Étiquette : éditions Henry


  • Jean Le Boël | [il se peut que]


    [IL SE PEUT QUE]



    il se peut que
    la bouche murmurant dans le feuillage
    ne dise rien
    du vent
    que le chat reste sur sa faim
    sous nos caresses
    et l’arbre de bois
    que l’eau dans le bief
    ne chante qu’à nos oreilles
    il se peut
    il existe pourtant cet ailleurs
    peuplé de joie
    les racines sont en nous




    Jean Le Boël, Jusqu’au jour, éditions Henry, Collection Les Écrits du Nord, 62170 Montreuil-sur-Mer, 2020, page 35. Prix Mallarmé 2020.






    Jean Le Boël  Jusqu'au jour





    JEAN LE BOËL


    Jean Le Boël portrait
    Source




    ■ Jean Le Boël
    sur Terres de femmes


    [Ce lien que nous étions] (extrait de Clôtures)
    [femme noire | toujours vêtue de ta couleur] (extrait d’et leurs bras frêles tordant le destin)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Henry)
    la fiche de l’éditeur sur Jusqu’au jour de Jean Le Boël
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Jean Le Boël





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  • Angèle Paoli | Écrire l’exil


    Angèle Paoli Écrire l’exil
    Ph., G.AdC







    ÉCRIRE L’EXIL




    Je veux écrire l’exil
    l’asile introuvable des mots
    ils tremblent sous la langue

    le petit rouge-gorge est mort
    happé par le monde hostile
    exil hors de sa branche

    le bleu du ciel échappe
    il ne retient pas la peur
    le souffle d’air passe
    il filtre entre les pas
    le temps recule

    quels mots pour dire
    la détresse
    quels mots pour dire
    l’abandon
    quels gestes pour dire
    l’indicible
    que nul ne veut
    ni voir ni entendre

    quels mots pour qu’émerge
    la plainte des exilés
    jetés hors les murs
    poussés vers quel ailleurs
    toujours plus mensonger
    le mirage miroir
    de mille malédictions

    quels mots pour crier l’amertume
    les corps broyés
    quels gestes inventer
    pour que s’ouvrent les portes
    pour que les bras accueillent
    pour que s’éclairent les visages
    et que les mains se tendent

    quels regards
    pour que se tisse enfin
    le fil entre les hommes.




    Angèle Paoli, in anthologie Sidérer le silence, Poésie en exil, Cinquante poètes d’ici et d’ailleurs. Anthologie dirigée par Laurent Grison. Éditions Henry, collection Les Écrits du Nord, 2018.







    SCRIVERE L’ESILIO




    Voglio scrivere l’esilio
    l’asilo introvabile delle parole
    che tremano sotto la lingua

    è morto il piccolo pettirosso
    ingoiato dal mondo ostile
    esilio fuori del suo ramo

    scappa il blu del cielo
    non ritiene la paura
    passa il soffio d’aria
    filtra tra i passi
    indietreggia il tempo

    quali parole per dire
    l’angoscia
    quali per dire
    l’abbandono
    quali i gesti per dire
    l’indicibile
    che nessuno vuole
    né vedere né sentire

    quali parole per fare sì ch’emerga
    il lamento degli esiliati
    gettati via fuori le mura
    spinti verso quale altrove
    sempre più falso
    miraggio specchio
    di mille maledizioni

    quali parole per gridare l’amarezza
    i corpi frantumati
    quali gesti inventare
    perché si aprano le porte
    perché accolgano le braccia
    perché si illuminino i visi
    e che si porgano le mani

    quali sguardi
    perché si tessa
    il filo tra gli uomini.




    Angèle Paoli, in Traduzionetradizione, Quaderni internazionali di traduzione poetica e letteraria diretti da Claudia Azzola, Quaderno plurilingue n° 17, 2020, pp. 8, 9. Traduction en italien de Francesca Maffioli*.



    ________________________
    * Francesca Maffioli è nata a Lovere (Bergamo) e vive tra Milano e Parigi. Nel 2017 ha completato il dottorato in Studi di genere all’Università di Parigi 8 e in Storia della lingua e letteratura italiana all’Università degli Studi di Milano, con una tesi sulla poeta Amelia Rosselli. Nel 2018, ha ottenuto il titolo di Maître de conférence en langue et littérature italienne. Fino al 2019 a fatto parte del direttivo della Società Italiana delle Letterate (SIL). Dal 2016, scrive su il Manifesto. Scrive anche sul blog Erbacce e sulla rivista Leggendaria per la rubrica « Canto e Contracanto ».

    Tra le pubblicazioni del 2019 figurano :

    Figurations mélancoliques : un regard sur Variazioni bellichein Catherine Flepp et Nadia Mékouar-Hertzberg (éds.) ; Histoires de folles. Raison et déraison, liaison et déliaison, Orbis Tertius ; Temporalità fluida, in Giuliana Misserville, Monica Luongo (éds.) ; Il tempo breve : narrative e visioni, Iacobelli editore (2019) ; Amelia Rosselli e l’écriture féminine in Altre Modernità, Rivista di studi letterari e coloniali, Università degli studi di Milano ; Disrespected Literatures : Histoiries and Reversal of Linguistic Oppression, n° 22/2019. Sofistiche in Bayer contro Aspirina. Erbacce, L’umorismo che resiste ai diserbanti, Derive e Approdi, 2020. Eva e Famiglia in Abbecedario Ceresa. Per un dizionario della differenza, in Laura Fortini, Alessandra Pigliaru (eds.), Nottetempo, 2020.








    Traduzionetradizione



    Traduzionetradizione 1






    ■ Voir aussi ▼


    le site de la revue Traduzionetradizione





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Guy Chaty | Le dédoublement


    LE DÉDOUBLEMENT



    La première fois que je me suis trouvé face à une classe, j’ai été pétrifié d’angoisse, incapable de prononcer un mot. J’étais figé, et je savais que j’étais figé. Le temps s’écoulait, impitoyable.

    Peu à peu, j’ai pu agir devant les élèves. Au début, j’en étais surpris : je me dédoublais, je me voyais en train de parler, de bouger, et je m’en étonnais. Quoi, c’était moi ce jeune homme qui commandait à cette assemblée d’enfants !

    Plus tard, professeur, j’ai perdu peu à peu cette impression de dédoublement que j’éprouvais dans mes débuts de « seul en scène » et je le regrettais presque :

    Curieux. Je ne me vois plus parler.

    Dans ma classe, ce matin, j’ai essayé de me dédoubler afin de me trouver ridicule. Je ne me suis pas trouvé ridicule, je ne suis même pas sorti de moi. Je faisais corps avec mon personnage. J’étais lui. Je vieillis.

    Je trouvais très normal de parler à cet instant et dire ce que je disais. Cela ne m’étonnait pas. Je me détache de ce que je voulais être. Je n’y crois plus. Je m’accepte.

    Mais aussi je faisais de la provocation et de la surenchère, du défi : je jouais à me montrer que je ne m’étonnais pas. J’insistais. Cela m’intéressait et m’étonnait : je regardais celui qui n’était pas étonné et cela m’amusait de le voir ainsi.

    Comme comédien, quand j’entre sur scène, je suis tellement horrifié par les regards des spectateurs avides et convergents vers moi que je me dis ; que fais-tu là ? Pourquoi te mettre dans une situation pareille, tu n’étais pas contraint !

    Pourtant il faut commencer… je me pousse à parler, à jouer… et c’est parti.

    Je me vois dans l’action, à côté de moi, et me mets à jouir du plaisir que je donne au spectateur, plaisir qui devient mien. Alors je me confonds avec moi-même pour en profiter pleinement, je ne fais plus qu’un, un heureux !



    Guy Chaty, J’avais quelque chose d’urgent à me dire, éditions Henry, Collection La main aux poètes, 2015, pp. 33-35.






    Guy Chaty  J'avais quelque chose d'urgent à me dire



    GUY CHATY  (1934-2020)


    Guy Chaty 2





    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Guy Chaty
    le site personnel de Guy Chaty





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Maria Desmée | À l’infini



    Lune  guidu
    Ph., G.AdC






    À L’INFINI
    (extrait)





    Parfois la lune éclaire un sourire
    Celui que tu m’as confié en partant
    Je le dépose sur le bord de la fenêtre
    L’histoire s’écrit des deux côtés
    Du dehors et du dedans




    Dans l’ombre des mots
    Je cherche les mots de l’ombre
    La lumière débarque
    Avec son cortège de couleurs
    Se tisse alors une trame
    Qui me ramène au rivage

    Face à face
    L’horizon se dissipe
    Il dépose quelque chose d’immense
    Comme une flottaison dans l’espace




    Main tendue chaleur d’un regard
    Et la frontière se dissipe
    Trame de mots inonde la parole
    Et je peux enfin te dire
    Ce qui creuse les falaises ouvertes

    Tu me regardes
    Me saisis

    Je te dois un retour

    Nous entrons dans le temps
    À grande vitesse




    Maria Desmée, « À l’infini » in De quelle nuit, Éditions Henry, Collection La main aux poètes, 2019, pp. 76-78.





    Maria Desmée  De quelle nuit





    MARIA  DESMÉE


    Maria Desmée 2
    Source




    ■ Maria Desmée
    sur Terres de femmes

    [No way to sleep this night] (extrait de Paris, New York, Cleveland)
    [La forme que prend le mot] (extrait de Diagonale du désir)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Encres vagabondes)
    une lecture de De quelle nuit par Brigitte Aubonnet





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Laurent Grison | Ne rien dire




    NE RIEN DIRE




    1



    Ne rien dire
    écouter le grondement de la houle
    Ne rien dire
    compter les coques fracassées par l’orage

    (Eux ils percevaient les bruits de fluctuation les cris les épanchements thoraciques les râles)

    Ne rien dire
    scruter l’horizon
    Ne rien dire
    plisser les yeux

    (Eux ils voyaient de grandes vagues noires menacer le ciel)

    Ce que tu dois faire :
    oublier ceux de l’autre rive
    effacer tes idées en tête
    dissoudre tes idées en corps

    (Eux ils croyaient revenir un jour le jour d’après d’après quoi ils ne savaient pas)





    2



    Tu ne veux plus entendre l’écho
    des lames de fond
    qui chassent le sommeil

    Tu ne veux plus marcher sur la peau des disparus
    collée aux brisants dont les mots délavés
    pleurent les sans nom

    Tu ériges un monument
    avec une petite boîte en carton vide
    tu écris             À la gloire du noyé inconnu

    La conscience vaguement apaisée
    tu t’éloignes de la digue
    et ne penses à rien d’autre qu’au soleil





    3



    Des touristes au ventre rouge et blanc
    allongés sur les transats bleus d’une plage privée
    regardent nonchalamment la mer

    Un yacht s’éloigne du rivage
    c’est beau s’extasie un homme
    bon vivant qui aime les voyages

    Une petite veste d’enfant rose
    déchirée et gonflée d’algues
    flotte près de la jetée

    Une femme aux seins nus écrase un mégot dans le sable
    et marmonne d’une voix dégoûtée
    que les gens sont sales





    4



    Ne rien dire
    caresser la surface de l’eau d’une main rêveuse
    Ne rien dire
    respirer l’air chaud mêlé de crème solaire

    (Eux ils sentaient l’odeur répugnante des barbares excités par le sang)

    Tu te plains souvent :
    du clapotis de l’existence
    De l’ennui des repas à heure fixe
    de la monotonie

    (Eux ils ont été dévorés par les bouches de cuir dans un terrible crissement de soufflet)

    Ne rien dire
    tuer le temps
    Ne rien dire
    sidérer le silence

    (Eux ils n’ont pas eu le temps de saluer la vie avant de partir)



    (Poème inédit, 2018)



    Laurent Grison in Anthologie Sidérer le silence, Poésie en exil, Cinquante poètes d’ici et d’ailleurs. Anthologie dirigée par Laurent Grison. Éditions Henry, collection Les Écrits du Nord, F-62170 Montreuil-sur-Mer, 2018, pp. 56-58.






    Anthologie sidererer-le-silence-ed-henry-novembre-2018-couverture





    LAURENT GRISON


    LAURENT GRISON
    Source




    ■ Laurent Grison
    sur Terres de femmes

    Rhizomes (poème extrait du Chien de Zola)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de Traversées, revue littéraire)
    une chronique de Marc Wetzel sur l’anthologie Sidérer le silence
    → (sur le site des éditions Henry)
    la fiche de l’éditeur sur l’anthologie Sidérer le silence
    → (sur Terres de femmes)
    Jean-Baptiste Para | Poème en délit de solidarité (poème extrait de l’anthologie Sidérer le silence)




    ■ Voir encore ▼

    le site de Laurent Grison
    → (sur le site du magazine Diacritik)
    Marielle Macé ou que peut la littérature ? Sidérer, considérer. Migrants en France, par Johan Faerber





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • James Noël | L’eau coule



    L’EAU COULE



    L’eau coule sous le pont
    y en a-t-il assez pour laver nos visages

    Les oiseaux se dirigent
    en diagonal vers la montagne

    devant nous un grand arbre qui cache
    ce qui nous reste humainement de forêt

    au loin un chant accidenté de camionneur
    c’est sûrement le vent
    qui le ramène jusqu’à nous
    en oiseau de mauvaises circonstances

    l’eau coule sous le pont
    y en a-t-il encore pour laver nos visages




    James Noël (Haïti) in L’Eau entre nos doigts, anthologie poétique dirigée par Claudine Bertrand, Les Écrits du Nord, Éditions Henry, 2018, page 98.






    Eau entre nos doigts 2





    JAMES NOËL


    James Noel
    Source




    ■ James Noël
    sur Terres de femmes

    Un trou dans les entrailles des tambours (extrait de Bon nouvèl)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site île en île)
    une notice bio-bibliographique sur James Noël
    → (sur Lyrikline)
    huit poèmes dits par James Noël





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Claudine Bertrand | [La poésie s’abreuve | à la cruche trouée]



    [LA POÉSIE S’ABREUVE | À LA CRUCHE TROUÉE]



    La poésie s’abreuve
    à la cruche trouée
    en gouttelettes de vie
    chaque seconde

    vie et mort toujours
    sur le même sentier
    collant à chaque pas
    comme sable aux semelles

    les peaux saignent
    sur terre orange brûlé
    ne respirant plus
    entre chair et air

    un vieillard tire sa révérence
    c’est une bibliothèque
    qui disparaît de l’humanité
    de toutes mémoires

    chacun ses musiques
    ses temps primitifs
    odes abandonnées
    pulsation de la marche

    faire le guet
    sur la potence
    révélation des sages
    offrant certains mots

    qu’on laisse sécher
    deux jours deux nuits
    s’ils sont encore là
    d’autres mots se déposent
    pour un nouveau poème

    confronté
    à l’arbre fétiche
    l’écrivain enfante
    de grands bouleversements



    Claudine Bertrand, Émoi Afrique(s), Éditions Henry, Collection Les Écrits du Nord, 2017, pp. 36-37.






    Bertrand Claudine  Émoi Afrique(s)  éditions Henry



    CLAUDINE BERTRAND


    Claudine Bertrand 2
    Source



    ■ Claudine Bertrand
    sur Terres de femmes


    [Tu t’évertues à amalgamer] (poème extrait d’Ailleurs en soi)
    [Sur fond marin] (poème extrait de Fleurs d’orage)
    Chaque seconde cède une joie nouvelle (poème extrait du Jardin des vertiges)
    [Écrire pour se parcourir] (poème extrait du Jardin des vertiges)
    [Langue de voyage] (poème extrait de Murmure de rizières)
    [Mille serments sur l’oreiller] (poème extrait de Passion Afrique)
    Les passeurs de mots (poème extrait de Sous le ciel de Vézelay)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    La nomade
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Claudine Bertrand (+ un poème extrait du Corps en tête)




    ■ Voir aussi ▼



    → (sur le site L’île – L’infocentre littéraire des écrivains québécois)
    une notice bio-bibliographique





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Jean Le Boël | [femme noire | toujours vêtue de ta couleur]


    [FEMME NOIRE | TOUJOURS VÊTUE DE TA COULEUR]
    (extrait)



    à Léopold Sédar Senghor



    femme noire
    toujours vêtue de ta couleur
    et de la lumière

    voici que tu n’es plus nue
    voici qu’ils vocifèrent
    qu’ils colonisent ton ventre
    qu’ils te veulent leur esclave volontaire

    femme
    qu’il leur faut violer
    et sans trêve soumettre
    jusqu’à ton nom qu’ils interdisent
    fille de la négritude

    de qui de quoi se vengent-ils

    oublient-ils ton sein
    et ta main qui les façonnèrent

    n’entendent-ils ton cri et ta voix
    qui toujours est vie

    j’avais rêvé crocodiles, barrissements
    et palabres sous l’arbre
    palmeraies paisibles et industrieuses
    peuples dignes partageant
    les fruits de la terre aux mille couleurs

    j’ai vu des villes énervées
    énormes
    pressées de poussière
    et d’ordure

    j’ai reconnu la violence et la misère
    les vieilles lunes qu’on ressasse
    dans l’oubli de ses propres fautes
    les chimères de l’argent et de l’exil

    j’ai douté

    jusqu’à ton bras
    jusqu’à tes yeux
    pleins de fraternelle lumière

    ce qui te manque ce n’est pas la mer
    l’océan glauque et aveugle de toute sagesse
    ni les collines boisées
    de l’étroit paradis des peurs enfantines

    c’est le sommeil qui n’a
    pas de rêve
    pas de corps
    qui a dévoré ses envies
    qui a bu toutes les soifs
    et se meurt dans l’indifférence polie des pierres



    Jean Le Boël, et leurs bras frêles tordant le destin, éditions Henry, Collection Les Écrits du Nord, 62170 Montreuil-sur-Mer, 2017, pp. 61-62-63. Couverture d’Isabelle Clement.






    Jean Le Boël  et leurs bras frêles tordant le destin,






    JEAN LE BOËL


    Jean Le Boël
    Source




    ■ Jean Le Boël
    sur Terres de femmes


    [Ce lien que nous étions] (extrait de Clôtures)
    [il se peut que](extrait de Jusqu’au jour.Prix Mallarmé 2020)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la SGDL)
    une notice bio-bibliographique sur Jean Le Boël





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Agnès Clancier | Récit venu du nord




    RÉCIT VENU DU NORD




    Du pays voisin du lac aux salamandres
    de piste en piste
    et d’une source vive à l’autre,
    à travers les langues et les signes,
    portant dans son rêve toutes les étapes de son voyage
    empruntées aux autres peuples,
    un homme est venu partager le feu,
    conter les mythes de sa tribu
    et entendre nos chants.

    Les pistes de son clan,
    orientées vers le nord,
    reçoivent les récits
    de ces contrées lointaines,
    les tissent et les transmettent
    aux saisons passagères.

    Ainsi, depuis l’invisible région,
    où la forêt gorgée d’eau emplit le ciel,
    où les oiseaux se parent des éclats de l’opale,
    d’un territoire à l’autre,
    de famille en tribus,
    un récit est descendu jusqu’à nous,
    enlacé dans les fils de l’histoire des peuples,
    porté par les enfants, les sages et les sorciers.

    Le récit dit que là-haut,
    une femme blanche
    vit près des rivages,
    adoptée par un clan.
    Qu’elle est venue des terres
    et non d’un bateau,
    qu’elle a appris les rites
    et engendré des enfants.



    Agnès Clancier, « Cohabiter la terre » in Outback, disent-ils, éditions Henry, Les Écrits du Nord, 2017, pp. 88-89.






    Agnès Clancier  Outback





    AGNÈS  CLANCIER


    Agnès Clancier
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Henry) la fiche de l’éditeur sur Outback, disent-ils





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Chantal Dupuy-Dunier | [La grande pluie tropicale]



    [LA GRANDE PLUIE TROPICALE]




    La grande pluie tropicale
    change la terre en boue rouge.
    Elle ruisselle dans les bidonvilles,
    s’insinue jusque dans les cases creusées du mhara
    auquel jouent des hommes en haillons.
    Sur le damier,
    ils déplacent des capsules de couleurs différentes.
    Leurs doigts sont ocres
    et la boue colle aux pions.

    Un gosse passe, vêtu d’un simple slip,
    porteur d’une bouteille de Coca trop grande pour lui.

    Des femmes font cuire quelques poulpes
    ramassés à marée basse ;
    d’autres coupent des mangues.

    « Moro ! »
    Quelqu’un vient.
    « Moro ! »,
    Le cri d’alarme des clandestins.
    « Moro ! Au feu ! »,
    on redoute ceux qui viennent incendier les villages…

    Dans la boue, il ne reste plus qu’une capsule
    et un tout petit poulpe.



    Chantal Dupuy-Dunier, « Karibou Poezi », C’est où Poezi ?, Éditions Henry, Les Écrits du Nord, 2017, pp. 78-79.






    Chantal Dupuy-Dunier, C’est où Poezi,  Éditions Henry, Les Écrits du Nord, 2017,







    CHANTAL DUPUY-DUNIER


    Chantal Dupuy-Dunier



    ■ Chantal Dupuy-Dunier
    sur Terres de femmes


    Amiens (extrait de Des villes parfois…)
    [Traduire le dit des couleurs] (extrait de Cathédrale)
    [L’eau et sa mémoire] (extrait de Pluie et neige sur Cronce Miracle)
    25 octobre | Chantal Dupuy-Dunier, Éphéméride
    7 novembre | Chantal Dupuy-Dunier, Éphéméride
    Mille grues de papier (note de lecture d’AP)
    [Au milieu du dessin bleu] (poèmes extraits de Mille grues de papier)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Chantal Dupuy-Dunier





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