Pierre dans la douceur
    déchirant le voile frêle de l’eau tendre
    Raide d’ignorance et de souffrance
    j’ai déchiré déchiré

    Entêtement de cette pierre que l’eau perdait
    Brutalité des mots et des cris
    pour que la pierre s’émiette
    et qu’enfin l’eau la prenne

    Force des mots et des cris
    pour oublier la pierre
    et la tendresse déchirée
    Puissance des mots qui finissent
    par justifier la pierre
    leur source
    Force assoiffée des mots qui consolent des cris
    La pierre devient socle
    pour que jamais ne revienne la souffrance
    de l’eau frêle et du voile tendre.



    Françoise Oriot, « IV. Perdue choisie », À un jour de la source, Éditions de L’Amourier, Fonds Poésie, Collection dirigée par Alain Freixe,  2015, page 93.






    Françoise Oriot, A un jour de la source





    FRANÇOISE  ORIOT


    Françoise Oriot NB
    Source



    ■ Françoise Oriot
    sur Terres de femmes

    À un jour de la source (lecture de Michel Diaz)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions de L’Amourier)
    la fiche de l’éditeur sur À un jour de la source
    → (sur le site des éditions de L’Amourier)
    une notice bio-bibliographique sur Françoise Oriot





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  • Gérard Cartier, Le Voyage de Bougainville

    par Marie-Claire Bancquart

    Gérard Cartier, Le Voyage de Bougainville,
    Éditions de L’Amourier, Fonds Poésie,
    Collection dirigée par Alain Freixe,  2015.



    Lecture de Marie-Claire Bancquart


    Bougainville-carte
    Source







    Gérard Cartier a déjà publié de nombreux recueils, qui se caractérisent par un fort rattachement au temps de l’histoire, trait assez rare dans notre poésie d’aujourd’hui.

    Né à Grenoble, près du Vercors, Gérard Cartier revient souvent sur la Résistance, ses aventures et grands moments, et les secrets qui l’entourent encore. Elle l’attire comme l’héritage d’une énergie particulière. Avec Le Voyage de Bougainville, le poète nous fait entendre une voix très différente. On sait que le grand navigateur du XVIIIe siècle découvrit des mondes inconnus, et des peuples à la morale et aux croyances très différentes des nôtres, et que Diderot devait célébrer dans son Supplément au voyage de Bougainville.

    Au premier abord, le livre de Gérard Cartier peut sembler bien loin de cet écrivain : il aborde en effet, successivement, l’ensemble des connaissances de notre temps, « histoire naturelle », « géographie », « sciences », « histoire », « littérature », dans des suites de poèmes dont les pages sont couronnées par des indications propres à chacune des sciences : en latin (mais facile à comprendre) pour l’histoire naturelle, en longitudes/latitudes pour la géographie, etc.

    C’est dire si la structure est travaillée. Mais ce n’est pas pour dessiner une courbe ascendante. Car chacune des suites marque une évolution négative. Ainsi la « géographie » n’offre certes pas la suite de découvertes intéressantes de Bougainville, mais évoque la mort, le sexe décevant, les mauvais compagnons, les opprimés, les lieux inquiétants, ou malsains, ou médiocres.

    C’est dans « Histoire naturelle » que se manifeste le plus évidemment un ton personnel de séparation, de malaise, de futur bouché. On sait que Gérard Cartier est un ingénieur de haut niveau, qui a travaillé à Eurotunnel (tunnel sous la Manche) et pour la liaison transalpine Lyon-Turin. Ces travaux apparaissent avec des aspects pénibles dans « Histoire Naturelle », à la page titrée « Homo sapiens » : les pieds glissent dans la boue, suivent le « dédale d’oubliettes », parmi des fragments de squelettes ; tout cela évoque fortement notre destin de « singe barbouillé de latin » et « destiné à mourir en scène », comme Molière…

    Est-ce à dire que le livre veut exprimer une déception totale, ou du moins une angoisse majeure ? – Non, mais un état de recul, d’examen personnel, que le poète compare aux examens spirituels des Chartreux voisins de son lieu de naissance. Gérard Cartier a écrit son recueil au moment où il atteignait l’âge de la retraite, qui signifiait, compte tenu de son métier, un changement radical de son mode de vie.

    Voici donc un témoignage très intéressant sur un temps de la vie. Ce moment de pessimisme, de désenchantement et d’interrogation, bien des lecteurs l’ont connu, le connaissent ou auront à le connaître. Ils auront le privilège d’en lire l’évocation dans cette belle langue qui est propre à Gérard Cartier, avec ses césures qui rythment les vers de manière inégale, et donnent un dynamisme à l’ensemble.

    Quant à un renouveau des intérêts profonds du poète, quelque chose nous dit que dès maintenant, nous pouvons peut-être avoir des raisons de l’espérer… mais laissons un peu de temps au temps…



    Marie-Claire Bancquart
    D.R. Texte Marie-Claire Bancquart







    Gérard Cartier, Le Voyage de Bougainville.jpg 2





    GÉRARD CARTIER


    PORTRAIT DE GERARD CARTIER
    Image, G.AdC



    ■ Gérard Cartier
    sur Terres de femmes

    .La duplicité. (poème extrait des Métamorphoses)
    Les Métamorphoses (lecture de Maëlle Levacher)
    Le philtre (extrait de Tristran)
    Tristran (lecture de Nathalie Riera)
    [Terra nullius] (extrait de L’Ultime Thulé)
    Le Voyage de Bougainville (lecture d’AP)
    .Par moi on va dans la cité dolente… (poème extrait du Voyage de Bougainville)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Gérard Cartier
    → (dans la sonothèque de la revue Secousse)
    des extraits d’une première version du Voyage de Bougainville, lus par l’auteur
    → (sur le site des éditions L’Amourier)
    la page de l’éditeur sur Le Voyage de Bougainville





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  • Bernard Vargaftig | [Mon chant mon bonheur]




    [MON CHANT MON BONHEUR]


    Mon chant mon bonheur
    N’est que gestes quotidiens
    Poser prendre dire
    Comme à ton odeur
    Comme à la mienne ta main
    S’unissent et respirent

    Ainsi se répètent
    Alourdis les mêmes mots
    Temps à vivre tel
    Que notre ombre cède
    Mêlant au terreau
    Des branches nouvelles



    Bernard Vargaftig, Chez moi partout, Pierre Jean Oswald, Collection Action poétique, 1966, page 23.






    Bernard Vargaftig, Chez moi partout





    BERNARD VARGAFTIG


    Bernard Vargaftig




    ■ Bernard Vargaftig
    sur Terres de femmes

    [L’avènement s’éparpille] (poème extrait de Je n’aime que l’énigme)
    [Ce n’est que l’enfance] (poème extrait du recueil éponyme)
    [Quelquefois je prends ta place]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une notice bio-bibliographique sur Bernard Vargaftig
    → (sur Mediapart)
    un hommage de Pascal Maillard à Bernard Vargaftig
    → (sur P/oésie, le blog d’Alain Freixe)
    In memoriam Bernard Vargaftig
    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    un hommage à Bernard Vargaftig
    → (sur Lumière des jours, le blog de Jacques Ancet)
    Quatre notes sur Bernard Vargaftig






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  • Mathieu Nuss | [Ce ton jaune sur jaune]



    Jaune sur jaune
    Ph., G.AdC







    [CE TON JAUNE SUR JAUNE]



    (58)




    ce ton jaune sur jaune dit l’heure d’habiter

    des vitres lentes de souffler empêtré

    dans le plus cœur d’un détail (à inventer encore)

    c’est qu’il y a ce for intérieur

    à re-muscler : sans contrôle des billets

    : à tire d’aile






    en séjour longé    somme toute un art

    de la fugue






    Mathieu Nuss, Au beau fixe (Autre hémisphère), Obsidiane, Collection Le legs prosodique, 2013, page 68. Illustrations de Jean-Louis Gerbaud.








    Nuss






    MATHIEU NUSS


    Mathieu Nuss est né en 1980. Après avoir dirigé deux numéros de la revue Boudoir & autres (arts et littératures contemporains ; éditions Ragage), il dirige aujourd’hui la revue larevue* (*des arts du langage et quelques autres ;
    n°1, juillet 2013, Julien Nègre éditeur) et contribue régulièrement aux revues Po&sie et CCP. Il a fait paraître un premier livre (une) Affirmation aux éditions Ragage en 2006, puis Al Mano (avec Georges Ball) chez Daniel Leuwers en 2007, Agio chez Voix éditions/Richard Meier, dans la collection « Vents Contraires » dirigée par Alain Helissen (2009), et Apartés à l’Atelier La Feugraie (2012). Mathieu Nuss a aussi écrit le livret de la Cantate I (Jachère aidant) de la cantate Cantate égale Pays de Gérard Pesson (commande de l’Ircam ; création au Centre Georges-Pompidou en juin 2010, dans le cadre du Festival Agora).



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Plexus-S, un site proposé par Mathieu Brosseau)
    d’autres poèmes de Mathieu Nuss





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  • Jean Rousselot | L’usage de la parole



    Une tête admirablement vide
    Ph., G.AdC







    L’USAGE DE LA PAROLE


    À Louis Parrot




    Ce qui reste c’est l’aubier sédimentaire
    Des hontes bues
    C’est entre les paillers roussis
    La ronde des enfants pauvres
    C’est le tâtonnement du petit jour
    Sur les plèvres endormies
    Ce qui reste ce qui monte
    C’est la fumée noire qui partage le jour
    C’est la main calcinée qui surgit entre des laves
    C’est la voix qui n’a rien à dire
    Et fleurit obstinément parmi les pierres
    Rien à dire car l’ombre des mots est mortelle
    Et descend toujours plus bas
    Sous les ornières des canons
    Ce qui reste c’est
    Deux bras
    Deux jambes
    Qui s’ignorent
    Une tête admirablement vide
    Qui va son chemin.



    Jean Rousselot, Le Poète restitué [Le Pain Blanc, 1941] in Jean Rousselot par André Marissel, Éditions Pierre Seghers, Collection « Poètes d’aujourd’hui », 1960, page 106.



    __________________________________
    NOTE d’AP : Jean Rousselot est né le 27 octobre 1913 à Poitiers. À l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Rousselot paraît le 16 décembre 2013 aux éditions Rafael de Surtis : Christophe Dauphin, Jean Rousselot, le poète qui n’a pas oublié d’être.





    JEAN ROUSSELOT


    Jean Rousselot



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au poème)
    Hommage à Jean Rousselot par Christophe Dauphin





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  • Marie-Ange Sebasti |
    [Un chemin de silence a gonflé ton chargement de mots]






    Voici la place qui retiendra tes mots
    Ph., G.AdC







    [UN CHEMIN DE SILENCE A GONFLÉ
    TON CHARGEMENT DE MOTS]





    Un chemin de silence a gonflé
    ton chargement de mots

    Tu rêves de l’étape
    où tu le poseras

    Voici la place
    qui retiendra tes mots

    Voici le lieu bruissant
    qui les allègera de tous leurs sens
    pour agrémenter ses palabres

    Mais vient le vent qui t’en détourne



    Marie-Ange Sebasti, Cette parcelle inépuisable, Jacques André éditeur, Collection Poésie XXI, 2013, page 34.







    MARIE-ANGE SEBASTI


    Sebasti
    Image, G.AdC




    ■ Marie-Ange Sebasti
    sur Terres de femmes

    une fiche bio-bibliographique [BIO-BIBLIO] sur Marie-Ange Sebasti
    → une petite anthologie poétique de
    Marie-Ange Sebasti
    Cette parcelle inépuisable (note de lecture d’AP)
    Demain (extrait de Marges arides)
    → « 
    Notre héritage n’est pas forteresse »
    [On voudrait partager sans parole] (extrait de La Connivence du marchand de couleurs)
    Parlemente (extrait de La Porte des lagunes)
    Plage d’encre (extrait de Haute plage)
    Quand les îles pouffent de rire (extrait de Presque une île)
    Rue natale (extrait de La Caravane de l’orage)
    Une petite vieille en noir (extrait de Paroles pour une île)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Ils étaient partis
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Marie-Ange Sebasti (+ un extrait de Paroles pour une île et de Corse, dans le chalut des jours)
    → (avec Monique Pietri)
    Bastia à fleur d’eau
    → (avec Monique Pietri)
    Villes éphémères (note de lecture d’AP)
    → (avec Monique Pietri)
    Garder infatigablement les yeux ouverts (extrait de Villes éphémères)





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