Étiquette : éditions de l’Amandier


  • Hélène Sanguinetti | [Automne vivant et adoré]



    Homme à la flûte
    Ph., G.AdC






    [AUTOMNE VIVANT ET ADORÉ]




    Automne vivant et adoré
    malgré mouches gavées de nuit derrière la
    vitre entrent contre la lampe, le nouveau froid,
    pinçons, étoile lune-contre, étoile lune-avec,
    gobent une veste de jardinier, et, lui, vole, au, sommet,
    nage là-haut tresse une robe à tout entourée, lianes arbres air







                                         Les histoires alors descendent* se
                                         glissent sous la porte, peuple s’installe en
                                         tailleur, stop ! ça commence !
                                         stop ! stop ! et ça commence.
                                         “le char bondit la chanson file, cheveux
                                         nattés je rêve”







    Qu’est-ce qui fut raconté
    ce jour-là cette nuit-là
    dans ce pays-là,
    homme à la flûte ?




    Hélène Sanguinetti, Et voici la chanson, Éditions de l’Amandier, Collection Accents graves Accents aigus, 2012, pp. 80-81.




    __________________________
    * des arbres





    Hélène Sanguinetti, Et voici la chanson





    HÉLÈNE SANGUINETTI


    Hlne_sanguinetti_par_guidu
    Ph., G.AdC



    ■ Hélène Sanguinetti
    sur Terres de femmes

    Et voici la chanson (note de lecture d’AP)
    Alparegho, Pareil-à-rien (note de lecture d’AP)
    De quel pays êtes-vous ? (extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien + bio-bibliographie)
    De la main gauche, exploratrice (I)
    De la main gauche, exploratrice (II)
    De ce berceau, la mer (extrait de D’ici, de ce berceau)
    À celui qui (extrait de Hence this cradle)
    Le Héros (note de lecture d’AP)
    [Ma trouvaille de tout à l’heure] (extrait de Domaine des englués)
    [Premier soleil] (autre extrait de Domaine des englués)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    La vieille femme regarde en bas
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un Portrait de Hélène Sanguinetti (+ un poème extrait de De la main gauche, exploratrice)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    un extrait sonore [10 mn] de Et voici la chanson (« JOUG 2 » « Voici la chanson », pp. 22-31) dit par Hélène Sanguinetti. Prise de son : François de Bortoli
    → (dans la
    Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique (+ un extrait sonore issu de Pareil-à-rien)
    → (sur remue.net)
    Hélène Sanguinetti disant un extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien





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  • Joëlle Gardes, L’Eau tremblante des saisons

    Joëlle Gardes, L’Eau tremblante des saisons,
    Éditions de L’Amandier,
    Collection Accents graves-accents aigus, 2012.



    Lecture de Françoise Donadieu


    Ocre romain  -  aller du concret à l'abstrait
    Ph., G.AdC







    « DANS LE SILENCE DES MOTS, NI LE SOLEIL, NI LA MORT »



         L’Eau tremblante des saisons, le très beau titre qui ouvre le deuxième recueil de poésie publié par Joëlle Gardes aux Éditions de l’Amandier, semble convoquer Verlaine et Apollinaire (musicalité du vers impair et de l’allitération en nasales, fluidité, mélancolie), et l’on s’attend à découvrir au fil des pages quelques « paysages intérieurs » reflétant la douleur de la « si pauvre âme ». Mais on comprend vite que cette image n’est pas l’expression d’un sentiment personnel (ou pas seulement), elle est métaphore de la vie, d’une idée de la vie. Une idée qu’il faut poursuivre à travers les poèmes, car une idée en poésie est labile ainsi que l’eau, reflets scintillants de la beauté du monde ou trompeuses illusions, des larmes peut-être, comme dans une des plus anciennes définitions du séjour d’ici-bas : celle de l’Ecclésiaste.

         Le premier poème propose le même usage de la métaphore Vie / Dentelle sale et le même rayonnement du sens (beauté, fragilité, vanité, amertume), mais développe auparavant le comparant dans une description précise et sensible : « Le rosier qui grimpe sur le mur de la citerne offre chaque jour de nouvelles roses d’un jaune tendre / Cachés dans leur cœur les cétoines rongent les pétales enroulés et filent une dentelle tachée de noir. » Il donne ainsi la clé de ce qui est pour moi l’opération poétique accomplie dans ce recueil : une opération d’abstraction. Extraire du réel la « quintessence », mais aussi aller du concret à l’abstrait, rendre l’expérience vécue impersonnelle, c’est-à-dire intelligible pour tous.

         Cette opération place Joëlle Gardes dans la grande tradition classique qui vise avant tout à dégager le général du particulier. L’emploi récurrent du nous, ou celui tout aussi fréquent de l’article générique l’enfant, l’adulte, la mère, l’aimé, y contribuent et mieux encore ces maximes, brèves ou plus longues, mais toutes ciselées par un patient travail pour rendre à la langue la force de sa saveur ancienne. Ce travail qui, d’après l’auteur, « est » véritablement le style. En ce domaine encore, elle retrouve l’esprit du Grand Siècle, celui de La Rochefoucauld ou de La Bruyère. On peut citer cet aphorisme d’une simplicité dense et parfaite, poli comme un scarabée de cœur égyptien, dans lequel l’apparent paradoxe s’éclaire si l’on retrouve l’étymologie du mot « offense » : « la bonté elle-même est une offense ».

         L’ambition d’une telle pratique poétique est bien de rendre compte de l’homme éternel, de la condition humaine abstraite des conditions historiques, dans l’entrelacement de thèmes qui furent ceux de la littérature du XVIIe siècle : la recherche de la vérité (À quelle aune mesurer la vérité ?), la dérision de la comédie humaine (« tous acteurs dans des pièces mal écrites dont ils inventent l’intrigue jour après jour ») et la présence de la mort comme rappel incessant de notre inanité : « Seule la fin leur est connue d’avance. » Le Temps est, le titre l’indique, le vrai sujet de cette méditation sur la vie : le concept du temps humain, chronologique, mécanique, implacable, fournit la structure profonde du recueil en s’opposant au motif récurrent des saisons ; c’est ainsi que la poésie de la nature prend valeur d’allégorie, dans le contexte d’une tradition qui remonte aux Psaumes, reprise par Bossuet et retrouvée dans ces poèmes au détour de certaines phrases : « Les papillons qui flottaient dans la lumière ne sont plus que des insectes épinglés prêts à s’effriter. »

         Ce recueil est donc celui des Vanités, vanités renoncées dans un exercice spirituel constant, vie comme vanité, vide, insignifiance, tableaux à l’imitation de ces vanités qui dessinaient avec une précision impeccable les beautés du monde en leur juxtaposant un crâne humain. L’esthétique et la morale s’y confondent parfaitement : pour preuve, la représentation de cette vertu si rare, la lucidité, dans l’image répétée de la lumière, celle du Midi, tranchante, cruelle parfois. Comme chez Racine, le tragique est éblouissant, et l’on peut penser que tout l’effort du poète est de regarder en face ce qui ne se peut, de réussir ce qui n’advenait pas : « Dans le silence des mots : ni le soleil ni la mort… »

         Cependant, de « cet art de pudeur et de modestie », définition du classicisme selon Gide, naît une émotion poignante, bouleversante quand surgissent les forces du désordre, le je qui ne peut plus se taire (« j’efface rageusement les coulées les taches le rouge violent de la bouche sur le visage où le temps a déposé son masque / masque de la peur / de la vie »), le réalisme cru de la souffrance subie dans la maladie (« L’esprit flotte au-dessus du corps / la goutte qui tombe dans les veines scande un temps de passivité et d’attente / un temps inhumain »), mais aussi le bonheur aigu d’être en vie, la jouissance sensuelle de la vie : « bain dans la mer glacée des lendemains de mistral / quand l’eau tiède est repoussée au large et que les sources froides affleurent à la surface / frisson délicieux indécision entre plaisir et déplaisir. » Alors le lyrisme personnel l’emporte et s’élève le chant élégiaque : une élégie sans complaisance, sans pathétique, dans la tonalité des Élégies de Duino, dans leur dimension métaphysique, panthéiste. « Dorénavant je prierai les divinités des vagues avant d’entrer dans la mer, je jetterai le sel par-dessus mon épaule gauche et verserai le lait sur le seuil de ma maison, / sans culpabilité ni crainte, / dans la sérénité de ceux qui ont renoué l’alliance avec les choses. »

         Bien que maîtrisée et retenue, l’angoisse contemporaine face à un monde sans rédemption sourd de L’Eau tremblante des saisons. Angoisse à laquelle Joëlle Gardes apporte sa réponse personnelle : celle d’une quête inlassable du dépouillement et de la disponibilité au monde, qui permet de parfois ressentir l’apaisement par l’acceptation de l’infinie patience humaine.

         L’écriture classique de Joëlle Gardes pourrait être définie par les mots que l’un des plus grands peintres contemporains appliquait à son œuvre : « le bruit caché dans le silence, le mouvement dans l’immobilité, la vie dans l’inanimé, l’infini dans le fini, des formes dans le vide et moi-même dans l’anonymat » (Joan Miró).



    Françoise Donadieu
    D.R. Texte Françoise Donadieu
    pour Terres de femmes (juillet 2012)





    JOËLLE GARDES


    Jolle_gardes_2
    Source



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    [Matinée de printemps précoce](extrait de L’Eau tremblante des saisons)
    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture + bibliographie]
    Dans le silence des mots, poésie (note de lecture)
    Et si la profondeur n’était que… (extrait de Dans le silence des mots)
    Jardin sous le givre (note de lecture + extrait)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Méditations de lieux (note de lecture)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture + extrait]
    Jardins de toute sorte (extrait de Sous le lichen du temps)
    [Tota mulier in utero] (extrait d’Histoires de Femmes)
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse/20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Joëlle Gardes






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  • Méditations de lieux. De l’art comme exercice spirituel

    Adrienne Arth, Claude Ber, Joëlle Gardes, Méditations de lieux,
    Éditions de l’Amandier, mai 2010. Photographies d’Adrienne Arth.


    Lecture d’Angèle Paoli




    DIEU ABSENT, QUE VALENT NOS ŒUVRES FACE À LA MORT ?





    ARTH 1 QUA





    Paradoxe de notre temps, le monastère de Saorge continue d’inciter au recueillement et à la méditation. Mais les pratiques qui conduisaient jadis à Dieu mènent aujourd’hui à d’autres chemins. Les chemins de la création et de l’art. Dans un lieu pareillement chargé d’histoire et de spiritualité, il est assez aisé d’imaginer comment se livrer, chacun pour soi, chacun à son rythme, dans le silence, aux « exercices spirituels » qui président à la création. Réfléchir, sur sa propre vie et sur l’inéluctable bornage de la mort, sur les choix qui jalonnent notre existence, s’interroger, prendre le temps de mesurer l’incessant dialogue entre le dedans et le dehors, celui de regarder, d’ouvrir les yeux. Marcher et noter. Patiemment. Au jour le jour. Ainsi procédait jadis Ignace de Loyola dont les Exercices spirituels demeurent à la fois un modèle et un guide. Ainsi procèdent aujourd’hui les artistes, invités en résidence au monastère de Saorge.


    Elles sont trois, cet été-là, à travailler, à méditer, à réfléchir. De ce temps passé à écouter sourdre les voix intérieures, à les laisser monter à la rencontre de voix autres, plus anciennes, de ce temps passé à composer, à écrire et à créer dans la solitude de la cellule, est né le temps de l’échange et du partage. Un partage à trois voix. Qui s’harmonise dans l’ouvrage Méditations de lieux. À travers mots et photographies, trois voix de femmes se rejoignent pour dire l’expérience méditative de Saorge. Joëlle Gardes, Claude Ber, Adrienne Arth. Une comédienne-photographe, deux écrivains et poètes.


    Dans Sentes et clôture, Joëlle Gardes pose d’emblée la question qui la taraude : « Est-ce cela la vie ? » Question qui vaut pour l’écrivain comme autrefois, pour le « dernier prieur ». Communauté d’élan. Communauté de doute ? « Écrire à désir perdu ? Prier Dieu à genoux sur la dalle ? »

    Joëlle Gardes choisit d’écrire, « même si les voix qui débordent sont un torrent effrayant ». Écrire dans le silence de la cellule. Accrocher l’écriture au « spectacle incongru » de Saorge. Noter la vie qui continue apparemment identique ― mais peut-être figée ― dans les vieilles pierres du village, dans le chant clair de la fontaine ou derrière les façades austères. Noter ce qui subsiste, dont l’essentiel n’est plus, qui donnait sens autrefois à la vie.

    « La vie comme le lavoir désormais sans emploi ». Et au-delà encore, au-delà des violences infligées aux hommes par d’autres hommes, au-delà des souffrances qui perdurent face à la mort qui guette chacun de nous, de retour au monde clos de la cellule, dialoguer avec le « Poverello » d’Assise, dont les fresques racontent la véritable richesse de la pauvreté. De ce dialogue intemporel avec saint François naît ce début de compassion de l’écrivain pour elle-même et sa joie à s’adonner enfin ― sans résistance et sans reproche ― à l’écriture.

    Interrogation sur le cheminement intérieur, ce très beau texte de Joëlle Gardes, texte d’une extrême douceur, a inspiré à Adrienne Arth les photos du lavoir et de la fontaine, arrondis caressants de la pierre, murs délavés par le temps, tremblé des eaux et des couleurs.

    « Un lavoir ocre jaune à l’eau vert tendre. Une eau plate aux reflets fixes. À peine quelques ondulations à la surface. Un miroir étrange où les couleurs des pierres se transforment jusqu’à l’irréalité » écrit la photographe dans « Déambulation » in Déambulation, stations, chemin.


    D’une tout autre essence est la grande prose poétique de Claude Ber. Pareil pour tous. Illimitée et intarissable. La contemplation du vol de l’épervier lève « la résistance à explorer » les « épreuves » et le filet lancé à la pêche des mots remonte, abondante moisson, poissonneuse moisson. Que faire, pourtant, de toute cette « limaille » qui s’aimante et « houle » aux pentes de Saorge ? Peut-être rien. Tout juste des « fagots de mots ». Mais « les fagots de mots » organisent leur résistance. Dûment classés, répertoriés, numérotés dans un carnet, ils font soudain lever le monde du passé. Et se dire et crier la révolte intacte d’aujourd’hui. « Tout en moi récuse et refuse ». Seul le vol d’un papillon noir vient distraire l’esprit de « son emballement ».

    Un souffle puissant de poésie et de violence anime Pareil pour tous, vaste fresque personnelle qui livre la part belle à l’enfant et aux figures tutélaires qui ont présidé à son bonheur. Car l’enfance fut heureuse ― et seulement l’enfance ― de celle qui tressait déjà entre elles les images de la mer aux images des montagnes :

    « Les deux lieux fusionnaient dans un paysage mental fait de montagnes moutonnant en vagues, de vagues hérissant leurs falaises, de mer déferlant en houles d’herbe et de crêtes rocheuses surgissant des ressacs. Entre les deux, comme un tissu invisible qui les rassemblait, soufflait ce même vent qui, à l’instant où je le nomme, emporte mon papier et penche les feuilles du figuier en mains ouvertes vers la fenêtre. »

    L’abondance métaphorique et sensuelle des mots redonne vie, ici, momentanément, à toutes les morts qui peuplent la mémoire du vivant, les recompose dans le damier des jours, les relève dans leur histoire. Le temps d’une écriture qui déferle hors les murs de la claustration monastique.

    « Il y en a trop de tous ces morts anonymes d’ici, attendant que je déterre leur histoire, poussières qu’ils sont dans les cimetières perchés des villages de l’arrière-pays comme pharaons dans la vallée des rois. Et ils me veulent ce dire tenace. Entêtés à exister avec une obstination, que je tiens d’eux, de tous ces enterrés. »

    Mais toujours demeure la conscience aigüe de l’impuissance à déjouer la cruauté des hommes ; et toujours demeure l’obstination de l’artiste ― en quête d’éternité ― à poursuivre en aveugle son chemin têtu de création :

    « Nous pouvons à peine sur nous-mêmes et si peu pour quiconque que nos savoirs et nos œuvres semblent parfois une ironie cruelle, une parodie d’éternité inaccessible, une miette d’aumône à des infirmes. Et pourtant vont les doigts aux cordes de l’instrument, s’ouvre la bouche sous la poussée du souffle, court le crayon jusqu’à la crampe sur la feuille. »

    Et toujours ressurgit la question justement obsédante :

    « N’y aurait-il d’autres raisons de survivre qu’une aveugle volonté d’exister ? »





    Méditations de lieux, page 46





    À la quête de vérité de Claude Ber, Adrienne Arth répond par des lunules de lumière, voûtes inversées qui se mirent dans le vert des fontaines et dans des eaux intemporelles, eaux auréolées de mauves où gisent, disséminées, d’étranges pierres.

    Les vagabondages à travers les ruelles de Saorge ou au contraire, les moments passés à contempler les œuvres monastiques inspirent à Adrienne Arth un texte en trois temps : Déambulation, stations, chemin.

    Tout en observant les villageois à la dérobée ― « l’œil caché par l’objectif » ―, la photographe s’interroge sur elle-même : « Photographier est la manière dont je vois et par où je me vois. Là, je me suis visible sans me heurter à moi-même. Je peux m’éviter et, m’évitant, voir. » Dans le même temps, renouant avec la « masse informe et noire qui vivait » en elle, l’artiste libère « la violence enfermée là, dans l’enfance, prise dans l’étau d’une mémoire vidée de tout souvenir ».

    Du regard focal porté sur les objets ― formes, couleurs, lumière ― qui composent l’univers monastique de Saorge, la photographe rapporte des « stations ». Douze fragments jalonnent ce parcours où se tisse entre profane et sacré tout un réseau de réflexions. Qui ouvre sur le dernier texte, intitulé « chemin ».

    Du chemin qui grimpe vers la montagne au chemin de la mort et à celui, intermédiaire, de la vie, il n’y a que quelques pas. La vie et la mort de nos semblables ne ramènent-elles pas chacun d’entre nous à sa juste mesure et à sa propre disparition ?


    Des frères franciscains qui ont mis à Saorge leur vie dans la vie de saint François, il ne reste que quelques dalles bordées de noir. Anonymes. Signes de leur immense modestie et de leur effacement. De leur passage au monastère de Saorge, les trois artistes ont rapporté un livre à trois voix. Méditations de lieux. D’où émerge, comme feutrée, la question de Saorge : Dieu absent, que valent nos œuvres face à la mort ?


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    ■ Claude Ber
    sur Terres de femmes

    le miel à la bouche (anthologie poétique Terres de femmes)
    une note critique sur La mort n’est jamais comme de Claude Ber
    Je dis mer (extrait de La mort n’est jamais comme)
    Sinon la transparence (extrait du recueil Sinon la transparence)
    Vues de vaches (note de lecture)
    Claude Ber, Pierre Dubrunquez, L’Inachevé de soi (note de lecture)



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture d’AP + bibliographie]
    Dans le silence des mots, poésie (note de lecture)
    Et si la profondeur n’était que… (extrait de Dans le silence des mots)
    Jardin sous le givre (note de lecture d’AP + extrait)
    [Matinée de printemps précoce](extrait de L’Eau tremblante des saisons)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Louise Colet Du sang, de la bile, de l’encre et du malheur (note de lecture d’AP)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture d’AP + extrait]
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)[note de lecture d’AP]
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse | 20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital




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