Étiquette : éditions Faï fioc


  • 8-12 février [2017] | Armand Dupuy | [je m’entends parler du temps qu’on serre]

    Éphéméride culturelle à rebours


    [JE M’ENTENDS PARLER DU TEMPS QU’ON SERRE]




    huit février, dix-neuf heures cinquante-sept, je m’entends parler du temps qu’on serre, dilate, du peigne sensible repassé dans les phrases sans toucher jamais l’étage supérieur, ne faisant que passer, s’engouffrer de nouveau, je m’explique, justifie, prononce je m’autorise sonnant aussitôt sans déplaisir je motorise par retraits successifs et contractions. neuf février, huit heures vingt-et-une, paysage aquatique d’arbres figés, d’algues longues et ligneuses aux connotations lacustres, suivant le bleu du camion benne, sur les bavettes, le dessin blanc d’un rhinocéros, cuirasse à la Dürer – pointe sèche s’impose bien qu’il n’en soit rien dans ce paysage, ne venant alors que pour ça : contredire la mouillure généralisée (mon plaisir étrange de toucher les contraires comme d’avaler ses deux tétons d’une seule bouche certains soirs). seize heures quarante-huit, longeant les prés ramollis, la colonne creuse débitée d’un feuillu, filet d’eau, cane de barbarie s’ébroue, le poney broute – s’ébroue/broute, j’accède aux sonorités grossières que suscite mon trajet (je motorise) l’artifice langagier n’est est pas moins vérité. onze février, dix heures trois, dans ma demi-heure d’attente je traverse le marché, découpe nette au sécateur d’un poulet fermier, bac de potatoes — m’attirent les couleurs du cimetière, fleurs plastifiées dans la pente détrempent et chutent, je longe la paroi de crépi saumon, les pieds d’hortensias séchés, boules brunes où le bleu manque (exerce son absence), tombes affaissées, pierre noire usée peine à nommer l’occupant — une femme lustre un granit récent, désherbe, je quitte lentement, les yeux sur deux tas de gravier rose entamés, puis longe le mur, les hortensias de nouveau, rudoyant ma façon manquée de traiter ces miniatures. douze février, dix-sept heures trente-six, ciel plus pâle que les tôles du Bon relais qui me sont devenues l’étalon des bleus (l’état neutre). dix-neuf heures cinquante-huit, lente ascension des douze marches vers le jardin, presque une volée de marches charnelles, bleu nuit, bassine d’un bleu différent dans les mains (épluchures, pâtes, miettes et couronnes d’ananas), douze marches dont la dernière est mentale, traînant déjà les pieds dans la verdure et mâchant mes hypothèses : retard de tête ou goût de l’alexandrin de semelles frottées. […]



    Armand Dupuy, Selfie lent, suivi de Collection – radiographies de Claire Combelles, éditions Faï fioc, 2020, pp. 60-61.






    Armand Dupuy  Selfie lent 7




    ARMAND DUPUY


    Armand Dupuy Denim
    Source




    ■ Armand Dupuy
    sur Terres de femmes


    [l’eau fermée] (extrait de Ce doigt qui manque à ma vue)
    Mieux taire (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [On cherche avec les yeux] (extrait de Par mottes froides)
    Présent faible (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Une première fin des questions




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    une page sur Armand Dupuy





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  • Didier Henry | Le poids des montagnes



    Gianmaria Testa3








    LE POIDS DES MONTAGNES


    Gianmaria Testa i.m.                    



    Les arcades, devant la gare de Coni,
    je me souviens que la place est en pente,
    on ne voit pas les montagnes, mais elles pèsent
    leurs vieux ravins de schistes noirs
    sur les villages, là-haut, vers la France…

    En voiture avec un ami, ce jour de foire,
    une trompette joue sous les arcades,
    on ne sait pas d’où vient le son
    qui tourne et emplit la place et la ville
    mêlé au sifflet d’un train qui part…

    Le chef de gare sur un quai solitaire
    se demande, lissant ses moustaches,
    s’il va sortir de l’étui la guitare
    cachée dans son bureau derrière l’armoire à soufflets
    pour en faire une chanson…

    Longtemps que j’allai à Coni,
    le joueur de tromba doit être mort,
    le chef de gare aussi, et mon ami…
    Pour alléger le poids des montagnes
    les arcades restent seules.



    Didier Henry, Continuo, éditions Faï fioc, 2020, page 68.





    Didier Henry  Continuo





    DIDIER HENRY


    Didier Henry portrait 2
    Ph. © Crocus | Quoc Trung Phan
    Source





    ■ Didier Henry
    sur Terres de femmes


    inachevée (poème extrait d’Instantanés) [+ une notice bio-bibliographique]




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Terres de femmes)
    Gianmaria Testa | Il viaggio
    → (sur le site de France Culture)
    Gianmaria Testa et l’Italie d’aujourd’hui





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  • Lucien Suel, La Justification de l’abbé Lemire

    par Angèle Paoli

    Lucien Suel, La Justification de l’abbé Lemire,
    éditions Faï fioc, 2020.



    Lecture d’Angèle Paoli


    L’ABBÉ ET LE POÈTE, LECTURE D’UNE JUSTIFICATION




    Le titre La Justification de l’abbé Lemire semble à première vue un titre délibérément énigmatique. Car, combien, parmi les lecteurs d’aujourd’hui, se souviennent de l’abbé Lemire ? Et quelle est ici l’acception du terme « justification » ? Philosophique ? Théologique ? Mathématique ? Apologétique ? Aucun doute que le petit livre du poète Lucien Suel combine tout cela à la fois. Mais si le lecteur curieux prend la peine, avant toute lecture, de feuilleter l’ouvrage, il prend tout aussitôt conscience que la composition typographique est loin non plus d’être ordinaire. En effet chaque page se subdivise visuellement en deux colonnes distinctes alignées verticalement à droite et à gauche, séparées en leur centre par une allée centrale (gouttière) identique. Avec une police de caractères à chasse fixe. Chaque colonne comportant 12 tercets. Chaque page comportant donc 24 tercets, lesquels constituent un chapitre à part entière. L’ensemble du recueil comporte 42 chapitres. Cette contrainte formelle (écriture arithmogrammatique), extrêmement élaborée et rigoureuse, en premier lieu dans le choix d’une police de caractères qui soit à largeur identique, donne son sens à elle toute seule au terme de « justification ». Ce que confirme et valide une notice en fin de recueil :

    « La Justification de l’abbé Lemire, poème en quarante-deux épisodes, est écrit en vers « justifiés » dont le nombre de signes (espaces et caractères) est déterminé à l’avance. »

    Une autre notice précise que La Justification de l’abbé Lemire a déjà fait l’objet de publications antérieures. La réédition proposée par les éditions Faï fioc étant la troisième. Chacune d’entre elles intégralement consacrée à l’histoire d’une vie. La vie de l’abbé Lemire.

    Une première question se pose alors au lecteur. Comment lire les tercets ? Verticalement ? Une colonne après l’autre ? Ou horizontalement ? De trois vers en trois vers de gauche à droite, puis de droite à gauche ? Après quelques hésitations et trébuchements, le lecteur s’aperçoit que la lecture horizontale, à la fin de chaque tercet, est la bonne. Une fois dépassées ces menues interrogations, il suffit de suivre le fil de l’histoire de Jules Auguste Lemire, né en terre des Flandres le 23 avril 1853 et mort dans son village natal de Vieux-Berquin un 8 mars 1923, après une vie exemplaire, particulièrement bien remplie.

    Suivre ensuite le déroulement du poème biographique en quarante-deux épisodes en observant pauses et enjambements. Lesquels impliquent une rythmique particulière de la lecture. Qui dit « justification » dit aussi concision. Ainsi disparaissent déterminants et prépositions lorsqu’ils ne sont pas indispensables à la compréhension du récit. Tout l’art de Lucien Suel consiste à condenser le texte et à le cadencer. Car l’objet poursuivi est de faire entrer en 1008 tercets tous les événements marquants de la vie de l’abbé Lemire. Depuis sa naissance paysanne, sa vocation précoce, sa formation et ses apprentissages, ses orientations politiques, et ce, jusqu’à sa mort. En passant par ses luttes, ses engagements, son idéal, ses inventions, ses déceptions et ses souffrances, ses espoirs et sa foi, son immense dévouement et sa générosité envers le peuple, son amour de l’humanité, sa passion pour son pays du Nord… tout ce sur quoi le bon abbé a construit son existence et qui tient dans les trois infinitifs que contient sa devise : « être utile servir tenir parole ».

    Trois verbes qui seront un axe de vie sûr. L’abbé Lemire jamais ne faillira. Jamais n’abdiquera sa foi même au plus fort des combats qu’il devra mener contre les catholiques intégristes qui rejetteront en lui le prêtre engagé dans les luttes sociales qui lui tiennent à cœur. Ni ne cèdera face à l’inquiétude de l’épiscopat. Jamais il ne renoncera à défendre les faibles et les opprimés contre les nantis, sûrs de leur bon droit et de leur supériorité face à une égalité de pacotille et de façade. « Résolument républicain », il ira jusqu’à la Chambre combattre « la dégradation humaine », s’attaquer aux « taudis », « protéger les biens des familles ouvrières », « assurer la retraite de / vieillesse de tous les travailleurs avec l’or / de l’État… », créer « la ligue du Coin de terre » …

    « Visionnaire », l’abbé Lemire, et résolument moderne dans sa façon d’appréhender la lutte ouvrière, de prôner avec ferveur la Séparation des églises et de l’État. Convaincu que la Séparation / doit rapprocher l’Église du / Peuple le Sillon tracé / dans le Jardin ouvrier.

    Dans ces pages aux vers justifiés, Lucien Suel, poète et ardent défenseur de l’abbé Lemire, reconnaît, visuellement parlant, la forme même du jardin potager :

    « [L]’allée centrale au milieu et les planches de légumes de chaque côté ». Une allée qui, ajoute-t-il, « peut aussi faire penser à l’intérieur de la nef d’une église. »

    Issu d’une famille modeste mais aimante, grandi entre les carrés du potager et l’enseignement de son instituteur, entre les auteurs classiques que très tôt il affectionne et les animaux de la ferme, l’abbé Lemire évolue dans un « bonheur rustique. » Très tôt aussi, il est sensible à la misère qui l’entoure, aux difficultés et aux injustices auxquelles les gens qu’il côtoie sont soumis. Très tôt son esprit fidèle aux Évangiles, s’insurge. Prêtre et laïc à la fois, attaché à ses engagements et à la République, il invente le « Jardin ouvrier » dont il défend, à la Tribune, l’urgence et la nécessité. Il faut assurer à chaque famille ouvrière « un coin de terre un foyer » afin que chacune puisse faire « l’apprentissage de la propriété… ».


    « […]

    aller au jardin chaque

    jour de chômage éviter

    ainsi le cabaret semer

    rouler planter sarcler

    râteler arroser bêcher

    herser repiquer pincer

    biner arracher tailler

    déduire récolter fumer

    damer forcer éclaircir

    […]

    à qui n’a rien justice

    ne dit pas grand chose

    à qui n’a rien respect

    ne dit pas grand chose

    à qui n’a rien société

    ne dit rien […] » (XXI).


    Élu maire de Hazebrouck dès 1893, puis député-maire en 1914, l’abbé Lemire ne compte ni son temps ni ses efforts pour défendre les biens des hommes et son idéal. Et réaliser ainsi son « rêve millénaire » de changer « les terrains vagues / en patchworks polychromes / fixant la pensée de la / poésie pure aux seuils/ des cités… » . Une utopie fondée sur « la charité évangélique » dont l’on peut dire qu’elle est très loin d’être à l’ordre du jour.

    Quant à la poésie de cet opus, elle est sensible dans la force rhétorique sur laquelle elle s’appuie. Lucien Suel élabore sa « justification » sur des rythmes ternaires, sur les répétitions et les adresses, sur les interrogations oratoires et les interjections lyriques, les apostrophes emplies de tendresse. Le texte emporte le lecteur, et draine avec lui, étroitement liés, « le sujet et la parole ». Au point que le poète et son personnage ne forment en définitive plus qu’un. Lequel du poète ou de l’abbé l’emporte sur l’autre ? Peu importe, si la force de conviction du poète gagne son auditoire ou son lectorat. Peu importe que les deux êtres fusionnent pour ne former plus qu’un. L’abbé et le poète, le poète et l’abbé. Grâce au flux que Lucien Suel imprime aux tercets, il est indéniable que l’abbé Lemire reprend vie. Sous sa plume et sous sa voix, le poète contribue à faire revivre toute une époque de luttes loyales où actes et paroles avaient pris chair dans le petit paysan de Vieux-Berquin.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Lucien Suel La Justification de l'abbé Lemire  3




    LUCIEN SUEL


    Lucien Suel
    Source




    ■ Lucien Suel
    sur Terres de femmes


    29 juin 1878 | Lucien Suel, La Justification de l’abbé Lemire, IV
    Sombre Ducasse
    [Le terril]




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur vimeo)
    Le Jardin et le Poète
    → (sur remue.net)
    Ivar Ch’Vavar & camarades | Le Jardin ouvrier
    Silo-ACADEMIE 23, le blog de Lucien Suel
    → (sur la revue x)
    une notice bio-bibliographique sur Lucien Suel





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  • 29 juin 1878 | Lucien Suel, La Justification de l’abbé Lemire, IV

    Éphéméride culturelle à rebours

    « Poésie d’un jour



    Lemire PDF







    IV




    bachelier des sciences    Lemire à Vieux-Berquin
    et aussi bachelier des    serait parti pour Rome
    lettres le jeune Jules    études théologiques la

    bourse du diocèse pour    fils de paysan n’était
    un séminariste mais la    pas compatible avec le
    situation modeste d’un    coût de ce long séjour

    italien fils du peuple    Émile Lobbedey il sera
    demeure dans le peuple    évêque d’Arras mourant
    l’autre ira à ta place    là pendant la première

    grande guerre mondiale    Cambrai et pas de Rome
    voici Jules-Auguste au    pour lui la volonté de
    grand séminaire donc à    fer du supérieur Sudre

    ultramontain férule et    la formation interne à
    méfiance vis à vis des    une théologie pratique
    sciences le zèle est à    d’affligeante pauvreté

    retour à Hazebrouck en    l’abbé Dehaene demande
    surveillant remplaçant    à son jeune pion Jules
    pour la philosophie et    d’abandonner l’idée de

    préparer la licence de    ordonné prêtre éternel
    lettres puis à Cambrai    consacré doigts lèvres
    le 29 juin 1878 il est    ciseaux de l’évêque et

    tonsure blanche à plat    rentrée des classes en
    ventre en aube blanche    professeur philosophie
    sur les dalles glacées    et rhétorique latin et

    grec encore là d’où il    collège de sa jeunesse
    vient à Hazebrouck sur    l’adolescent de retour
    la terre de Flandre au    janvier 1879 Stéphanie

    meurt novembre 1879 au    le petit devenu prêtre
    tour de Védastine deux    leur petit Jules tu es
    tantes mortes et juste    sacerdos in aeternam ô

    Ma Tante et ô Ma Tante    cheveux et les ciseaux
    dans le ciel et encore    médaillon de Védastine
    une fois une mèche des    médaillon de Stéphanie

    des corbeaux déchirent    d’eau froide au-dessus
    le ciel d’aube dans la    du cimetière là-bas au
    rafale les bourrasques    coeur de Vieux-Berquin




    Lucien Suel, La Justification de l’abbé Lemire [éditions Mihàly, 1998], IV, éditions Faï fioc, 2020.



    __________________
    NB : Ce poème en quarante-deux épisodes conte la vie, l’oeuvre et la mort de l’abbé Lemire. Un texte visuel et expérimental où l’auteur emploie un vers de son invention, le vers justifié, dont le nombre de signes, caractères et espaces, est défini à l’avance.





    Lucien Suel La Justification de l'abbé Lemire  3




    LUCIEN SUEL


    Lucien Suel
    Source




    ■ Lucien Suel
    sur Terres de femmes


    La Justification de l’abbé Lemire (lecture d’AP)
    Sombre Ducasse
    [Le terril]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur remue.net)
    Ivar Ch’Vavar & camarades | Le Jardin ouvrier
    Silo-ACADEMIE 23, le blog de Lucien Suel
    → (sur la revue x)
    une notice bio-bibliographique sur Lucien Suel





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  • Christine Girard | [être là]



    Ruines  pp. 16-17
    Christine Girard, Ruines, éditions Faï fioc, 2018, pp. 16-17.






    [ÊTRE LÀ]



    être là, écouter tout ce qui bruit dehors dedans tout ce qui bruit, le rire lointain d’une enfant qui joue, l’araignée endormie dans sa toile, le claquement d’un volet qui bat au vent, les dépouilles de plastique accrochées aux branches, la balançoire qui s’agite et s’essouffle, être là, s’émouvoir du souffle sourd qui respire, du souffle sourd qui s’amenuise doucement



    Christine Girard, Ruines, éditions Faï fioc, 54200 Boucq, 2018, page 29.





    Christine Girard  Ruines





    CHRISTINE GIRARD





    ■ Voir aussi ▼


    le site des éditions Faï fioc
    → (sur le site de Terre à ciel)
    un entretien de Sophie G. Lucas avec Jean-Marc Bourg des éditions Faï fioc
    → (sur Poezibao)
    un lecture de Ruines par Régis Lefort






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  • Julien Bosc, La Demeure et le Lieu

    par Angèle Paoli

    Julien Bosc, La Demeure et le Lieu,
    suivi de Jacques Lèbre, Quelques bribes — gagnées sur la mélancolie,
    éditions faï fioc, 54200 Boucq, 2019.



    Lecture d’Angèle Paoli


    La fenêtre      qui ouvre sur le dehors
    « la fenêtre     qui ouvre sur le dehors
    comment est-elle ? »
    Ph., G.AdC









    LE PHARE PORT D’ATTACHE




    Paru il y a onze mois aux éditions Faï fioc, La Demeure et le Lieu, recueil poétique posthume de Julien Bosc, est une écriture du territoire. Les poèmes s’inscrivent dans un espace circonscrit par les deux pôles — demeure et lieu —, que délimitent ses habitants et faune et flore omniprésentes. C’est là, dans « le phare » qu’est la demeure, en un lieu isolé et enclavé, et que prend place l’écriture de Julien Bosc. Une écriture patiente et têtue, qui se vit au jour le jour parmi les compagnons familiers, dans une dérive de la pensée. Rivée à la mélancolie, pièce maîtresse de l’ouvrage, la pensée solitaire rend compte du « rien », mais aussi du tout minuscule qui l’enclôt. Tandis que la pensée s’exténue dans « une conscience exsangue », l’écriture, elle, est l’objet d’un regard distancié et d’une interrogation lucide. Loin de se prendre au sérieux, le poète pose sur son poème, sur la facilité apparente qui le révèle, un regard critique :

    « à l’heure du poème

    la sale sensation

    parfois

    de faire feu de tout bois »

    avec, quelques vers plus loin, le sentiment découragé « que rien n’a été dit ».

    Toute une hiérarchie diachronique — écoulement des nuits et des arrière-saisons — organise l’espace quotidien de la demeure et du lieu qu’elle occupe. Parfois se faufilent les mots jusqu’au blanc de la page. De temps à autre, à force de « laisser venir », se présente, modeste et incertaine, « l’éventualité d’un poème ». Il y faut certes tant soit peu de méthode, le respect peut-être d’un certain ordre des choses :

    « écrire

    avant se taire

    rallumer son feu dès l’aube

    peler l’orange

    raccommoder sa langue et sa peau » .

    À cela s’ajoutent les acteurs familiers et leurs gestes. Le tout s’agence de la manière la plus naturelle, dans la continuité, sans ponctuation ni majuscule ; avec des mots simples. Mises à part quelques exceptions, tels les vocables vieillis ou régionaux, « battitures » et « arantèles », qui donnent le plaisir de fouiner dans quelque Trésor de la langue française. Seule fantaisie apparente, le « ô » lyrique qui met en relief l’exclamation. Ou encore, autre particularité de la langue, ces constructions échafaudées sur d’infimes déplacements :

    « une toujours même promenade »

    ou sur des incises inattendues qui brouillent la progression et l’enchaînement syntaxique des propositions :

    « où

    pour de tout se souvenir et voir derrière le miroir il fallut

    le corps avait faim et voulait parler

    rabattre les contrevents par devant les croisées… ».

    L’univers du poète se construit sur la répétition du même, laquelle va de pair avec l’énumération des composantes du décor, arbres, fruits et fleurs. Insectes et oiseaux. Le regard du poète sur les créatures qui peuplent son espace est un regard tendre et amusé, voire complice.

    Les poèmes prennent le plus souvent l’allure de listes, d’injonctions sur le dérisoire des jours. Listes d’actions à accomplir, d’entreprises à mener ou dont il faut au contraire se délester. « Se délester des subterfuges ». Il arrive aussi qu’alternent dans le même poème délestage et lestage.

    Les infinitifs en début de vers sont autant de balises dans le temps semainier. Pourtant, en dépit des bornages qu’il sécrète, le poète est ballotté par l’indécision. Faire ne pas faire. Choisir une option ou y renoncer. Ainsi est-il le jouet de « graves questions » auxquelles l’écriture n’échappe pas. Il faut alors laisser parler la langue, laquelle ne se livre pas d’elle-même ; il faut la travailler au corps, en « forcer les ferrures ». Jusqu’à tout accorder en un même pas. Il arrive que le poème soit soumis à une réduction sévère de verbes à l’infinitif. Un programme s’amorce qui se résout dans sa propre négation. Il en va ainsi de la vie — celle des insectes lucioles lézards araignées — et du regard que le poète lui accorde. Toutefois, dans cet ensemble de forces qui coexistent, c’est bien la nature qui l’emporte.

    « suprématie de la nature sur le poème

    là où suffit un jour pour que l’herbe reverdisse

    il faut ici souvent semaine ou mois

    quand ce n’est une voire plusieurs années d’attente

    pour qu’un nouveau paraisse… ».

    Parfois, lorsque la lampe est allumée et qu’advient le temps de l’écriture, la maison devient phare, porteuse d’images de mer. Soumise au charroi des vagues, la vie rurale se métamorphose. La fureur océane submerge alors la demeure et le lieu. Les murets devenant digues, le travail des « mots rescapés du naufrage » s’arrime aux amers. Métaphores et « transmutations » emportent le poème sur un fil d’horizon ouvert. En un mouvement plus large — où se conjuguent mots de la mer et mots de la ruralité — promesse d’une « traversée merveilleuse ».

    Ailleurs, le poème prend l’allure d’un dialogue, vécu comme un conte, ouvert sur le passé :

    « que cherchez-vous ?

    la fenêtre      qui ouvre sur le dehors

    comment est-elle ?

    je ne sais plus

    c’est si loin ».

    De l’autre côté du miroir se profile l’avant-deuil, se profilent ses fantômes. Une histoire d’amour s’ébauche en filigrane au cours des vers. Un amour défunt, qui resurgit à partir d’un rien. Ainsi le goût de « discrètes fraises des bois » ravive-t-il le souvenir de ce qui fut et ranime-t-il l’amertume du deuil. Quant à refaire « à l’envers le voyage de l’inoublié premier baiser », cela relève de l’impensable. Mieux vaut encore se délester des « illusions passées ». La nostalgie gagne. En proie à la morosité et au désœuvrement, le poète puise alors ce peu de force de vie dans ses alliés minuscules que sont les êtres qui l’entourent. Les images de mort se ramassent au détour d’un poème, comme ces « anciens galets dans la gorge » qui ravivent le chagrin. Est-ce le portrait du poète qui se cache derrière celui « d’un homme/dont le regard et le long trait des lèvres expriment une immense tristesse » ? Est-ce lui que la vague ramène sous les « traits d’absurdité d’un noyé » ? La mort hante le lieu du poème. La mort hante le « port d’attache » du poète. Le phare ne saura pas le retenir.

    Restent cet ultime recueil et ses vers poignants, jusqu’aux tout derniers qui infusent sous la peau leur beauté tendresse et leur mélancolie.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Julien Bosc La demeure et le lieu






    JULIEN BOSC


    Julien Bosc
    Ph. © J-D Moreau
    Source





    ■ Julien Bosc
    sur Terres de femmes


    Le coucou chante contre mon cœur (lecture d’AP)
    [Nous pourrions dire une forêt] (extrait du Coucou chante contre mon cœur)
    [marcher chaque jour] (extrait de La Demeure et le Lieu)
    [Hormis les lèvres où mourir] (extrait de De la poussière sur vos cils)
    Goutte d’os (lecture d’AP)
    (Et toi, qui es-tu ?) [extrait de Je n’ai pas le droit d’en parler] (+ une notice bio-bibliographique)
    [Nue-pâle sous sa toilette de satin noir] [extrait d’Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa]
    Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Julien Bosc
    → (sur Terre à ciel)
    Hommage à Julien Bosc, par Isabelle Lévesque





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  • Véronique Gentil | J’ai longé ma jeunesse



    J’AI LONGÉ MA JEUNESSE





    j’ai longé ma jeunesse dans de grandes villes et sur des routes communales parmi les fougères et les replis de fleurs

    tout sonnait sous l’aile des faux. Tout avait son timbre

    le soleil et les insectes noirs descendaient vers les eaux et les vitres

    dans des foyers d’encre violette la langue cherchait aveuglément
    la grammaire offrait la possibilité d’un pont

    les mouvements inédits de mots étaient mes seuls mouvements de joie

    de l’insouciance je n’ai jamais rien su
    moins encore de la légèreté, cette injonction qui vient souvent de ceux-là mêmes qui en sont incapables

    cependant j’aimais que l’homme, littéralement, coure (et puise) à sa perte
    que sa vie relève de la dépense

    une cousine pleurnichait
    des pentes étaient dévalées
    le lac nous tenait dans ses bras

    mensonge sable sable
    dans la présente obscurité et clarté du poème




    Véronique Gentil, Le Cœur élémentaire, éditions Faï fioc, 2019, page 32.






    Veronique Gentil  Le Cœur élémentaire





    VÉRONIQUE  GENTIL


    Veronique Gentil
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur terre à ciel)
    une page sur Véronique Gentil
    → (sur le site de Pierre Mainard)
    une notice bibliographique sur Véronique Gentil [PDF]
    → (sur lafauteadiderot.net)
    une lecture du Cœur élémentaire par Lucien Wasselin





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  • Julien Bosc | [marcher chaque jour]





    [MARCHER CHAQUE JOUR]





    marcher chaque jour
    une heure au moins
    souvent pour un aller-retour à la rivière
    — que se taisent brouhahas et redites
    et viennent
    s’ils veulent bien
    quelques mots et désordres de phrases qui
    au retour
    rimeront peut-être à quelque chose       de pas trop superflu

    emprunter deux échelles au voisin paysan
    (une double et une de toit)
    incliner la première sur le chéneau
    monter et poser la seconde sur le versant       exposé aux gèles et vents du nord
    et
    là-haut
    vigie sans proue ni mer — mais saisie de vertige —
    repasser ce rampant dont quelque cinquante tuiles s’étaient désagrégées tels s’effeuillent
    les schistes des falaises

    à l’heure du poème
    la sale sensation
    parfois
    de faire feu de tout bois

    puis
    après coup
    hormis ses à-côtés
    preuve est là             que rien n’a été dit





    Julien Bosc, La Demeure et le Lieu, suivi de Jacques Lèbre, Quelques bribes ̶ gagnées sur la mélancolie, éditions Faï fioc, 54200 Boucq, 2019, pp. 57-59.






    Julien Bosc La demeure et le lieu






    JULIEN BOSC


    Julien Bosc
    Ph. © J-D Moreau
    Source





    ■ Julien Bosc
    sur Terres de femmes


    Le coucou chante contre mon cœur (lecture d’AP)
    [Nous pourrions dire une forêt] (extrait du Coucou chante contre mon cœur)
    La Demeure et le Lieu (lecture d’AP)
    [Hormis les lèvres où mourir] (extrait de De la poussière sur vos cils)
    Goutte d’os (lecture d’AP)
    (Et toi, qui es-tu ?) [extrait de Je n’ai pas le droit d’en parler] (+ une notice bio-bibliographique)
    [Nue-pâle sous sa toilette de satin noir] [extrait d’Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa]
    Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Julien Bosc
    → (sur Terre à ciel)
    Hommage à Julien Bosc, par Isabelle Lévesque





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Édith Azam | Bernard Noël, Retours de langue

    par Angèle Paoli

    Édith Azam | Bernard Noël, Retours de langue,
    éditions Faï fioc, 54200 Boucq, 2018.



    Lecture d’Angèle Paoli




    Aza Noël Collage
    Collage, G.AdC







    MON NOM PORTE LE TIEN À LA PRÉSENCE




    Quel beau travail de navette que ces Retours de langue d’une écriture partagée entre l’Une et l’Autre. Elle, c’est Édith Azam/Lui, Bernard Noël. Retours de langue est un recueil à deux voix. Un duo qui se déploie sur dix chants, sans titre, sans indice aucun. Il est bien difficile et sans doute vain de tenter d’attribuer telle strophe ou tel poème à l’un ou à l’autre. Il semble pourtant que, parfois, la typographie varie mais la vue un moment se brouille et se distrait de cette tentative de décryptage. Les voix qui s’échangent l’emportent, qui s’entrelacent en symbiose.

    Ce qui change en cours d’écriture, c’est le choix de la prosodie. Ainsi, jusqu’au chant 5 inclus, les voix se déclinent-elles en quintils. Le vers choisi est l’octosyllabe, vers musical par excellence. Dans le chant 6, le dizain remplace le sixain et le vers passe de 8 syllabes à 4 syllabes. Mais, en mode de lecture silencieuse, la mémoire musicale rétablit d’elle-même l’octosyllabe. L’originalité de cet échange tient pour beaucoup à son rythme, à sa régularité douce, sans accroc perceptible à l’oreille. Par la suite, dans les autres chants, les strophes s’allongent, le vers reste bref, qui prend sa liberté, rejoignant l’octosyllabe sans en avoir l’air. Magie de cette poésie qui donne aux interrogations sérieuses leur part de légèreté. J’avoue avoir ici une préférence marquée pour les cinq premiers chants.

    Le premier quintil donne le ton. Il présente l’objet du recueil comme un menu don : « Voici quelques restes de langue » ; en « donne » une définition : « une poussière où fut l’azur » ; précise ce qu’il n’exprimera pas : « pas de drame pas de regret » ; ce qu’il tentera d’exprimer : « juste un peu de désir encore » ; et celui/celle à qui il s’adresse : « et ce visage au fond de l’ombre ».

    L’ensemble du chant (et du recueil) interroge la vie, ce qui fait le Moi le Tu et le Nous, déroule sans plainte le constat de l’illusion de l’amour ; tout en accordant à la rencontre avec l’Autre la force de vie qu’elle génère ; oscille entre les contraires : vision grise d’un côté/renaissance de l’espoir de l’autre. Et donne de l’humain, prisonnier de ses masques et de ses leurres, une définition – et une description – qui est loin d’être louangeuse :

    « mille siècles n’ont rien appris

    au vantard de la station droite

    et la bête rit sous son masque. »

    Plus avant, dans un quintil du chant 3, l’un ou l’autre poète voit dans les hommes « des corps papiers mâchés/crépis de paroles en tocs ».

    Parmi tout cela, taraudé par la présence indélogeable du vide sidéral qui lui sert de costume, le corps, ce « sac de peau », souffre et peine à se supporter et à se reconnaître. En dépit de ce « rien » qui le mine, il n’en finit pas de s’inventer un avenir. Tandis que le sentiment de la perte, partagé par l’un et l’autre poète, est irrémédiable :

    « le paradis est bien perdu »

    « au paradis si bien perdu ».

    Le second chant, très bref, semble prendre le contre-pied du chant d’ouverture. Au vers injonctif « disperse au vent le Toi le Moi » répond, en retour de langue, le premier vers « laisse venir en toi le Tu ». Ou encore : « l’œil caresse en vain l’horizon » et « caresser le fil de la vie ».

    Là où s’imposait la vanité de toute chose établie, une réponse possible fait son apparition. La solution ne serait-elle pas dans la reconnaissance de l’Autre ? L’ouverture à l’Autre ouvre la voie à toutes sortes d’élargissements, de respirations ; ramène la légèreté au bord :

    « un peu d’aile pousse là-bas

    qui met l’envol parmi les ombres ».

    Regard posé sur cet Autre, « l’avenir change de couleur ».

    Aux cinq quintils du second chant répondent les cinq quintils du chant 3. Un nouveau revirement s’opère, « triste bilan triste constat ». Le pessimisme reprend ses droits face à l’attachement immodéré de l’homme pour le passé. Remettre au centre le présent est une nécessité, sous peine de réduire à squelette le corps et de voir la vie disparaître sous la perte de sens. Pour sortir de cette impasse, les deux poètes reviennent à « la main tendue » : « l’Autre y gagne de la présence » et le « Nous » peut alors à nouveau advenir. Tout au long du chant 4, composé de 17 quintils, ce qui advient est de l’ordre de l’amour. Caresses, sourires, regards, paroles…

    Et cet aveu si émouvant :

    « je me souviens de qui je suis

    puisque mon nom si seul soit-il

    porte le tien à la présence… »

    Dans l’échange strophe à strophe se glissent des particularités. L’alternance de caractères typographiques en est une. Le fait que 9 quintils commencent par « je me souviens » en est une autre. Et soudain, l’émergence du participe passé féminin trahit la voix féminine :

    « je me souviens aussi ta main

    qui me tenait m’a ramenée

    vers toi… mon corps vers toi ».

    Quelque chose a lieu qui n’a ni commencement ni fin, quelque chose qui se joue du temps et qui se noue dans l’attente. Quelque chose qui rend au corps sa raison d’être. «&nbsp[S]’inventent alors de nouveaux gestes », qui ouvrent et le sillon du corps et le sillon des mots. « [N]ous allons un chemin d’encre », écrit le poète (peut-être est-ce lui ?). Dès lors que « la langue est amoureuse », tous les possibles s’offrent aux amants. Retours de langue en est la geste poétique. Émouvante et si belle.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Fai fioc Azam






    ÉDITH AZAM




    Edith Azam
    Source




    ■ Voir aussi
    sur Terres de femmes

    Édith Azam | Bernard Noël | [comment ça s’ouvre un corps] (poème extrait de Retours de langue)




    ■ Édith Azam
    sur Terres de femmes


    [Tout s’ouvre et c’est dedans](extrait de Bestiole-moi Pupille)
    Décembre m’a ciguë (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [Je dis le mot : mourir] (extrait de Décembre m’a ciguë)
    Il n’y a cette perte de moi (extrait du Mot il est sorti)
    [Je regarde mes mains] (extrait d’Oiseau-moi)
    « Je voudrais devenir oiseau » (lecture de Décembre m’a ciguë par AP)
    Suis-moi
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    IL RESTERA MON SIGNE





    BERNARD NOËL


    Bernardnoël02
    Ph. © Steve Seiler
    Source





    ■ Bernard Noël
    sur Terres de femmes

    la paume caressant un souffle
    L’Encre et l’Eau
    La Langue d’Anna
    Sur le peu de corps, 18
    Fenêtres fougère (extrait de Sur un pli du temps)
    [le temps ne sait rien]
    TOI est le nom sans néant
    Viens dis-tu
    19 novembre 1930 | Naissance de Bernard Noël
    19 octobre 1977 | André Pieyre de Mandiargues | Bernard Noël
    Mohammed Bennis | Bernard





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  • Jean-Christophe Belleveaux | Er Riadh et Teluk Dalam




    ER RIADH



    dans le dépouillement de la poussière, l’évidence de la route et de son terme éclabousse : friperie à même le sol, lentilles séchées, sacs ventrus d’épices et de graines, pois cassés, moutons, vent de sable, murs blancs

    l’innocence et la faute indissolubles : une seule huile pour la lampe





    TELUK DALAM



    on se tient dans l’impermanence, l’avéré d’un cargo au port, l’odeur forte des poissons qui sèchent sur le sol, soi-même un morceau parmi les couleurs, c’est bien peu, c’est une vie qui s’emplit de ce qu’elle est, qu’on ne sait dire le plus souvent



    Jean-Christophe Belleveaux,
    Territoires approximatifs, éditions Faï fioc,
    54200 Boucq, 2018, pp. 78-79.







    Jean-Christophe Belleveaux  Territoires approximatifs






    JEAN-CHRISTOPHE BELLEVEAUX



    Jean-Christophe Belleveaux
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Jean-Christophe Belleveaux






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