Étiquette : éditions La Boucherie littéraire


  • Paola Pigani, La Renouée aux oiseaux

    par Angèle Paoli

    Paola Pigani, La Renouée aux oiseaux,
    éditions La Boucherie littéraire,
    Collection La feuille et le fusil, 2019.



    Lecture d’Angèle Paoli



    DES CRIS POUR UNE RENAISSANCE




    Dès le premier regard, j’ai été séduite par cet ouvrage. En premier lieu par son papier d’excellence Fedrigoni, par le vert feuille (Foglia) de la couverture, par la teinte Misty Rose des pages de garde, par la teinte châtain foncé (Tela castano) du papier embossé des trois pages intercalaires. Et, bien sûr, par le titre du recueil : La Renouée aux oiseaux. Qui ouvre sur un très lancinant thrène, un poème de deuil. Un deuil d’enfant qui a conduit la mère aux marches de la folie. Le titre pourtant, comme la couverture, annonçait un renouveau printanier. Mais, pour qu’il y ait renaissance, sans doute faut-il passer par l’épreuve initiatique de la mort. C’est cela qui se joue dans le déroulé de ce très beau texte.

    Dès le poème d’ouverture, le ton est donné. Qui introduit dans un monde clos, enceint de murs. Quelques vers suffisent à planter le décor et à y convoquer les protagonistes. Des femmes attendent. Elles attendent que le moment se présente de s’échapper « en passant par les arbres ». La narratrice est parmi elles. Un « Je » et un « moi » encadrent trois verbes au pluriel, avec pour sujet « les femmes ». Qui sont-elles ? Pourquoi sont-elles enfermées ? On ne le saura pas vraiment. Quelque chose comme la folie les a frappées, qui explique leur enfermement. Parmi elles, les « gardiennes », mais aussi « les crieuses et les chieuses ». Aucune n’échappe aux séances d’épluchage dans les cuisines ni aux corvées de lessive dans la buanderie (« lessiver c’est disparaître »). Le monde clos et gris dans lequel vit la jeune femme est un asile psychiatrique dont il est difficile, voire impossible, de s’échapper.

    La narratrice se différencie toutefois de ses compagnes d’infortune. Elle partage avec l’orme du jardin un lien privilégié. Tous deux ont en commun des blessures qui se lisent à même l’écorce :

    « [J’]ai posé ma main sur la blessure »… « je les enfonce dans la blessure du bois »… « J’enfonce les deux mains / dans le vide de l’arbre ».

    L’arbre est un ami. Quelqu’un en qui l’on a confiance, quelqu’un que l’on prend le temps d’écouter et à qui l’on parle. La jeune femme lui présente ses mains vides, comme une offrande :

    « Je dis

    Voici les mains

    Qui ont tenu l’enfant ».

    Très vite, d’un poème à l’autre, le drame affleure. Presque sotto voce. Par petites touches. Les allusions se précisent, qui livrent une histoire de femme, de jeune mère en deuil de son enfant mort. Une histoire de perte qui rend inconsolable. Une histoire poignante. Qui se dit avec des mots simples qui détournent les clichés, comme dans ces trois vers :

    « Les jours de lessive

    mon corps s’égoutte

    pendant des heures »

    ou encore, dans cet autre exemple :

    « Je sors en cheveux

    avec ma chemise ouverte

    comme un sommeil ».

    Mots qui montent des entrailles, sans faire de bruit. Mots tissés de silence et de douleur irréparable. Les mots disent la naissance disent la mort, l’une et l’autre si proches, coexistantes. La disparition de l’enfant poursuit la mère dans la nuit de son chagrin. Pourquoi est-il mort ? Elle n’en sait rien. On ne lui a rien dit. Mais depuis sa naissance depuis sa mort, la vie s’est scindée en elle entre un avant et un après. Une femme et une autre qu’elle ne connaît plus. Versant lumière, versant ombre :

    « Je suis la pierre

    avant le sang de l’autre

    du temps où je n’étais pas mère

    où je ne connaissais pas mon ombre

    ni la sienne

    du temps où tout était clair

    derrière la vitre

    comme sous la pluie ».

    Une femme qui s’est emmurée dans le silence qu’elle a imposé au père géniteur de l’enfant :

    « L’homme d’avant

    d’avant la mort

    je ne l’ai pas fait père

    je l’ai fait taire »

    silence qu’elle poursuit pour elle-même avec la même résolution, la même ténacité :

    « Maintenant

    dans ma bouche

    un silence d’argile

    Je me suis fait terre ».

    Dans la douleur de son ventre désolé, le bébé glisse. Présent en elle jusque dans les rêves qui mettent la mère au bord de la folie :

    « Le matin je frotte le plancher avec mon drap

    je m’enroule dedans

    pour le sommeil d’avant

    avec mon ventre de pierre ».

    Se dégage des gestes maternels un rituel qui renvoie à des images déjà vues, on ne sait où, à des peurs archaïques, encloses dans des brumes ancestrales. Qui ont la teinte grisaille du désespoir. Un profond désir de mort se propage d’un poème à l’autre, qui accompagne le vide créé par l’absence :

    « Le soleil boit

    toute l’absence

    je prie pour ne pas être »

    et en écho, quelque pages plus loin :

    « Le ciel boit

    toute l’absence

    je prie pour ne pas être ».

    Pour pallier ce vide et cette absence, il y a l’arbre. Les cicatrices jumelles et les pleurs. La narratrice pourrait disparaître dans le grand corps ombreux de l’arbre. Se mêler à ses racines, couler sang et eau dans sa sève. Elle et l’arbre se comprennent, se complètent, se bercent l’un l’autre. Foglia | folia. De sorte que l’arbre, à la longue, se fait présence consolatrice :

    « Quand mes os craquent

    l’arbre pleut sur moi

    lave le sang de mes premières lunes

    l’oubli

    l’enfant ».

    Et c’est de l’arbre, enfin, que parvient le signe d’un ressaisissement et d’une renaissance :

    « Pourtant

    le chant de l’arbre ordonne

    d’exister

    Il est plein de cris

    Je suis la renouée aux oiseaux ».

    Ainsi revient l’espoir. « L’enfant de bois mort » se coule dans la blessure de la mère. Devenu « un seul oiseau », il lance « des cris de paix ».

    Intense et émouvant, La Renouée aux oiseaux est du nombre des très beaux recueils. Sa poésie naturelle, sans recherche excessive ni lyrisme immodéré, a laissé et laisse admirative la lectrice que je suis.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Paola Pigani  La Renouée aux oiseaux





    PAOLA PIGANI


    Paola Pigani par Vugliano
    Ph. Gilles Vugliano
    Source





    ■ Paola Pigani
    sur Terres de femmes


    [L’hiver n’aura pas ma peau] (poème extrait de La Renouée aux oiseaux)
    Le Cœur des mortels (lecture de Michel Ménaché)
    La voix des migrants (poème extrait d’Indovina)




    ■ Voir aussi ▼


    La renouée aux oiseaux (blog de Paola Pigani)
    (sur Lecthot)
    un entretien avec Paola Pigani
    (sur Terre à ciel)
    une lecture de La Renouée aux oiseaux par Valérie Canat de Chizy





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  • Thomas Vinau | [Des ombres sur un tapis d’aiguilles de pin]



    [DES OMBRES SUR UN TAPIS D’AIGUILLES DE PIN]





    Des ombres sur un tapis d’aiguilles de pin
    Des graines
    Des coquilles d’escargots
    Des frontières d’insectes


    La beauté assourdissante

    d’une fleur de trèfle rouge

    entre les dalles de ciment


    Je voudrais qu’il pleuve
    afin que mes yeux
    prennent un autre moyen de locomotion
    j’hésite encore
    sous-marin ou montgolfière


    Mon cahier est ce radeau
    de goudron et d’encre
    Mon stylo cabine de capitaine
    et la poussière
    mon équipage


    Mais pas de goutte
    à l’horizon de mes matins
    Juste un poème en copeaux de bois


    Le vent levé
    mon paysage vire au Sahara
    et caravane de chameaux
    mes aiguilles de pin


    Pas d’océan ni de désert
    juste le bois de mon bureau
    le bois de la porte vitrée
    le bois de la cabane
    le bois du pin
    et celui des rondins
    du bois et sa musique
    des notes de bois


    Le mistral fait ses gammes


    Deux petites mésanges jaunes
    laissent des traces de pattes autour de mes yeux





    Thomas Vinau, Notes de bois, éditions La Boucherie littéraire, Collection Carné poétique dirigée par Antoine Gallardo, 84160 Cadenet, 2018, s.f.





    Thomas Vinau  Notes de bois  2





    THOMAS  VINAU


    Thomas Vinau
    Source




    ■ Thomas Vinau
    sur Terres de femmes

    Les gouttes (extrait de Collection de sombreros ?)
    [Le sommeil est une mer paisible] (extrait de La Part des nuages)




    ■ Voir aussi ▼

    etc-iste, le blog de Thomas Vinau
    → (sur bibliothomasvinau.blogspot.com)
    une bibliographie de Thomas Vinau





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  • Felip Costaglioli | Ce que c’est



    CE QUE C’EST




    C’est ça aussi un peu
    la mélancolie


    C’est une maison mangée
    de l’intérieur


    par les lézards de la pluie


    Ce sont les cailloux
    qui mûrissent dans votre gorge


    Ah enfin
    croire le nom des choses


    Cette petite pastille du
    pouvoir dire :


    la même pour tous


    Et l’on s’attend à ce que la table
    d’elle-même s’achemine vers nous


    Et l’on s’attend à être
    prisonnier d’un verre d’eau


    Et l’on veut bien s’ouvrir les doigts
    sur un peu de souffle gâté


    reconnaître que parfois
    rien


    ne peut être aboli


    C’est aussi accepter quand on traverse
    la rue


    d’être traversé par elle


    Les gens passent


    avec leur laine
    et leur petit exil


    et quand ils toussent
    c’est un peu


    de temps


    et un peu de nous
    qu’on recoud




    C’est ça aussi un peu.






    Felip Costaglioli, « Ce que c’est » in Ce qu’on vaut de poussière, éditions La Boucherie littéraire, Collection La feuille et le fusil, 2018, s.f.






    Felip Costaglioli  Ce qu'on veut de poussière




    FELIP COSTAGLIOLI


    Felip Costaglioli NB
    Source





    ■ Felip Costaglioli
    sur Terres de femmes


    Ne pas jouer avec (poème extrait de Loin de chez soi ?)
    Redécorer la grotte (poème extrait de NU)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de St. Cloud State University)
    une notice bio-bibliographique sur Felip Costaglioli
    → (sur le site de La Boucherie littéraire)
    la fiche de l’éditeur sur Ce qu’on vaut de poussière de Felip Costaglioli [PDF]






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  • Roselyne Sibille, Entre les braises

    par Sylvie Fabre G.

    Roselyne Sibille, Entre les braises,
    éditions La Boucherie littéraire,
    Collection « La feuille et le fusil », 2018.



    Lecture de Sylvie Fabre G.




    UNE CLARTÉ QUE L’OMBRE NE POURRA ABOLIR


    À Roselyne qui nous rappelle
    que la vie ne nous préserve de rien.



    Il y a des signes qui sont comme des apparitions. Et aux moments les plus bouleversants de notre vie, ceux qui touchent à la naissance et à la mort, à l’amour et à l’adieu, d’abord nous foudroient, puis rayonnent à l’intérieur de nous pour nous permettre d’associer à leur silence la parole où tressaillent puis se propagent les ondes de la joie ou de la douleur. Leur enfance jouxte alors leur éternité. Le signe cerné peut être une voix, un regard, la ligne d’un paysage ou d’un livre, une clarté que l’ombre jamais ne pourra abolir.

    Dans le dernier recueil de Roselyne Sibille, Entre les braises, qui vient de paraître aux éditions La Boucherie littéraire, ce signe définitif est une précieuse touche de couleur, le vert émeraude d’un regard, ce « vert d’eau », ce « vert-lumière que donne le soleil à la transparence des feuilles ». Il revient, leitmotiv au long du poème, et toujours inédit, pour y évoquer la présence, l’absence et la présence absente d’un enfant qui a choisi de se donner la mort. La choisissant, il a fait basculer la vie de sa mère dans une autre vie, incertaine et fuyante, dont elle ne sait si elle existe vraiment et où en « est la suite ». Car son être entier de mère étant atteint, elle vit désormais « les mains lasses/les doigts/le cœur trop loin/la tête à l’abri de rien ». Au début du texte en témoigne le basculement des pronoms qui la désignent : le je devient un on, comme si elle avait perdu toute conscience de soi et ne pouvait plus que laisser un moi quotidien, indéterminé, agir à sa place : « on marchera sans les jambes, on remplira la bouilloire, on versera, on servira l’infusion », séries d’actions mécaniques des premiers jours du deuil, non reliées à la chair, à l’esprit de la vivante. La mort en elle semble d’abord gagner, un incendie qui dévore tout et consume jusqu’à l’amour de jadis « devenu un inconnu ». Le vocabulaire récurrent du feu (ou aussi de la glace car en même temps, face à l’incompréhensible, « on a froid partout », écrit-elle) souligne le bouleversement de tous les sentiments ou sensations qui font la vie ordinaire. À la place se sont installées « les insécurités définitives » dont parle Juarroz cité en exergue. Roselyne Sibille montre, jusque dans la typographie du texte, la sobriété le resserrement ou la dispersion des mots au fil des pages, la manière dont la mère et la poète en elle tentent de faire face au deuil insoutenable. Atteinte dans ses fondations les plus profondes, « toute stabilité emportée par la tornade fondamentale », lui restent la révolte, le désespoir, la ruine.

    Car quelle perte peut être pire tragédie que la perte d’un enfant dans de telles conditions, et comment y faire face pour que la mort ne gagne pas aussi en soi et sur tout ? Roselyne Sibille y répond en éclairant la nécessité d’une lutte intime et le pouvoir résilient de la parole. Quand les mots eux-mêmes nous fuient, nous rappelle Entre les braises, c’est la vie qui se tarit. Cette désertion des mots d’abord « engloutis dans un gouffre », le recueil en déroule la reconquête menée au cours des mois et des années qui suivent le drame. En son cœur, la douleur infrangible et la lente montée d’un « oui ». Après « le temps des mots hannetons à la patte cassée », le retour progressif de ceux qui vont lui permettre de rester debout. Car ce sont les mots, vers ou prose (qu’importe le genre dans ce livre mêlant aussi les registres), qui lui permettent « de ne pas se laisser glisser jusqu’à plus rien ». Grâce à leur fil sur la corde d’un dramatique et d’un lyrisme économes, la narratrice va pouvoir affronter l’événement inimaginable, et les déflagrations qui en résultent, au passé présent futur. La construction du livre est à l’image de la reconstruction de la vie. Du magma initial des mots la narratrice va faire un foyer de lumière, en se frayant pas à pas un chemin hors du labyrinthe pour retrouver la juste distance, « pour que le regard vert-lumière soit tissé à sa vie, subtilement, sans la brûlure ».

    Des pages rouge vermillon* de cette brûlure, narratives, interrogatives ou méditatives, à celles ocres*, rares et brèves, du monologue intérieur au présent, se poursuit l’avancée des progrès de la mère vers la vie et l’écriture (du « plomb » du corps au « trop des mots », du « braille » du ciel aux « émeraudes » du regard), est tracé le parcours vers un consentement sans oubli et porté par une source inépuisable d’amour. La voix résonne, et dans son questionnement sans réponse sur ce fils désormais intactile cherche l’ailleurs insaisissable qu’il habite : « Trouverai-je un jour une certitude ? Nulle carte n’existe de cet ailleurs », nous confie la poète. Le tracé bien sûr n’est pas linéaire, les retours en arrière, les doutes, les effondrements sont multiples. L’avancée pourtant est inexorable. « La sonnerie du téléphone, beaucoup trop tôt le matin » la strie encore mais le poème du fils mort et de sa mère vivante s’écrit, « debout face au vide », dans la vérité du plus jamais et de l’invisible présence sur cette Terre.

    Les dernières pages, blanches*, inscrites comme les toutes premières dans le temps de l’écriture et dans la réalisation concrète du recueil, fruit désormais prêt à être livré, reviennent sur l’expérience vécue en une signifiante énumération qui rétablit définitivement le lien entre « mon fils, mon élan, mon souffle, mes mots ». Celle-ci met ainsi en lumière la matière et l’esprit, la langue et l’âme de sa traversée. Du plus intime au plus universel, en mère courageuse et poète d’une grande humanité, Roselyne Sibille la termine par un acte de foi, une ouverture offerte à elle-même et au lecteur : « l’écriture comme un fil de vie », l’écriture qui « saute le feu », nous garde, vivants et morts, nous assure-t-elle, ensemble dans son éternité.



    _____________________
    * L’alternance des couleurs de pages est une idée qui relève du choix exclusif de l’éditeur.



    Sylvie Fabre G.
    D.R. Texte Sylvie Fabre G.
    pour Terres de femmes







    Roselyne Sibille  Entre les braises





    ROSELYNE SIBILLE

    Roselyne Sibille
    Source




    ■ Roselyne Sibille
    sur Terres de femmes


    Entre les braises (lecture d’AP)
    Les Langages infinis (extrait)
    [Pose ton visage dans une brèche] (extrait de Lisières des saisons)
    Lisières des saisons (lecture de Florence Saint-Roch)
    Ombre monde (lecture de Marie Ginet)
    Roselyne Sibille | Liliane-Ève Brendel, Lumière froissée (lecture d’AP)
    Nuit ou montagne (poème extrait de Lumière froissée)
    [L’ombre est une ligne de crête] (poème extrait d’Ombre monde)
    La tendresse me racine (poème extrait du recueil Versants)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Le souffle des mondes
    Sabine Huynh | Roselyne Sibille, La Migration des papillons (extrait)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La Boucherie littéraire)
    la page de l’éditeur sur Entre les braises




    ■ Autres lectures de Sylvie Fabre G.
    sur Terres de femmes


    Caroline Boidé, Les Impurs
    Jean-Pierre Chambon, Le Petit Livre amer
    Jean-Pierre Chambon, Tout venant
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre
    Patricia Cottron-Daubigné, Visage roman
    Ludovic Degroote, Un petit viol, Un autre petit viol
    Pierre Dhainaut, Après
    Alain Freixe, Vers les riveraines
    Luce Guilbaud, Demain l’instant du large
    Emmanuel Merle, Ici en exil
    Emmanuel Merle & Thierry Renard, La Chance d’un autre jour, Conversation
    Angèle Paoli, Lauzes
    Pierre Péju, Enfance obscure
    Pierre Péju, L’Œil de la nuit, par Sylvie Fabre G.
    Didier Pobel, Un beau soir l’avenir
    Erwann Rougé, Passerelle, Carnet de mer
    Fabio Scotto, La Peau de l’eau
    Une terre commune, deux voyages (Tourbe d’Emmanuel Merle et La Pierre à 3 visages de François Rannou)






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  • Roselyne Sibille, Entre les braises

    par Angèle Paoli

    Roselyne Sibille, Entre les braises,
    éditions La Boucherie littéraire,
    Collection « La feuille et le fusil », 2018.



    Lecture d’Angèle Paoli




    « À LA PÉRIPHÉRIE DE LA MORT »




    Il est des livres que l’on aime à regarder, dont on se plaît à effleurer la texture, à palper le grammage, à longtemps feuilleter avant que de se lancer dans la lecture. C’est le cas des livres édités par Antoine Gallardo pour sa maison d’édition La Boucherie littéraire. Le dernier ouvrage, Entre les braises, qui vient tout juste de me parvenir, appartient à la collection « La feuille et le fusil » dont l’intitulé à lui seul appelle un cheminement poétique singulier, loin donc des sentiers battus. Le noir et le vermiglione (cinabre/vermillon) s’invitent sur l’Ochre soutenu de la première de couverture. Vermillon le titre du recueil Entre les braises | Noir le nom de la poète Roselyne Sibille. Le texte courant alterne sur pages vermiglione et pages ochre du papier de l’illustre papeterie de Vérone que fonda il y a plus d’un siècle Giuseppe Antonio Fedrigoni. C’est osé et c’est incitatif. Cela donne envie de basculer entre les brandons et de s’engager « dans l’épaisseur du poème ». Cela suscite aussi le désir de s’approprier l’ouvrage et de laisser courir son crayon de bois sur les pages laissées vierges par l’éditeur.

    Qu’y a-t-il « entre les braises » de la poète ? L’exergue emprunté à Roberto Juarroz par Roselyne Sibille met d’emblée le lecteur sur la voie d’une expérience extrême dont il n’est pas pensable de revenir : « J’ai atteint mes insécurités définitives ». En effet le poème d’ouverture laisse à penser qu’il en sera ainsi et pour longtemps pour celle qui nous entraîne dans le récit poétique des funérailles de son enfant. La mère, appelée en hâte, découvre le corps de son fils aîné dans le cercueil, cerné par les mélopées des Indiens très nombreux dans l’enceinte du funérarium parisien. Poème de l’adieu à l’enfant trop tôt disparu et ôté violemment à l’amour de sa mère.

    Commence alors la longue descente vers le gouffre. Et sa cohorte d’interrogations. Où trouver les mots pour dire l’indicible ? Pour dire l’insoutenable ? Où qu’elle se tourne, la mère se heurte à l’incompréhensible, à l’effroi que cette incompréhension suscite en elle, qui n’est peut-être qu’une manière de définir le mystère de la mort. La violence de cette mort inattendue, la nouvelle de son invitation dans la vie de la poète conduit Roselyne Sibille à s’interroger. Que faire de l’intruse qui s’est emparée de son fils et qui s’empare de sa propre vie ?

    « Clouée au canapé », incapable de bouger et d’agir, la mère s’exhorte par ses prières et par ses injonctions à tenir la mort en respect. Dépersonnalisée, privée de sa propre voix, la mère s’enjoint, au fil d’un long monologue intériorisé, à poser ses actes qui pourraient être ceux de tout un chacun :

    « On marchera sans les jambes, par habitude, jusqu’à l’évier. On remplira la bouilloire. On écoutera chauffer l’eau. Être seule avec l’eau qui chantonne son travail d’eau qui frémit dans une bouilloire. Seule avec l’eau qui lutte. On ouvrira le placard. On attrapera le bocal. On enlèvera le couvercle de liège… »

    Jusqu’au pensement/pansement final :

    « Mais on marchera vers le salon en portant le plateau, en sachant que l’on sait et que tous les demain sans lui ont commencé. »

    Ainsi, se contraindre à s’accrocher à l’énumération de gestes à accomplir – en automate – semble-t-il être un moyen de ne pas sombrer, de ne pas avoir à penser cette phrase vertigineuse qui tourne en boucle dans la tête : « il est mort » et c’est pour toujours.

    Le temps a passé entre les pages. Trois semaines déjà à vivre comme un petit animal lové sur sa blessure. Le fils a emporté avec lui tout ce qui faisait la beauté du jour, tout ce à quoi tenait l’essentiel de la vie de sa mère ; le ciel et la lumière n’ont soudain plus aucun sens. Face à pareille douleur, face à la brèche qu’a ouverte la mort et où le vide s’est engouffré, la vie est là, méconnaissable. Sans force, sans projet et sans mot. Les mots de la douleur et du déchirement sont pourtant là, eux aussi, qui s’étirent sur les pages vermillon, disjoints par de longs espaces et souffles d’interlignages. Ce souffle, il faut le reprendre. Tenter de retrouver un ordre dans le désordre affectif qui terrasse et qui pétrifie. Le fil conducteur a été rompu : « Je ne sais plus où est la suite ». Comment vivre avec ce terrible aveu ?

    « Ce deuil

    être orpheline de mon enfant ».

    Il arrive un moment où la mère endeuillée parvient à se convaincre qu’il lui faut mettre de la distance entre elle et la mort :

    « Vie et mort

    à parts égales

    de chaque côté de la lumière »

    Se pose alors la question de l’écriture.

    « Pourrai-je encore écrire si je ne pose pas un peu plus loin ce qui prend toute la place, à tel point que tout devient secondaire… ».

    Et comment écrire ? Sous quelle forme mettre en place les mots sur la page ? Sans que se manifeste tout aussitôt comme une évidence l’absurdité d’une telle entreprise :

    « Les larmes collées dans la gorge, je voudrais continuer à écrire, à donner ce qui m’habite, toute cette gravité aussi désormais. Je ne sais pas comment se fera l’alchimie, passer de la panique, du manque, du vide, de la conscience aussi de sa présence impalpable, à l’écriture. Je ne sais même pas si cette alchimie aura lieu. »

    Aveugle est la mère, aveuglée est-elle de chagrin et d’affolement. Pourtant, alors même qu’elle est aux prises avec ses incertitudes, survient l’ouverture :

    « Je reçois

    du ciel

    le mode d’emploi

    en braille ».

    L’alchimie aura-t-elle lieu ? Et si l’alchimie a lieu, l’écriture ne pourra pas être écriture « sur lui ». Elle ne pourra être qu’écriture alentour, écriture « autour » de lui.

    « Autour, à la périphérie de ta mort. »

    À la périphérie de la mort, alors même que celle-ci reste difficile à situer et à définir, et donc à cerner, ce qui continue de rayonner à l’infini, c’est le sourire du fils tant aimé. Et ses yeux verts :

    « Je porte en moi, et pour toujours ancré, un regard vert.

    De ce vert-lumière que donne le soleil à la transparence des feuilles. »

    Le recueil de Roselyne Sibille, poète et amie, me bouleverse. Son désarroi de mère me touche immensément. La poésie qui porte ce désarroi, tout en profondeur et tout en finesse, ne peut être que salvatrice. Et je ne peux qu’acquiescer et consentir les yeux fermés à sa prière :

    « Laissez-moi le temps de la parole morte

    des mots hannetons à la patte cassée

    Offrez-moi le temps de ne savoir rien

    d’être incluse dans le temps

    Accordez-moi l’expiration des marées basses ».



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Roselyne Sibille  Entre les braises





    ROSELYNE SIBILLE

    Roselyne Sibille
    Source




    ■ Roselyne Sibille
    sur Terres de femmes


    Entre les braises (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Les Langages infinis (extrait)
    [Pose ton visage dans une brèche] (extrait de Lisières des saisons)
    Lisières des saisons (lecture de Florence Saint-Roch)
    Ombre monde (lecture de Marie Ginet)
    Roselyne Sibille | Liliane-Ève Brendel, Lumière froissée (lecture d’AP)
    Nuit ou montagne (poème extrait de Lumière froissée)
    [L’ombre est une ligne de crête] (poème extrait d’Ombre monde)
    La tendresse me racine (poème extrait du recueil Versants)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Le souffle des mondes
    Sabine Huynh | Roselyne Sibille, La Migration des papillons (extrait)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La Boucherie littéraire)
    la page de l’éditeur sur Entre les braises






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  • Marlène Tissot | L’envergure d’un insecte




    Draps
    « les draps me retenaient coincée là »
    Ph., G.AdC





    L’ENVERGURE D’UN INSECTE



    Un jour, j’ai pas dormi de la nuit
    il y avait des volets clos
    et les craquements de vinyle du Disque-monde rayé
    j’aurais pu me lever, ouvrir grand,
    participer un peu au présent
    mais les draps me retenaient coincée là
    comme le Chat de Schrödinger dans sa boîte
    vivante et morte à la fois

    Parfois, j’ai peur de devenir aveugle du cœur
    le jour, c’est plus facile
    quand tout ce qui brille est dehors
    je cache mon amour dans la lumière

    Un jour, j’ai pas dormi de la nuit
    pas évident de se faire à l’idée d’être soi
    la vie, ce n’est pas que ça, il faut savoir fermer les yeux
    dessiner l’aube sous nos paupières
    on dirait que les nuages accélèrent
    je passe en pilote automatique
    faut savoir rester prudent quand on a
    l’envergure d’un insecte




    Marlène Tissot, Un jour, j’ai pas dormi de la nuit, éditions La Boucherie littéraire, Collection Sur le billot, dirigée par Antoine Gallardo, 2018, s.f.






    Marlene Tissot  Un jour  j'ai pas dormi de la nuit






    MARLÈNE TISSOT


    Marlène Tissot Rhône-Alpes





    ■ Marlène Tissot
    sur Terres de femmes

    L’art oublié du silence
    [La maison, froide et vide] (extrait de Lame de fond)




    ■ Voir aussi ▼

    mon nuage,le site officiel de Marlène Tissot
    (sur Terre à ciel) une page sur Marlène Tissot





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  • Estelle Fenzy | [Mon tablier déborde de prières]




    [MON TABLIER DÉBORDE DE PRIÈRES]




    Mon tablier déborde de prières. Enfants les glissent dans les plis du tissu.

    Leur exigence est si fertile qu’à démesure il en naît d’autres. Et d’autres encore. Étrange petite famille…

    À mes pieds grandissent falaises de désirs péremptoires.

    J’ai ma parole pour l’escalade.

    Dans la maison désertée des babils, des vœux gravissent les sédiments.

    Le génie de la lampe aurait bien de l’ouvrage à m’exaucer. Ses oreilles, son cœur restés si longtemps dans la nuit.

    Si les contes étaient vrais, comme je frotterais ! Le souffle chaud, la buée, le sable à me faire la peau douce. Comme je frotterais ! Qu’il voie un peu le jour. Et n’oublie pas ma vie prudente.

    D’enfants dévoreurs de rêves je suis mère.



    Estelle Fenzy, Mère, éditions La Boucherie Littéraire, Collection La feuille et le fusil, 2017, s.f.






    Estelle Fenzy  Mère




    ESTELLE   FENZY


    Estelle Fenzy 4
    Ph. Tous droits réservés




    ■ Estelle Fenzy
    sur Terres de femmes


    [Je n’ai jamais dit adieu] (poème extrait du Chant de la femme source)
    [Faire fi(n) | de l’exiguïté du temps] (poème extrait de Coda (Ostinato))
    Man’za] (poème extrait de Gueule noire)
    [Un seul pays natal](poème extrait de La Minute bleue de l’aube)
    La Minute bleue de l’aube (lecture de Murielle Compère-Demarcy)
    [Rêve silex] [extrait de Chut (le monstre dort)]
    [Père, | tu le sais](extrait de Par là)
    Poèmes Western (lecture d’AP)
    [Retrouver la neige](extrait de Poèmes Western)
    Rouge vive (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Rouge vive (lecture d’AP)
    Sans (lecture d’AP)
    [Toi les yeux moi la voix] (extrait de L’Entaille et la Couture)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Ce qui reste)
    une page sur Estelle Fenzy
    → (sur la revue en ligne Possibles, nouvelle série n° 3, décembre 2015)
    une page sur Estelle Fenzy
    → (sur Terre à ciel)
    cinq poèmes d’Estelle Fenzy





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  • Isabelle Alentour | [Lac étal comme un épuisement]




    [LAC ÉTAL COMME UN ÉPUISEMENT]



    Lac étal comme un épuisement
    cherche une place dans la nuit

    eau dormante
    eau mourante
    absorbe l’or des mots
    qui hier encore
    nous embrasaient





    Mon cœur à travers la croisée qui rejoint les étoiles
    là où je te pense
    là où      nue
    je te découvre me                          manquant

    et mon bras sans penser qui s’élève et ce geste une main qui approche la peau sans savoir et ce doigt qui effleure d’abord comme s’il n’osait pas ne se souvenait pas et puis qui                             et ce doigt qui se pose sur la bouche et qui touche et qui glisse une lèvre la deuxième et savoure et puis caresse encore et ranime de loin de très loin souvenir enchanté

    le baiser

    La première lettre m’accorde à la nuit

    la seconde crève le silence
    et me parle de ce qui
    de toi

    s’avance et me défait



    Isabelle Alentour, « Seule » in Je t’écris fenêtres ouvertes, Éditions la Boucherie littéraire, Collection « La feuille et le fusil », 2017, s.f.






    Isabelle Alentour  Je t'écris fenêtres ouvertes





    ISABELLE  ALENTOUR
    [PELLEGRINI]



    Isabelle Pellegrini





    ■ Isabelle Alentour
    sur Terres de femmes


    [Jamais d’abord, ni contre] (extrait d’Ainsi ne tombe pas la nuit)
    [Heures douces d’un après-midi d’été] (extrait de Louise)
    Louise (lecture d’AP)
    Makapansgat (lecture de Philippe Leuckx)
    [Je me sens vieillir] (extrait de Makapansgat)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Pour ne pas perdre la pluie]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions la Boucherie littéraire) plusieurs extraits de Je t’écris fenêtres ouvertes
    → (sur Terre à ciel) une page sur Isabelle Alentour [+ mini-entretien avec Roselyne Sibille]
    → (sur Ce Qui Reste) une page sur Isabelle Alentour





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  • Brigitte Baumié, Paysages intermittents (extraits)



    Paysages intermittents.jpg 2
    « Paysages intermittents »
    Triptyque photographique, G.AdC








    RÊVERIE



    Roses de jardins
    iris sauvages

    l’attente en fond sonore
    délicats bourgeons

    bourdon ininterrompu
    pivoines échevelées

    sur tout ce qui

    mélodiquement

    se disloque






    ENFANCE



    On va chercher les œufs et le beurre à
    la ferme. Près de la fenêtre la vieille est
    immobile, entourée d’un tapis de mouches.






    PRÉSENT



    Par la fenêtre, elle regarde les arbres défiler
    le nom des arbres
    ou plutôt
    faire le lien entre les visages des arbres et
    leurs noms…
    Bouleau, chêne, hêtre, mélèze, orme et frêne
    se mélangent les branches et les radicelles.






    ENFANCE



    Quelqu’un qu’on ne sait même pas qu’on
    attend…
    Est-ce que quelqu’un qu’on ne sait pas peut
    remonter l’allée ?

    Mes pieds pourraient s’enraciner, là, entre
    les platanes. Alors plus rien ne pourrait
    monter ou descendre l’allée.

    Est-ce que le temps s’arrêterait ?



    Brigitte Baumié, Paysages intermittents, Éditions La Boucherie littéraire, Collection La feuille et le fusil, 84160 Cadenet, 2016, pp. 32-33-34-35.






    Brigitte Baumié, Paysages intermittents.jpg 2






    BRIGITTE BAUMIÉ


    Baumiebrigitte_lydiemayaffre
    Ph. D.R. : Lydie Mayaffre



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Languedoc Roussillon livre et lecture)
    une notice bio-bibliographique sur Brigitte Baumié
    le site des éditions La Boucherie littéraire





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Hélène Dassavray | [Un jour est devenue plus douce la montée]




    Confluent
    « Un jour elle est devenue confluent
    de ses propres chemins »

    Ph., G.AdC







    [UN JOUR EST DEVENUE PLUS DOUCE LA MONTÉE]



    Un jour est devenue plus douce
    la montée
    et la perte
    noyée dans son intime regard
    elle a repris son souffle
    ainsi qu’un autre

    on ne connaît jamais la distance exacte
    entre soi et la rive
    ni à quel moment la vie vous échoue
    sur les plages
    de votre mer intérieure

    Un jour est devenue plus douce
    la suite
    et la suivante
    dansée dans le creux des reins
    au rythme du monde
    ainsi qu’un autre

    Un jour elle est devenue confluent
    de ses propres chemins



    Hélène Dassavray, On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive, éditions la Boucherie littéraire, Collection Sur le billot dirigée par Antoine Gallardo, 2015, pp. 32-33.






    Helene Dassavray, On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive






    HÉLÈNE  DASSAVRAY


    Helene Dassavray 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Hélène Dassavray
    Journal aléatoire, le blog d’humeur d’Hélène Dassavray
    → (sur Ce Qui Reste)
    une page sur Hélène Dassavray
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Hélène Dassavray





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