Étiquette : Dessins


  • Myriam Eck | Calanques XII




    CALANQUES XII




    Je tombe entre chacun de mes pas

    Sous quel pas
    Mon poids ?




    Accrocher mes yeux
    Au paysage

    Un autre pied
    Pour mon visage




    Dans ma tête la couleur
    Rentre lentement

    La forme du ciel




    Retenir dans mes yeux
    Le choc de l’eau

    Tandis que mon pied touche le ciel




    Ce pied

    En moi
    Relevé

    À retourner les ombres




    Le soleil ou la tête a bougé
    L’ombre

    Le paysage dedans




    Myriam Eck, Calanques, XII, suivi de Cette bouche qui s’ouvre juste avant l’oubli, Éditions Centrifuges, Collection Par la peau des mots, 2018, pp. 32-37. Dessins de Paul de Pignol.






    Calanques






    MYRIAM ECK


    Myriam Eck.NB
    Ph. D.R.




    ■ Myriam Eck
    sur Terres de femmes

    Cavité – Ouverte
    [Ce qui se vide dans ma tête…] (extrait de Sonder le vide)
    [La terre se creuse] (extrait de Calanques)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Aridité



    ■ Voir aussi ▼


    le site de Myriam Eck





    Retour au répertoire du numéro de mai 2018
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Fanny Gondran | [La vigie]




    [LA VIGIE]




    La vigie
    a longtemps été le grand tilleul
    de l’enfance
    c’est à son alentour
    qu’on croise l’horizon

    si le vent se lève
    une trame se tisse
    aux confins des chimères

    on s’y hasarde
    on devient peu à peu
    une sorte d’errante

    si on aiguise les pupilles
    dans l’air qui bouge
    l’éblouissement survient
    une image s’invente



    Fanny Gondran, Traverse, éditions La passe du vent, Collection Poésie, 2018, pp. 11-12. Dessins de Laurence Cathala.






    Fanny Gondran  Traverse






    FANNY GONDRAN



    Fanny Gondran





    ■ Fanny Gondran
    sur Terres de femmes

    Alger 60-62 (extrait du recueil Rivages du désordre)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche de l’éditeur sur Traverse de Fanny Gondran
    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    une notice bio-bibliographique sur Fanny Gondran





    Retour au répertoire du numéro de mai 2018
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Odile Massé | [Il fait chaud]




    [IL FAIT CHAUD]




    Il fait chaud.

    Contre les marches où il n’y a plus d’ombre, près des graviers éclatants de blancheur, les insectes crissent et rampent. Je transpire. Je ne bouge pas. Je respire à petits coups l’air brûlant qui déchire mes poumons, j’écoute les oiseaux.

    Je les laisse approcher.

    Je pense à l’hiver, aux corneilles qui craillent et corbinent par centaines à la tombée du jour, au bois qui craque dans les grands arbres, aux appels affolés des étourneaux qui peuplent les branches sombres. Le parc est immense. Les gens marchent à pas pressés en remontant leur col, quelques enfants se roulent dans les tas de feuilles sèches (pour ma part, je préfère m’y coucher à l’automne, quand elles sont encore souples, odorantes, accueillantes au poids de mon corps qui s’apaise dans leur bruissement d’ailes répandues), il y a près du zoo tous les âpres fumets des fauves que j’évite d’approcher tant ils ressemblent à ceux du chenil, et dans les allées je marche sans bruit. Je m’assieds sur un banc, réchauffe mes doigts gourds dans le fond de mes poches, j’écoute les oiseaux. J’oublie le sang, la maison, les rires d’elle avec ses bêtes, j’oublie comme il fait sombre dans la boutique et comme j’ai envie, souvent, de poser mes mains sur le tissu frémissant de sa jupe, j’oublie les frôlements que j’ai osés dans le couloir, l’escalier, l’encadrement d’une porte, mon ventre glissant le long de ses hanches et tentant de s’y attarder, se frottant et pressant contre son corps, l’odeur de ses cheveux, de sa peau que je regardais transpirer près de moi, mes doigts soudain touchant sa taille ou s’enfonçant entre nous dans l’épaisseur de sa poitrine, et les fourmillements dans mes jambes tandis qu’ainsi je m’appuyais et pesais contre elle qui se dégageait— tout s’éloigne, ma chair se calme, je m’allonge dans le froid crissant, j’écoute les oiseaux dont les cris transpercent l’air et ma tête, j’attends. J’attends qu’enfin piaulent et pépient les petits dans les buissons, j’attends d’être envahi par les roucoulements, les gloussements, les gazouillis des oiseaux revenus, d’entendre dans leurs cages brailler les paons et jaser les perroquets, d’écouter près du bassin le cancanement des cygnes et sous les toits le gémissement des tourterelles, plus forts que tous les grognements des chiens et qui me fait oublier les crocs et les langues chaudes des bêtes, dans la touffeur qui s’étend — j’attends, couché sur mon banc, de retrouver l’émoi joyeux de tout cela qui siffle, caquette, turlute, babille, trisse et jacte, et chuchète, appelle, flûte, chante, trille, pleure, s’empare de l’espace, vole, gratte, bat des ailes et creuse avec son bec, change, bouge, sautille, pique dans le vide, s’évade, plonge, frôle les feuillages, se repose et flotte contre l’air et me regarde de profil, toujours, avec son œil fixe et vaguement méprisant.

    J’attends les soirs d’été, les crépuscules interminables où le ciel verdissant monte entre les toits de tuiles, où je m’assieds comme aujourd’hui près du calvaire, au-dessus de la ville.

    Là, tout s’apaise.

    L’air devient fluide, les martinets y tracent leurs envols ; j’écoute les bruissements des vents du soir. Je touche les pierres encore chaudes de la chaleur du jour, je m’évade loin de la maison où mastiquent les chiens en cadence, où elle mâche bouche ouverte et m’attend sans impatience, sachant qu’avec la nuit, comme les femmes aux lèvres rouges montent dans l’ombre autour de moi, je m’enfuirai vers la maison pour cacher ma tête entre ses bras.




    Odile Massé, L’Envol du guetteur, L’Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle éditeur, 2018, pp. 78-79-80. Dessins de Christine Sefolosha. Lecture de Claude Louis-Combet.






    Odile Massé  L’Envol du guetteur  Éditions L'Atelier contemporain





    ODILE  MASSÉ


    Odile Massé
    Source




    ■ Odile Massé
    sur Terres de femmes

    Sortir du trou (extrait)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivain et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Odile Massé
    → (sur le site des éditions L’Atelier contemporain)
    la fiche de l’éditeur sur L’Envol du guetteur d’Odile Massé





    Retour au répertoire du numéro d’ avril 2018
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Valéry Meynadier | Daou



    DAOU




    Le Daou. Un corps. Juste baiser. Tu me plaisais bien. Comme tu me dis aujourd’hui : je t’aime un peu.

    Piégée.

    Je sentais en toi le commencement de mon cri. Juste une sensation.

    Quant à te décrire, tu m’en vois dans l’impossibilité. Tu ressembles plus à l’élément qu’à l’être humain et déjà, ce n’est plus vrai, les mots n’ont pas de prise sur toi.

    Tu as de grandes oreilles de petite souris.

    Voilà, déjà, tu as les oreilles décollées. Un visage de plein air, un sommeil de plein air, près de toi, je prends une autre respiration.

    Je te croyais une fantaisie charnelle, tu es mon abécédaire, ma soif et ma faim.

    Et mon sommeil n’en croit pas ses rêves. Lui, implacable guerrier solitaire, tu lui manques, il te cherche la nuit.

    Il me réveille, me demande où tu es…

    Hier, ton corps était là, chez moi — interlude sans nudité.

    Je m’enfonçais dans le mur sous la pression de tes doigts, de ta langue… sous une latitude où les règnes se confondent, le ciment devenait mousse… j’escaladais des prières abruptes comme des montagnes —

    Quand le téléphone a résonné

    […]

    – « Fais l’amour ! Le monde t’oubliera »

    Dans mon élan du monde qui oublie, je me retourne. Il est là. Assoupi sur le canapé. Il nous garde au chaud dans sa somnolence. Je respire.

    Un corps. Juste un corps.

    Je n’ai pour mémoire que mon sexe aujourd’hui.

    Il était en train de naître quand ma tante m’a dérangée.

    Mes lèvres balbutiaient une langue nouvelle.

    Ce corps, cette fille aux petits yeux fripons clos sur cet instant, au cœur des choses…

    Juste une fantaisie charnelle.

    Je croyais.

    C’est en aimant qu’on devient quelqu’un d’autre.

    Ma tante n’a jamais aimé de sa vie. Elle est restée imperturbablement elle-même jusqu’à cette misère qui suinte de sa langue.

    Mêler sa langue à une autre langue, c’est ça qu’elle devrait faire.

    […]

    C’est la nuit qu’elle me manque. Mon sommeil est amoureux de son sommeil. Ça ne m’était jamais arrivé d’aimer un sommeil.

    En général, c’est une matière qui m’embarrasse chez l’autre.

    Là…

    Quelquefois, elle s’endort sur moi, je sens un à un tous ses muscles se relâcher. Son souffle s’apaise. Sa bouche s’ouvre délicatement, elle me bave dessus absolument relâchée. Je ne savais pas encore que son petit corps pouvait se bander à ce point.

    On a dormi ensemble avant de faire l’amour.

    Dormir ne regarde que soi, pensais-je avant.

    Le sommeil de cette fille me regarde, me dis-je aujourd’hui. Je n’ai jamais rencontré un sommeil pareil.

    Eau massive, noyade sans noyade, je nage en elle quand elle dort, je ne peux plus jamais mourir, mon souffle est ailleurs qu’en mes poumons.

    Moitié femme moitié air. Juste de quoi vivre.

    Je vais apprendre à dormir comme le dauphin, d’un seul hémisphère.

    De l’autre, je nous observe.

    Qu’est-ce qui fait que j’aime dormir avec toi ?

    Jouir, à la rigueur. Mais dormir…

    La première chose quand elle s’en va : trouver le calme.

    Respirer.

    Chez moi c’est trop plein d’elle.

    Fuir la brûlure de l’espace que laisse l’orgasme derrière lui.

    Fuir au plus loin de nous.

    Je dois l’oublier, l’oublier, sinon, c’est moi que j’oublie. Je ne me reconnais plus.

    Jouir avec elle me coûte cher, très cher.

    L’oublier me demande une véritable mise en œuvre de détachement.

    Architecte en détachement, vous connaissez ?



    Valéry Meynadier, Divin danger, éditions Al Manar, Collection Erotica, 2017, pp. 35-39. Dessins Albert Woda.





    Valéry Meynadier  Divin danger





    VALÉRY MEYNADIER


    Valéry Meynadier
    Source




    ■ Valéry Meynadier
    sur Terres de femmes


    Divin danger (lecture d’AP)
    [Je veux choyer votre absence] (extrait de La Morsure de l’ange)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Valéry Meynadier
    → (sur le site des éditions Al Manar)
    la page de l’éditeur sur Divin Danger
    → (sur Aller aux essentiels)
    d’autres extraits de Divin Danger





    Retour au répertoire du numéro d’ avril 2018
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Florence Noël, L’Étrangère

    par Angèle Paoli

    Florence Noël, L’Étrangère,
    Bleu d’encre Éditions, 5500 Dinant (Belgique), 2017.
    Dessins de Sylvie Durbec.



    Lecture d’ Angèle Paoli



    EN ATTENDANT « LE VENT SEC/DES RÉDEMPTIONS »



    Elle est « L’Étrangère », si étrange être de poésie. Est-ce elle, est-ce une autre ? Elle, c’est Florence Noël, poète. L’autre, c’est L’Étrangère. Celle qui n’existe que dans les « entailles » où elle trouve asile. L’autre, c’est la poète.

    Les poèmes, que Florence Noël voudrait « secs », ne le sont pas vraiment, du moins pas tout à fait. Tout au plus sont-ils menus, économes en mots, friands de brièveté. C’est sa manière à « elle » d’exister, sans excès ni débordements, sans lyrisme incongru. Pour ne pas « inexister », « elle » écrit, et pour écrire, « elle » se cherche des points d’étayage, des encrages amis. Elle, Florence Noël. Les poètes qu’elle convoque ont pour nom Emily Dickinson, Geneviève d’Hoop, José Saramago. Et d’autres encore. Ils ont aussi pour nom Marc Claude et Sylvie. C’est à eux qu’est dédié ce recueil : L’Étrangère. Il y a aussi des morts anonymes à ses côtés, en une proximité singulière :

    « parfois

    je séjourne comme

    les morts

    la tête obstinément fixée vers un ciel

    alors animé

    d’astres vertigineux

    d’autres fois

    je m’essaye à rester debout »

    Ainsi sommes-nous invités à accompagner la poète dans son univers. Et l’on sent bien qu’il faut peser ses mots. En dire trop ne peut convenir. Mieux vaut opter pour la brièveté tout en s’offrant quelques gambades, comme le suggèrent les dessins de Sylvie Durbec qui ponctuent le recueil de leur fantaisie. Légèreté, drôlerie, humour. De quoi jouer les funambules entre les mots, entre ces « riens qui la rendaient/partout/étrangère ». Se glisser à son tour dans la faille entrouverte sur « la liturgie des malheurs ».

    L’Étrangère (ou son double poète) a une écriture étrange. Je ne suis pas sûre d’en cerner toutes les subtilités, toutes les nuances, tant celle-ci surprend. Ce que je pressens, c’est la souffrance, la douleur. Mais de quoi souffre-t-elle ? Du manque d’amour ou du trop d’amour ? Ou du trop d’imperfection dans l’amour ?

    « je vous écris

    d’entre les lèvres d’une blessure », confie-t-elle.

    Ailleurs, elle s’interroge :

    « — comment aimer

    sans l’aune de la perte — »

    Et la poète de poursuivre, dans le même poème :

    « si j’y vais

    ce ne sera pas sans

    ce sac épais

    d’os et de larmes

    ma boiterie les sanglots longs

    et ce regard perdu

    que tu m’offris un jour

    en guise d’alliance »

    On le voit, on croise au passage d’autres amis, notamment Jacob et sa « boiterie », héritage du combat nocturne avec l’Ange et signe de l’Alliance avec Dieu ; un Jacob laïcisé cependant en guise d’amant ; Verlaine aussi, et les « sanglots longs » de la « Chanson d’automne » ; ainsi que le compositeur et interprète israélien Asaf Avidan : My tunnels are long and dark these days. Le tragique est au cœur et la poète oscille entre mélancolie et tonalités plus austères.

    « L’Étrangère » voudrait faire d’elle un « poème possible ». Elle hante les morts et les fréquente. Sa poésie est vertigineuse car insaisissable, intraduisible avec les mots courants, les pensées ordinaires. Ses mots sont si simples, pourtant ! Mais ils disent un ailleurs inconnaissable, qu’elle seule semble pouvoir aborder. Le poème emprunte cependant, parfois, des phrases entendues dans la conversation courante, mais celles-ci n’en deviennent que plus singulières. D’autres fois, la poète évoque de lointaines comptines d’enfance. Ce que l’on peut dire, c’est que cette poésie se dérobe. Ses mots bercent en même temps qu’ils raniment d’anciennes blessures qui ne demandent qu’à affleurer. Une grande tristesse respire entre les pages, qui résistent, un peu rêches, un peu grenues au toucher. À l’identique des mots qui s’ébrouent pour confier au poème à la fois la blessure et cette soif d’absolu (qui en est peut-être l’une des composantes primordiales).

    Je feuillette à nouveau le recueil pour saisir les inflexions d’une voix, et voici ce qui s’offre à moi :

    « l’inflexion d’une main

    inconnue

    exécutant la danse

    qu’un rêve nous

    offrit »

    Plus loin, cette découverte interrogative incroyable d’où surgit le plaisir paradoxal :

    « c’est un peu fou d’inexister

    avec tant de ferveur

    de densité rêveuse

    ça doit être cela, ce sourire

    parfois »

    Le sourire, c’est celui du chat du Cheshire.

    Dans ce recueil, ce qui prédomine, c’est l’image de l’envers. La chute dans le vide, la catabase, tête première, mais aussi l’enroulement de l’écuyère ou de la trapéziste. Tant de mystère dans la poésie de L’Étrangère, tant de poésie indicible qui se déroule, encercle, enlève, enlove, ailleurs, au-delà, dans un univers qui n’existe peut-être que dans les rêves ou dans l’imaginaire poétique. Car elle est bien étrange celle qui se définit ainsi :

    « elle est une farce

    une anomalie »

    et qui plus loin écrit :

    « elle n’écrit que dans

    l’insondable tristesse

    ou l’insondable joie

    là ce qui n’a Nom

    réside

    amoureusement »

    Faut-il voir un zeugma entre « ce qui n’a nom » et ce qui tient à l’imprononçable ? Le Nom de Yahweh ? Tenter de donner une réponse transparente serait contraire à la vision et à la démarche de la poète, et à celle de la dessinatrice. Il faut donc se résoudre à suivre la ligne de la poète sans vouloir apporter de réponse tranchée :

    « et vous cherchiez encore

    quel sens

    lire par là »

    L’essentiel n’est-il pas de suivre les gués qui s’offrent en cours de chemin et de faire halte ? De prendre le temps de la méditation avant de poursuivre ?

    « dans l’écriture

    des choses brèves lui viennent

    inaugurant des ponts

    tendus entre embrasements

    et néants

    ces passerelles

    continuent à se balancer

    à l’aplomb des gouffres

    où mystères et indicible

    se disputent

    les dents des morts »

    En attendant « le vent sec/des rédemptions ». Ou peut-être cet « appel » qui ouvre sur l’espoir :

    « il reste des mots pour

    communier à l’allégresse »

    Riche d’échos auxquels nos esprits cartésiens sont devenus trop souvent insensibles, la poésie de L’Étrangère est une poésie troublante et exigeante. Imprégnée de spiritualité, de délicatesse et de douceur. Lente et extrême. Une poésie inspirée, une poésie des contrées hautes. Une anabase.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Florence Noël  L'Etrangère  Bleu d'encre Editions  2017 4






    FLORENCE NOËL


    Florence Noël 3





    ■ Florence Noël
    sur Terres de femmes


    un entretien avec Florence Noël
    Sarabande (extrait de Branche d’acacia brassée par le vent)
    [parler de soi] (poème extrait de L’Étrangère)
    Initiation au crépuscule
    Solombre (lecture d’AP)
    [tu dis c’est l’heure jaune] (extrait de Solombre)
    [Donnez-nous des pierres] (Vases communicants)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    autant revivre en mon jardin






    Retour au répertoire du numéro de janvier 2018
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Ashur Etwebi | Sous le citronnier lunaire



    [SOUS LE CITRONNIER LUNAIRE]



    Sous le citronnier lunaire
    Les tranches rouges de pastèques
    Se livrent aux becs des oiseaux assoiffés



    L’oiseau n’a que le ciel
    Le jour n’a que la parole
    L’étoile n’a que la nuit
    Les ronces n’ont que le mur
    Le vieil adorateur n’a qu’un semblant de sagesse



    Un pied dans le sable et l’autre dans l’eau
    Ainsi le poème échappe à sa première mort

    Une main dans le feu et l’autre dans l’air
    Ainsi la mélodie échappe à sa première mort

    D’un univers entièrement nu
    Naît la poésie




    Ashur Etwebi, Le Chagrin des absents, éditions érès, Collection Po&psy, 2018, s.f. Poèmes traduits de l’arabe (Libye) par Antoine Jockey. Dessins de Yahya Al-Sheikh.






    Ashur Etwebi






    ASHUR ETWEBI

    Ashur Etwebi Portrait
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions érès)
    la fiche de l’éditeur sur Ashur Etwebi




    Retour au répertoire du numéro de janvier 2018
    Retour à l’ index des auteurs


    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Florence Noël | [parler de soi]


    [PARLER DE SOI]



    parler de soi
    c’est si facile
    nous sommes des constellations
    de peu dit
    des myriades d’étincelles
    aussi brèves
    que brûlantes
    vastes comme un peuple
    un océan
    un univers

    et quel que soit le voyage entrepris
    nous ne tournons
    qu’autour de ce même petit
    moi pale
    et troublant




    je vous écris
    d’entre les lèvres d’une blessure




    Florence Noël, L’Étrangère, Bleu d’encre Éditions, 5500 Dinant (Belgique), 2017, pp. 73-74. Dessins de Sylvie Durbec.






    Florence Noël  L'Etrangère  Bleu d'encre Editions  2017 4






    FLORENCE NOËL


    Florence Noël 3





    ■ Florence Noël
    sur Terres de femmes


    un entretien avec Florence Noël
    Sarabande (extrait de Branche d’acacia brassée par le vent)
    L’Étrangère (lecture d’AP)
    Initiation au crépuscule
    Solombre (lecture d’AP)
    [tu dis c’est l’heure jaune] (extrait de Solombre)
    [Donnez-nous des pierres] (Vases communicants)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    autant revivre en mon jardin






    Retour au répertoire du numéro de décembre 2017
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Jean Ristat | [C’était dans les îles là-bas]



    Burattoni
    Dessin original de Gianni Burattoni
    in Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés,
    éd. Gallimard, 2017, page 10.








    [C’ÉTAIT DANS LES ÎLES LÀ-BAS]




    C’était dans les îles là-bas où l’on regarde
    Le ciel obscur dans un miroir comme une lettre
    Cryptée pour en déchiffrer l’énigme appelle
    T-on cela une vie et sur le sable la
    Mer efface le dessin d’un rêve aussi
    Tôt que tracé c’était dans l’envers du monde et
    La lune sous le bras tu marchais au milieu
    Des dieux en exil à pâques il n’y aura pas
    De résurrection





    Comme tu aimais les vagues lorsqu’elles font
    Le bruit d’un livre qu’on feuillette et nous racontent
    L’histoire du ciel amoureux de la terre





    Comment en pleine course encore cet effréné
    Désir de vivre désormais rendu à la
    Nuit immobile et lourde ah je n’accuserai
    Ni les dieux ni les hommes je n’ai rien à dire
    Que les larmes et sur la tête du dormeur l’ogre
    A posé sa patte griffue comme un rêve d’éternité
    Nul n’échappe à la froide nécessité





    Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
    Ombres ombres aimées que me voulez-vous
    Je marche parmi les ruines et je cherche encore
    Au ciel la lumière dans la nuit une poche
    Vide
    Pourtant





    Mélisande a perdu sa bague dans l’eau d’une
    Fontaine avant de mourir comme aragon
    J’ai les yeux brulés





    Ah maintenant que les acteurs sont partis les
    Musiciens à leur tour rentrent dans la coulisse
    Le rideau de scène tiré les spectateurs
    Se lèvent dans le plus grand désordre la salle
    Tinte comme un sac d’osselets tu salues le
    Peuple des ombres
    Ami





    Tout
    En moi
    Étrangement
    S’éteint et
    Attend





    Tamara Ô tamara
    Les anges ont replié leurs ailes sur le tom
    Beau de l’amour




    Jean Ristat, « I. Éloge funèbre de Monsieur Martinoty » in Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés, accompagné de dessins originaux de Gianni Burattoni, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2017, pp. 11-12-13-15.






    Jean Ristat  O vous qui dormez





    JEAN RISTAT


    Jean Ristat
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
    → (sur le site d’En attendant Nadeau, n° 45)
    une note de lecture de Gérard Cartier sur Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés





    Retour au répertoire du numéro de décembre 2017
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Anne-Cécile Causse | [Le sable réveillait doucement nos étreintes]



    Anais Charras 3

    « À l’arrière de la barque, sa main
    suspendait la vague. »
    Dessin d’Anaïs Charras
    in Anne-Cécile Causse, Autrement que la rive, page 31.







    [LE SABLE RÉVEILLAIT DOUCEMENT NOS ÉTREINTES]



    Le sable réveillait doucement nos étreintes
    et le rouge de nos yeux
    laissait présager un étrange crépuscule.

    Tu distinguais le soir quand je m’ouvrais à la nuit.





    Du bout des doigts
    je caresse l’éclat fendu
    de nos étoiles.

    La nuit s’éteint dans le miroir,
    quelqu’un

    pleure contre un langage.





    À l’arrière de la barque, sa main
    suspendait la vague.

    Le corps épousait le bois,
    tiède, sous la mer.

    La main,
    tendue vers un ailleurs,
    et dont on ne savait si le ciel, si les flots.

    On ne distinguait pas si la barque s’éloignait.

    On était derrière elle
    et l’horizon défait,

    derrière elle et sa voix,
    séparée.




    Anne-Cécile Causse, Autrement que la rive, poèmes, Éditions Unicité, 2017, pp. 26-28-30. Dessins Anaïs Charras.






    Autrement que la rive




    ANNE-CÉCILE CAUSSE


    AnneCecile-Causse.jpeg 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Unicité)
    la fiche de l’éditeur sur Autrement que la rive
    → (sur le site de la revue Ce qui reste)
    Une femme passant la porte… (et autres poèmes) [+ une notice bio-bibliographique]
    le site d’Anaïs Charras





    Retour au répertoire du numéro de décembre 2017
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Maud Thiria | [chercher à prendre corps]


    Maud Thiria
    « et pourtant
    dans l’ombre tu avances
    tes traces aux mains qui tremblent
    péniblement tu ploies sous l’encre
    le regard cherchant dessous
    les signes »







    [CHERCHER A PRENDRE CORPS]



    chercher à prendre corps
    là où tout n’est plus que
    chair blessée
    en son repli




    y jeter là
    des mots
    des espaces
    blancs sur la page
    des mots vides aussi
    devenus




    y inscrire là
    en mesure au vide
    ce qui va disparaissant
    la peau des mains qui tremblent
    et les plis mauves des yeux éteints




    inscrire
    le ciel qui passe
    le décor dénudé du monde
    la peau rugueuse des arbres
    et la douceur des mousses
    dessous
    ce qui parfois la rendrait proche
    encore

    tes mains
    et les mots qui leur glissent des doigts
    avant le froid



    Maud Thiria, Mesure au vide, éditions Æncrages & Co, Collection voix-de-chants, 2017, s.f. Dessins de Jérôme Vinçon.






    Mesure-au-vide




    MAUD THIRIA


    Maud Thiria
    Source




    ■ Maud Thiria
    sur Terres de femmes


    Blockhaus (lecture d’AP)
    [tu te demandes si] (extrait de Blockhaus)
    Brindilles (extraits)
    Sous les fauteuils, 1




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site personnel de Maud Thiria)
    une notice bio-bibliographique sur Maud Thiria
    → (sur le site du Nouveau Recueil)
    une page sur Maud Thiria [PDF]
    → (sur Terre à ciel)
    Maud Thiria Vinçon : poésie et traces





    Retour au répertoire du numéro de novembre 2017
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes