Étiquette : E. E. Cummings


  • E. E. Cummings | [goodby Betty, don’t remember me]



    Tabarin By Paul Colin
    Source







    [GOODBY BETTY, DON’T REMEMBER ME]


    30.


    Goodby Betty, don’t remember me
    pencil your eyes dear and have a good time
    with the tall tight boys at Tabari’
    s, keep your teeth snowy, stick to beer and lime,
    wear dark, and where your meeting breasts are round
    have roses darling, it’s all i ask of you —
    but that when light fails and this sweet profound
    Paris moves with lovers, two and two
    bound for themselves, when passionately dusk
    brings softly down the perfume of the world
    (and just as smaller stars begin to husk
    heaven) you, you exactly paled and curled

    with mystic lips take twilight where i know:
    proving to Death that Love is so and so.







    [GOODBY BETTY, NE TE SOUVIENS PAS DE MOI]


    30.


    Goodby Betty, ne te souviens pas de moi
    crayonne tes yeux et prends du bon temps
    au bal Tabarin serrée parmi les grands gars,
    conserve tes dents de neige, au citron-bière tiens-t’en,
    vets-toi de noir, et là où se touchent tes seins ronds
    porte des roses darling, c’est tout ce que je veux —
    surtout quand le jour baisse et que ce doux profond
    Paris marche avec les amoureux, deux à deux
    partant vers eux-mêmes, lorsque avec passion le soir
    fait descendre en douceur un parfum sur terre (juste
    comme de petites étoiles commencent à écailler
    le ciel) toi, exactement toi poudrée frisée

    entre tes mystiques lèvres attrape le crépuscule :
    prouvant à la Mort que l’Amour est ci et ça.



    E. E. Cummings, « Grands Boulevards, Pigalle », Paris, Éditions Seghers, 2014, pp. 108-109. Édition bilingue, traduit de l’anglais et présenté par Jacques Demarcq.






    E. E. Cummings, Paris






    E. E. CUMMINGS


    Vignette cummings
    Source



    ■ e.e. Cummings
    sur Terres de femmes

    Beautiful
    Memorabilia
    [my lady is an ivory garden]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site American Poems) une
    bio-bibliographie d’e.e. Cummings (+ un choix de 153 poèmes)
    → (sur scribd.com)
    l’intégralité des poèmes d’e.e. Cummings
    → (sur le site de la revue de traduction Palimpsestes)
    Antoine Cazé, « E. E. Cummings : (dé)composition d’adjectifs, inventivité linguistique et traduction », Palimpsestes [En ligne], 19 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2009






    Retour au répertoire du numéro de mars 2014
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • e.e. Cummings   |   [my lady is an ivory garden]



    Ee-Cummings, Erotiques, Seghers, 2012, page 51







    [MY LADY IS AN IVORY GARDEN]



    24.


    my lady is an ivory garden,
    who is filled with flowers.

    under the silent and great blossom
    of subtle colour which is her hair
    her ear is a frail and mysterious flower
    her nostrils
    are timid and exquisite
    flowers skilfully moving
    with the least caress of breathing, her
    eyes and her mouth are three flowers.     My lady

    is an ivory garden
    her shoulders are smooth and shining
    flowers
    beneath which are the sharp and new
    flowers of her little breasts tilting upward with love
    her hand is five flowers
    upon her whitest belly there is a clever dreamshaped flower
    and her wrists are the merest most wonderful flowers      my

    lady is filled
    with flowers
    her feet are slenderest
    each is five flowers her ankle
    is a minute flower
    my lady’s knees are two flowers
    Her thighs are huge and firm flowers of night
    and perfectly between
    them eagerly sleeping
    is

    the sudden who is filled of complete amazement

    my lady who is filled with flowers
    is an ivory garden.

    And the moon is a young man

    who i see regularly, about twilight,
    enter the garden smiling to
    himself.







    [MA DAME EST UN JARDIN D’IVOIRE]



    24.


    ma dame est un jardin d’ivoire,
    couvert de fleurs.

    sous la grande et silencieuse éclosion
    de couleurs subtiles que sont ses cheveux
    son oreille est une fleur frêle et mystérieuse
    des narines
    sont de timides exquises
    fleurs qui habilement remuent
    à la moindre caresse d’air qu’elle respire, ses
    yeux sa bouche sont trois fleurs.     Ma dame

    est un jardin d’ivoire
    ses épaules sont de lisses et brillantes
    fleurs
    sous lesquelles percent les fleurs nouvelles
    de ses petits seins se balançant avec amour
    sa main forme cinq fleurs
    sur son ventre blanc est une maligne fleur en forme de rêve
    et ses poignets sont les plus pures plus merveilleuses fleurs    ma
    dame est couverte
    de fleurs
    ses pieds sont effilés
    formés chacun de cinq fleurs sa cheville
    est une minuscule fleur
    les genoux de ma dame sont deux fleurs
    Ses cuisses sont de vastes et fermes fleurs de nuit
    et exactement entre
    elles endormie intensément
    est

    la fleur soudaine d’une totale satisfaction

    ma dame couverte de fleurs
    est un jardin d’ivoire.

    Et la lune est un jeune homme

    que je vois régulièrement, autour du crépuscule,
    entrer dans le jardin et sourire
    en lui-même.




    E.E. Cummings, Érotiques [Erotic poems, W.W. Norton & Co, New York, 2010], Éditions Seghers, Collection Poésie d’abord, 2012, pp. 72-73-74-75. Édition bilingue. Traduit de l’anglais et présenté par Jacques Demarcq.





    _________________________________________________
    NOTE d’AP : pour la première fois sont rassemblés dans une anthologie bilingue les plus beaux poèmes et dessins érotiques d’E.E. Cummings. Cette anthologie couvre quarante ans de la vie de Cummings, des années 1920 aux années 1960. Cet ouvrage sera disponible en librairie à compter du 13 février 2012.






    Cummings, Erotiques





    ■ e.e. Cummings
    sur Terres de femmes

    Beautiful
    [goodby Betty, don’t remember me]
    Memorabilia



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site American Poems) une
    bio-bibliographie d’e.e. Cummings (+ un choix de 153 poèmes)
    → (sur scribd.com)
    l’intégralité des poèmes d’e.e. Cummings





    Retour au répertoire du numéro de février 2012
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • e.e. Cummings | Memorabilia



    Listen Venezia
    Ph., G.AdC






    XXVII


    MEMORABILIA




    stop look &

    listen Venezia*: incline thine
    ear you glassworks
    of Murano;
    pause

    elevator nel

    mezzo del cammin’ that means half-
    way up the Campanile, believe

    thou me cocodrillo** —

    mine eyes have seen
    the glory of

    the coming of
    the Americans particularly the
    brand of marriageable nymph which is
    armed with large legs rancid
    voices Baedekers Mothers and kodaks
    —by night upon the Riva Schiavoni or in
    the felicitous vicinity of the de l’Europe

    Grand and Royal
    Danielli their numbers

    are like unto the stars of Heaven….

    i do signore
    affirm that all gondola signore
    day below me gondola signore gondola
    and above me pass loudly and gondola
    rapidly denizens of Omaha Altoona or what
    not enthusiastic cohorts from Duluth God only,
    gondola knows Cincingondolanati i gondola don’t

    —the substantial dollarbringing virgins
    “from the Loggia where
    are we angels by O yes
    beautiful we now pass through the look
    girls in the style of that’s the
    foliage what is it didn’t Ruskin
    says about you got the haven’t Marjorie
    isn’t this wellcurb simply darling”
    —O Education:O

    thos cook & son

    (O to be a metope
    now that triglyph’s here) ***




    Edward Estlin Cummings, Memorabilia, in is 5, Complete Poems 1904-1962, edited by George J. Firmage, New York, Liveright Publishing Corporation, centennial edition publishing 1994, page 254.







    I


    MEMORABILIA




    arrête regarde &

    écoute Venezia : prêtez-moi
    l’oreille verreries
    de Murano ;
    un temps
    ascenseur nel
    mezzo del cammin’ ça veut dire à mi-
    hauteur du Campanile, crois-

    m’en cocodrillo —

    j’ai vu de mes yeux
    la gloire de

    la venue
    des Américaines en particulier le
    modèle nymphe à marier
    équipé de grosses guibolles voix
    rance Baedeker Maman et kodak
    — la nuit sur la Riva degli Schiavoni ou dans
    les bienheureux parages des de l’Europe

    Grand et Royal
    Danieli aussi

    nombreuses que les étoiles du Paradis…

    ça oui signore
    j’atteste que toute la gondola signore
    journée dessous moi gondola signore gondola
    et dessus moi passent bruyamment et gondola
    rapidement citoyenne d’Omaha Altoona ou quoi
    d’autre en cohortes fanatiques venues de Duluth Dieu seul,
    gondola le sait Cincingondolanati moi gondola pas

    — les consistantes vierges bourrées de dollars

    “depuis la Loggia où
    sommes-nous des anges là Oh oui
    magnifique nous traversons à présent le regardez
    les filles dans le goût de ce sont des
    rinceaux qu’est-ce que c’est n’as-tu pas Ruskin
    en parle t’a pris le non l’ai oublié Marjorie cette
    margelle n’est-elle pas simplement adorable”
    — Ô Education : Ô

    thomas cook & fils

    (Ô être un métope
    maintenant que triglyphe est là)




    e.e. Cummings, Memorabilia in revue Grumeaux, numéro deux — L’impossible, Éditions Nous, novembre 2010, pp. 316-317. Traduction inédite de Jacques Demarcq.




    ____________________________________________
    Notes d’AP :

    * Ce poème a été écrit au lendemain du voyage de e.e. Cummings à Venise (fin juillet 1922)
    * * Allusion au crocodile que foule au pied saint Théodore en haut d’une des deux colonnes de la piazzetta San Marco
    *** Parodie des premiers vers de « Home Thoughts, from Abroad » de Robert Browning : « Oh to be in England | Now that April’s there. »





    ■ e.e. Cummings
    sur Terres de femmes

    Beautiful
    [goodby Betty, don’t remember me]
    [my lady is an ivory garden]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site American Poems) une
    bio-bibliographie d’e.e. Cummings (+ un choix de 153 poèmes)
    → (sur scribd.com)
    l’intégralité des poèmes d’e.e. Cummings
    → (sur le site de la revue de traduction Palimpsestes)
    Antoine Cazé, « E. E. Cummings : (dé)composition d’adjectifs, inventivité linguistique et traduction », Palimpsestes [En ligne], 19 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2009, consulté le 19 janvier 2012
    le site des éditions NOUS





    Retour au répertoire du numéro de décembre 2010
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index de mes Topiques

    » Retour Incipit de Terres de femmes