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  • Adrienne Rich, Paroles d’un monde difficile, Poèmes 1988-2004

    par Angèle Paoli

    Adrienne Rich, Paroles d’un monde difficile,
    Poèmes 1988-2004,

    La rumeur libre éditions,
    Série mεtaphrasi | Domaine américain, 2019.
    Traduit de l’anglais (États-Unis)
    par Chantal Bizzini.



    Lecture d’Angèle Paoli


    Bizzini
    Sur la ligne Queens – Manhattan,
    photographie de Chantal Bizzini, 2007,
    première de couverture de Paroles d’un monde difficile








    LA POÉSIE, « UNE VIEILLE FORME SUBVERSIVE »




    Pour la première fois en France vient de paraître une anthologie consacrée à la poète américaine Adrienne Rich. Une poète majeure et l’une des grandes voix poétiques d’aujourd’hui, « guide spirituel d’une génération ».1

    Rassemblés sous le titre Paroles d’un monde difficile, les poèmes de cette anthologie couvrent une période qui s’étend de 1988 à 2004. Ils sont répartis en quatre sections : Un atlas du monde difficile (poèmes 1988-1991) | Sauvetage à minuit (poèmes 1995-1998) | Renarde (poèmes 1998-2000) | L’École parmi les ruines (poèmes 2000-2004).

    La traduction de ces poèmes – publiés aux éditions de La rumeur libre – a été assurée par Chantal Bizzini, qui offre en ouverture un avant-propos très éclairant intitulé « Du morcellement à l’unité, Paroles d’un monde difficile d’Adrienne Rich ».

    Adrienne Rich (1929-2012), militante féministe et pacifiste, s’est attachée tout au long de sa vie et de sa création à défendre et à revendiquer l’idée que « narrer la condition humaine est notre affaire à nous femmes, et même prioritairement »2. C’est dire si écrire est une nécessité vitale, un mode de « reconquête de soi et du monde ». C’est aussi une manière vigoureuse de proclamer que le travail du poète requiert une forme de courage. Car écrire, pour Adrienne Rich, c’est s’attacher à faire un état des lieux aussi précis et réaliste que possible du pays où elle vit. C’est s’attacher à relier le présent dont elle est le témoin avec le passé dont celui-ci découle. C’est convoquer tous les oubliés de l’histoire, les sans-nom et les sans-visage, les exploités et les expropriés, les Indiens anéantis, les noirs pourchassés et assassinés tout comme les blancs exploités et réduits à vivre dans des conditions misérables. Écrire, c’est restituer une cartographie première où ressurgit tout ce que l’histoire politique d’une nation s’est appliquée à effacer.

    Dans les treize poèmes qui composent Un atlas du monde difficile, la poète plante de l’Amérique un décor dévasté. Décor semi-urbain d’étendues immenses où se déploient nombre d’« empires agro-alimentaires » ou industriels. Mines de cuivre de charbon et de silicone. « Cimetières de carcasses ruinées », perdus au milieu d’immenses champs de sorgho ou de « girasols » qui uniformisent les vastes espaces :

    « Voici une carte de notre pays :

    voici la Mer de l’Indifférence, glacée de sel,

    C’est la rivière hantée, coulant des sourcils à l’aine,

    nous n’osons pas goûter son eau,

    C’est le désert, où des missiles sont plantés comme des bulbes,

    C’est le grenier à blé des fermes hypothéquées ».

    Décors dans lesquels sévissent la misère et la violence. Enfants livrés à eux-mêmes, errant sans but ou ne mangeant pas à leur faim. Journaliers en quête d’un travail. Femmes violentées et tuées. Naufragés de la vie. « En danger dans cette république désunie, / enfermés hors de vue et d’écoute, loin du cœur, remisés ».

    La cartographie que déploie Adrienne Rich est celle de l’Amérique des pauvres, de l’Amérique des déclassés, des meurtris, une Amérique faite de faillites et de résignation. Une Amérique des grands contrastes : « Voici la capitale de l’argent et de la douleur dans les tours ». Une cartographie qui semble en phase avec la lecture récente que la poète avait faite (vers 1980) de certains écrits de Karl Marx. Ainsi écrit-elle à propos de cette lecture dans un ouvrage intitulé Les Arts du possible (2001) :

    « Ce qui m’a incitée à poursuivre, c’est l’impression d’être en compagnie d’un grand cartographe de la condition humaine et, tout particulièrement, l’impression d’être en terrain connu : celui des rapports économiques motivés par le profit qui envahissent certains domaines de la pensée et du sentiment. La description que Marx fait du capitalisme de la première moitié du XIXe siècle et de la déshumanisation que celui-ci inflige au paysage social semblait plus juste que jamais à la fin du XIXe siècle.3 »

    La poète voyage, d’est en ouest, de la côte Atlantique à la côte Pacifique ; du Vermont à la Californie, et du Nord au Sud, de Willoughby au sud du Québec. « Il y a des routes à prendre », écrit Adrienne Rich, une injonction qu’elle emprunte à la poète militante Muriel Rukeyser (1913-1980). Sur l’atlas personnel que dessine Adrienne Rich au fur de ses déplacements, le passé fait souvent irruption au détour d’une route, à l’occasion d’un périple au travers d’une région. Les noms des villes livrent leur part d’histoire – « poèmes en cantonais inscrits sur le brouillard » et « poèmes sur un mur fatigué », avoisinant des « bordées d’injures ». Souvenirs de la guerre de Sécession et des massacres de tribus indiennes ou souvenirs de la guerre du Vietnam :

    « Saisis si tu peux, les grands moments de ton pays, commence

    à n’importe quelle feuille arrachée de l’éphéméride : Appomattox

    Wounded Knee, Los Alamos, Selma, le dernier pont aérien venant de Saïgon

    l’infirmière, naguère dans l’armée, faisant du stop depuis le centre de debriefing, une médaille

    de crachat sur l’épaule du vétéran

    – saisis si tu peux ce pays sans borne ».

    La lecture joue un rôle essentiel dans la réflexion de la poète. Celle en particulier de poètes comme Muriel Rukeyser. Dont les poèmes, « par leur audace et leur envergure », stimulent la réflexion de la poète de Baltimore. Adrienne Rich voit en son aînée « une de ces architectes-tailleurs de pierres » majeures, laquelle s’efforçait avec d’autres de travailler à l’élaboration d’un édifice qu’un atlas seul ne pouvait réaliser. Ainsi la figure mythique du titan « portant seul la voûte du ciel sur son dos » est-elle amplifiée dans la vision élargie qu’en donne la poète. Pour qui « le travail poétique, comme tout travail, s’accomplit en commun », et pour qui « écrire peut aider à bâtir une communauté »4.

    Plus éloignée d’elle dans le temps, Elizabeth Gaskell (1810-1865) dont Rich a lu La Vie de Charlotte Brontë, récit qui lui inspire cette remarque :

    « [J]’essayais de me représenter une telle vie, comment le génie se déployait dans les jours courts, les maigres moyens de cette maison. »

    Les objets eux-mêmes, si modestes et si ébréchés soient-ils, participent de ces résurgences, lesquelles se télescopent de manière singulière sur la narration présente. Ainsi des théières jumelles, « l’une au bec cassé, rouge et bleue », héritée de sa grand-mère Mary et l’autre, « faïence à fleurs des Midlands », cadeau d’« une Juive allemande, une réfugiée, qui se suicida… ».

    Et puis, côtoyant dans le poème les théières de récupération, cet autre objet qui lui vient de son père : « Dans un petit cadre, sous verre, l’ex-libris de mon père, qu’il grava en son ardente jeunesse », la devise que la poète fit sienne :

    « Without labor, no sweetness ». Sans peine, pas de douceur.

    De ce portrait de l’Amérique géographique — avec ses vastes compositions panoramiques, ses montagnes, ses forêts, ses lacs, ses canyons, ses déserts — mais également sociale et culturelle – avec ses plans rapprochés – surgissent des voix anonymes qui se suivent sans se rencontrer dans un collage polyphonique qui acquiert l’intensité d’un porte-voix. Des « on dit » se succèdent, comme captés sur le vif, chacun exprimant ce qui tient à cœur. Les poèmes se suivent, la plupart assez longs, marqués ou structurés par la reprise de termes identiques. « Je ne veux pas entendre comment » / « Je ne veux pas penser » / « Je ne veux pas savoir ». Poèmes amples, construits sur des itérations et des balancements antagonistes, comme c’est le cas pour le poème XI :

    « certains pour qui la guerre est nouvelle, d’autres pour qui elle prolonge seulement

    les vieux paroxysmes du temps

    certains marchant pour la paix qui depuis vingt ans n’ont pas marché pour

    la justice

    certains pour qui la paix est un mot d’homme blanc et un privilège d’homme blanc

    certains qui ont appris à manipuler et à prévoir les formes de

    l’impuissance et du pouvoir ».

    Mais la voix que l’on croise, c’est aussi la voix d’une poète qui s’adresse à nombre d’interlocuteurs inconnus. Employé de bureau, passant dans une librairie, homme ou femme sur le point de partir, passager du métro, téléspectateur devant son écran… jeune maman « un enfant qui pleure sur l’épaule, un livre dans la main… ». Ainsi du très beau poème XIII (Dédicaces), qui semble comme un écho des poèmes de Walt Whitman. Tout au long de son développement, ce poème reprend la formule introductive : « Je sais que tu lis ce poème. » Et se clôt sur ces vers :

    « Je sais que tu lis ces poèmes parce qu’il n’y a plus rien d’autre à lire

    là où tu as débarqué, dépouillée comme tu l’es. »

    Dans le même temps, des instantanés de la vie quotidienne se juxtaposent, saynètes brèves, comme saisies dans l’instant par une caméra ou par un micro-trottoir.

    Parfois une question primordiale interrompt, qui se glisse entre deux considérations : « Je suis quoi ? » Ou encore : « Où sommes-nous amarrés ? Quels sont les liens ? Qu’est ce qui nous incombe ? ». Interrogations que l’on retrouve à deux reprises dans Un atlas du monde difficile.

    Pour Adrienne Rich, le travail du poète est un travail partagé entre tous, astronome, historien, « architecte de rues nouvelles ». C’est aussi un travail d’écoute et de sensibilité, travail de résilience mis au service de chacun et de tous. De

    « la femme désespérée, de l’homme désespéré

    – travail de réparation jamais achevé, qui n’a toujours pas commencé ».

    Adrienne Rich poursuit sans relâche son parcours poétique en inscrivant le dialogue au cœur de son écriture. Incorporant (en caractères italiques) aux voix des gens qu’elle rencontre la voix de poètes et d’auteurs dont lui tiennent à cœur expressions ou pensées : Mandelstam, Marx, Engels, Che Guevara… Ou qu’elle rejette, comme cette assertion de Richard Nixon recueillie dans un enregistrement :

    …« les Arts, tu vois – c’est des Juifs, ils sont de gauche, bref, reste à l’écart… ».

    De 1995 à 1998, ce tissage continu des voix trouve sa place dans la section intitulée Une longue conversation, où alternent poèmes brefs — identifiables par leur mise en espace plus aérée et aérienne (alinéas, blancs typographiques… alternance de vers courts et longs) — et proses plus denses. Il arrive aussi que le texte conjugue toutes les formes à la fois, poèmes et proses, où viennent s’imbriquer des citations en italiques.

    « Plus tard, par la fenêtre un soir d’hiver qui descend très vite mes yeux sur la page saisissent alors ton visage tes seins, cette lumière

    …petits industriels, petits commerçants et rentiers, petit artisans et paysans, tout l’échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat ».

    Mais, quelle que soit la mise en forme du texte, toujours revient la préoccupation première qui est de permettre à chacune des voix de trouver sa place parmi les autres. Sans hiérarchie aucune. Le questionnement, accompagné d’extraits de manifestes et de déclarations, devient ici plus largement politique.

    « Quelqu’un : — La technologie modifie les formes les plus courantes du contact humain – qui ne peut voir ça dans sa propre vie ?

    — Mais la technologie n’est qu’un moyen.

    — Quelqu’un, dis-je, fait fortune grâce à la guerre. Toi : — Je te l’ai déjà dit, c’est le moteur de l’économie de marché. Ce n’est pas l’information, mais la militarisation. Les arsenaux multiplient la richesse.

    Une autre femme : — Mais alors, le nationalisme patriarcal doit être la clé ? […] »

    Le dialogue se clôt sur une intervention ayant trait à la poésie :

    — « Je ne puis souffrir ce type de discours. La poésie m’importe encore. »

    Puis rebondit à la page suivante :

    « Toutes sortes de discours surgissent dans la poésie, que ça te plaise

    ou non, ou même si simplement

    comme nous     tu essayes

    d’avoir l’œil

    sur les armes dans la rue

    et sous la rue ».

    Écrit en 1998, le premier poème de Renarde, « Victoire », est dédié à l’amie Tory Dent, poète et critique d’art. L’ensemble des six textes est une composition autour de la maladie de l’amie, atteinte d’une belle tumeur. Consciente que la solitude peut se superposer à la souffrance, Adrienne Rich dialogue avec la malade. La poésie est là, « bien sûr », « terrible pont s’élevant au-dessus de l’air nu », mais elle ne peut remplacer la présence que peut apporter une amitié profonde. Aussi, poussée par une impérieuse nécessité, rejoint-elle la malade, « parce qu’il le fallait

    ainsi je l’ai fait –     Et ainsi

    je te trouve :      vivante et plus que cela ».

    Cette suite de poèmes surprend par sa forme. Moins narrative, plus éclatée, plus resserrée. Peut-être aussi plus proche de celle d’Emily Dickinson dont Adrienne Rich connaissait et aimait la poésie. Au cours de son dialogue avec l’amie, elle emprunte à Paul Celan cette expression, mise en relief à la fin d’un des poèmes : Meister aus Deutschland. Allusion au « maître de l’Allemagne », un vers qui revient à plusieurs reprises dans « Fugue de mort » (Todesfuge). Si la mort est omniprésente dans ce poème, la victoire l’est aussi. L’amie malade est assimilée à la Victoire de Samothrace. Mutilée, « amputée », « découpée dans le désastre », la Victoire domine pourtant, « qui s’avance / en haut des escaliers ». Sous la plume d’Adrienne Rich, elle est le symbole puissant de la capacité de résilience des femmes.

    Composés entre 2000 et 2004, les poèmes de la dernière section, L’École parmi les ruines – et dont ne sont présents ici que quelques poèmes choisis – ont été inspirés à la poète américaine par les récits de guerres récentes, tragédies terribles dont les enfants furent les premières victimes. Sarajevo, Bagdad, Bethléem, Kaboul, Beyrouth.

    La section s’ouvre sur un poème intitulé « Requiem pour un Centaure ». Humaine, et tendre, la figure du Centaure Chiron est assimilée au « maître ». La Créature est pourtant livrée à « l’arène », « piétinée » et mise à mort par un « champion. » Pour quelle raison ? La réponse est sans doute à trouver dans ces deux vers :

    « ton cou tendre et tes narines    maître    ventouse de nénuphar

    ce que tu étais    merveilleux    nous ne pouvions le supporter ».

    Peut-être faut-il aussi lire, dans l’humanité profonde de cet être hybride réputé pour sa grande sagesse, une image inversée de l’homme, renvoyé à son insoutenable animalité.

    Devant un pareil gâchis, au cœur d’une telle obscurité, le doute affleure, qui taraude. La poète s’interroge. Elle remonte la route parcourue tout au long de son parcours poétique. Et pose dans « Équinoxe » les questions qui la brûlent :

    « je croyais savoir

    que l’histoire n’était pas un roman

    Ainsi puis-je dire que ce n’était pas moi      fichée comme l’Innocence

    qui te trahis

    […]

    pensant que nous arriverions à construire un lieu

    où la poésie      vieille forme subversive

    pousse de Nulle part      ici ?

    où la peau pourrait reposer sur la peau

    un lieu « hors limites »

    Peux dire que je me suis trompée ? ».

    Dès lors, tout serait donc perdu ? Tout aurait-il été pensé, combattu, et écrit en vain ? Adrienne Rich ne se résigne pas. Ne peut se résigner. Cela n’a jamais été dans sa nature. Elle revient donc sur ses doutes et conclut par ces vers :

    « mais avant ceci :     longtemps avant ceci     ces autres yeux

    frontalement se sont exposés, ont parlé ».

    À l’issue de ma lecture se fait jour le sentiment durable que la poésie d’Adrienne Rich n’occupe pas en France la place qu’elle mériterait d’occuper. Même si l’on peut trouver ici et là quelques traductions dans des revues numériques ou papier. Mais persiste toutefois le sentiment d’un manque important, d’une incomplétude. Comment et pourquoi une voix aussi singulière que celle de la poète américaine est-elle aussi peu présente dans le panorama des grandes voix poétiques de ce siècle ? Pourquoi une véritable anthologie bilingue de cette œuvre ne trouve-t-elle pas sa place sur les rayonnages des librairies et des bibliothèques publiques ? L’anthologie proposée par Chantal Bizzini et soutenue par Andrea Iacovella pour les éditions de La rumeur libre est sans conteste un premier pas vers une publication plus étoffée et plus exhaustive. Un pas décisif pour pallier une surprenante carence. Et permettre à un plus grand nombre de lecteurs un accès plus aisé à une œuvre poétique en tous points remarquable.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Adrienne Rich  Paroles d'un monde difficile




    ________
    1. L’expression est empruntée à la poète Maria Luisa Vezzali in Cartografie del silenzio.
    2. Marilyn Hacker in « Une poésie mimétique de la pensée », Europe, revue littéraire mensuelle, avril 2012, page 238.
    3. Adrienne Rich, « Credo d’une fervente sceptique » in Europe, revue littéraire mensuelle, avril 2012, page 233.
    4. Chantal Bizzini, « Du morcellement à l’unité » in Adrienne Rich, Paroles d’un monde difficile, Poèmes 1988-2004, La rumeur libre éditions, 2019, page 20.






    ADRIENNE RICH


    Adrienne Rich
    Source




    ■ Adrienne Rich
    sur Terres de femmes


    From An Old House In America (traduction en français d’Olivier Apert)
    27 mars 2012 | Mort d’Adrienne Rich (+ un extrait d’Un atlas du monde difficile)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    une notice bio-bibliographique sur Adrienne Rich
    → (sur Poetry Foundation)
    une biographie d’Adrienne Rich
    → (sur Modern American Poetry)
    un ensemble d’articles sur Adrienne Rich
    → (sur En attendant Nadeau)
    Adrienne Rich, Audre Lorde, Irena Klepfisz, poétesses guerrières, par Jeanne Bacharach (22 avril 2020)






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  • Rodger Kamenetz | Cours du soir de maths


    COURS DU SOIR DE MATHS





    Si j’ai un verre d’eau à 14 degrés et que j’y verse un deuxième verre d’eau à 14 degrés, j’obtiens bien 28 degrés, non ?
    Oui dans un monde où je serais toi. Trouve la solution pour X.
    J’ai cherché la valeur de X nuit et jour et X ne veut toujours pas me parler.
    As-tu essayé la prière ?
    Il existe un genre de maths qui se rapporte à l’amabilité.
    L’amabilité aime la différence.
    Aimer l’amabilité remet tout à zéro.
    X est toujours égal à X.
    Dans le monde de l’amabilité Je égale Tu.
    Si tu additionnes Je à Tu, cela donne deux Je ou 2 Tu ?
    Je me suis endormi au cours de maths et réveillé au cours de poésie.
    Cela s’est produit 14 fois aujourd’hui.
    Le cerveau est un interrupteur. Gauche et droite, juste et faux, zéro et un.
    La différence coupe l’asymptote au point où le toucher reste pratiquement impossible.
    Je veux me déverser en toi. Mais il m’arrive d’avoir peur de déborder.
    Pas si le verre est à moitié vide tu dis.



    Rodger Kamenetz, Logique onirique, Presses universitaires de Rouen et du Havre (PURH), Collection To dirigée par Christophe Laniot Enos, 2020, page 24. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh.





    Rodger Kamenetz  Logique onirique



    RODGER KAMENETZ


    Rodger Kamenetz





    ■ Voir aussi ▼


    le site de Rodger Kamenetz
    → (sur le site du Comptoir des presses d’université)
    la fiche consacrée à Logique onirique de Rodger Kamenetz






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  • Jennifer Barber | A Poet of Medieval Spain




    A POET OF MEDIEVAL SPAIN





    The caliph gone. The moon

    unrisen in the garden.
    In the tall grass, a gazelle.

    *

    This isn’t a young love.

    I know you
    and I don’t.

    I’m pouring
    a second cup of wine.

    *

    Almonds. Figs. The slow
    highway I trace

    in the valley of your spine
    and beyond: we are

    not required to
    complete the design —
    we have no permission to refrain.

    *

    A breeze from the coast,
    ripened on oranges,

    scatters a flock of swallows
    with one hand,
    a spray of terns with the other.
    Wind that speeds the journey,
    wind that splinters masts,

    I fear what comes next.



    Jennifer Barber, Given Away, Kore Press, Tucson, Arizona, 2012.






    Jennifer Barber  Given away









    UN POÈTE DE L’ESPAGNE MÉDIÉVALE






    Le calife est parti. La lune

    ne s’est pas levée dans le jardin.
    Dans l’herbe haute, une gazelle.

    *

    Ce n’est pas un amour de jeunesse.

    Je te connais
    et je ne te connais pas.

    Je sers
    une deuxième coupe de vin.

    *

    Des amandes. Des figues. Le lent
    chemin que je trace

    dans la vallée de ta colonne
    et au-delà : nous ne sommes pas

    tenus de compléter le dessin —
    nous ne sommes pas autorisés
    à nous abstenir.

    *

    Une brise de la côte,
    mûrie sur les oranges,
    disperse une volée d’hirondelles
    d’une main,
    une gerbe de sternes de l’autre.

    Toi qui accélères le voyage,
    toi qui fends les mâts,

    j’ai peur de ce qui va venir.



    Jennifer Barber, Délivrances, La Rumeur libre éditions, 2018, page 59. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Merle.






    Jennifer Barber  Délivrances





    JENNIFER BARBER


    Jennifer_barber_medium
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de Kore Press)
    la fiche de l’éditeur (en anglais) sur Given Away
    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    une notice bio-bibliographique sur Jennifer Barber
    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    la fiche de l’éditeur sur Délivrances
    → (sur Terre à ciel)
    d’autres poèmes de Given Away | Délivrances, traduits par Emmanuel Merle





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  • David Ferry | A Tomb at Tarquinia





    Tarquinia
    Nécropole de Monterozzi (Tarquinia) : tombe des léopards
    Source








    A TOMB AT TARQUINIA





    The two of us, on the livingroom couch,
    An Etruscan couple
    Blindeyed to the new light let suddenly in;
    Sitting among the things that belong to us,
    The style of living familiar, and easy,
    Nothing yet utterly lost.

    Leapers and dolphins adorn the painted walls;
    The sun is rising,
    Or setting, over a blue Thyrrenian Sea;
    In the pictured cup the wine brims and glistens;
    An unknown flower burns with odorless incense
    The still air of the place.




    David Ferry, Strangers, A Book of Poems, 1, The University of Chicago Press, Phoenix Poets, A Series Edited by Robert von Hallberg, Chicago 60637, 1983, p. 3.






    David Ferry  Strangers 2









    UN TOMBEAU À TARQUINIA





    Nous deux, sur le canapé du salon,
    Un couple étrusque,
    Aveugles à la nouvelle lumière qu’on a soudain laissée entrer ;
    Assis parmi les choses qui nous appartiennent,
    Le style de vie familier et facile,
    Rien encore de définitivement perdu.

    Sauteurs et dauphins ornent les murs peints ;
    Le soleil se lève,
    Ou se couche, sur le bleu de la mer Tyrrhénienne ;
    La coupe décorée déborde de vin luisant ;
    Une fleur inconnue brûle avec l’encens inodore
    L’air calme du lieu.




    David Ferry, Qui est là ?, poèmes choisis, traduits de l’anglais (États-Unis) par Caroline Talpe, Peter Brown et Emmanuel Merle, La rumeur libre éditions, Collection La Bibliothèque n° 51, série mεtaphrasi Domaine Américain, 2018, page 99.






    David Ferry  Qui est là





    DAVID FERRY


    David Ferry portrait
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poetry Foundation)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) sur David Ferry
    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    une notice bio-bibliographique sur David Ferry
    → (sur books.google.com)
    d’autres extraits de Strangers de David Ferry
    → (sur le site des éditions La rumeur libre)
    la fiche de l’éditeur sur Qui est là ?





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  • Carol Snow | Positions of the Body, VI




    Moore
    « massive en marbre noir : un corps
    de femme, couché, lové ; une éloquence
    d’os, de coquillage »

    Henry Moore (1898–1986), Reclining Figure, 1939
    Lead on oak base
    150 x 280 x 100 mm
    Tate Modern, London
    © The Henry Moore Foundation
    Source








    POSITIONS OF THE BODY, VI




    Wanting not only stillness of hills,
    but intercession—as by new grass

    on the hills—with the silence
    towering over the hills, Moore sculpts a massive

    figure in black marble: a woman’s
    body, reclining, curved; eloquent

    as bone, shell,
    stones worn beyond contradiction.


    *


    You stopped
    by the roadside, hills

    lying in middle distance, few houses. Only the green
    reaches of vineyard intervening

    seemed manageable ; that is, human—a matter
    of scale; the silence was huge, so that only

    the hills (which were huge,
    also) could rest.

    Cézanne, leaning to his canvas, would have mastered
    that view, you thought: the blues and greens
    and ochres of proximity and distance; that tenuous

    position in the dance, not of the drawing
    together of unlike, like bodies, but of the holding
    apart of the body and terrain; you were held

    so still, you thought that you might become those hills,
    or must have been borne by hills,

    or maybe your body
    had been a maquette for the hills.




    Carol Snow, “Positions of the Body”, VI, Artist and Model, New York: The Atlantic Monthly Press, 1989 National Poetry Series, selected by Robert Hass, New York, 1990, pp. 10-11.






    Carol Snow  Artist & Model 0







    POSITIONS DU CORPS, VI




    Voulant non seulement l’immobilité des collines
    mais une médiation — comme un regain

    sur les collines — mur
    de silence au-dessus des collines, Moore sculpte une figure

    massive en marbre noir : un corps
    de femme, couché, lové ; une éloquence

    d’os, de coquillage,
    de pierres portées par-delà la contradiction.


    *


    Tu t’es arrêtée
    au bord de la route, étalement

    de collines à mi-distance, quelques maisons. Seules les vertes
    étendues du vignoble dans l’entre-deux

    semblaient accessibles, c’est-à-dire humaines — question
    d’échelle ; silence imposant, tel que seules
    les collines (également
    imposantes) pouvaient reposer.

    Cézanne, penché sur sa toile, aurait maîtrisé
    cette vue, pensas-tu : les bleus et les verts
    et les ocres du proche et du lointain, cette posture

    précaire de la danse, non la réunion
    des corps dissemblables, des semblables, mais le maintien
    séparé du corps et du sol ; tu étais tellement

    saisie, tu pensais que tu pourrais devenir ces collines,
    ou bien être née de ces collines

    ou bien ton corps
    avait été une maquette pour ces collines.




    Carol Snow, « Positions du corps », VI, Artiste et Modèle, édition non bilingue, Éditions Unes, 2019, pp. 16-17. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès.






    Carol Snow






    CAROL SNOW


    Carol Snow portrait
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poets.org)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) sur Carol Snow





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  • Henri Cole, Paris-Orphée (extrait)



    PARIS-ORPHÉE
    (extrait du chapitre X)




    DANS L’ANTIQUITÉ, LES GRECS assimilaient les lèvres enduites de miel au don de l’éloquence. Pindare, le poète lyrique de Thèbes, avait été piqué à la bouche par une abeille, disait-on, alors qu’il était encore jeune homme, ce qui a fini par expliquer son talent. Horace, le chef de file de la poésie à l’époque romaine d’Auguste, se comparait dans ses odes aux abeilles du mont Matinus en Apulie, son lieu de naissance, où sur les collines arides elles butinaient le thym, les arbustes et les fleurs. Que les abeilles aient fabriqué elles-mêmes le miel à partir du nectar n’était pas un fait admis à l’époque classique : on pensait qu’elles le cueillaient directement sur les fleurs et ne faisaient que l’enrichir des saveurs de leur cru.

    En France, les abeilles, symboles d’immortalité, étaient jadis un emblème des souverains. Napoléon les faisait broder sur ses habits impériaux et elles ornaient nombre de ses possessions. Nul doute qu’avec elles, la notion de royauté a son origine dans la nature, et nul doute que le royaume de la poésie n’est pas tellement différent de celui de la ruche.

    Certains poètes sont semblables aux abeilles Frère Adam (ainsi nommées d’après le moine bénédictin qui les élevait), qu’abrite aujourd’hui une ruche installée sur le toit de la sacristie de la cathédrale Notre-Dame, dans l’île de la Cité. Brunes et veloutées, elles sont productives, résistantes aux parasites, et plus douces que la plupart. Chaque jour, ces abeilles butinent sept cents fleurs, et favorisent ainsi la croissance des plantes dans un rayon de trois kilomètres autour de l’édifice gothique. D’autres poètes, comme moi, sont des êtres solitaires, plus proches des abeilles à la langue courte qu’on trouve dans les régions sauvages, et qui transportent le pollen bien à l’abri sous leur abdomen ou fermement attaché à leurs pattes arrière. Parfois, lorsque j’entends les autres abeilles bourdonner, je me dis : « l’amour, que peut-il être d’autre qu’une profusion de bourdonnements, ou de la haine ? »



    Henri Cole, Paris-Orphée, Carnet d’un poète américain à Paris, chapitre X (extrait), Le Bruit du temps, 2018, pp. 105-107. Traduction de l’anglais (États-Unis) par Claire Malroux.






    Paris-orphee





    HENRI COLE


    Henri Cole-photo-david-deitz
    Source
    D.R. Photo David Deitz



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Bruit du temps)
    la fiche de l’éditeur sur Paris-Orphée
    → (sur le site des éditions Le Bruit du temps)
    une notice bio-bibliographique sur Henri Cole






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    » Retour Incipit de Terres de femmes



  • Laura Kasischke | Twenty-Ninth Birthday




    Wild Brides 2







    TWENTY-NINTH BIRTHDAY


    Suddenly I see that I
    have been wearing my mother’s body
    for a long time now.     It all
    belongs to her, here where the skin
    is softest and here
    where it puckers in disgust—each
    inch.     The very nails that pounded
    her body to pieces
    build me one just like it
    and I have been wearing it
    like a terrible house
    and never noticed all of it
    hers, except this mole on my arm—that
    belonged to my father’s mother
    and it was left to me
    to remind me that I
    am one of those
    witches, too, praying
    in the dry face of the moon
    while I walk around with death
    in my big breasts, like them, full
    already of my future scars
    and pain and hallucinations
    that shriek ahead like train tracks
    past this naked house
    across the self-pitying
    pleasureless decades left.
    I have turned my face to the wall to hide it
    while you slip my father’s
    angry face over yours.






    Laura Kasischke  Mariées rebelles






    VINGT-NEUVIÈME ANNIVERSAIRE


    Je m’aperçois soudain
    que je porte le corps de ma mère
    depuis longtemps déjà.     Il lui
    appartient tout entier, ici où la peau
    est la plus douce et là
    où elle affiche une moue dégoûtée — chaque
    centimètre.     Ces mêmes clous qui lui ont
    démoli le corps
    m’en ont fabriqué un à l’identique
    et je l’ai porté
    comme une maison terrible
    sans avoir jamais rien remarqué — tout est
    à elle, sauf ce grain de beauté sur mon bras — celui-ci
    appartenait à la mère de mon père
    et il m’a été transmis
    pour me rappeler que moi
    aussi je suis l’une
    de ces sorcières, priant
    à la face desséchée de la lune
    pendant que je me promène avec la mort
    logée dans mes gros seins, comme elles, déjà
    porteuse de mes futures cicatrices
    hallucinations et douleurs
    qui lancent des cris comme les rails d’un train
    devant cette maison nue
    vers les décennies qui restent
    d’apitoiement et de déplaisir.
    Je tourne le visage vers le mur pour le cacher
    pendant que tu glisses le visage en colère
    de mon père par-dessus le tien.



    Laura Kasischke, Mariées rebelles [Wild Brides, New York University Press, 1991], édition bilingue, Éditions Page à Page, 2016 ; éditions POINTS, collection Points Poésie, 2017, pp. 162-163-164-165. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy. Préface de Marie Desplechin.






    Laura Kasischke  Mariées rebelles  édions Points






    _____________________________________________________
    D’APRÈS UNE NOTE DE LA MAISON DE LA POÉSIE (PARIS)

    Premier recueil de poésie de Laura Kasischke traduit en français (éditions Page à Page, 2016), Mariées rebelles est également son premier recueil de poésie paru aux États-Unis (New York University Press, décembre 1991). On y retrouve les thèmes qui hantent son écriture — le secret, le sexe, la menace sourde et grandissante, la disparition et la mort omniprésente. Emplies de brutale délicatesse, ces polyphonies parfois étranges mêlent tragédies mythiques et préoccupations contemporaines.

    Laura Kasischke vit aujourd’hui à Ann Arbor, où elle enseigne l’écriture romanesque au Residential College de l’université du Michigan. Ses romans sont publiés chez Christian Bourgois. Parmi eux, À moi pour toujours et Esprit d’hiver (Grand Prix des Lectrices de Elle, 2014) sont des best-sellers tandis que La Vie devant ses yeux et A Suspicious River ont été adaptés au cinéma. Elle a également reçu de nombreux prix pour ses ouvrages de poésie.

    [Source]






    LAURA KASISCHKE


    Laura-Kasischke-©D.R
    Source



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Babelio)
    une notice bio-bibliographique sur Laura Kasischke
    → (sur Diacritik)
    Laura Kasischke, american poet (Mariées rebelles) par Christine Marcandier
    le site personnel de Laura Kasischke
    → (sur le cercle POINTS)
    la fiche de l’éditeur sur Mariées rebelles
    → (sur YouTube)
    Laura Kasischke American Poet (table ronde American Poets du Festival America 2016 [salle Jim Harrison de l’Auditorium Cœur de Ville, Vincennes, septembre 2016], pour Mariées rebelles. Table ronde animée par Christine Marcandier [Diacritik])
    → (sur le site de France Culture)
    Laura Kasischke, sorcière et poétesse (« Poésie et ainsi de suite » par Manou Farine, 29 septembre 2017)





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  • Kenneth Rexroth | [Once I shone afar]


    Kenneth
    Ph., G.AdC







    [ONCE I SHONE AFAR]




    LII


    Once I shone afar like a
    Snow-covered mountain.
    Now I am lost like
    An arrow shot in the dark.
    He is gone and I must learn
    To live alone and
    Sleep alone like a hermit
    Buried deep in the jungle.
    I shall learn to go
    Alone, like the unicorn.



    Kenneth Rexroth, The Love Poems of Marichiko, New Directions Publishing Corporation, New York, NY 10011, 2003.







    [AUTREFOIS JE SCINTILLAIS AU LOIN]




    LII


    Autrefois je scintillais au loin comme une
    Montagne enneigée ;
    Maintenant je suis perdue comme
    Une flèche décochée dans le noir.
    Il est parti et je dois apprendre
    À vivre seule et
    À dormir en ermite
    Ensevelie au plus profond de la jungle.
    J’apprendrai à aller
    Seule, comme la licorne.



    Kenneth Rexroth, Les Poèmes d’amour de Marichiko, éditions Érès, collection PO&PSY princeps, 2016, s.f. Édition bilingue. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Joël Cornuault, dessins de Katsushika Hokusai.






    Rexroth (pochette)







    KENNETH REXROTH


    Kenneth-rexroth
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site New Directions)
    une page sur Kenneth Rexroth
    → (sur le site des éditions Érès)
    une page sur Kenneth Rexroth





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • John Taylor | [Vallée cachée sous le glacier]




    CFRubino-02
    Caroline François-Rubino, Boire à la source de John Taylor
    Source









    [VALLÉE CACHÉE SOUS LE GLACIER]




    Vallée cachée sous le glacier ; ruissellement de l’eau : doigts d’une main ;
    l’alpage est d’un vert fertile.
    Plus haut, un aigle s’envole d’une fissure qui est comme un passage secret.



    Entre deux prés de fauche, le chemin creux sur lequel nous avons souvent rencontré, à l’heure où le soleil se couche, le sculpteur sur bois. Face au soleil qui se couche.



    Rouge-queue se posant au pied de la croix du village.



    Un nuage comme une herse dans le ciel ; le lendemain soir,
    à nouveau un nuage-herse ; puis la pluie sans arrêt pendant des jours.



    Des gentianes d’un bleu profond au bord du chemin si haut que la végétation prenait fin et que nous entrions de plus en plus dans la pierraille. Les vitraux de Chartres.





    John Taylor, Boire à la source | Drink from the Source, Éditions Voix d’Encre, 2016, s.f. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Daviet. Aquarelles de Caroline François-Rubino. Préface de Sabine Huynh.







    Boire à la source






    JOHN TAYLOR


    Johntaylor
    Source




    ■ John Taylor
    sur Terres de femmes

    [Sometimes the island] (poème extrait de Portholes | Hublots)
    [all your life long] (poème extrait du Dernier Cerisier | The Last Cherry Tree)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Voix d’encre)
    la page de l’éditeur sur Boire à la source
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur John Taylor
    → (sur Mediapart)
    Littérature : le sens de la gravité de John Taylor, par Stéphane Vallet
    → (sur lelitteraire.com)
    une lecture de Boire à la source par Jean-Paul Gavard-Perret
    le site de Caroline François-Rubino
    le site de Sabine Huynh





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