Étiquette : éditions Rhubarbe


  • Amina Saïd | [écrire]



    ECRIRE
    Ph., G.AdC







    [ÉCRIRE]






    écrire
    c’est fixer la page blanche
    le souffle comme une parole
    en suspens

    que le silence se mette à notre écoute
    et notre parole entre dans l’obscur

    nous restons confrontés à l’énigme
    qu’en vain nous tentons d’élucider

    reprendre alors les mots au noir de la nuit

    quelques-uns résistent
    au fil du temps devenus
    pierres d’obsession
    éparpillées en des rivages aveugles




    Amina Saïd, Dernier visage avant le noir, éditions Rhubarbe, 2020, page 24. Illustration de couverture d’Ahmed Ben Dhiab.






    Amina Saïd  Dernier visage avant le noir




    AMINA SAÏD


    Amina Saïd
    Ph. Michel Durigneux
    Source





    ■ Amina Saïd
    sur Terres de femmes


    alors au pied d’un arbre (extrait de Tombeau pour sept frères)
    amour notre parole (extrait de De décembre à la mer)
    [de ce côté-ci du monde ou de l’autre](extrait de Clairvoyante dans la ville des aveugles)
    Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil)
    enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde)
    Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé)
    l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique]
    [si long fut l’exil du jour](extrait de Chronique des matins hantés)
    Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Amina Saïd




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Rhubarbe)
    la fiche de l’éditeur sur Dernier visage avant le noir
    le site d’Ahmed Ben Dhiab






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  • Adeline Baldacchino | Le perroquet à la langue de bois



    LE PERROQUET À LA LANGUE DE BOIS
    (extrait)




    Le perroquet avait la gueule de bois
    mais plus encore la langue.

    Il n’en pouvait plus de répéter
    à longueur de journée
    des éléments de langage
    du langage à perroquet
    qu’on apprend dans les cages
    pour bercer les oiseaux
    que l’on croit idiots.

    N’en pouvait plus de répéter
    les mots dénués
    de tout sens et même
    de leur part de non-sens
    de leur ferveur
    et de leur brillance
    de tout ce qui les rendait
    lumineux et doux
    fougueux et féroces
    avides et nécessaires.

    N’en pouvait plus de redire
    des choses qui n’avaient
    rien à dire
    des mots sans portée
    des mots comme on en dit
    quand on ne sait pas quoi dire :
    il se félicitait sans cesse
    de bonnes actions
    qu’il n’entreprendrait jamais
    promettait sans cesse
    d’entreprendre
    de bonnes actions
    qu’il ne réaliserait jamais
    racontait sans cesse
    de bonnes actions
    dont nul ne se souvenait.

    C’étaient des mots en boucle
    parés de leur aura
    de grands aras
    des mots verts et bleus
    qui sonnaient creux.

    C’étaient des mots pâlis
    par l’usage qu’on en fait
    des mots salis
    par l’usage qu’on n’en fait pas
    des mots sans foi ni loi
    qui ne disaient
    rien de ce que l’on voulait entendre.

    […]



    Adeline Baldacchino, Le Chat qui aimait la nuit, 13 contes cruels et doux illustrés par Gaël Cuin, éditions Rhubarbe, 2020, pp. 93-94.






    Adeline Baldacchino  Le Chat qui aimait la nuit, 13  contes cruels et doux illustrés par Gaël Cuin, éditions Rhubarbe, 2020,





    ADELINE BALDACCHINO


    Adeline_baldacchino octobre 2017
    Source




    ■ Adeline Baldacchino
    sur Terres de femmes


    [De l’autre côté de la nuit] (poème extrait de De l’étoffe dont sont tissés les nuages)
    Théorie de l’émerveil (lecture d’AP)
    Jour 7 (extrait de Théorie de l’émerveil)
    13 poèmes composés le matin (pour traverser l’hiver)[lecture d’AP]




    ■ Voir aussi ▼


    le blog d’Adeline Baldacchino
    → (sur le site des éditions Les Hommes sans Épaules)
    une notice bio-bibliographique sur Adeline Baldacchino
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Adeline Baldacchino
    → (sur Terre à ciel)
    un entretien d’Adeline Baldacchino avec Sabine Huynh (+ 7 poèmes inédits et une notice bio-bibliographique)





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  • Adeline Baldacchino,

    13 poèmes composés le matin (pour traverser l’hiver)

    par Angèle Paoli

    Adeline Baldacchino, 13 poèmes composés le matin
    (pour traverser l’hiver),

    éditions Rhubarbe, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Tournant-de-l-hiver
    Gérard Titus-Carmel, Tournant de l’hiver
    lithographie, 76cm x 57cm









    DES REVERS DE L’ÂME À LA « TOUPIE DE VERRE »




    Ils sont treize en effet. Le titre l’indique : 13 poèmes composés le matin. Oui, ce nombre intrigue. Un écho au poème « Artémis » de Gérard de Nerval, attesté dans de si nombreuses anthologies de la poésie française  ? 1

    « La Treizième revient. C’est encor la première ;

    Et c’est toujours la Seule. »

    Adeline Baldacchino ajoute en sous-titre (entre parenthèses, et ce n’est pas anodin) « pour traverser l’hiver » (un hexasyllabe, tout comme « dans mon jardin d’hiver »). L’hiver 2016-2017. Mais aussi et surtout tous les hivers de l’âme, leurs brumes sans répit, leurs grands froids. Leurs solitudes. Des poèmes viatiques, pour affronter vaille que vaille les tourments de la saison, qui s’immiscent entre les pores et s’éternisent sous la peau. Tout cela se prolonge jusque dans le choix de l’illustration qui figure en première de couverture du recueil. Tournant de l’hiver. De Gérard Titus-Carmel. Une lithographie dans laquelle la poète lit comme un écho à sa réflexion et à son entreprise poétique :

    « […] J’y voyais des carcasses d’âme suspendues aux filets rouges du soleil ; j’y voyais de la lumière brisant les os pour forcer le noir à s’écarter ; j’y voyais la barque et la coupe, le naufrage et le dégel, la chair et son ombre.

    Une manière de rappel à l’ordre du vivant. »

    Le recueil d’Adeline Baldacchino se présente comme un journal. Un journal incomplet, qui commence le 9 janvier et prend fin (ou presque) le premier mars. Entre ces deux dates, des ellipses temporelles (dont celles de février) qui ouvrent des trous dans l’hiver 2016-2017. Il faut ajouter à ces poèmes un poème non daté (Treizième poème) et quelques écarts. Ici ou là. Ainsi du onzième poème qui ne présente ni date ni nom de dédicataire mais seulement le titre énigmatique : « Pour laisser aller ». Quant au poème du premier mars (le 12e), écrit à Nice, il est celui de la date anniversaire d’Adeline Baldacchino. 35 ans.

    Mars ? Une planète belliqueuse, dit-on. Ce trait de caractère n’apparaît pourtant pas dans ce recueil poétique édité par les éditions Rhubarbe. L’âme qui s’y déplace et qui s’y dévoile est une âme meurtrie qui cherche peut-être « au bord du gouffre qui nous aspire » des mots pour réchauffer la vie. C’est ainsi que, dans le poème liminaire construit sur la répétition anaphorique « il y a », la poète aborde la question de savoir si la poésie peut quelque chose pour celui qui souffre qui doute et qui n’a d’autres ressources que de s’ouvrir à la page blanche pour tenter d’y trouver quelque réconfort :

    « Il y a les poèmes qu’on dérobe à l’aube pour tenir toute la journée. Ceux qu’on ramasse au fond des ruelles où s’envasaient nos cauchemars. Ceux qu’on dépoitraille pour leur aérer le cœur. Ceux qu’on tanne comme de vieilles peaux luisantes. Ceux qui s’érodent quand on les arrose. Ceux qui se froissent quand on les touche. Ceux qui se ressemblent et ne s’assemblent pas. Ceux qui font semblant de venir nous sauver, quand rien ne le peut.

    Et nous le savons.

    Et nous écrivons quand même. »


    Les poèmes se suivent sur trois pages. Chacun d’eux comporte plusieurs strophes (les unes plus longues — 12 vers —, les autres plus brèves — 9 vers —) et se clôt parfois sur une strophe de quelques vers (2/3/ou 5). Lesquels se distinguent souvent par une chute :

    « Ce matin que j’écris

    Pour effacer mes propres traces. »

    Tous s’inscrivent dans ce moment indécis de la journée où il faut se secouer de nuits inconfortables et affronter le jour. Tout se passe dans l’entre-deux d’un huis-clos, à la lisière des heures, du dedans et du dehors, fenêtre et voix, entre la chambre au lit défait et la cuisine avec radio et bol de café fumant entre les mains, jusqu’au corps dénudé qui cherche — comme tant d’autres sans doute — à « se dégivrer l’âme/À coups de rame et de butoir ». Tout est « trop petit » dans ces matins d’hiver (Quatrième poème, Douze janvier au matin). Rien ne peut satisfaire une âme assoiffée d’absolu. « Affamée de tendresse ».

    La ponctuation, elle, est absente des poèmes (sauf pour le poème liminaire) ; excepté le point final qui ponctue chaque journée. On en perçoit la raison à la lecture et à l’oreille, car le poème — et chaque strophe du poème — déploie sa houle intérieure, roulis du jour et de la vie, tangage, d’une strophe à l’autre, par tout un jeu de répétitions (souvent anaphoriques mais pas uniquement) et de variations, opère le double mouvement de la vague, crescendo/decrescendo. Flux et reflux. Double rythme d’enroulement/déroulement de spirale qu’accentuent encore les enchâssements de relatives, desquelles émerge une excroissance sans cesse renouvelée :

    « J’y vais aussi

    Le cartable plein de livres

    Pour s’ancrer dans la terre

    Qui surnage dans la brume

    Pleine de fils de fer et d’argent tordus

    Qui s’enfoncent à vif dans la chair de l’âme

    Il faut des livres pour contrer la mort

    Des mots pour se désempaler

    Se rassembler

    Se ressembler

    Recommencer » (Premier poème, seconde strophe)

    D’autres caractéristiques accentuent encore ces effets d’enroulements. La proximité phonique des mots présents dans des vers très proches en fait partie : « tendresse »/« caresse » ; « se rassembler »/se ressembler » ; « se promenait »/« nous promettait » ; « hélices »/« élytres » ; « recouverte »/« à revers » ; « déverse »/« renversés » ; « attend »/« entend »…

    Les comparaisons sont le noyau-embrayeur qui permet le passage d’un moment à un autre, d’un monde à un autre, d’une identité à l’autre. Ainsi de cette strophe (Quatrième poème, Douze janvier au matin…) où l’identification de la narratrice à un chat permet une expansion en même temps qu’une fusion implicite des identités et des univers :

    « Je me lève dans la lumière qui tangue

    M’étire comme un chat fatigué

    Par les prémices de la chasse

    Quand il sait qu’il rentrera bredouille

    Et rêve d’un feu de bois

    De braises et de cendres

    De cendres et d’étincelles

    De mille flammèches

    Pour y réchauffer ses neuf vies… »

    Ailleurs, dans le cinquième poème, daté du seize janvier au matin et dédié à « papa, six mois d’absence », toujours de manière implicite, le passage de la « neige » à « l’ivoire » ouvre sur l’univers du père. À partir du premier vers « La nuit se passe dans l’attente de la neige », la narratrice associe « bonheur » et blancheur et glisse de la neige à « l’ivoire ». « Le bonheur ivoire » permet un saut dans le passé, vers un ailleurs à jamais disparu. Surgissent alors de manière indirecte et allusive, liées à ce bonheur-là, les images liées au père. Le poème est dans son entier construit sur un élargissement qui prend son essor sur quelques mots au sortir d’une nuit blanche. La répétition du vers « J’attends la neige » et ses variations « en attendant la neige/J’attends les flocons » scande le poème qui se révèle être une évocation de la disparition du père. Qui porte avec elle ses interrogations sur le bonheur.

    Les poèmes d’Adeline Baldacchino sont autant d’« histoires qu’on déroule dans le noir ». Chacune a ses leitmotive, ses mots-sésame autour desquels s’enroulent et se déroulent les strophes. Ainsi de l’histoire familiale de Mamy Paule (Neuvième poème, Vingt janvier) qui invite la narratrice à un retour en arrière sur le passé de sa grand-mère. Les origines d’un amour à Alger, les deux fils d’Afrique, dont l’un est le père de la poète, la bibliothèque et ses livres. Avec à la clé, la question lancinante qui rythme le poème :

    « Qui prendra soin de toi parmi les livres »

    « Qui prendra soin de toi dans la mémoire »

    Mais la mémoire souvent fait défaut et la poète de l’exprimer dans ce vers :

    « Je tente de me souvenir et tout se confond. »

    À travers l’histoire de la grand-mère paternelle, c’est une part de l’intime qui est dévoilée. Le lien de la poète avec son aïeule est manifeste. Leur proximité très grande. La jeune femme se reconnaît dans la femme qui a influencé ses choix. Toutes deux sont de la même lignée :

    « Et c’est ainsi que j’ai voulu mettre mes pas

    Dans tes mots mes lettres sur tes pages

    Un peu de miracle dans le jour… »

    Ou encore :

    « Je tiens de toi la forme du corps et celle du cœur

    Les reflets que font les poèmes

    Dans les cheveux bruns quand ils tournent au roux

    Le goût d’amer l’impatience… »

    Et cet aveu final qui dit l’émotion de la tendresse :

    « Ta bibliothèque doucement reversée dans la mienne

    S’agrandit chaque jour un peu plus

    Et peut-être que je ne saurai jamais d’autres manières

    D’être fidèle. »

    Et toujours, tout au long des strophes, ces enroulements qui forment boucles, envers/revers/ envers/revers. La strophe, une drôle de pelote de fil qu’il faut observer avec minutie pour en dénouer les enchevêtrements. Et, dans le même geste, dégager une définition possible du recueil :

    « Vois ce que je dépose

    Entre ces lignes qui saignent

    Leur encre malhabile

    Moins chaude que mon sang

    Moins vive que mes songes

    Et tout ce que je dépose de rouge

    Comme un dernier baiser

    Qui s’effiloche entre les lignes… »

    Parfois, dans ce désarroi qui travaille l’âme dans ses tréfonds s’entrouvre une brèche qui laisse filtrer un filet de lumière. De ce « trou de lumière qu’enlacent les nuages » affleurent un regain d’énergie, une vitalité inespérée :

    « Je fixe les restes de la nuit dans mon bol de café

    Je suinte l’amour par tous les pores

    Je rédige à l’emporte-pièce

    Des phrases qui cognent

    Contre le jour

    Qui me refuse sa bouche. »

    Pourtant l’éclaircie est trompeuse qui se heurte aux obstacles, se délite dans la confrontation avec le réel — toujours soumis à la désillusion — et finit, ailleurs, par se noyer dans l’attente.

    « Au réveil je me tiens

    Nue devant mon âme… »

    […] Et je me tiens silencieuse

    Nue devant mon âme qui s’enclot

    Bernard l’ermite dans sa coquille de chair… »

    […] Et je me tiens silencieuse dans l’attente… »

    Attente improbable de l’oiseau pacificateur, salvateur, qui pourrait « tirer » la poète « de ce mauvais pas. »

    Le portrait que fait d’elle Adeline Baldacchino est celui d’une « étrange étrangère » qui ne se reconnaît pas. Tant de masques à endosser, superposés, et tant d’efforts pour les arrimer et obtenir qu’ils coïncident bord à bord, qu’aucun ne démente l’autre par un écart imprévu ! Cependant les mots giclent sous les masques et le poème est là pour mettre l’âme à nu. Dévoilement nécessaire sans doute, vital peut-être, qui confère à ce recueil un besoin de clarification. Vers la vérité. Vers l’authenticité.

    Ce foisonnement d’images-miroir où chaque surface est le revers de l’autre, ouvre le sillon final de l’avant-dernier poème (non daté, en italique et entre parenthèses). « [V]aisseau miraculé », la poète file son chemin. « Toujours plus avant dans le mystère ». Qui se dénoue en quelques vers, « dans le ghetto de Venise » où les enfants jouaient à dreidel. Sevivon sov sov sov (toupie tourne tourne tourne). C’est dans le jeu de la toupie que « l’âme » « toupie de verre dés-astrée » « s’est mise à danser ». Hommage émouvant à « mamy Rachel ». Sans doute.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli



    ___________________________________
    1. Je n’ai pas consulté celles de Max-Pol Fouchet, ni Les Plus Belles Pages de la poésie française (Sélection du Reader’s Digest).






    Adeline Baldacchino  13 poèmes composés le matin (pour traverser l'hiver)






    ADELINE BALDACCHINO


    Adeline_baldacchino octobre 2017
    Source





    ■ Adeline Baldacchino
    sur Terres de femmes


    Le perroquet à la langue de bois (poème extrait du Chat qui aimait la nuit)
    [De l’autre côté de la nuit] (poème extrait de De l’étoffe dont sont tissés les nuages)
    Jour 7 (extrait de Théorie de l’émerveil)
    Théorie de l’émerveil (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Adeline Baldacchino
    → (sur Terre à ciel)
    un entretien d’Adeline Baldacchino avec Sabine Huynh (+ 7 poèmes inédits et une notice bio-bibliographique)





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  • Marilyse Leroux | [Autour de nous le mouvant devient cercles]



    [AUTOUR DE NOUS LE MOUVANT DEVIENT CERCLES]



    Autour de nous
    le mouvant devient cercles
    îlots concentriques

    les courants brassent les sables
    vers un centre possible

    Il faudra du temps
    avant la nacre




    Combien de balbutiements
    au ras de l’eau
    de conversations d’étoile à étoile
    pour habiter un caillou ?

    L’écume babille à la surface

    En-dessous
    la mer prépare ses relèves
    dans un recueillement de baptistère.




    Les courants sont multiples
    les mouvements d’aimer aussi

    Il arrive qu’une lumière
    se penche différemment
    sur nous

    Nous donne à voir
    une image détachée
    de ce que nous sommes.




    Marilyse Leroux, Ancrés, Éditions Rhubarbe, 89000 Auxerre, 2016, pp. 47-48-49. Gravures de Danielle Péan Le Roux.






    Marilyse Leroux, Ancrés






    MARILYSE LEROUX


    Marilyse Leroux




    ■ Marilyse Leroux
    sur Terres de femmes

    [Livre ouvert] (extrait de Nés arbres)
    Le Sein de la terre (lecture d’AP)
    [Une goutte est la mer] (extrait du Temps d’ici)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Tu ouvres une brèche]





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  • Amina Saïd | Du Vieillard de la mer et de la Source de vie



    Je fus témoin de la lutte entre lumières et ténèbres
    Ph., G.AdC







    DU VIEILLARD DE LA MER ET DE LA SOURCE DE VIE
    (extrait)



    je poursuivis jusqu’à l’extrême abîme du monde
    sept nuits durant je vis le soleil disparaître du jour
    sept jours durant je vis s’estomper l’astre de la nuit
    je fus témoin de la lutte entre lumières et ténèbres
    je vis s’évanouir la forme des choses
    sans la lumière des apparences
    mais ne désespérai pas
    puis je vis le nuage noir de la séparation et compris
    nul chemin de lumière ne me conduisit à la source
    et je ne trouvai pas le lieu
    où la source rejoint la source
    je revins au campement au pas lent de ma monture
    ma décision était prise
    avant de redescendre le cours du fleuve
    je divisai l’armée en douze corps puis fis dresser
    douze stèles de pierres hautes comme des tours
    car cette limite ne serait pas dépassée
    nous n’irions pas au-delà



    Amina Saïd, Le Corps noir du soleil, Éditions Rhubarbe, 2014, pp. 70-71. Calligraphie de Hassan Massoudy.






    Aminaa Saïd,  Le Corps noir du soleil




    AMINA SAÏD


    Amina Saïd
    Ph. Michel Durigneux
    Source





    ■ Amina Saïd
    sur Terres de femmes


    alors au pied d’un arbre (extrait de Tombeau pour sept frères)
    amour notre parole (extrait de De décembre à la mer)
    [de ce côté-ci du monde ou de l’autre](extrait de Clairvoyante dans la ville des aveugles)
    Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil)
    [écrire] (extrait de Dernier visage avant le noir)
    enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde)
    Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé)
    l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique]
    Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP)
    [si long fut l’exil du jour](extrait de Chronique des matins hantés)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Amina Saïd (+ deux poèmes d’Amina Saïd)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Rhubarbe)
    une page sur Le Corps noir du soleil d’Amina Saïd







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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Marilyse Leroux | [Une goutte est la mer]



    Les pas renouent les fils du paysage
    Ph., G.AdC







    [UNE GOUTTE EST LA MER]



    Une goutte est la mer
    un éclat tout le soleil

    Le jour est tout le jour
    pour qui avance
    le corps léger

    Les pas renouent
    les fils du paysage
    en quête de pierres
    et de lumières oubliées

    Les prés se donnent
    comme autrefois
    le velours d’une robe

    Du plus loin
    ou du plus proche
    l’œil remonte
    à la source.




    Marilyse Leroux, Le Temps d’ici, Éditions Rhubarbe, 2013, page 57. Prix Angèle Vannier de poésie 2014.






    MARILYSE LEROUX


    Marilyse Leroux





    ■ Marilyse Leroux
    sur Terres de femmes

    [Autour de nous le mouvant devient cercles] (extrait d’Ancrés)
    [Livre ouvert] (extrait de Nés arbres)
    Le Sein de la terre (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Tu ouvres une brèche]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la revue Texture)
    une note de lecture de Michel Baglin sur Le Temps d’ici






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  • Emmanuelle Le Cam | Le sourire des rois



    LE SOURIRE DES ROIS



    Le vert de gris se propage
    Entre les ongles
    Il est temps de douleur
    Temps d’ensemencer
    Un nouveau jardin




    À la lisière des yeux
    Il est difficile de se prononcer
    Car le temps y bascule
    Et la peur assouvit sa faim




    Libération au miroir
    Les visages s’accouplent en silence
    Fera-t-il temps de moisson ?
    S’engrangent les mots sous la couette




    Le sourire des rois
    Accompagne l’infante
    Auprès du bois une halte
    Des chiens la gardent




    Pousser sur le ventre pour en extraire
    Liseron et chardon bleu
    Expectorer du ciel
    Le retrouver entre des mains de partage




    Se tenir droit
    N’offre aucune garantie
    Les nuages
    Poursuivent leur course
    Les jardins s’éveillent



    […]



    Emmanuelle Le Cam, Le sourire des rois (extrait) in Les Nus, Éditions Rhubarbe, Auxerre, 2011, pp. 59-60-61. Préface de Jacques Morin.






    Les nus





    EMMANUELLE  LE  CAM

    Emmanuelle Le Cam
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Emmanuelle Le Cam





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