Étiquette : Federico García Lorca


  • Federico García Lorca | Croix




    CROIX



    Nord

    Les étoiles froides
    sur les chemins. Il y a
    celui qui va et celui qui vient
    par des forêts de fumée.
    Le bétail soupire
    sous l’aurore perpétuelle.
    Au coup
    de la hache
    vallées et forêts ont
    un frisson de citerne !
    Au coup
    de la hache !



    Sud

    Sud,

    mirage,

    reflet.

    C’est égal de dire

    étoile ou orange,

    canal ou ciel.

    Oh ! la flèche,

    la flèche !

    Le sud

    c’est ça :

    une flèche d’or,

    sans but ! sur le vent !



    Est

    Échelle d’arôme
    qui descend
    au sud
    (par degrés successifs).



    Ouest

    Échelle de lune

    qui monte

    au nord

    (chromatique).



    Federico García Lorca, Suites, 1920-1928, in Polisseur d’étoiles, œuvre poétique complète, traduite de l’espagnol par Danièle Faugeras, éditions érès, Collection PO&PSY in extenso, 2016, pp. 276-277. Encres d’Anne Jaillette. *



    ____________________________
    * ouvrage à paraître le 12 mai 2016.






    Polisseur d'étoiles





    FEDERICO GARCÍA LORCA


    Lorca_par_aguijarro
    Source



    ■ Federico García Lorca
    sur Terres de femmes

    La nonne gitane



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions érès)
    la page de l’éditeur sur Polisseur d’étoiles





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  • Sylvie Durbec/Pour García Lorca, te quiero verde


    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    Anthologie poétique Terres de femmes (28) »  »  »



    Durbec mais quoi verte vraiment cette encre ce mot cette lettre
    Ph., G.AdC





    Pour García Lorca, te quiero verde



    V

    vivre dans la couleur verte de la voix revivre vivante cette voix
    et voir et voir encore la volonté de vivre dans la voix de l’encre vive voix
    et de cette violence vocale énervée par le voisinage du vent
    venir de Venise et arriver dans la ville des souvenirs que personne ne peut voir
    tant nous sommes aveugles et elle invisible
    dans le voir et le venir dans le revoir et l’avenir de cette lettre violette
    comme l’encre des vieilles manières de l’arrivée en ville des vieillards
    comme une vipère un violon une venimeuse voisine un voyage à venir
    comme
    mais quoi
    verte vraiment
    cette encre ce mot cette lettre


    V

    que nous visiblement voyons se vriller dans la voix de la presque vive
    et elle ivre et violente dans sa vie s’esquive dans sa voix
    disparaît invisible
    revive cette voix
    et l’herbe verte
    recouvrira les voies
    victoire des vivants
    sur le navire des avanies
    vox populi
    vertigineuse vacance des morts

    vienne le vert
    vienne le ver
    viennent les vers
    qui nous achèvent !



    Sylvie Durbec
    D.R. Texte inédit
    Sylvie Durbec/Terres de femmes






    SYLVIE DURBEC

    Sylvie Durbec
    Source

    Voir aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    Sylvie Durbec/Conte oriental ;
    – (sur Terres de femmes)
    Sylvie Durbec, Marseille, Éclats & quartiers (note de lecture) ;
    – (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes)
    un court extrait de Marseille, Éclats & quartiers ;
    – (sur Terres de femmes)
    Sylvie Durbec/Déjanire Lucetta Frisa/Deianira ;
    – (sur Poezibao)
    Sylvie Durbec et les éditions Cousu Main ;
    « Sylvie Durbec, libraire au milieu des champs », article de Thomas Wieder paru dans l’édition du Monde du 15 août 2008 (fichier Word) ;
    – (sur Chapitre Nature)
    une bio-bibliographie de Sylvie Durbec ;
    le blog de La petite librairie des champs ;
    – (sur le site de L’Atelier photographique N 89 Vauvert Gard)
    Sylvie Durbec photographiée par Didier Leclerc.

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  • Federico García Lorca | La nonne gitane

    «  Poésie d’un jour  »




    LA NONNE GITANE Les_sept_oiseaux_du_prisme



    Silence de chaux et de myrte.
    Mauves dans les herbes fines
    Sur une toile jaune paille
    la nonne brode des giroflées.
    Volent dans le lustre gris
    les sept oiseaux du prisme.
    Tel un ours panse en avant
    loin de là grogne l’église.
    Comme elle brode ! Quelle grâce !
    Sur la toile jaune paille
    elle aimerait bien broder
    des fleurs à sa fantaisie.
    Quel tournesol ! Quel magnolia
    de faveurs et de clinquant !
    Quels safrans et quelles lunes
    sur la nappe de l’autel !
    Cinq oranges en compote
    cuisent dans l’office proche :
    ce sont les plaies du Christ
    cueillies près d’Almeria.
    Dans le regard de la nonne
    galopent deux cavaliers.
    Une rumeur dernière et sourde
    lui décolle la chemise,
    la vue des monts et des nuées
    dans les lointains arides
    fait qu’alors son cœur se brise,
    son cœur de sucre et de verveine.
    oh, quelle plaine escarpée
    sous l’éclat de vingt soleils !
    Quelles rivières soulevées
    entrevoit sa fantaisie !
    Mais à ses fleurs elle s’applique
    tandis que debout dans la brise
    l’éclat du jour joue aux échecs
    par les fentes de la jalousie.



    Federico García Lorca, Romancero gitan, Seghers, Collection Poètes d’aujourd’hui, 1973, pp. 135-136. Traduction d’Armand Guibert.







    À José Moreno Villa


    LA MONJA GITANAQuels_safrans_et_quelles_lunes




    Silencio de cal y mirto.
    Malvas en las hierbas finas.
    La monja borda alhelíes
    sobre una tela pajiza.
    Vuelan en la araña gris,
    siete pájaros del prisma.
    La iglesia gruñe a lo lejos
    como un oso panza arriba.
    ¡ Qué bien borda ! ¡ Con qué gracia !
    Sobre la tela pajiza,
    ella quisiera bordar
    flores de su fantasía.
    ¡ Qué girasol ! ¡ Qué magnolia
    de lentejuelas y cintas !
    ¡ Qué azafranes y qué lunas,
    en el mantel de la misa !
    Cinco toronjas se endulzan
    en la cercana cocina.
    Las cinco llagas de Cristo
    cortadas en Almería.
    Por los ojos de la monja
    galopan dos caballistas.
    Un rumor último y sordo
    le despega la camisa,
    y al mirar nubes y montes
    en las yertas lejanías,
    se quiebra su corazón
    de azúcar y yerbaluisa.
    ¡ Oh!, qué llanura empinada
    con veinte soles arriba.
    ¡ Qué ríos puestos de pie
    vislumbra su fantasía !
    Pero sigue con sus flores,
    mientras que de pie, en la brisa,
    la luz juega el ajedrez
    alto de la celosía.





    FEDERICO GARCÍA LORCA


    Lorca_par_aguijarro
    Source



    ■ Federico García Lorca
    sur Terres de femmes

    Croix (poème extrait de Suites)





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