Étiquette : Couleur Femme


  • Béatrice Brérot | De l’autre côté

    Les trottoirs mouillés
    Ph., G.AdC






    DE L’AUTRE CÔTÉ



    il n’y a pas d’accord
    entre le monde entrant
    et le monde sortant

    les trottoirs mouillés
    reflètent bien plus
    que la pluie
    ils donnent
    la mesure du jour
    celle de la nuit
    et le temps déborde toujours au-delà de minuit

    de l’autre côté
    il est midi

    la nuit est tellement douce
    peu de bruits
    la ville assoupie
    vous vous endormez
    je vous aime
    vous êtes si belle

    il n’y a pas d’accord
    entre les mots du dedans
    et les mots du dehors

    les fenêtres fermées
    offrent en plusieurs strates
    les traces visibles
    de l’impermanence du temps
    qui jaunit les dents
    les états se superposent
    et l’esprit vacille toujours au-delà de l’infini

    de l’autre côté
    c’est fini

    la nuit est tellement douce
    vous dormez
    respirez
    je sais que cet été
    est le dernier
    où je vous regarde
    vous respirer

    vous ne savez pas l’écart
    qu’il y a entre
    rester
    et partir
    tout est dans l’excès
    même la chatte quitte le rebord
    il n’y a pas d’accord

    il n’y a pas raccord
    mais l’amour est comme la lumière
    jamais vide
    jamais hors champ
    d’une bulle éclatée
    brille le pollen
    poudroie les baies
    de nos quartiers
    et parsème l’univers

    mon corps avec lui s’éparpille
    cristallise et chante
    aujourd’hui pour demain
    la geste des femmes

    Béatrice Brérot
    Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)




    Les fen-tres ferm-es
    Ph., G.AdC



    BÉATRICE BRÉROT

    Béatrice Brérot



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans Les Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera)
    Béatrice Brérot, Ouvrirr
    le blog de Béatrice Brérot


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  • Sophie Loizeau | le bain de diane

    Diane
    Image, G.AdC






    LE BAIN DE DIANE



          Le bain de diane enceinte tient de l’emboîtement infini, gigogne.
          Femme au contenu, en plus de se contenir elle, au contenu étrange, une veine verte court de son flanc à son aine, de chaque côté. Les bassins reflètent ses seins décuplés, pointes noires et son sexe (le lui cache son ventre autrement). Nue au vu et au su mais dans le parc désert.
          Nul ne le peut ni le cerf, le boisement dense et les ronces empêchent qu’on la surprenne au bain. L’eau découvre l’ovale du ventre proéminent. À l’heure mélancolique elle se baigne. La vasque dont les pieds sont des griffes enfoncent dans les feuilles de l’automne dernier. Mise sous les tilleuls quelquefois pleine de leurs fleurs.
          diane se baigne avec la vision de la baignoire infinie, elle s’attend d’une seconde à l’autre à la dissolution de son émail. Comme les miroirs l’eau ouvre sur un monde, l’entrain vers le fond l’enfoncement.
          La forêt la plus prononcée la plus pubienne.

    Sophie Loizeau
    Extrait du roman de diane, paru aux éditions Rehauts en mai 2013.



    SOPHIE LOIZEAU


    Sophie Loizeau
    Ph. © Adrienne Arth
    Source




    ■ Sophie Loizeau
    sur Terres de femmes

    Bergamonstres (note de lecture d’Angèle Paoli sur Bergamonstres, publiée dans la revue Europe d’août-septembre 2008)
    [L’œil persiste aux lisières] (extrait du Corps saisonnier)
    vendredi (extrait de Bergamonstres)
    caudal (extraits)
    [Moabi quand tout va bien] (extrait de Ma maîtresse forme)



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel de Sophie Loizeau
    → (dans Levure littéraire n° 7)
    un entretien de Sophie Loizeau avec Rodica Draghincescu
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique consacrée à Sophie Loizeau
    → (sur le site de l’écrivain Claude Ber)
    une bio-bibliographie de Sophie Loizeau



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  • Luce Guilbaud | Le corps penche

    Les femmes se lèvent vont au miroir le désir est vivant
    Ph., G.AdC





    LE CORPS PENCHE

    le corps penche
    il s’appuie sur un coude       se souvient
    des courses du cœur                de ses battements
    dehors on ne voit rien             c’est ici
    avec le sang qui fomente ses raisons

    on se souvient d’autres chambres
                                                    d’un ciel de lit

    un homme ne sait pas si l’amour est compté
    si le lit flotte avec les marées

    le matin dort encore
    derrière les rideaux

                                                    et les femmes se lèvent
                                                    vont au miroir
                                                    le désir est vivant (prêt à partir)

    un cœur en papier à la main
    je marche sur le tapis
    je reconnais le dessin du rêve

                                                    au loin la nuit se couche déjà sur l’eau
                                                    les draps d’aube nouvelle se dispersent
                                                    avec les oiseaux mêlés à la chair des soupirs

    c’est la rivière qui hésite à passer près du lit
                      mais il faut bien se lever

    Luce Guilbaud
    Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)



    LUCE GUILBAUD


    Luce guilbaud



    ■ Luce Guilbaud
    sur Terres de femmes

    Demain l’instant du large (lecture de Sylvie Fabre G.)
    [Le haut le bas l’envers l’endroit] (extrait de Demain l’instant du large)
    [il y a eu des pluies] (extrait de Nuit l’habitable)
    Mère ou l’autre (lecture d’AP)
    [les ombres envahissent] (extrait de Pas encore et déjà)
    [mon père m’offre des animaux] (extrait de Vent de leur nom)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (extrait)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud [Dis-moi plutôt ce qui nous réunit](autre extrait d’Iris)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (lecture d’AP)
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime (chronique de Marie-Hélène Prouteau)
    Luce Guilbaud | Amandine Marembert | Renouée (extraits de Renouées)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Luce Guilbaud
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Luce Guibaud



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  • Corse_3
    Angèle Paoli | Chtoniennes (lamentu)




    Aristoloche des talus
    Ph. angelepaoli






    CHTONIENNES (LAMENTU)




    Crépitement du feu en firmament d’étoiles
    ni blasphème ni plainte
    ton ongle brisé au miroir de l’enfance
    craquement des os pris     affleurement des eaux
    ta mémoire infaillible    inlassable    des jours
    de descente en bordure    de mer


    tu marches


    effluves de printemps dans les herbes mouillées


    \ aristoloche des talus
    qui t’a donné ce nom d’aristocrate tenace
    sûre de ton élan sur ta hampe dressée
    et mouette criarde en tourbillon des flots \


    tu surveilles
    veilles à tes pas



    inconsolable de la durée des ciels
    en nuages d’ébène    fondus de gris    à l’écal du rivage
    et ton rire perlé de cils
    et tes larmes d’enfant
    accrochées aux épines     cactées plantées drues et rudes
    au revers des roches sombres     chtoniennes     des failles en
    abrupt


    il suffirait
    il suffirait d’un pas
    pour que tu glisses
          là
          en-bas
          passera
          passera pas
          un pas de plus

          un pas de trop



          et voilà que tu passes    de vie à trépas
          dans la nuit qui brasse
                                                     sans foi ni émoi
          tes monstres insoumis


          bras tendus qui t’accueillent en Charybde et Scylla
          ancillaires moissons de trouble déraison.





    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli
    _____________________________
    Note : ce poème a été publié dans l’ouvrage collectif Calendrier de la poésie francophone 2011, Alhambra Publishing (Belgium), 2010, 10.6. Choix de Shafiq Naz.






    Cact-es plant-es drues
    Ph. angelepaoli

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  • Carole Darricarrère | Ulysse (Joyce remixed)



    ULYSSE (JOYCE REMIXED)



    Bloom ballon ballant de la tête, ostensoir de ces choses minuscules, gerbes dérivations, feux brefs, abstractions spectrales, ses galaxies, rangées de ruches reine de lui-même, pensionnaire ébahi du monde déballant ses sonnets, fièvres, poches pleines, de Poucets, cailloux, cadavres, savons, de rognons, d’engeances, avatars, permanentes malles à colombes, mouchoirs, lapins, ruses, seins, soucis, ballon vague s’évadant sur le dos de quelque longue vague ravie, pauvre proie d’un rêve que rien n’assouvit.





    1 - pauvre proie d-un r-ve
    Ph., G.AdC






    Triple lecture de « l’inéluctable modalité du visible », digeste assimilation spéculative d’une représentation roide, amidon de mes abîmes, soupe de cela, théâtre intime de malfaçons sonnantes, moins vraies que nature, chacun son midi, pas de porte, son inviolable altérité territoriale, réel fantôme de lui-même par affabulations successives, maître du vivant plus fervent que la simple assertion qui tapisse avoisinant les corps. Ce bleu que je sécrète à compte d’auteur sera toujours plus bleu que celui-ci qui s’expose contournable en vérité, ce bleu de messe que je ressuscite, ma note mellifère contre un bleu patriote siliconé à la pensée unique, calqué, pixelisé, botoxé, speedé, clôné, ma saveur contre la sienne, sillage ensablé dans la quantité du monde, tout ce qui parfume en douce mes allées contre les vôtres, une ride, un brin de poésie.


    Ma musique contre les installations sonores, prêt-à-performer mondial, échafaudages secs étalonnant tout ce qu’ils touchent : le réel, ment, nouvel opium, ma réalité détrône la tienne. Ma mienne musique. Mon remix. Mes longues déclamations sensorielles décernées à l’ange derrière le masque. Sampling de mon petit oiseau siffloteur à l’abri dans ta cage. Je relis la phrase à l’envers, et je l’éternue. Molly aime. Mes stridulations solitaires, un Picasso plus réel que le réel lui-même. Dali ne condense pas la réalité. Ma claire vision. Une lecture dans les plis. Un visage peut en cacher un autre. Lumière aurorale entre les baleines de ton corset. Ce qui luit dessous le tain. Image inversée à un cri du couteau carnivore.


    Je fends le monde sur l’aile d’un oiseau voisin et le lointain me sera proche. Discernante musique, élue des sphères, et qui ne fait plus de phrases. Ma main désormais obsolète. Deux petits maçons de concert, parfois non, se repliant deux l’un contre l’autre, ailes chastes, détestant désormais les œuvres, pardonnées, bonnes dès que réunies. L’invisible règne alors sur la chair, les marées loin rougissent en quête des terres, les voiles claquent dès qu’un coin se rebiffe. Le temps est ce qui jaunit. Petit dieu aux mains percées, écume aux lèvres, tout son corps tient sur le cul de ses pieds, tandis que sur le toit du monde, ses yeux vapeur écoutent ce qui se départ. Sa vie en titre, n’est qu’un de ces extraits. La flamme consume ce que le ver ne rongera pas.





    2 - H-ros tout de m-me
    Ph., G.AdC






    Vincent a trouvé refuge dans la contemplation orphique des fleurs. La nuit dans mon jardin, les cornes de brume de ces animaux vagues tracent sur la mer brune d’indigents sillons, et voguent à qui vaque. Ils ont rasé deux plants jumeaux de tournesol, ivres bus de l’ordre de ce jaune poulain caracolant sur une monture de nuit. Leurs petites lèvres baisant les armures, fruits saignés, mollusques ceignant la fierté de nos jardins, avec quelle inusable lenteur la lune montre du doigt le bouclier d’airain. Les dents de la nuit. L’éclat pâle de ce ruissellement obscur. Ainsi apprit-il à écrire en lisant alentour, ce dont le tableau fit bon usage. Le bourdon organique par-dessus toute antienne, sa loi. Une lecture se doit d’être au moins ce corps-à-corps.


    Très tôt R. se mit à fuir les poètes, détestant la poésie vénérer le Poème. K. contemporain de la légende entre vivant dans la doublure. Molly aimerait. Héros tout de même s’en souvenir pourquoi pas ? Le doigt du maître n’est jamais très loin de la lune.



    Carole Darricarrère
    D.R. Texte inédit de Carole Darricarrère, remix février 2010
    pour Terres de femmes





    CAROLE DARRICARRÈRE

    CAROLE DARRICARRERE



    ■ Carole Darricarrère
    sur Terres de femmes


    Les doubles jeux du (Je) (note de lecture sur le recueil Le (Je) de Léna)
    Élévation du feu
    Face à face avec mes mains
    Imagine qu’un matin… (notice bio-bibliographique)
    Je coupais souvent à travers champs
    Nous vécûmes
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Carole Darricarrère (+ un extrait du recueil Demain l’apparence occultera l’apparition)


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    Les éditions Isabelle Sauvage, par Olivier Goujat



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  • Ariane Dreyfus | SAMI



    Dans la for-t
    Ph., G.AdC





    SAMI


    Debout parce que les arbres sont serrés dans la forêt
    La peur est à qui   si on arrive à la toucher ?

    L’OGRE ET SON CHAGRIN

    Son chagrin était noir, noir comme la méchanceté
    Des gestes brusques, un fond dur comme du fer.
    Son chemin n’aimait pas les yeux rouges,
    Son malheur faisait mal.
    L’ogre regardait son visage dans les vitres,
    Son chagrin était rempli de
    Sentiments
    Encore le nord du chemin
    Imaginez au fond
    Sa propre ruse pour
    Les enfants du froid
    La tristesse se relevait
    Dans ses songes
    Les rêves se penchaient


    Tes lèvres ont les côtés qui saignent
    L’hiver est trop long ? [*]
    Tu t’étais cogné pour partir ?

    L’écriture dit

    Je veux
    Qu’on m’invente
    Je veux être
    Dans une page


    Parfois je vois les danseurs revenir d’une coulée
    Leurs gestes sont proches avec le sommeil debout
    Quelqu’un qui te secouerait au même endroit
    Sentirait que la force ne peut pas tout tenir

    Comme s’il y avait une petite étoile noire, en bas

    Ils courent vers un point pour se resserrer
    Pour remplacer avec leurs corps réels
    L’amour et il avance
    Les lancements de bras, lentement les cous
    Font danser les visages un peu seuls

    Cherche, cherche

    La couleur des gestes         n’existe pas

    Direction les gestes pliés         ils sont croisés, serrés

    Puis la marche         essaye de retrouver         de nouveaux

    Gestes froissés         tombés dans le sentier des mots

    Le vide temps long         taille grande

    L’espoir de lever         ses gestes perdus

    Lancer lentement         les distances

    Le vent des choses de lumière

    Notre nuit en dormant élément         bouge


    Les lancements de bras, lentement les cous
    Font danser les visages un peu seuls
    Leur tiédeur

    C’est une caresse avec la musique serait de l’eau
    Devant moi ils s’essuient la figure, leur absence qui reste
    Ce spectacle est trop humain.

    Celui qui est une personne du samedi mais pas une personne du dimanche
    Celui qui bouge très bas, près des ombres terrifiantes, rapides, appliquées
    Celui qui se croit grand et ses dons sont tout petits
    Celui qui souffre devant la lumière du passé et évite d’aimer
    Celui qui court dans l’herbe vert brillant et exige la chasse froide
    Celui qui danse tout seul et se délivre de l’histoire, tout surpris


    Peut-être qu’un mot sur deux tu l’as pris dehors

    Des formes s’éclairent de la sagesse des métamorphoses

    Un jour tu taches le sol de la classe avec de l’encre
    Tu as fait tomber de l’encre et rien ne t’en fait souvenir

    Seul personne ne le sait

    Un accordéon violemment incohérent


    Plus on est maladroit plus on a besoin d’oublier
    Essayer de tourner n’importe comment
    Autour de l’ogre et d’attraper son cœur
    Parce que lui se tait et pas toi

    Les poèmes sont de belles taches compliquées
    Qui vont chercher l’indulgence des inconnus
    On ne le sait pas peut-être que nous dansons
    À chaque fois que leurs yeux vont vers nous

    Je ne vais pas m’arrêter j’aime faire
    Même quand je serai morte sous les plantes
    C’est moi qui ai saigné entre mes jambes
    Ai connu ce qu’il fallait connaître

    Le printemps passe au fil des jours
    Des battements
    Inconnu veut-il le désir de danser
    Avec une puissance de femme
    Une victime qui hait le silence
    Ne passe ni la musique ni
    La danse, car le corps
    Se bouge d’un reflet, le garçon
    Piétine sur les fleurs du printemps
    Il danse pour le futur, la femme
    L’homme sont furieux, se rapprochent
    Et se mettent à danser collés l’un à l’autre
    Danser avec un art, des articulations
    Comme une immense joie à travers le ciel
    Ils s’apprécient puis ils s’approchent
    Se suivent des yeux ne relâchent pas il suffit
    D’une relation du regard


    Tu n’as plus tout à fait confiance d’être un enfant

    Alors tu hausses simplement les épaules
    Tu préfères cela à montrer ta figure et voilà

    Laissant tomber les larmes et leurs reniflements

    Mon organisme puissant et l’orage qui décide

    Laissant tomber les larmes et leurs reniflements

    À force d’avancer d’ailleurs c’est quoi le noir
    Tu arrives dans la zone de l’interminable beauté
    À chaque fois la poésie écarte une mâchoire
    Elle est touchable

    Les fontaines joyeuses
    J’aime ces bouches
    Qui répondent à ma place

    La nuit je suis par terre
    Regarde les étoiles qui envahissent
    Les nuages

    Mes bras, mes mains
    Se rejettent et se croisent
    Dans mon cœur

    Le bruit brutal
    Va dedans dehors

    Mes idées
    Sont particulières
    La nuit obscure
    Je te dis adieu



    [*] Version définitive (op. cit. infra, p. 161) :
    Le sang au bord de tes lèvres
    Quand l’hiver est trop fort




    Ariane Dreyfus
    extrait de « Petits compagnons »
    La Terre voudrait recommencer
    (texte définitif paru chez Poésie/Flammarion le 19 mai 2010)




    Note : les passages en italiques ont été écrits par Sami, élève de 6° puis de 5°, lors d’ateliers d’écriture menés au Collège Pierre Sémard de Bobigny.





    ARIANE DREYFUS


    Ariane Dreyfus
    Image, G.AdC




    ■ Ariane Dreyfus
    sur Terres de femmes

    Anatomie (extrait de Moi aussi)
    Le Dernier Livre des enfants (lecture d’AP)
    [J’écris parce que je vais disparaître] (extrait du Dernier Livre des enfants)
    Épilogue (poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La Lampe allumée si souvent dans l’ombre (note de lecture de Matthieu Gosztola)(+ L’Amour 1 dans sa graphie originelle)
    Nous nous attendons (note de lecture de Tristan Hordé)
    « C’est tout mouillé » (poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    « Je suis en train d’oublier son visage » (autre poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    Un recoin dans un coin (poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    Comment habiter l’inhabitable (note de lecture sur le recueil L’Inhabitable)
    La nuit commence (poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Ariane Dreyfus (+ un autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Ariane Dreyfus



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  • Lucetta Frisa/Toccata settima

    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    « « «  Anthologie poétique Terres de femmes (50)





    Una scala sale e poi si ferma- un escalier monte puis s-arr-te.
    Ph., G.AdC






    TOCCATA SETTIMA (Girolamo Frescobaldi)



    una scala sale e poi si ferma.

    Resta lì a creare
    altre scale
    senza condurci
    da nessuna parte.

    L’aria chiama slanci
    verso un aperto sempre più aperto
    un alto sempre più alto.
    Una stanza d’aria ferma
    ha il peso specifico
    dell’arabesco vaporoso
    che non snida nulla.
    La mia carezza resta a metà –
    si crea a cerchio la sua aria
    foglia che non va
    né su né giù.
    Dove siete anime dei cieli promessi?
    Qui non ci sono voci
    né parole, nulla progredisce
    o torna, si danza o si fa finta
    su passi sottili
    distanti dal pensiero.

    E io ti chiedo: dove sei?
    E tu rispondi: dove sei?
    Non c’è nessuno, qui. Neppure noi.


    Lucetta Frisa
    D.R. poème inédit de Lucetta Frisa
    pour Terres de femmes
    extrait du recueil à paraître Concerto per la mano sinistra






    SEPTIÈME TOCCATA (Girolamo Frescobaldi)


    un escalier monte puis s’arrête.

    Il reste là à créer
    d’autres marches
    sans nous conduire
    nulle part.

    L’air appelle des élans
    vers une ouverture de plus en plus ouverte
    une hauteur de plus en plus haute.
    Une pièce remplie d’air stagnant
    a le poids exact
    de l’arabesque vaporeuse
    qui ne débusque rien.
    Ma caresse s’arrête à mi-chemin –
    elle crée son air en décrivant un cercle
    feuille qui ne monte
    ni ne tombe.
    Où êtes-vous âmes des cieux promis ?
    Ici pas de voix
    ni de mots, rien ne progresse
    ni ne revient, on danse et l’on feint
    sur des pas subtils
    éloignés de toute pensée.

    Et je te demande : où es-tu ?
    Et tu me réponds : où es-tu ?
    Il n’y a personne ici. Pas même nous.


    Traduction inédite de Marie Fabre





    Voir aussi :
    – (sur Terres de femmes)
    Sylvie Durbec/Déjanire ― Lucetta Frisa/Deianira.


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  • Cristina Crisci/Spring
    1

    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    Anthologie poétique Terres de femmes » » » (2)


    COPERTINA COULEUR FEMME 2010


                                        J-erre sur le chemin des apparences friables
                                        Ph., G.AdC





                                        SPRING


                                        1.

                                        La maison
                                        pleine de vent.

                                        La fenêtre s’ouvre
                                        Le drap
                                        rejoint
                                        les nuages


    2.

    Au ralenti,
    dans un éclat infini,
    la mirifique       enveloppante
    cage à miroirs
    se brise.

    Enfin nue,
    dans une blanche lumière
    épaisse et joconde,
    Je suis.


    3.

    Glacée d’épouvante,
    je traverse en nage
    l’obscurité liquide,
    poussée
    par l’assurance d’une île.


    4.

    Sans armes,
    le souffle comme ultime puissance,
    j’erre sur le chemin
    des apparences friables
    et mes pas crissent.


    5.

    Laisse résonner
    l’Innocence.
    L’ombre alors s’écarte.
    Espère le jour


    6.

    Plancton
    aux antennes
    vibratiles,
    j’avance
    en frémissant
    et je mène ma danse
    dans une géographie
    folâtre.

    Mon cœur verdoie !


    7.

    Dériver
    aux limites
    du visible :
    brume
    puis
    éblouissement
    puis
    brume
    puis éblouissement
    puis brume…


    8.

    Un oiseau migrateur
    me confie
    aujourd’hui
    des mots extraordinaires…
    Présage


    9.

    Chuchoter la valse
    des antiques incantations.

    Un voile se lève.





    Clart- turquoise d-un matin d--quinoxe.
    Ph., G.AdC




    10.

    Clarté turquoise
    d’un matin d’équinoxe.
    Je passe
    ma robe froissée
    de coquelicot.
    Prévision d’Ivresse.


                                        11.

                                        La tortue
                                        se réveille.
                                        La grue
                                        perchée sur sa carapace
                                        s’attarde un instant
                                        puis s’envole.
                                        La lune déborde.


    12.

    Dans l’œil
    émerveillé
    de la Femme Chatoyante :
    une louve
    rit
    dans l’herbe folle.
    Spring !


    Cristina Crisci
    D.R. Texte inédit Cristina Crisci/Terres de femmes

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    (Printemps des poètes 2010 « Couleur femme »)


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  • Rita R. Florit | Varchi del rosso

    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    « « «  Anthologie poétique Terres de femmes (38)




    s'échapper en éclats synaptiques | se déchaîner en vitalités ivres et ruisselantes

    Ph., G.AdC






    VARCHI DEL ROSSO



    Nel maggio arioso avrei pensato
    un cielo allontanato dal biancore
    surfactante, in interiore celeste tessuto,
    in cerca di una quieta via di bruchi,
    di insett’assalto ai pollini dorati,
    d’onnipresente cinguettar dell’aria
    in disperati morsi al cuore delle attese.

    Nel centro avviluppante della luce
    è il senso vellutato delle rose muscose e
    variamente inclini a spudorata offerta
    ai varchi più funamboli del rosso;
    fiammanti più che roghi circoscritti,
    esili nel levarsi fil di fumo
    d’antichi cori funebri e cinerei…

    Altro senso, alto, affinato, pago di curvature,
    in folto percorribile carminio, rorido,
    mai sazio di lucore in lembi e stami,
    in sghembe arricciature a risaltare
    nell’umido lunare delle notti.

    Avrei deciso che sommesse crespe volute
    districarsi potessero dai nidi del colore
    più accanito, guizzare di sinaptiche scintille
    a scatenar vitalità ebbre e stillanti,
    dai vinti artigli assilli liberate.

    Che acuminate dalie m’attirassero nei vuoti
    vortici di ben setosi aculei, quasi metalliche
    scarlatte lame non supposi; che gonfie
    ortensie roteassero in stelle piluccanti oltre
    i giardini, estese in solitudini boschive
    non sapevo; né che cerulei sentori oltremare
    travalicando i muri ad occidente stabilissero
    di lì abitare, e in rosso trasmutarsi.

    Dalle serali inclinazioni frangenti
    sillabai con cautela i riflessi…
    Appresi che il segreto delle porpore
    è il rintanarsi in pozze di clamori,
    in mormoranti buche e avvallamenti,
    sonorità minori e accattivanti.

    Strariparono infine i miei passati
    intendimenti ché i varchi sanguigni
    dalle tue proprie vene emanano.
    Precipitarono nei baratri cromati del
    giallume, negli steli in fiato corto
    di calure, negli infinitesimi brillii d’ali
    vetrose, multicolori iridescenze inferte.

    Preludio di amnistie autunnali
    mi rifugiai in scrigni vermigli melograni.
    La mia dimora estiva s’instellò cerata,
    poi carta velina gonna papavera,
    mattiniero squillo di tromba in sordina,
    quasi asfissia d’arancio furente.

    Nel latte e sangue dei gigli marini rinvenni,
    in candore di garze riposati occhi straziati,
    polsi e caviglie sprigionati, dagli scoscesi dirupi
    immersavvolta in sonno tiepido m’arresi.

    Allertate rose settembrine attesero, minacciose
    d’insinuar varchi del rosa… addirittura…



    Rita R. Florit
    D.R. Texte Rita Regina Florit
    pour Terres de femmes







    TROUÉES DE ROUGE




    Dans l’air de mai me serait venu à l’esprit
    un ciel qu’éloigne la blancheur
    surfactante, à l’intérieur tissé de bleu céleste
    en quête d’un quiet cheminement de chenille,
    d’un assaut d’insectes aux pollens dorés,
    d’un babil omniprésent de l’air,
    morsures désespérées au vif de l’attente.

    Au cœur des volutes de lumière
    veloute le sens des roses moussues,
    diversement enclines à d’impudiques offrandes
    aux funambulesques trouées de rouge ;
    plus flamboyantes que des brasiers circonscrits,
    minces comme le fil de fumée qui se lève
    d’antiques chœurs funèbres et cinéraires.

    Autre sens, élevé, affiné, enorgueilli de courbes,
    en sillon touffu de carmin, humide de rosée,
    que jamais n’assouvit la splendeur des limbes et étamines,
    des fronces obliques jaillissant
    dans l’humidité lunaire des nuits.

    J’aurais voulu que des volutes crêpelées et soumises
    puissent se démêler des nids de couleur
    plus exaltée, s’échapper en éclats synaptiques
    se déchaîner en vitalités ivres et ruisselantes,
    griffes vaincues hantises libérées. […]

    D.R. Traduction inédite [extrait] d’Angèle Paoli





    RITA R. FLORIT

    Rita Regina Florit



    Voir aussi :

    → (sur Imperfetta Ellisse)
    le poème Varchi del rosso (+ une lecture-vidéo par Enrico Frattaroli)
    Rita R. Florit/D’effimero oblio
    Imus (extrait de Nyctalopia)
    Rita R. Florit/I giorni accatoni
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes)
    le Portrait de Rita R. Florit (+ un autre extrait de Lezioni inevitabili) ;
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    d’autres poèmes de Rita R. Florit



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  • Cristina Crisci | Spring


                                        J-erre sur le chemin des apparences friables
                                        Ph., G.AdC





                                        SPRING



                                        1.

                                        La maison
                                        pleine de vent.

                                        La fenêtre s’ouvre
                                        Le drap
                                        rejoint
                                        les nuages


    2.

    Au ralenti,
    dans un éclat infini,
    la mirifique       enveloppante
    cage à miroirs
    se brise.

    Enfin nue,
    dans une blanche lumière
    épaisse et joconde,
    Je suis.


    3.

    Glacée d’épouvante,
    je traverse en nage
    l’obscurité liquide,
    poussée
    par l’assurance d’une île.


    4.

    Sans armes,
    le souffle comme ultime puissance,
    j’erre sur le chemin
    des apparences friables
    et mes pas crissent.


    5.

    Laisse résonner
    l’Innocence.
    L’ombre alors s’écarte.
    Espère le jour


    6.

    Plancton
    aux antennes
    vibratiles,
    j’avance
    en frémissant
    et je mène ma danse
    dans une géographie
    folâtre.

    Mon cœur verdoie !


    7.

    Dériver
    aux limites
    du visible :
    brume
    puis
    éblouissement
    puis
    brume
    puis éblouissement
    puis brume…


    8.

    Un oiseau migrateur
    me confie
    aujourd’hui
    des mots extraordinaires…
    Présage


    9.

    Chuchoter la valse
    des antiques incantations.

    Un voile se lève.





    Clart- turquoise d-un matin d--quinoxe.
    Ph., G.AdC




    10.

    Clarté turquoise
    d’un matin d’équinoxe.
    Je passe
    ma robe froissée
    de coquelicot.
    Prévision d’Ivresse.


                                        11.

                                        La tortue
                                        se réveille.
                                        La grue
                                        perchée sur sa carapace
                                        s’attarde un instant
                                        puis s’envole.
                                        La lune déborde.


    12.

    Dans l’œil
    émerveillé
    de la Femme Chatoyante :
    une louve
    rit
    dans l’herbe folle.
    Spring !




    Cristina Crisci
    D.R. Texte inédit Cristina Crisci/Terres de femmes





    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel de Cristina Crisci : Dansantes Racines Écritures

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