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Étiquette : Fabio Pusterla
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Philippe Jaccottet | [Les larmes quelquefois montent aux yeux]
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Fabio Pusterla | Corps d’étoiles
FABIO PUSTERLA
Source
■ Fabio Pusterla
sur Terres de femmes ▼
→ Arte della fuga
→ Au-delà des vagues
→ Caparìca
→ Due rive
→ Entre-deux
→ Esquisse en poudre de gypse, 6
→ La fugitive
→ Une vieille (+ bio-bibliographie)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de culturactif.ch) une notice bio-bibliographique sur Fabio Pusterla
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Fabiano Alborghetti | Canto 13
Ph., G.AdC
CANTO 13.
Divagava con lo sguardo nel mimare l’attenzione
le domeniche di fede, il vestito tra gli scranni
moglie e figlio giusto accanto
se devoti o ammaestrati non sapeva. Interrogando
il volto in croce interrogava il come il quando
e se qualcosa per preghiera gli venisse ritornato
e quante occhi può contare chi dall’alto vede e veglia
e vede tutti per davvero? C’è premura di salvezza offerta in cielo?
Questa è vita da canile sussurrava non sentito:
siamo in mano alla pietà, ringraziamo dei frammenti
che pensiamo siano ascolto. Cosa resta della fame non saziata?
Imparare a comportare è la questione:
nel bisogno ognuno un credo, un estrarre un amuleto
che risveglia a giorni alterni un potere d’intervento.
Son diverso ripeteva a bassa voce, son diverso
e guardava gli esegeti di quel Cristo appeso in croce
reso quota per martirio: si chiedeva e se non basta?
Basta credere nell’uno si diceva calcolando
o più efficace l’occasione, tutto il caso degli opposti?
Fabiano Alborghetti, Registro dei fragili, 43 canti, Edizioni Casagrande, 2009, pagina 30. Prefazione di Fabio Pusterla.
CHANT 13.
Il laissait errer son regard tout en prenant l’air attentif
les dimanches de foi, les beaux habits dans les travées
épouse et fils juste à côté
sans savoir s’ils étaient pieux ou bien dressés. Interrogeant
le visage en croix il interrogeait le quand et le comment
lui demandait si la prière lui vaudrait quelque chose en retour
et combien d’yeux peut-il compter celui qui d’en haut voit et veille
et les voit-il tous pour de vrai ? Se soucie-t-on d’un salut offert au ciel ?
C’est une vie de chien murmurait-il sans qu’on l’entende :
nous sommes aux mains de la piété, nous remercions pour les fragments
où nous croyons voir une écoute. Que reste-t-il de la faim inassouvie ?
Il faut apprendre comment se comporter :
dans le besoin chacun son credo, sortir une amulette
qui réveille un jour sur deux une force d’intervention.
Je suis différent répétait-il à voix basse, je suis différent
et il regardait les exégètes de ce Christ en croix
devenu cote par le martyre : il se demandait et si ça ne suffit pas ?
Suffit-il de croire en un seul se disait-il en calculant
ou plus efficace selon les circonstances, tout le débat des contraires ?
Fabiano Alborghetti, Registre des faibles, 43 chants (Registro dei fragili, 43 canti), Éditions d’en bas, Collection bilingue, Lausanne, 2012, page 43. Traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf. Préface de Fabio Pusterla. Coédition avec Le Centre de traduction littéraire de Lausanne et Le Service de presse suisse.
FABIANO ALBORGHETTI
[Ph. Alain Intraina – Fotostellanove – DR]
Source
■ Voir | écouter aussi ▼
→ le site officiel de Fabiano Alborghetti
→ (sur RTS.ch) Fabiano Alborghetti, David Collin et Jean Richard (directeur des Éditions d’en bas) dans Entre les lignes (une émission du 4 mars 2013)
→ (sur YouTube) Fabiano Alborghetti lit un extrait de Registro dei fragili (Canto 17)
■ Autres traductions de Thierry Gillybœuf
sur Terres de femmes ▼
→ Eugenio De Signoribus | microelegia
→ Seamus Heaney | Bog Queen
→ Stanley Kunitz | The Quarrel
→ Robert Lowell | Burial
→ Marianne Moore | Son bouclier
→ Marianne Moore | Extrait de Poésie complète, Licornes et sabliers
→ Salvatore Quasimodo | Le silence ne me trompe pas
→ Leonardo Sinisgalli | Nomi e cose
→ Derek Walcott | To Norline
→ Andrea Zanzotto | Così siamo
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Le Grand Prix Schiller 2010 remis à Philippe JaccottetChroniques de femmes – EDITO/SOMMAIRE
LE GRAND PRIX SCHILLER REMIS À PHILIPPE JACCOTTET LE 13 MAI 2010
en préambule aux Journées littéraires de Soleure
Image, G.AdC
UN PUR MOMENT DE GRÂCE
Chronique de Laurence VerreyUn regard grave, empreint de bienveillance. Regard d’un contemplatif, traversé encore d’enfance et d’étonnement, qui sait toute la fragilité d’exister, et abandonne parfois son inquiétude dans un sourire. Une voix ô combien ferme, dont l’autorité claire saisit d’emblée, venue rappeler dans un phrasé net, scandé avec force, l’exigence d’une vocation de poète à laquelle il répondit très tôt.
Ce regard et cette voix, dans leur simplicité, Philippe Jaccottet les a offerts au public, jeudi 13 mai 2010, à Soleure, alors que lui était remis le Grand Prix Schiller couronnant l’œuvre d’une vie. En termes limpides, une parole vraie se donnait, racontait un cheminement, touchait l’auditeur, conscient de vivre un pur moment de grâce.
« Sur quoi était venue […] cette révélation que la poésie pouvait être non pas même la quête, mais plus simplement l’accueil de certains signes venus du dehors, par surprise, mais reçus au plus profond de soi, comme les flèches de l’amour ; signes précieux entre tous, dès lors qu’ils semblaient donner à notre monde, et à notre vie dans ce monde, contre tout désespoir, une espèce de sens… »
Trois orateurs de marque – après les allocutions de bienvenue – ont fait l’éloge de cette « œuvre qui est tout entière la quête d’une voix juste, celle que l’homme d’aujourd’hui réclame, parfois à son insu. »
Pierre Chappuis, poète romand, annonçait la perspective : « Nous voici, lecteurs de Philippe Jaccottet, d’emblée sur un chemin de crête tracé en toute indépendance des courants et des modes. […] Comptait seul le pari de ne rechercher que le vrai. » Il invitait à découvrir tel « accord renoué au cœur du désarroi, lucidement » ou tel « équilibre à rechercher patiemment, sans à-coups », que cette poésie met en lumière.
Fabio Pusterla, poète tessinois et traducteur de Jaccottet en italien, a relevé l’impact en Italie de cette œuvre, qui instaurait le renouveau, une remise en confiance dans la pratique de la poésie. Car « la voix de Jaccottet s’élevait de manière absolument neuve et différente : n’oubliant à aucun moment le désastre, mais ne voulant pas non plus y céder et ne se résignant jamais à en subir les conséquences pourtant déclarées inéluctables. »
Andreas Isenschmid, critique littéraire et traducteur de Philippe Jaccottet en allemand, invitait à la lecture : « … et parce que chacun de ses mots est doté d’une valeur intrinsèque, on se surprend à lire à haute voix, comme ce pourrait être le cas avec Hölderlin. Et peut-être qu’en lisant ainsi, lentement, en respirant, on s’approche un tout petit peu d’une manière de vivre dont Jaccottet dit qu’elle est presque impossible aujourd’hui, et pourtant la seule où « l’écrit naisse naturellement ». »
En parcourant Le Combat inégal,* superbe ouvrage publié aux Editions La Dogana, à l’occasion de la remise du Grand Prix Schiller 2010 à Jaccottet, on est saisi par la résonance profonde en soi d’une poésie tout entière vouée à l’écoute patiente du monde visible et de son versant invisible, et qui est un appel à rester debout. « Le combat inégal », c’est aussi le titre d’un poème écrit dans les années 1950, et dont le poète élargit le thème à tout son discours du 13 mai, tout en en affinant le sens :
« Une affaire moins de combat que de balance, cette fois, la chose est claire. Comme ne l’est que trop le fait que vous ne couronnez pas ici un vainqueur, venu proclamer, comme il le voudrait bien, la toute-puissance de la poésie. »
Qui a eu le privilège de partager ces instants d’extrême intensité à Soleure, d’éprouver une heure durant la belle présence du poète, n’a de cesse de renouer avec toute une œuvre d’éveil et de responsabilité, parce qu’elle restitue un sens à notre marche. Lecteurs émus, nous accompagnons de notre pensée l’homme qui « se fraie un chemin dans la venue de la nuit », espérant, pour notre bonheur, que vivent en lui
« peut-être quelque part une ou deux réserves de paroles qu’il rêverait lumineuses ».
Laurence Verrey
D.R. Texte Laurence Verrey
pour Terres de femmes
_________________________* Le livre : Le Combat inégal, Editions La Dogana, 2010, ouvrage en trois langues, réunit non seulement tous les textes lus par les divers intervenants lors de la cérémonie du 13 mai 2010 à Soleure, mais également deux aquarelles d’Anne-Marie Jaccottet, le poème de Philippe Jaccottet : Le combat inégal, en reproduction manuscrite, un inédit : Le retour du troupeau, et un CD enregistré en janvier 2010, de proses et poèmes lus par l’auteur.
NOTE D’AP : Laurence Verrey, écrivain, est membre du Conseil de la Fondation Schiller et du jury du Grand Prix Schiller depuis 2008.
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Fabio Pusterla | Caparìca
Aquatinte numérique, G.AdC
CAPARÌCAà Mattia
Forse la febbre, o un effetto della luce. Caparìca
è qui, comunque, case in fila, sfarinate.
Una mercedes verde alza la polvere, posteggia,
e chi ne scende è un gobbo che s’avvia.
Barache, condomini. Qualche cane. Lungo il mare
va un uomo senza bocca, cicatrice
di sabbia, per chilometri e chilometri.
E non posso risponderti che questo : vertigini,
una calma simulata. O anche : l’assenzio.
Sopra la spiaggia dei poveri
cade una roccia gialla.
CAPARÌCAa Mattia
Peut-être la fièvre, ou un effet de la lumière. Caparìca
est ceci, tout de même, rangées de maisons, décrépies.
Une Mercedes verte fait voler la poussière, se gare,
un bossu en descend et se met en chemin.
Baraques, copropriétés. Quelques chiens. Longeant la mer,
un homme marche sans bouche, cicatrice
de sable, sur des kilomètres et des kilomètres.
Et je ne peux te répondre que ceci : vertiges,
une tranquillité simulée. Et aussi : l’absinthe.
Une roche pauvre surplombe
la plage des pauvres.
Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Éditions Empreintes, Poche Poésie, Moudon (Suisse), 2002, pp. 202-203. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer.
UN UOMO QUALUNQUE
« Voici un poète de maintenant, un poète de notre monde, proche et vrai. En même temps, un “ uomo qualunque ”, ou peu s’en faut : qui a femme et enfants, qui enseigne à des enfants (et à qui les enfants enseignent les plus belles leçons) ; qui ne se prend jamais pour un génie, qui ne rêve ni de transe, ni d’extase ; qui a mieux à faire qu’à réinventer la littérature ; qui a “ quelque chose à garder, à protéger ” dans les mots : le sens même de la vie, brillant comme l’eau qui court. […]
Il regarde le monde qui l’entoure, ce pays d’alpes et de piémont où il y a de la roche et des glaciers, des vallées encaissées ; et, aussi bien, des grèves de lac et de terrains vagues envahis peu à peu de détritus, comme promis à la ruine, des eaux où la célèbre anguille de Montale, chez lui, ne se débat plus que “ pour arracher / un instant à l’asphyxie ”.
Il sait, au moins par ouï-dire, ce que c’est que la guerre, les guerres sans cesse recommencées ; il en a vu les traces ; il est familier de cette nuit profonde qui n’effraie pas que son enfant. La menace est partout, sous toutes ses formes. Mais, de tout cela d’obscur, d’étouffant souvent, il ne tire pas d’élégies (ce n’en est plus l’heure) ; moins encore, de discours : il ne se rangera jamais au parti des “ constructeurs de drapeaux ”. Tout, à travers sa voix ferme, sobre, admirablement maîtrisée, est toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux. »
Philippe Jaccottet, préface d’Une voix pour le noir de Fabio Pusterla, Poésies 1985-1999, Éditions d’en bas, Lausanne, 2001, pp. 5-6.
FABIO PUSTERLA
Source
■ Fabio Pusterla
sur Terres de femmes ▼
→ Arte della fuga
→ Au-delà des vagues
→ Corps d’étoiles
→ Due rive
→ Entre-deux
→ Esquisse en poudre de gypse, 6
→ La fugitive
→ Une vieille (+ bio-bibliographie)
■ Voir aussi ▼
→ (sur Fine Stagione) plusieurs poèmes de Fabio Pusterla (en italien et en français)
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Fabio Pusterla | Arte della fuga
Ph., G.AdC
ARTE DELLA FUGA
Resisti a tutto, fuggi. Fallo in nome
di niente. Lasci i nomi
ai nuovi costruttori di bandiere.
Dai, topolino: è ora.
Guarda : questo è un bosco, e questa
una lattina di carne. Questo è un fiume.
Dal ponte vedi una città bianchissima,
una polla di sangue raggrumato. E gli anni,
gli anni sui loro cavalli neri. La città
è fatta di calce e gesso, di silenzio.
Il passo è qui, la fuga un’altra strada.
ART DE LA FUGUE
Résiste à tout, fuis. Fais-le au nom
de rien. Laisse les noms
aux nouveaux constructeurs de drapeaux.
Allez, petit : il est temps.
Regarde : ceci est un bois, et ceci est
une boîte de viande. Ceci est un fleuve.
Du pont tu vois une ville parfaitement blanche,
une source de sang grumelé. Et les années,
les années sur leurs chevaux noirs. La ville
est faite de chaux et de plâtre, de silence.
Ici le passage, la fuite est un autre chemin.
Fabio Pusterla, Une voix pour le noir, Poésies 1985-1999, Éditions d’en bas, Lausanne, 2001, pp. 62-63. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer.*
__________________________________________________
* Ce poème figure dans Les Choses sans histoire de Fabio Pusterla, Éditions Empreintes, 2002, pp. 170-171. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer.
FABIO PUSTERLA

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→ (sur le site de culturactif.ch) une bio-bibliographie très complète de Fabio Pusterla
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Fabio Pusterla | Au-delà des vaguesa Nina
La bambina che è andata oltre le onde
quando si volta non vede più terra, solo onde
alte più alte di lei che la separano
da quello che ha lasciato sulla riva.
E non c’è azzurro, rosa,
non c’è più cielo o acqua: luce pura
che stempera ogni schianto in una schiuma
d’abbaglio o dentro un’ala
larga come un oceano
sanguinosa.
È la sua vita
che le appare improvvisa dentro il vortice,
perdifiato e spavento
nella gola.
Né padre, ora, né madre, e niente casa.
Mare estremo dentro il sole.
Fabio Pusterla, Corpo stellare, III, Milano, Marcos y Marcos, 2010, pagina 111.AU-DELÀ DES VAGUESà Nina
La petite fille qui est allée au-delà des vagues
quand elle se retourne ne voit plus la terre, seulement les hautes vagues
plus hautes qu’elle et qui la séparent
de ce qu’elle a laissé sur la rive.
Et il n’y a plus de bleu ni de rose,
il n’y a plus de ciel ou d’eau : la lumière pure
dilue chaque vague qui se brise dans l’éblouissement
de l’écume ou dans une aile
large comme un océan
sanglant.
C’est sa vie
qui dans le tourbillon lui apparaît à l’improviste
perte de souffle et frayeur
dans la gorge.
Ni père, désormais, ni mère, et aucune maison.
La mer dernière dans le soleil.
Fabio Pusterla, Ultimes paysages, édition bilingue, L’Arrière-Pays, 2009, pp. 16-17. Traduit de l’italien par Éric Dazzan.
FABIO PUSTERLA

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Fabio Pusterla | Esquisse en poudre de gypse, 6
Ph., G.AdC
BOZZETTO PER SCAGLIOLA
VI
L’orecchio che ascolta non vede la voce che parla
nella notte, perduta, ma attende il brusìo
dell’aria, attraverso le strade
che forse qualcuno percorre.
La voce che parla non cerca nessun ascolto,
eppure spera che il suo soliloquio non sia vano,
che un uscio l’accolga in silenzio,
offra una luce, un ramo di forsizia.
Fabio Pusterla, Bozzetti per scagliola, VI, in IV, Stella meteora, Pietra sangue, Marcos y Marcos, Gli Alianti 69, Milano, 1999, pagina 79.
ESQUISSE EN POUDRE DE GYPSE
6
L’oreille qui écoute ne voit pas la voix qui parle
dans la nuit, perdue ; elle guette le bruissement
de l’air, par les rues
où quelqu’un marche peut-être.
La voix qui parle n’attend pas qu’on l’écoute,
elle espère pourtant que son soliloque n’est pas vain,
que s’ouvre pour elle une porte en silence,
offrant une lumière, une branche de forsythia.
Fabio Pusterla, Esquisses en poudre de gypse, in Deux rives, édition bilingue, Cheyne éditeur, 2002, pp. 60-61. Traduit de l’italien par Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet.
BIO-BIBLIOGRAPHIE DE FABIO PUSTERLA
« Né dans un pays d’alpes, de grèves et d’eau, tout près de la frontière suisse », Fabio Pusterla est un poète des liminaires et des confins, des frêles frontières où s’estompent les lignes entre deux « rives imaginaires, hors de vue », des lisérés de lumière en forme de fentes grises échappées dans les brumes de l’aube. Les mots affleurent, comme esquissés, indéfinissables et incertains. Ainsi que le souligne Philippe Jaccottet, tout, à travers la « voix ferme, sobre admirablement maîtrisée » de Fabio Pusterla, est « toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux ».
Né à Mendrisio (Suisse italienne ; canton du Tessin) le 3 mai 1957, Fabio Pusterla a grandi dans la ville-frontière de Chiasso. Il est licencié ès lettres modernes de l’Université de Pavie. Il vit entre Lugano et Albogasio (à la frontière entre la Suisse et l’Italie) et enseigne actuellement la langue et la littérature italiennes au lycée cantonal de Lugano 1. En 1991, il a été membre du comité fondateur de la revue de littérature Idra, publiée jusqu’en 2001 chez Marcos y Marcos, un petit éditeur milanais spécialisé dans la littérature de Suisse alémanique. Grand Prix Schiller 2011, il a reçu en 2013 le Prix suisse de littérature.
Poète et essayiste, il est aussi traducteur. Il a traduit en italien Yves Bonnefoy (L’Anti-Platon), Nicolas Bouvier, André Frénaud, Guillevic, Nuno Júdice, Corinna Bille, Maurice Chappaz, Eugenio De Andrade, Benjamin Fondane, Jean-Luc Nancy, mais surtout Philippe Jaccottet (sept recueils. Cf. « Traduire Jaccottet » de Fabio Pusterla). Travail de traducteur pour lequel il a obtenu, en 1994, le prix Prezzolini.
Fabio Pusterla est notamment l’auteur des recueils poétiques suivants :
– Concessione all’inverno, Bellinzona, Casagrande, 1985 ; rééd. 2001
– Bocksten, Milano, Marcos y Marcos, 1989 ; rééd. 2003
– Le cose senza storia, Milano, Marcos y Marcos, 1994
– Danza macabra, Camnago, Lietocolle, 1995
– Bandiere di carta, Scandicci, Fabrizio Mugnaini, 1996
– Isla persa, Locarno, I semi del salice, 1997 ; rééd. 1998
– Laghi e oltre, Camnago, Lietocolle, 1999
– Pietra sangue, Milano, Marcos y Marcos, 1999
– Folla Sommersa, Milano, Marcos y Marcos, 2004
– Movimenti sull’acqua, Camnago, LietoColle, 2004
– Storie dell’armadillo, Milano, Quaderni di Orfeo, 2006
– Le Terre emerse. Poesie scelte 1985-2008, Torino, Einaudi, 2009
– Corpo stellare, Milano, Marcos y Marcos, 2010
– Argéman, Milano, Marcos y Marcos, 2014
et d’un essai sur la poésie contemporaine :
– Il nervo di Arnold, Saggi e note sulla poesia contemporanea, Milano, Marcos y Marcos, 2007.
Fabio Pusterla a obtenu le Prix Gottfried Keller 2007 pour l’ensemble de son œuvre.
• Ouvrages disponibles en français :
– Fabio Pusterla, Me voici là dans le noir, Lausanne, Éditions Empreintes, 2001. Traduction de Mathilde Vischer
– Fabio Pusterla, Une Voix pour le noir. Poésies 1985-1999, Éditions d’En bas, 2001. Préface de Philippe Jaccottet. Traduction de Mathilde Vischer (édition bilingue)
– Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, 2002. Traduction de Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet (édition bilingue)
– Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Lausanne, Éditions Empreintes, 2003. Traduction de Mathilde Vischer
– Fabio Pusterla, Ultimes paysages, L’Arrière-Pays, 2009. Traduction de Éric Dazzan (édition bilingue)
– Fabio Pusterla, Pierre après pierre, anthologie de poèmes, édition bilingue, éditions MétisPresses, Genève, 2017, pp. 84-85. Traduction de Mathilde Vischer.
FABIO PUSTERLA
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→ Due rive
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■ Voir aussi ▼
→ l’article du Matricule des anges sur l’ouvrage Deux rives de Fabio Pusterla
→ (sur le site de culturactif.ch) une bio-bibliographie très complète de Fabio Pusterla
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