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  • Janine Gdalia | Ni d’ici ni d’ailleurs




    NI D’ICI NI D’AILLEURS




    Ni d’ici ni d’ailleurs

    Ramallah
    à la lisière de Jérusalem
    Quelques kilomètres
    Un autre monde
    Passer le checkpoint
    Entrée de prison à ciel ouvert
    Justifier de son identité, de l’objectif

    Le franchissement d’une frontière
    Une frontière entre « pays » ennemis

    La guerre dure trop longtemps
    Le cessez-le-feu remonte à
    un demi-siècle au moins

    Des Palestiniens parfois
    se transforment en assassins

    La peur est là

    Je suis de l’autre côté
    c’est ainsi que me voient les Palestiniens
    Juive soutenant Israël

    Je suis aussi de l’autre côté pour les Israéliens
    Juive soutenant les Palestiniens

    Une fois encore
    Je ne suis ni d’ici ni d’ailleurs

    Je suis pour la paix
    Je suis pour le droit

    Israël a le droit d’exister et de se défendre

    Israël doit se libérer des territoires comme le disait déjà en 1967 Yeshayahou Leibowitz.

    Mon cœur a tremblé en 67
    j’ai cru à une nouvelle extermination

    Mon cœur a soupiré ensuite

    Depuis mon cœur est triste et en colère

    J’ai rêvé avec Sadate, espéré avec Arafat et Rabin.
    J’ai pleuré.
    Je pleure encore

    Aujourd’hui l’horizon est bouché

    Faut-il que des frères s’entretuent sans fin ?

    À Ramallah j’ai pu admirer la beauté de la ville, ses pierres blanches, ses façades. Sa prospérité dans un Orient moderne loin de ce que l’on dit de Gaza libéré de l’occupation israélienne depuis tant d’années.

    J’ai pu admirer ces femmes poètes, fortes sincères, ces femmes dont je me sens si proche, ces poètes de Palestine, ceux du monde arabe et d’ailleurs tous réunis en poésie pour la paix, le dialogue.

    Il manquait cependant à cette fraternité rieuse, chaleureuse, la présence de l’Autre.
    La paix aura fait un pas décisif quand ils seront réunis à Ramallah ou à Haïfa ou Tel-Aviv.
    Mes mots étaient les leurs me dirent plusieurs d’entre eux
    Ceux de leur souffrance
    Éternel déchirement de quitter le pays natal
    De vivre l’exil

    Demain on trouvera le chemin vers la paix !



    Janine Gdalia in Requiem pour Gaza (Collectif de 30 poètes), Color Gang édition, Collection Urgences, 66470 Saint-Génis-des-Fontaines, 2018, pp. 96-97. Préface d’Adonis. Postface en forme de dialogue entre Vincent Calvet et Aymen Hacen.






    Requiem pour Gaza





    JANINE GDALIA





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de Color Gang édition)
    une notice bio-bibliographique sur Janine Gdalia (+ un entretien)
    → (sur le site de Color Gang édition)
    la fiche de l’éditeur sur Requiem pour Gaza
    → (sur La Cause Littéraire)
    Requiem pour Gaza, Collectif (lecture de Didier Ayres)





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