Étiquette : Équateur


  • Ada Mondès, Puyo | El Valle




    PUYO



    Todas las hojas
    caίdas son bocas
    cerradas de la selva
    guardan el silencio vivo
    del tallo a las nervaduras
    sonrisas selladas
    donde la vida va cosiendo enigmas





    PUYO



    Toutes les feuilles
    tombées sont bouches
    fermées de la forêt
    gardiennes du silence vivant
    de la tige aux nervures
    sourires scellés
    où la vie traverse – couturière d’énigmes







    EL VALLE



    En verano el dίa quema todos sus colores
    mucho tiempo / los fuegos / la ceniza

    La noche es ese dia calcinado
    donde se enfrίan los ojos
    en lo albores del sueño





    EL VALLE



    En été le jour brûle toutes ses couleurs
    Longtemps / les feux / la cendre

    la nuit est ce jour calciné
    où se refroidissent les yeux
    à l’aube du sommeil





    Ada Mondès, Cruzar | Croiser, poèmes inédits d’Équateur, Éditions Encres Vives, collection Encres Blanches n° 719, 2018, pp. 4, 5. Traduit de l’espagnol par Ada Mondès.






    ADA MONDÈS


    Ada Mondès NB
    Ph. Source



    Ada Mondès est une poète bilingue et traductrice nomade. Depuis la publication de son recueil Les Témoins – Los Testigos (Ed. Villa-Cisneros, 2017), elle a été l’invitée de nombreux festivals de poésie internationaux qui ont ponctué sa vie nomade. Traductrice d’écrivains d’Amérique Latine pour Encres Vives (Mariana Vacs, Patricia Iriarte, Carlos Aguasaco), elle y a publié Cruzar | Croiser à l’issue d’une résidence d’écrivains à l’Alliance Française de Quito (Équateur). Publiée dans diverses revues et anthologies tant en espagnol qu’en français (Ærea [Santiago du Chili], Lámparas [Porto Rico], La Lettre sous le Bruit, Recours au poème [mai 2018], Levure littéraire, Teste, Cauce [Cuba, 2019], Terre à Ciel [2019]), elle anime également des ateliers (individuels, centres culturels, lycées, etc.). Après la traduction en espagnol de Gérardmer, poème à trois voix (français-allemand-espagnol) d’Albertine Benedetto, elle renouvelle l’expérience avec la réédition en bilingue d’Alma Mater, de la même auteure (éd. Pourquoi viens-tu si tard ?).




    ■ Ada Mondès
    sur Terres de femmes


    J’écris pour vaincre les silences
    Orígenes | Origines
    [Viajar con una hamaca] (extrait de Paysages cubains avec pluie)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terre à ciel)
    une sélection de textes + une notice bio-bibliographique sur Ada Mondès





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  • 28 décembre 1927 |
    Henri Michaux embarque pour l’Équateur

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 28 décembre 1927, Henri Michaux embarque à Amsterdam sur le Boskoop. Destination : Guayaquil (Équateur), via Panama. À bord du bateau se trouvent son ami Alfredo Gangotena, gros propriétaire terrien qui a invité Michaux à venir séjourner en Équateur, André Pardiac de Monlezun, avocat, le peintre Paul A. Bar et le marchand d’art Aram D. Mouradian.

    Ce séjour d’une année en Équateur inspirera à Michaux Ecuador, « journal de voyage ». Un véritable « laboratoire » d’écriture, unique en son genre dans l’œuvre de Michaux.







    Ecuador
    © Benoit Aude
    Source






    Amsterdam, mercredi matin.


    Ah ! ce froid, il faut s’envelopper en soi, s’égaliser plutôt pour y bien résister.

    Celui qui a sa plus grande force localisée dans la tête, le cœur, la poitrine, les bras, n’est pas fait pour ce pays. Je n’ai pas de tenue devant ce froid. Pas encore assez homogène… — Et cette campagne flamande d’hier ! On ne peut la regarder sans douter de tout. Ces maisons basses qui n’ont pas osé un étage vers le ciel, puis tout à coup file en l’air un haut clocher d’église, comme s’il n’y avait que ça en l’homme qui pût monter, qui ait sa chance en hauteur.

    Et maintenant écrire à I, P, H… donner du mangeable à chacun.

    Bonsoir ! Bonsoir, Messieurs.



    À bord du Boskoop, en mer.


    Voyons, trente ou trente et un jours en décembre ? Est-ce depuis deux ou trois jours qu’on est en mer ? Dans l’anticalendrier de la mer ? Pauvre journal ! D’ailleurs, ce qui s’est passé tout à l’heure, je ne le dirai pas. C’est le midi de ma journée, mais je ne le dirai pas. Mieux vaut lui couper tout de suite son avenir.



    4e jour de mer.
    16 heures.


    Être seul navire, très insolent et superbe sur le grand désert d’eau… Le vent vient à toute vitesse sur mon peu de cheveux qu’il secoue, puis il repart à toute vitesse et moi je reste sur le pont. Vient encore ce vent contre ma tête, repart à toute vitesse, et Dieu sait quand il rencontrera encore un front et de qui pourrait bien être ce front et ce qu’on pourrait avoir à dire de nos deux fronts comparés. Ô navire-orgueil, ô capitaine-orgueil, passagers-orgueil, vous qui ne vous mettez pas de plain-pied avec la mer…sauf toutefois au jour du naufrage… ah, alors… enfin il s’enfonce, le navire, avec son jeu complet de mâts et sa cheminée.



    Soir.


    « Haben sie fosforos ?

    ― No tengo, caballero, but I have un briquet. »

    Telle est la langue du bord.

    Si l’on retient « fosforos » c’est que c’est peut-être plus flambant qu’une allumette, par contre « briquet » est bien cet instrument à pierre qui fait du feu. Un artiste européen avec beaucoup de tact écrirait ainsi une jolie langue quadrupède.

    Entre gens du bord, un lien : les jeux de carte. Bridge, manille, poker : la seule monnaie de notre civilisation qui ait cours partout.




    Henri Michaux, Ecuador [1929] in Œuvres complètes, I, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1998, pp. 142-143. Édition établie par Raymond Bellour avec Ysé Tran.



    HENRI MICHAUX


    Henri Michaux
    Source




    ■ Henri Michaux
    sur Terres de femmes


    24 mai 1899 | Naissance de Henri Michaux
    Mes Propriétés (extrait)
    3 juin 1937 | Première exposition Michaux
    12 février 1965 | Rétrospective Henri Michaux
    19 octobre 1984 | Mort de Henri Michaux
    La Ralentie





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