Étiquette : Éditions de La Crypte


  • Maël Guesdon | [de temps en temps il y avait]




    [DE TEMPS EN TEMPS IL Y AVAIT]




    de temps en temps il y avait .

    lentement de sa voix ralentie il y avait
    dans son questionnaire une partie facultative

    elle écrivait — il ne sait plus pourquoi —

    confrontation de forces .

    je me souviens

    il y avait au fond de la classe à droite
    une porte cassée dans un coin enfoncé du mur




    jeudi souvenirs vagues et confus
    vendredi je n’ai pas dormi chez moi




    elle parle une langue étrangère .
    elle dit rouge à la place de .




    ses lèvres blanches immobiles  cherchent  à  comprendre

    les mouvements de sa bouche à lui qui tangue et répète à

    mesure que la bande se retourne

    . les notes amenées

    dans la longueur du plan . lorsque de retour —

    fait-on impression ? — les temps viennent par leurs rires

    dire que cela se voit . à  franchir  nous  vous  invitons .  à

    côté de plans miniatures atteints

    d’une partie de notre avenir




    il frappe le mur
    s’effondre

    fissuré

    fumée sur toit
    ouvre la combe



    devine qu’elle

    enceinte

    et suis leur ombre à deux




    Maël Guesdon, sorgue, Éditions de La Crypte, 2013, s.f. Prix de la Crypte – Jean Lalaude 2013.






    Sorgue







    MAËL  GUESDON


    Mael Guesdon
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une notice bio-bibliographique sur Maël Guesdon







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  • Christian Marsan | [s’il a blessé mes ailes]



    [S’IL A BLESSÉ MES AILES]




    s’il a blessé mes ailes
    le sable, que m’importe
    au loin dans le désert
    aussi le vent l’emporte

    –    ce que dit à l’enfant
    l’oiseau qui va se taire
    ainsi ce n’est qu’un chant
    qui passe sur la terre —

    mais sous mes pas, je sens
    se réchauffer la pierre
    déjà c’est le printemps
    dieu !
    exauce ma prière



    […]



    l’hellébore qui meurt
    pour que vivent les roses

    –    ce que savent les fleurs
    quand l’orage se tait —

    mais le ciel est si noir
    dans la tombe où je vais
    dieu !
    dont me parlent les choses
    à chaque heure qui naît



    […]



    passe et puis
    se perd

    –    souffle poème ou chant —

    éphémères complies
    Dont le ciel est l’archet
    oh dieu !
    à la source pareilles
    qui parle
    et puis se tait



    Christian Marsan, Le ciel où je tombe : complies, Amicale laïque de Hagetmau, 2006 ; Le ciel où je tombe, Éditions de La Crypte, 2015 (deuxième édition), pp. 25-35-39.






    Christian Marsan, Le ciel où je tombe







    CHRISTIAN MARSAN





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions de La Crypte)
    plusieurs pages sur Christian Marsan





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  • Sylvie Marot | Fragments




    Sylvie_Marot__Louis_Raoul__28_nov_2015__09__photo__Joran_Lafleuriel
    Source







    FRAGMENTS




    La neige floconne en silence. Assise à sa table de verre nappée de papier bulle, elle cotonne. Elle étire ses rêveries dans les branches d’un cognassier du Japon. Ses songes plongent dans les petites corolles aux couleurs éclatantes sur le bois nu. Elle sirote son thé dans une tasse en forme d’exosquelette d’oursin. Ses phalanges lisent les points saillants de l’émail piqueté du petit récipient. Un braille sensé. Des reliefs délassants. Elle fredonne. Par mégarde, une bulle d’air claque.




    La lune gibbeuse est dans son périgée. Pour qui cette beauté si personne n’y porte attention ? Au moins sept révolutions sidérales depuis leur dernier baiser. Et la lune comme son manque est énorme. Et l’astre comme ses yeux réfléchit la lumière du soleil. Il est encore son centre de gravité. Elle tourne autour de lui. Dans son orbite elliptique, la distance entre eux varie d’une rencontre à l’autre. Une autre l’éclipse. Une autre qui doit sa beauté à la dureté du vent.




    Elle avale de la grenaille et des grains de poivre noir comme elle avalerait du caviar et des baies de genièvre. Elle déglutit des raisins de loup et des sceaux de Salomon comme des cassis mouillés. Elle gobe des fruits de belladone comme des myrtilles. Elle s’intoxique doucement. Elle s’empoisonne délicieusement. Elle attend les premiers symptômes : mirage et vertige, fièvre et brûlure.




    Sylvie Marot, Lisianthus, Fragments, les éditions de La Crypte, Collection Les Voix de la Crypte, 2015, pp. 49-50.







    Sylvie Marot, Lisianthus, Editions de la crypte, 2015







    SYLVIE MAROT


    Sylvie_Marot__2015
    Source



    ■ Sylvie Marot
    sur Terres de femmes

    Lisianthus (note de lecture d’AP)



    ■ Voir aussi ▼

    (sur le site des éditions de La Crypte)
    la fiche de l’éditeur sur Lisianthus
    (sur Recours au Poème)
    une note de lecture de Marie-Josée Desvignes sur Lisianthus
    (sur lelitteraire.com)
    une note de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret sur Lisianthus
    (sur lelitteraire.com)
    un entretien de Sylvie Marot avec Jean-Paul Gavard-Perret (1er jan­vier 2016)
    (sur Lire le Japon)
    une note de lecture sur Lisianthus





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