Étiquette : Es ist was es ist


  • Erich Fried | Une sorte de poème d’amour



    Et je te regarde et ma main part à ta recherche
    Ph. angèlepaoli







    UNE SORTE DE POÈME D’AMOUR



    Qui te désire
    quand je te désire

    Qui te caresse
    quand ma main te cherche ?

    Est-ce moi
    ou les vestiges de ma jeunesse ?

    Est-ce moi
    ou les prémices de ma vieillesse ?

    Est-ce ma rage de vivre
    ou ma peur de la mort ?

    Et pourquoi mon désir
    devrait-il avoir du sens pour toi ?

    Et que t’apporte mon expérience
    qui n’a fait que m’attrister ?

    Et que t’apportent mes poèmes
    où je ne fais que dire

    combien c’est devenu difficile
    de donner ou d’exister ?

    Et pourtant dans le jardin au vent
    le soleil brille avant la pluie

    et l’air embaume l’herbe agonisante
    et le troène

    et je te regarde et
    ma main part à ta recherche.




    Erich Fried, Es ist was es ist, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach, 1983 ; rééd., 2005, in Europe, revue littéraire mensuelle, août-septembre 2011, n° 988-989, pp. 282-283. Traduit de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann.





    ERICH  FRIED


    Erich Fried 2
    Source


    ■ Erich Fried
    sur Terres de femmes

    Das richtige Wort (poème extrait du même recueil + une notice bio-bibliographique)



    ■ Voir/écouter aussi ▼

    → (sur Les Carnets d’Eucharis, le site de Nathalie Riera)
    un choix de poèmes issus du même recueil et traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
    → (sur Droit de cités, le site de Philippe Beck)
    un autre choix de poèmes issus du même recueil
    → (sur Littérature de partout, le blog de Tristan Hordé)
    un autre poème issu du même recueil
    le site officiel Erich Fried de Verlag Klaus Wagenbach
    le site d’Inga Janzen sur Erich Fried



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  •      Erich Fried | Das richtige Wort



    Trois nus au crayon par  Maristelle
    Ph., G.AdC






    DAS RICHTIGE WORT



    Nicht Schlafen mit dir
    nein: Wachsein mit dir
    ist das Wort
    das die Küsse küssen kommt
    und das das Streicheln streichelt

    und das unser Einatmen atmet
    aus deinem Schoß
    und aus deinen Achselhöhlen
    in meinen Mund
    und aus meinem Mund
    und aus meinem Haar
    zwischen deine Lippen

    und das uns die Sprache gibt
    Von dir für mich
    und von mir für dich
    eines dem anderen verständlicher
    als alles

    Wachsein mit dir
    das ist die endliche Nähe
    das Sichineinanderfügen
    der endlosen Hoffnungen
    durch das wir einander kennen

    Wachsein mit dir
    und dann
    Einschlafen mit dir




    Erich Fried, Es ist was es ist, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach, 1983 ; rééd., 2005, page 36.







    LE MOT JUSTE



    Non pas dormir avec toi
    non : veiller avec toi
    est le mot
    qui vient embrasser les baisers
    et qui caresse les caresses

    et qui respire ce qui vient
    de ton ventre
    et du creux de ton aisselle
    jusque dans ma bouche
    et de ma bouche
    et de mes cheveux
    entre tes lèvres

    et qui nous donne la langue
    pour aller de toi à moi
    et de moi à toi
    ce quelque chose plus intelligible à l’autre
    que tout

    Veiller avec toi
    c’est la proximité attendue
    l’emboîtement intime
    des espérances infinies
    par lequel nous nous connaissons

    Veiller avec toi
    et puis
    s’endormir avec toi



    Traduit de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann.






    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


    (établie par Chantal Tanet)


        Né à Vienne (Autriche) le 6 mai 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche après l’Anschluss en 1938 et s’exile à Londres, collaborant notamment au service allemand de la BBC. Profondément marqué par le spectre du nazisme et par la condition juive ― son père est mort lors d’un interrogatoire par la Gestapo ―, Fried incarne en Allemagne, à partir des années 1950, la figure de l’écrivain engagé, au service d’une conscience politique toujours tenue en éveil (guerre du Vietmam, Israël).
        Aux côtés d’écrivains comme Ingeborg Bachmann, Heinrich Böll, Peter Weiss, Martin Walser ou Paul Celan, il a fait partie du Groupe 47, initié par Hans Werner Richter en 1947 dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, en prônant une écriture dépouillée.
        L’œuvre d’Erich Fried porte la marque claire de cette démarche et se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture. Il est l’auteur de quelques romans (Les Enfants et les Fous, Le Soldat et la Fille), mais surtout d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Ce sont eux qui lui ont assuré une grande popularité en Allemagne, notamment Cent poèmes sans frontière, lauréat du Prix International des Éditeurs en 1977, et plus encore ses Liebesgedichte (Poèmes d’amour) en 1979. Certains poèmes comme Was es ist (Ce que c’est) sont devenus des « classiques » de la littérature allemande des années 1980. Erich Fried est aussi un grand traducteur de l’anglais, en particulier de Shakespeare, Dylan Thomas, T.S. Eliot, Sylvia Plath.
        Le prix Georg Büchner lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre en 1987, un an avant sa mort (22 novembre 1988) à Baden-Baden.



    Bibliographie en français


    Le Soldat et la Fille, traduit par Robert Rovoni, Gallimard, Collection Du monde entier, 1962 (rééd. Gallimard, Collection L’Étrangère, 1992).
    Les Enfants et les Fous, traduit par Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1968.
    Cent poèmes sans frontière, traduit par Dagmar et Georges Daillant, Christian Bourgois, 1978.
    La Démesure de toutes choses, traduit par Pierre Furlan, Actes Sud, 1984.



    Bibliographie sélective en allemand


    1944, Deutschland
    1945, Österreich
    1960, Ein Soldat und ein Mädchen
    1965, Kinder und Narren
    1966, und Vietnam und
    1967, Anfechtungen
    1968, Zeitfragen
    1972, Die Freiheit den Mund aufzumachen
    1974, Höre, Israel !
    1978, 100 Gedichte ohne Vaterland
    1979, Liebesgedichte
    1981, Zur Zeit und zur Unzeit
    1982, Das Unmaß aller Dinge
    1983, Es ist was es ist
    1985, Von Bis nach Seit
    1987, Gegen das Vergessen
    1988, Unverwundenes





    ERICH  FRIED


    Erich Fried 2
    Source



    ■ Erich Fried
    sur Terres de femmes

    Une sorte de poème d’amour (un poème issu du même recueil)


    ■ Voir/écouter aussi ▼

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    un choix de poèmes issus du même recueil et traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
    → (sur Droit de cités, le site de Philippe Beck)
    un choix de poèmes issus du même recueil
    → (sur Littérature de partout, le blog de Tristan Hordé)
    un autre poème issu du même recueil
    le site officiel Erich Fried de Verlag Klaus Wagenbach



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