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  • Denise Le Dantec | [J’ai pris la perspective du rossignol]


    [J’AI PRIS LA PERSPECTIVE DU ROSSIGNOL]




    J’ai pris la perspective du rossignol

    Le saule s’est couvert de plumes d’argent

    Le jardin est entouré d’une haie. Sept, huit, fleurs plantées au sol
    — De multiples objets cristallins

    Un silence tracé dans les aigus (Je vois avec l’oreille)


    *

    C’est là que j’ai rencontré Michel L.
    Nous avons parlé de chèvrefeuille et de pluie — juste avant l’écriture
    « Votre robe, Madame, est un jardin »

    Des champs de sauges amères, d’absinthes et de centaurées

    (Une odeur de lilas prête à sourdre)


    *

    (Le ciel était vert
    A la surface de la rivière flottaient de minuscules bateaux
    avec des voiles de papier jaune paille

    Tout un vocabulaire d’oiseaux criards : océanie fulmar
    puffin macareux guillemot pingouin fou de bassan
    mouette sterne goéland cormoran


    *

    Le monde tournait.

    — Des bourgeons fendus. Des écorces

    — Des plumes. Des duvets


    *

    Nous avons parlé de l’expérience du sexe. De la « génération-LANGUAGE ». De la loi du rêve
    DE la POÉSIE CONCRÈTE
    J’ai répondu que j’écrirai sur l’automne ou sur rien

    Une petite prose… Un recueil ancien




    Denise Le Dantec, La Strophe d’après, Poésie, Les éditions SANS ESCALE, 2021, pp. 51-52.





    Dantec strophe 2
    DENISE LE DANTEC


    DENISE LE DANTEC
    Image, G.AdC




    ■ Denise Le Dantec
    sur Terres de femmes


    [Beau temps sur la planète] (extrait d’ENHEDUANNA)
    29 avril | Denise Le Dantec, L’Estran
    [« ceci est l’espace de la transparence »](poème extrait d’et je t’embrasse)
    Mémoire des dunes
    Mémoire des dunes (extrait de 7 Soleils & autres poèmes)
    [La Seine est verte] (extrait de La Seconde augmentée)
    La Seconde augmentée (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Où quand
    Guillevic | À Denise Le Dantec
    → (dans la Galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Denise Le Dantec (+ un extrait de l’Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes)





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  • Axel Sourisseau | [En hiver il ne fait jamais jour]


    [EN HIVER IL NE FAIT JAMAIS JOUR]




    En hiver il ne fait jamais jour et la bruine éclipse les nuages. Le vent serpente entre les combles, y ajoute une encre brune. Parfois des voix résonnent, furtives, invectivent les aveugles du septentrion avant de se dissoudre.



    Il n’y a pas de lune, cette fois-ci, pour signaler les guetteurs qui jalonnent l’impasse sous les corniches. Pas même d’ombres détrempées sur le chemin du porche. Au fond de la deuxième cour, l’entrepôt. Ses lanternes pivotent de droite à gauche sous les claques des rafales. Je ne viens pas pour affaires ou trafics. Si mes pupilles tremblent, ce n’est pas de peur mais du même désir qui, là-bas derrière ce soupirail, agite notre réduit. Je visite l’impasse pour la chair. La chair de Mobiûs.


    Mobiûs, tu pointes fièrement un Midi dissident, déroules ma bouche tel un fil dont l’issue demeure floue. Puis me mâche, me tords, me recraches. M’agrippes et m’abrites d’une férocité souveraine. Tes saillances tes sillons tes galons surgissent, clandestins.



    […]



    Les drapeaux du désir s’agitent de toutes nos couleurs.




    Axel Sourisseau, Catafalques, éditions de La Crypte, Collection (le pays qui grandit), 2020, pp. 15, 16, 17, 36.






    Axel Sourisseau  Catafalques




    AXEL SOURISSEAU


    Axel Sourisseau portrait Siham Bel
    Ph. : Siham Bel
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions de La Crypte)
    une notice bio-bibliographique sur Axel Sourisseau





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  • Fabio Scotto, La Peau de l’eau

    par Sylvie Fabre G.

    Fabio Scotto, La Peau de l’eau,
    poèmes français (1989-2019),
    éditions La Passe du vent, 2020.



    Lecture de Sylvie Fabre G.




    DANS LE TREMBLÉ DE LA VIE ET DE L’AMOUR




    La poésie n’est-elle pas la voix d’une parole qui fait scintiller des mots-étoiles dans la nuit et le vent, sur l’eau profonde et au-dessus du vide, en éclairant une vie qui donne à voir les signaux inséparables de l’amour et de la séparation, et qui, par là-même, fait entendre l’inachevé de notre condition ? Dans l’ouvrage La Peau de l’eau, publié cet automne aux éditions La Passe du vent, Fabio Scotto, poète italien, fait résonner sa voix en un recueil anthologique qui réunit des poèmes écrits en français entre 1989 et 2019. Dans quatre des parties, ceux-ci sont présentés dans une version bilingue et, fait rare, traduits par ses soins du français en italien. Cette originalité témoigne de sa relation profonde aux deux langues qu’il pratique de façon constante et qui sont mises ici en écho, devenant ainsi des passerelles mélodiques et des passerelles de sens dans la traversée poétique. La fréquentation du français, et la connaissance qu’en a Fabio Scotto de par son travail de linguiste, d’essayiste et de traducteur émérite lui permettent d’établir une véritable résonance entre les deux langues. Le recueil, qui balaie plus d’une trentaine d’années de création, met aussi en lumière l’unité de son œuvre dans la durée. Cet éclairage dans le temps souligne l’élan d’une quête existentielle et poétique où se conjuguent, sous différentes formes, apparition et disparition, autour de l’axe principal du lien à soi, à l’autre et au monde.

    L’anthologie, construite chronologiquement, débute par des poèmes aux vers courts, aux strophes brèves, qui sonnent déjà comme un avertissement. Sur ce chemin dès l’abord ouvert musicalement, le poète (nous) murmure qu’on ne traverse pas impunément le temps, même avec « un cœur » d’« enfant » ou d’amant. Dans le passage d’une époque à l’autre, d’un poème à l’autre, d’une langue à l’autre, il nous rappelle ce que nous ne pouvons ignorer : la vie est partition d’inouïe lumière autant qu’« ombre infinie ». Le désir humain et l’intensité de la langue ne sont pas suffisants pour faire que la ligne droite ne devienne aussi ligne brisée. Fabio Scotto réduit la faille par une écriture comme lui vouée à des amours finies, à des pages tournées, à un chant inachevable.

    Dans la première partie du recueil, l’image fugitive des jeunes filles surgissant « collées à la nuit » au détour d’une rue de Florence, puis, quelques vers plus loin, l’évocation du poète qui « parcourt le jour » « vêtu d’un brin de sable », en sont les premières illustrations symboliques et orientent le lecteur. Ces métaphores, comme le titre de la première partie, L’Avis de la mort, l’alertent en effet sur la tonalité générale, élégiaque, de l’ensemble du livre, que renforcent les derniers vers du Cirque au bord du lac, mélange de dérision et de nostalgie.


    « Le cirque s’en va demain
    (Ungaretti, Volodine, Moravagine)
    Vers le nord ou vers la mer
    Triste défilé

    Sa trace en nous
    Qui dansons sur le vide
    Un rire aux larmes
    Intarissable, subit
    La glace fondue dégouline, tu sais
    C’aurait pu être la vie… ».


    Cahier préalpin, écrit presque dix ans après L’Avis de la mort, introduit d’autres apparitions en égrenant toute une série de lieux qui offrent leur intitulé aux poèmes de cette sixième partie. Leur nomination précise — Gavirate, Castiglione Olona, Varèse, Luino… —, crée un voyage sonore et intérieur qui fond le paysage des Lacs italiens et de ses protagonistes dans une terre habitée et dans l’histoire singulière et collective qu’elle contient. Cette appartenance renvoie le lecteur aux proses de Sur cette rive, paru en 2011 aux éditions L’Amourier (A riva, NEM, 2009), où le poète, comme dans La Peau de l’eau, navigue entre les deux âges initiatiques — enfance-adolescence —, et l’âge adulte où se vivent la confrontation avec la réalité et la perte des illusions. On verra d’ailleurs que cette anthologie personnelle, qui couvre une temporalité large, Fabio Scotto la termine dans la dernière partie inédite, « L’À-Venir », en abordant aux rivages où désormais il se tient : ceux d’un présent vieilli où le poète se retourne sur sa vie et semble dresser un bilan, plutôt amer, de ce qui a été et surtout de ce qui est :

    « Vie, qui t’en vas

    à chaque instant perdu

    […]

    vie qui es illusion,

    sale promesse

    tristesse bleue

    comme tes yeux qui l’avalent » .

    Dans tout le recueil, le traitement du temps entremêle donc écriture du maintenant et écriture de la mémoire. Les verbes y sont le plus souvent au présent, comme si le passé, inclus, continuait à s’y vivre, comme si le futur était rendu inaccessible :

    « Demain ne viendra pas

    demain il sera trop tard »,

    confie l’un des derniers poèmes tiré « D’une Terre » (V). C’est d’ailleurs avec l’anticipation de sa propre mort que le poète clôt le recueil in « L’À-Venir » :

    « Le jour de ma mort il fera beau

    Des amis suivront le cortège funèbre » (X).

    Dans les vers suivants, télescopage imagé de son espace intérieur, lui-même se vit agonisant, puis cadavre énucléé :

    « À l’heure où moi, je meurs seul

    à l’orée du bois

    Puis les corbeaux en criant

    m’arrachent les yeux ».

    Le registre dramatique, amplifié par cette âpre vision que soulignent les allitérations en [R], éclaire le fond obscur d’une douleur qui broie l’être entier. Mais ne traversons-nous pas tous en aveugles la vie et plusieurs morts avant l’ultime ? Ne nous sentons-nous pas nous aussi parfois des morts-vivants ou des survivants ? Les ténèbres extérieures et intérieures sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Fabio Scotto où l’homme poursuit une chasse au bonheur qui toujours se dérobe et le laisse face au néant.

    Pris dans la spirale du temps, le poète résiste en portant son attention sur les formes, les mouvements, les sons et les couleurs d’une réalité qu’il veut saisir et explorer dans l’ici. Sa captation (nous) invite au partage d’une expérience à la fois sensorielle, mentale et émotionnelle des lieux, des choses et des êtres. On y respire une douceur du monde qui n’est pas sans violence :

    « Silence

    Paix

    Mais ce printemps venteux

    arrache les fleurs aux balcons

    gèle le sang » (« Castiglione Olona », Cahier Préalpin)

    et une beauté qui n’est pas sans laideur :

    « Le soir on va au marais

    se salir dans la cannaie

    sur des ponts tremblants

    au-dessus des décharges industrielles » (« Angera », Cahier Préalpin).

    Pas d’utopie, quelle qu’elle soit, chez Fabio Scotto, qui sait reconnaître les maux néfastes de notre société. Dans les dernières parties du recueil, l’évocation de l’eau lève encore d’autres images, plus terribles, sur la vérité du monde. Car la parole de l’écrivain n’oublie ni l’insensé atemporel ni les maux contemporains : sa lucidité regarde une immanence où règne le mal absolu qu’il dénonce dans la « Lettre à Oradour » (Les Dieux étouffés, 1946) dédiée à Jean Tardieu. Barbarie, destruction, famine, « Exode » sont autant de mots qui font de « notre peau, une plaie » et de notre voix « un cri ». Ce cri résonne dans tout le recueil, il remonte des abysses de la Méditerranée, s’élève « du fond des ruines d’un pont de Gênes » ou plane sur le théâtre des guerres. Il est celui des migrants, « frères morts / noyés parmi les vagues » et de tous les corps-cœurs meurtris par l’indifférence, le désamour ou la haine sur cette terre. Dans la voix du poète, il devient le chant humain d’une souffrance déjà inscrite sur les visages peints par Munch ou par Bacon.

    Fabio Scotto cependant n’oublie jamais les grâces accordées par la vie, ni leurs objets. Et d’abord la « grâce du vu », sa magie. Les poèmes célèbrent aussi bien le « désert aquatique / où les nuages joignent / la traînée jaune de l’horizon » que « la joie de la pierre sculptée par le vent » ou l’arbre dont « les branches deviennent ses bras ». Reflet de l’état d’âme, beauté sensuelle du vivant, tissé de présences vibrantes et d’osmose accomplie, le monde est là, avec ses bords de lacs, ses campagnes océanes ou méditerranéennes, ses « aubes simples » et ses couchants au « Miroir du soir ». Le dehors, paysage naturel ou urbain, est très prégnant dans Voix de la vue (1952) et dans toutes les autres parties du recueil à travers des descriptions fondues à l’expression des sensations et des sentiments mais aussi à une méditation. On reconnaît là le traducteur de Bernard Noël dans l’importance donnée au regard par Fabio Scotto pour qui « voir est un acte ». Tous les sens sont évidemment sollicités dans sa poésie « écrite avec son corps » et qui joue sur les sonorités, la rythmique et la ponctuation autant que sur les images. La dimension picturale de certains poèmes relie souvent la poésie à l’art. Ainsi il n’est pas étonnant que deux parties du recueil correspondent à des livres d’artistes réalisés par Fabio Scotto avec Colette Deblé et Martine Chittofrati et que bien d’autres poèmes, au fil du recueil, évoquent la musique ou des tableaux. Dans Esquisses italiennes, par exemple, ouvrage paru en 2014, une suite rêveuse mais précise accompagne toute une série d’œuvres autour des hauts-lieux de Venise et de Rome. Elle témoigne de la sensibilité de l’auteur à « un visible » dont il faut soulever le voile pour accéder à l’invisible et à ses métamorphoses.

    « Qu’est-ce que le corps pour la lumière ?

    La vie jaillit d’or des eaux troubles

    Corde tendue sur l’abîme

    Elle se penche pieds nus

    l’air caresse ses jambes

    Et toi qui l’aperçois de loin

    de la fenêtre d’en face

    tu es de quel temps,

    de quelle galaxie,

    de quel vent ? » (« Église des Scalzi » in Esquisses italiennes).

    Ces quelques vers nous ramènent au thème principal du recueil et de l’ensemble de l’œuvre de l’auteur. C’est en effet la question de l’identité et de l’amour, compris aussi comme désamour, incommunicabilité et éloignement dont il est question et qui fait question.

    Chez Fabio Scotto, la quête inquiète, mais passionnée, de soi et de l’autre est à la source même de la vie et de l’écriture. Elle se heurte toujours à l’impossible qui se confond avec la perte, mais son possible se prolonge dans « un chant de disparition » comme dans la très belle septième partie, au titre évocateur, L’Ivre mort, publié en 2007. Ce chant emporte la barque de l’écriture, de rivière heureuse en fleuve des amers, avec son passager étreint par la même soif inapaisée et inapaisable de l’Un. Comment s’amarrer aux rives toujours fuyantes de l’amour et garder vifs le transport du corps et la plénitude de l’âme un jour vécus, si ce n’est en les posant dans « l’ivre livre » qui transcende la vie en une autre vie et donne à l’amour sa vraie lumière ? Pour le poète, la poésie est peut-être une tentative de réponse à l’énigme, une voie d’accès à cette « éternité » rêvée, « mer allée/avec le soleil » qu’évoquent Rimbaud et Le Livre de Mallarmé (Variations sur un sujet, 1895) mis en dialogue. Ainsi, au cours du recueil, nous assistons à une descente amoureuse et poétique qui est aussi une remontée, à des naissances qui sont aussi morts annonciatrices de renaissances. La séparation et la solitude, thèmes essentiels, y sont montrées natives car venant de la présence elle-même et retournant toujours à la présence. Cette présence rayonnante, souveraine, que la femme aimée, en ses multiples visages, dispense puis retire, renvoie l’homme à sa dépendance et au désespoir, avant que « le seuleil » et le « cercoeil », mots-valises du désastre, ne redeviennent simples vocables, seuil d’un nouveau soleil, à coup sûr celui de la langue.

    De la rencontre amoureuse, Fabio Scotto écrit avec lyrisme l’enchantement, l’ivresse des corps et la joie d’une fusion vécue à l’origine et réinventée, comme le fait la femme des lavis de Colette Deblé à qui Fabio Scotto donne voix dans les Haïkaï (Fragments du corps rouge) de 2007. La dimension érotique occupe une grande place dans ce recueil aux vers-blasons qui célèbrent la féminité et l’emportement du désir. « Les beaux yeux », « le paradis de chair » suscitent l’extase mais révèlent aussi une face sombre. À l’instar de Baudelaire et de certains surréalistes, le poète montre la femme capable de fausseté et d’adultère, pire encore, sujet de trahison et de cruauté. De l’adolescente « blonde aux yeux noirs », entrevue « un dimanche devant la gare », à la femme mûre « qui porte un secret dans ses viscères » et dont la danse est « sous les yeux des dieux », toutes, si elles font de l’amour charnel un zénith, si elles touchent « de leurs ailes » le cœur de l’homme et « émeuvent » son âme, se révèlent en même temps les figures du manque, de l’abandon et de « la chute ». Les amants, tour à tour « ange mortel » et « ange noir », finissent en « anges déchus ». Certes ils connaissent l’acmé mais, très vite aussi, le déchirement et l’absence. Le riche lexique autour du sang montre le poète martyrisé et agonisant, une fois l’aimée en allée et devenue inaccessible. Dans la dernière partie (L’À-venir), celle qui se cache derrière le « A. » de la dédicace « s’en va/sans tourner le dos » mais le laisse exsangue, « le froid aux os » et désespéré.

    L’« à-venir » serait-il désormais une béance, un vide à épouser pour celui, proie d’amours éphémères, qui ne tient dans ses mains que « le rien » ? L’amour, écrit Fabio Scotto, se réduit à « une chanson pour personne / et le reste est la cendre / que tu éteins sur la cendre » (« La douce blessure, La dolce feria » in Le Corps du sable, L’Amourier, 2006). La parole ne serait-elle alors que « le moyen de se multiplier dans le néant », comme l’écrit Paul Valéry (« Petite lettre sur les mythes », Variété II) cité par Fabio Scotto dans Le Corps écrivant. S’il n’y a pas de salut, et nulle consolation, l’homme perdu devient « le perdant », un naufragé sans identité et sans goût de vivre. Le « je » n’existe que dans le lien au « tu », au « on » ou au « nous » vécus dans le face-à-face intime et, nous l’avons vu aussi, dans le partage d’un destin collectif qui nous lie. Si, dans la relation, l’un est exclu ou nié, l’autre est renvoyé à une sorte de non-être. Le déroulé de regards, de sentiments et de pensées qu’offre le recueil dresse en filigrane un portrait du poète. Ainsi l’apparition de la silhouette de Guido Morselli, écrivain méconnu de Varèse, « traversant la place du Marché / déjà déserte / à six heures du soir », au début du recueil (« Varèse », Cahier préalpin), est suivie de l’identification ironique au cygne de Caldé qui meurt « du plomb dans l’aile ». Ces signes d’un état intérieur mettent à nu une déréliction exprimée aussi par la finale verlainienne de « Luino » (Cahier préalpin) :

    « La vie est manque

    j’aime son absence

    J’attends la pluie ».

    Et cette dernière, à la mélancolie assumée, arrive même à « effacer » jusqu’aux mots du poète emportés par « le vent ».

    La vie, ce réel auquel chacun se confronte, nous déborde toujours, telle est la leçon du recueil. La voix qui y chante nous apprend son mystère indépassable et notre exil : dans l’amour, le plus proche est toujours déjà le plus lointain, mais sa rencontre nous constitue. Après la joie, la disparition laisse au sillage des jours l’a-joie, sa plaie jamais cicatrisée. Le temps s’acharne, c’est vrai, à nous dépouiller, multipliant les défaites et les deuils. En emportant les aimés, il laisse dans un silence où chacun se tient seul comme devant la mort. La félicité « que je croyais atteindre » reste insaisissable, écrit Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe, et Fabio Scotto ne le démentirait pas. La séparation, comme l’adieu, est le lot de chacun, qui doit trouver en soi les ressources pour continuer. Le poète de La Peau de l’eau, ami de Tardieu, de Bonnefoy, de Noël et de tant d’autres, pose dans ce recueil les pourquoi et les comment qui nous taraudent. Au bord de l’abîme, lui-même rongé de révoltes, de chagrins et de doutes, assiégé par la désespérance, il ne livre pas de réponse. Mais il garde encore, par-delà ses morts et la mort, le geste d’écrire qui donne son tremblé à la vie. Au terme de cette traversée, le dernier poème du recueil apaise sans la nier la blessure inguérissable avec le mot de « pitié » dont a tant besoin l’humain. Et l’arbre contre lequel s’adosse celui qui prononce ce mot, debout entre terre et ciel, transfuse en sa voix la sève : le poème est bien « l’amour réalisé du désir demeuré désir » (René Char, Fureur et mystère, 1948).



    Sylvie Fabre G.
    D.R. Texte Sylvie Fabre G.
    pour Terres de femmes







    Fabio Scotto  La peau de l'eau





    FABIO SCOTTO


    Fabio Scotto





    ■ Fabio Scotto
    sur Terres de femmes


    Venezia — San Giorgio-Angelo (extrait de La Peau de l’eau)
    A riva | Sur cette rive (lecture d’AP)
    Regard sombre (extrait de A riva | Sur cette rive)
    Le Corps du sable (lecture d’AP)
    Je t’embrasse les yeux fermés (poème issu du recueil Le Corps du sable)
    Ces paroles échangées (poème issu du recueil L’intoccabile)
    China sull’acqua… (traductions croisées)
    Tra le vene del mondo (extrait de La Grecia è morta e altre poesie)
    “Musée Thyssen Bornemisza Madrid”, Jacob Isaacksz Van Ruisdael
    Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (onze « poèmes peints » traduits par AP)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche de l’éditeur sur La Peau de l’eau
    → (sur Lyrikline)
    Fabio Scotto disant dix de ses poèmes




    ■ Autres lectures de Sylvie Fabre G.
    sur Terres de femmes


    Caroline Boidé, Les Impurs
    Jean-Pierre Chambon, Le Petit Livre amer
    Jean-Pierre Chambon, Tout venant
    Patricia Cottron-Daubigné, Visage roman
    Ludovic Degroote, Un petit viol, Un autre petit viol
    Pierre Dhainaut, Après
    Alain Freixe, Vers les riveraines
    Luce Guilbaud, Demain l’instant du large
    Emmanuel Merle, Ici en exil
    Emmanuel Merle & Thierry Renard, La Chance d’un autre jour, Conversation
    Angèle Paoli, Lauzes
    Pierre Péju, Enfance obscure
    Didier Pobel, Un beau soir l’avenir
    Erwann Rougé, Passerelle, Carnet de mer
    Roselyne Sibille, Entre les braises
    Une terre commune, deux voyages (Tourbe d’Emmanuel Merle et La Pierre à 3 visages de François Rannou)






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  • Stéphane Juranics, Silence du temps


    SILENCE DU TEMPS  guidu
    Ph., G.AdC







    SILENCE DU TEMPS
    (extrait)






    et si l’on se demande parfois
    à quoi cela sert de parler
    lorsqu’innommable
    la violence de l’Histoire
    s’impacte dans les corps
    et dans les âmes
    c’est là justement
    qu’il faut noter
    ce qu’on n’ose prononcer

    la guerre des ombres
    l’exode des visages

    1915 Mouch
    jour après jour
    ces longues files effarées
    un peuple entier
    cherchant dans les montagnes
    une frêle dernière chance
    interminable chemin
    dans le désert
    où se grave son épitaphe

    1944 Céreste
    Roger Bernard gisant
    dans l’ombre d’un mûrier
    tournesol du maquis
    fauché avant l’heure
    coquelicot du Luberon
    enlevé à sa terre
    ses pétales jonchant la route
    gouttes de sang d’un partisan
    tombé pour nous

    1956 Budapest
    les chars faisant taire
    une révolution sans mots d’ordre
    sauf celui pour chacun
    de fourbir sa voix
    milliers d’antithèses
    ardentes à s’écrire
    versant l’acide
    de leur encre rebelle
    sur l’empierrante injonction
    des dogmes

    1991 Bagdad
    une nation interrompue
    par l’inintelligence des bombes
    au nom du prix du pétrole
    civilisation hébétée
    d’un tel contresens
    dunes d’adjectifs
    inhumés vifs
    sous l’impuissance verbale
    de la puissance du feu

    2002 Ramallah
    ce poids de ruines
    sur les paupières
    l’ombre arrachée
    aux forêts d’oliviers
    journalier l’héroïsme des lèvres
    sourdes au fracas des tanks
    qui rend sourd
    entre les barbelés
    perçant les tympans du ciel

    2013 Lampedusa
    l’eau qui se noie
    dans l’œil des réfugiés
    aux rêves échoués
    sur la grève
    aux noms écorchés
    sur les rochers
    leur âme restée au large
    et leurs visages
    flottant à jamais
    en surface de la mémoire

    2015 frontière hongroise
    d’heure en heure l’exil
    à travers champs
    la roue du sort voilée
    par les cahots des prés
    labourés de cohues
    innombrables sillons
    sans autres graines
    que les gouttes de sueur
    ensemençant la plaine

    et partout
    signes perceptibles des guerres
    la brisure des voix
    phrases écrasées
    sous les chenilles de l’Histoire
    les gestes nommant
    sans le dire
    la chair tuméfiée
    la tragédie du sang
    la terre enfouie
    obsidienne fichée
    dans le blanc des yeux

    ça et là
    sur la terre des chemins
    les pierres scintillant
    de rosée au soleil
    comme autant de larmes
    durcies dans l’herbe

    non
    rien de cela
    ne doit être
    passé sous silence

    […]



    Stéphane Juranics, Silence du temps, Poésie, éditions La passe du vent, 2020, pp. 23-28. Préface de Roger Dextre.






    Silence du temps




    STÉPHANE JURANICS


    S. Juranics © O. Alloyan
    Ph. © Olivia Alloyan
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    le blog personnel de Stéphane Juranics
    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche bio-bibliographique de l’éditeur sur Stéphane Juranics
    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche de l’éditeur sur Silence du temps de Stéphane Juranics





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Fabio Scotto | Venezia — San Giorgio-Angelo


    VENEZIA — SAN GIORGIO-ANGELO




    Si dice che siano « custodi »
    che ascoltino i nostri pianti
    Innàlzati pure
    Vola via da me
    Tuo il cielo
    Le sue grandi nubi
    Mia la terra
    il suo nero fango che fuggi
    che prosciughi
    Ora che sento l’odore del prato
    dopo la pioggia
    E sono in piedi nella mia vita
    Esisto e resisto







    VENISE — SAN GIORGIO-ANGE




    On les dit « gardiens »
    à l’écoute de nos pleurs
    Alors lève-toi
    Envole-toi loin de moi
    À toi le ciel
    Ses grands nuages
    À moi la terre
    sa boue noire que tu fuis
    que tu assèches
    Maintenant je sens le parfum du pré
    après la pluie
    Et je suis debout dans ma vie
    J’existe et résiste





    Fabio Scotto, La Peau de l’eau, poèmes français (1989-2019), éditions La Passe du vent, 2020, pp. 128-129. Poème traduit de l’italien par l’auteur en collaboration avec Sylvie Fabre G.






    Fabio Scotto  La peau de l'eau





    FABIO SCOTTO


    Fabio Scotto





    ■ Fabio Scotto
    sur Terres de femmes


    La Peau de l’eau (lecture de Sylvie Fabre G.)
    A riva | Sur cette rive (lecture d’AP)
    Regard sombre (extrait de A riva | Sur cette rive)
    Le Corps du sable (lecture d’AP)
    Je t’embrasse les yeux fermés (poème issu du recueil Le Corps du sable)
    Ces paroles échangées (poème issu du recueil L’intoccabile)
    China sull’acqua… (traductions croisées)
    Tra le vene del mondo (extrait de La Grecia è morta e altre poesie)
    “Musée Thyssen Bornemisza Madrid”, Jacob Isaacksz Van Ruisdael
    Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (onze « poèmes peints » traduits par AP)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site des éditions La passe du vent)
    la fiche de l’éditeur sur La Peau de l’eau
    → (sur Lyrikline)
    Fabio Scotto disant dix de ses poèmes





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Noée Maire | [allongée dans l’herbe]


    [ALLONGÉE DANS L’HERBE]




    allongée dans l’herbe
    le jour flotte un instant de rêve

    sur mes paupières fines
    les oiseaux laissent
    leur empreinte d’ombre rapide

    où dans le corps l’emplacement
    des racines
    les garrigues fragiles et blessantes
    les lignes de vigne ?




    Noée Maire, L’Étreinte, éditions La tête à l’envers, collection fibre·s, 2000, s.f. Peinture de Nicole Koch.





    Noée Maire  L'étreinte




    NOÉE MAIRE


    Noée maire portrait
    Source




    ■ Noée Maire
    sur Terres de femmes


    [Je choisis l’absence] (extrait de D’Ararat)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La tête à l’envers)
    la fiche de l’éditeur sur L’Étreinte
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Noée Maire (dont un entretien avec Clara Regy)





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Véronique Daine | [La pluie pour faire le matin]



    [LA PLUIE POUR FAIRE LE MATIN]




    La pluie pour faire le matin. La pluie les verts plus quelques blancs qui sont comme une autre catégorie de verts. Épuisante éreintante la pluie. Et éreintante la mort d’Yves Bonnefoy avant-hier. Je pense à mon oncle Camille qui était là durant l’enfance. Qui était là comme la pluie. Un homme qui ne disait rien. Ne faisait pas de bruit. Se retirait toute la journée dans sa chambre. Se déplaçait sur des patins de feutre pour ne pas rayer le parquet. Éteignait tôt. Bougeait son grand corps le plus précautionneusement possible dans l’appartement rue des Déportés. Un homme sans visage (aucune photo de lui dans les albums de famille). Sans voix. Un objet invisible parmi les psychés et les pendules faussement Empire du salon. Un jour l’oncle n’a plus été là. Transparente sa mort. À la place un vide insoupçonné. Inversement proportionnel à sa présence dans l’appartement. Un vide ouvert à un questionnement sans repos ni réponse. Yves Bonnefoy était un peu comme ça. Tranquillement là. Tranquillement dans ma vie jusqu’à l’oubli. Puis cette mort qu’on ne s’était jamais figurée. Et le même éreintement sans réponse.




    Véronique Daine, Amoureusement la gueule, éditions L’Herbe qui tremble, Collection D’autre part dirigée par Thierry Horguelin, 2019, pp. 39-40. Dessins d’Anne-Marie Finné.





    Véronique Daine  Amoureusement la gueule




    VÉRONIQUE DAINE


    Veronique Daine  NB
    Source




    ■ Véronique Daine
    sur Terres de femmes


    Amoureusement la gueule (lecture de Sabine Dewulf)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions L’herbe qui tremble)
    la page de l’éditeur sur Amoureusement la gueule






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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Estelle Fenzy | Man’za



    MAN’ZA




    Man’za avait
    toujours été vieille
    sa main droite appuyée
    sur ses reins courbés

    Parfois nous grimpions
    sur ses maigres genoux
    Son tablier de tergal
    crissait sous les ongles

    Nous passions
    des heures entières
    à feuilleter
    des catalogues

    Nous aimions
    le papier glacé
    son odeur vernis frais
    admirions
    les dents parfaites
    des mannequins

    Man’za n’en avait plus
    depuis longtemps








    ÉLISA




    Man’za
    avait toujours été vieille

    C’est ce que je croyais

    Pourtant
    face à son lit
    cette photo jaunie
    un jeune homme
    aux yeux clairs
    en tenue militaire

    Man’za
    avait été belle
    Elle avait reçu les baisers
    les avait donnés aussi





    Estelle Fenzy, Gueule noire, éditions La Boucherie Littéraire, Collection Sur le billot pour tous dirigée par Antoine Gallardo, 2019, s.f. Monotypes de Colette Reydet.






    Estelle Fenzy  Gueule noire





    ESTELLE FENZY




    Estelle Fenzy
    Ph. Tous droits réservés




    ■ Estelle Fenzy
    sur Terres de femmes


    [Je n’ai jamais dit adieu] (poème extrait du Chant de la femme source)
    [Faire fi(n) | de l’exiguïté du temps] (poème extrait de Coda (Ostinato))
    La Minute bleue de l’aube (lecture de Murielle Compère-Demarcy)
    [Un seul pays natal](extrait de La Minute bleue de l’aube)
    [Rêve silex] [extrait de Chut (le monstre dort)]
    [Mon tablier déborde de prières](extrait de Mère)
    [Père, | tu le sais](extrait de Par là)
    Poèmes Western (lecture d’AP)
    [Retrouver la neige](extrait de Poèmes Western)
    Rouge vive (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Rouge vive (lecture d’AP)
    Sans (lecture d’AP)
    [Toi les yeux moi la voix] (extrait de L’Entaille et la Couture)






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  • Paola Pigani | [L’hiver n’aura pas ma peau]



    [L’HIVER N’AURA PAS MA PEAU]






    L’hiver n’aura pas ma peau

    En rentrant de l’office
    je vois la flamme gelée d’un écureuil
    je le ramasse raide et glacé
    le porte sur le parvis de la chapelle





    Je sors en tempête sous la nuit

    Je crie dans la rue d’avant

    La ville est dans mon sang
    avec ses éboulis
    ses canaux qui débordent





    J’ai dû laisser l’enfant dormir
    quelque part
    l’éloigner du soleil
    le poser sur un limon très doux
    qu’il tête en paix
    mon absence





    Dans les douves
    dorment les renards tendres

    Au dortoir, une femme crie
    qu’elle veut les voir

    Chaque jour elle caresse le vieux balai des pissotières
    elle rêve
    moi pas

    Les renards sont doux
    loin du bruit des hommes






    Paola Pigani, La Renouée aux oiseaux, éditions La Boucherie littéraire, Collection La feuille et le fusil dirigée par Antoine Gallardo, 84160 Cadenet, 2019, s.f.






    Paola Pigani  La Renouée aux oiseaux





    PAOLA PIGANI


    Paola Pigani par Vugliano
    Ph. Gilles Vugliano
    Source





    ■ Paola Pigani
    sur Terres de femmes


    La Renouée aux oiseaux (lecture d’AP)
    Le Cœur des mortels (lecture de Michel Ménaché)
    La voix des migrants (poème extrait d’Indovina)




    ■ Voir aussi ▼


    La renouée aux oiseaux (blog de Paola Pigani)
    (sur Lecthot)
    un entretien avec Paola Pigani
    (sur Terre à ciel)
    une lecture de La Renouée aux oiseaux par Valérie Canat de Chizy





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Gérard Bayo | Le vent s’est éloigné



    Larbre
    « Et l’arbre
    dont la branche s’était perdue
    renonce à ses tourments. »
    Ph., G.AdC







    LE VENT S’EST ÉLOIGNÉ





    Le vent s’est éloigné. Peut-être est-il
    sur la mer à présent.

    Et l’arbre
    dont la branche s’était perdue
    renonce à ses tourments.

    Au soir le merle
    recommence à chanter et dit que l’univers

    n’a ni forme ni frontières. On dirait que dans l’arbre
    jamais la branche n’a manqué.





    Gérard Bayo, Traversant l’aube, III, éditions L’Herbe qui tremble, 2019, page 113.





    Gérard Bayo  Traversant l'aube






    GÉRARD BAYO


    Gérard Bayo
    Source




    ■ Gérard Bayo
    sur Terres de femmes

    Jours d’Excideuil (lecture d’Isabelle Lévesque)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions L’Herbe qui tremble)
    la page de l’éditeur sur Traversant l’aube





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