Étiquette : France Burghelle Rey


  • France Burghelle Rey | [qu’importe le temps]


    [QU’IMPORTE LE TEMPS]




    qu’importe le temps si je crée mon lieu
    les mois les années sont des ruines
    que mes mots déblaient

    avec ces maîtres qui font mon destin
    avec le présent de ma voix comme espoir

    je ne regrette plus mes prières d’enfant

    et m’adresse ici
    à vous mes lecteurs
    mes amis mon avenir
    ô murs de ma maison !

    de ruines en ruines
    j’édifierai mon lieu
    mes murs comme des mots
    mes mots comme des murs
    sans souvenir l’émotion retrouvée

    pour des ruines nouvelles
    et regardant l’avenir
    j’édifierai l’espoir
    qui sous les rêves bat

    sans crainte de l’échec mais triomphe du désir
    et fuite de la fin
    quand seul vaut le procès
    j’avancerai

    et si sans émotion
    je soulevais tous les cœurs
    miracle des mots sans la vie

    quand guérira cet automne malade
    où pourrissent les pétales de l’été ?

    l’air est lourd de souvenirs
    mais j’ai tué le passé
    et la maison blanche est à vendre

    qui alors se souviendra
    du fou du village et des rêves de l’enfance
    si je n’y reviens pas ?





    France Burghelle Rey, «III – L’Automne bleu », Lieu en trois temps suivi de L’un contre l’autre : Gegenüber, Poésie, éditions Unicité, 91530 Saint-Chéron, 2020, pp. 129-131.






    France Burghelle Rey  Lieu en trois temps



    FRANCE BURGHELLE REY


    France Burghelle Rey NB





    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes


    Après la foudre (lecture de Philippe Leuckx)
    Trop (extrait du Bûcher du phénix)
    Les Tesselles du jour (extraits)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lumière du poème




    ■ Voir aussi ▼


    le blog de France Burghelle Rey
    → (sur le site des éditions Unicité)
    la fiche de l’éditeur sur Lieu en trois temps de France Burghelle Rey





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  • France Burghelle Rey, Après la foudre

    par Philippe Leuckx

    France Burghelle Rey, Après la foudre,
    Bleu d’encre éditions, 2018.



    Lecture de Philippe Leuckx






    Pour dire la « mémoire » (première partie) d’un proche, la poète a construit son petit livre en trois sections de textes qui puissent célébrer le souvenir, alléger la peine et faire du rêve sans doute un tremplin.

    La foudre du titre, c’est le deuil, l’orage du cœur, le silence imposé, face à quoi la poète doit réagir, user du « clavier » et des mots pour échapper à la peine, cette perte même du « visage » du disparu, et ce repli en enfance — mot-clé du recueil —, et la langue altière sert parfois le projet :

    « j’en tremble d’oser désespérer du soleil

    désespérer d’apprivoiser oiseaux enfants amants

    et l’herbe du jardin »

    Qui dit « je n’ai plus aucune peur quand j’ai encore des mots » signifie sa foi en l’écriture, en l’aphorisme (« échanger le silence / n’est jamais renoncer »), en la musique des « notes / d’un clavier sous ma chair ». La poète nourrit « ces doigts qui / veulent le chant / tempête des mots / choc des syllabes/ et cris des voyelles ».

    N’empêche, il y a eu mort, celle de l’être aimé, celle de la terre, loin de la « seule maison celle d’enfance » où « le lilas est toujours à la sortie du village ».

    N’empêche, cette terre peut être baume, salut quand il n’y a plus qu’à serrer et à « partager cette lumière » et un beau jour, après tant de poèmes, c’est comme le miracle :

    « j’ai entre chien et loup

    retrouvé ton visage »

    Après « Au cœur de la fonte », « Le poids des rêves », troisième partie du livre, sent « le cœur » battre à contre temps tant la souffrance, la fin de l’enfance, l’espace confiné sans l’autre, l’absence ponctuent désormais la vie et le constat a sa grande part de gravité :

    « je suis de nouveau sans moi »

    Les derniers poèmes révèlent le lien de fraternité qui unit la plume et l’absent. La ferveur pour lui demeure ainsi comme le fruit de « mon enfance » et le « double » disparu, ce frère, ce jumeau, enjoint la sœur à poursuivre de ses mots, de ses vers la lutte.



    Philippe Leuckx
    pour Terres de femmes
    D.R. Texte Philippe Leuckx






    France Burghelle Rey  Après la foudre







    FRANCE BURGHELLE REY


    France Burghelle Rey




    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes


    Les Tesselles du jour (extraits)
    Trop (extrait du Bûcher du phénix)
    [qu’importe le temps] (extrait de Lieu en trois temps)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lumière du poème




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    le site des éditions Bleu d’encre





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  • France Burghelle Rey | Les Tesselles du jour (extraits)



    LES TESSELLES DU JOUR
    (extraits)





    XXV




    Penché sur l’eau je regarde aujourd’hui les pierres elles font un collier à mon ruisseau et luisent comme autant de verreries j’en aime les éclats les couleurs


    Quand bruit pour le bonheur de l’ouïe l’eau des cascades je marche jusqu’à la fin du jour


    Sans arrêter mes pas sans m’occuper de la pluie je marche et deviens le ruisseau dont je suis le miroir il n’est plus besoin de maison mais un lit est là qui m’attend





    XXVI




    Faire surface sentir l’air du dehors je suis un monde quand l’autre est là et l’étranger ami


    Tu as forcé ma porte et je te force à sentir l’air présent


    Nos mots ne seront plus pierres dans nos cœurs-maisons ils sont ces enfants que nous dirons toujours





    XXX




    Entre l’orée et l’horizon il y a mon personnage : bouche ouverte ivre des syllabes qu’il compte comme autant de gouttes patient vénéfice jamais épuisé de mes textes


    Et l’avis unanime des amis quand j’ai voulu partir pour valdemosa non je n’ai pas fermé mes livres oublié mes carnets j’ai même emporté ce qu’il faut pour séduire


    Car j’aime les arrivées les bords des lacs où ricochent sur l’eau les pièces du souvenir





    XXXIV




    L’aube a comblé ton impatience et t’a offert la pluie comme de l’or bleu dans les trous du chemin et cette envie à la rivière d’entrer dans l’eau jusqu’aux genoux !


    Puis tu regardes la roche et sens ton inquiétude un pont à traverser voilà ce qu’il te faut plus de regrets de la route bleue quand ton domaine sera nouveau


    Et si tu suis la rose des vents tu sauras que tout est vrai mais au bout du chemin il n’y a rien qui t’attend




    France Burghelle Rey, « Les Tesselles du jour » in Petite anthologie, Confiance | Patiences | Les Tesselles du jour, Éditions Unicité, 2017, pp. 133-134-138-142.






    France Burghelle Rey, Petite anthologie, Confiance | Patiences | Les Tesselles du jour, Éditions Unicité, 2017.



    FRANCE BURGHELLE REY


    France Burghelle Rey NB





    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes


    Après la foudre (lecture de Philippe Leuckx)
    Trop (extrait du Bûcher du phénix)
    [qu’importe le temps] (extrait de Lieu en trois temps)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lumière du poème




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  • Béatrice Bonhomme, Variations du visage & de la rose

    par France Burghelle Rey

    Béatrice Bonhomme, Variations du visage & de la rose,
    L’Arrière-Pays, 2013.



    Lecture de France Burghelle Rey



    Twombly Roses bleues.2
    Cy Twombly, Untitled [roses bleues], 2008
    Munich, Collection Brandhorst
    Source








    [« UNE ROSE ROUGE EST DEMEURÉE »]




    Dès le début du recueil, à la lecture des versets qui évoquent la nature, la chatte puis la statue d’un visage — celui du peintre qui a vécu dans la maison, comme le dit l’exergue en italiques —, le lecteur est sensible au thème sous-jacent du temps.

    De ce fait, dans la 4e page, sonnent, tout comme les quatre notes du premier mouvement de la 5e Symphonie de Beethoven, les quatre syllabes d’un « Tu te souviens ». Le choc est d’autant plus grand que Béatrice Bonhomme ne craint pas d’écrire la beauté et n’hésite pas à choisir la rose comme métaphore de la beauté. Réelle ou imaginaire, la rose est l’ambassadrice d’une émotion qui gagne librement son texte. On retrouve là les accents que la poésie de Lydie Dattas (dont l’œuvre revendique la « beauté ») a offert en son temps dans Le Livre des Anges, II : « Les roses respiraient le parfum de ton âme / ces roses mouraient en même temps que toi. » À une différence près toutefois : chez Béatrice Bonhomme, une rose « brûle » encore.

    C’est à propos de cette rose, de son cœur et de sang, qu’au texte 4, le symbolisme implicite des couleurs, allié aux triples répétitions de la neige et du cœur et au rythme des versets, honore le souvenir du père disparu. S’y rencontre aussi, dès la décision du titre, un parti-pris de musique composée de variations et de leitmotive qui définissent les litanies.

    Le royaume de l’enfance est une autre offrande au lecteur qui, avec la « maison abandonnée aux graffiti », pense à Lullaby de Le Clézio, comme il avait déjà pensé au Petit Prince et à sa rose. Il peut paraître naïf d’évoquer ces références, mais Baudelaire n’a-t-il pas dit lui-même que le poète est un enfant ? Le lecteur du recueil le redevient d’autant plus qu’il est surpris par cette nouvelle interprétation de topoï sans doute rebattus. La poète établit du reste une similitude entre les deux thèmes du visage et de la rose quand elle écrit : « Il (le visage) parlait d’enfance ». Ou encore : « La demeure s’est blottie autour d’une rose rouge qui demeure le cœur de l’enfance ».

    La fresque elle-même devient, de façon magique, le terrain de jeu des enfants. Véritables actants de la création et de la transmission, les enfants « s’engluent » dans les couleurs et y laissent des « taches ». Devenus « mots », les enfants « ont écrit le mot visage dans la lumière ». Ainsi onirisme et magie fusionnent-ils dans la beauté. Le sang de la rose a servi de fard et le visage a repris vie avec les papillons-enfants « épinglés dans la fresque ».

    À l’origine envahi par l’autoportrait du peintre « aux yeux vivants » — véritable présence-absence qui « ne commande plus qu’aux ombres » —, l’espace de la demeure est aux prises avec ombre et clarté. Vie et mort imposent leur dialectique au recueil.

    Dans la troisième et dernière partie du recueil se confirme la tentation du narratif. Avec l’entrée des loups dans la maison :

    « Les loups entrent dans la maison et dévorent jusqu’au visage peint entre les murs de salpêtre pour servir de proie au temps. »

    Symboles de mort, les loups font renaître à la vie une petite fille qui « surgit du passé » pour lancer vers le public « quelques roses », comme lors des processions de la Fête-Dieu. Et, au milieu de cette métamorphose, « Sur la neige de la scène, sur la neige de la mort, une rose rouge est demeurée ». Symbole de vie et de lumière.

    Le recueil se clôt magnifiquement par une adresse à l’héritier. Stello, héritier « de l’empreinte du visage ». « Accoucheur de la vie », Stello, « le Chevalier à la rose » a « porté le monde à la lumière ».




    France Burghelle Rey
    D.R. Texte de France Burghelle Rey
    pour Terres de femmes





    BÉATRICE  BONHOMME


    Béatrice Bonhomme Bourdelas 2
    D.R. Ph. Laurent Bourdelas




    ■ Béatrice Bonhomme
    sur Terres de femmes

    Tharros (extrait des Boxeurs de l’absurde)
    Mutilation d’arbre (lecture d’AP)
    Le pacte des mots
    [Les petits chevaux de Tarquinia] (extrait de Variations du visage & de la rose)
    Passage du passereau
    Poumon d’oiseau éphémère
    Sauvages
    T’écrire adolescent
    La terre rouge
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Un lacis de sang et d’ombre
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Béatrice Bonhomme-Villani par Guidu Antonietti di Cinarca, un poème extrait de Poumon d’oiseau éphémère et l’excipit de Mutilation d’arbre



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Kaléidoscope d’Enfances
    → (sur Wikipedia)
    une belle bio-bibliographie de Béatrice Bonhomme
    → (sur Terres de femmes)
    La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert
    → (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique)
    un entretien de Rodica Draghincescu avec Béatrice Bonhomme (Numéro 45 – décembre 2008)



    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes

    Trop (extrait du Bûcher du phénix)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lumière du poème





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  • France Burghelle Rey | Trop



    Ta force vive avec ta voix qui l-emporte sur ton vol
    Ph., G.AdC






    TROP



    Trop    à la limite
    de déborder

    ta force
    vive

    avec ta voix
    qui l’emporte sur ton vol

    seul je sais
    te supplier

    pour qu’enfin
    tu te poses




    France Burghelle Rey, Le Bûcher du phénix, Encres vives, Collection Encres blanches n° 431, octobre 2010, page 5.



    FRANCE BURGHELLE REY


    France Burghelle Rey NB





    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes


    Après la foudre (lecture de Philippe Leuckx)
    [qu’importe le temps] (extrait de Lieu en trois temps)
    Les Tesselles du jour (extraits)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Lumière du poème




    ■ Voir aussi ▼


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  • France Burghelle Rey | Lumière du poème

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    Lumi-re du po-me qui change de sens pour cr-er sa parole et quitter la nuit
    Ph., G.AdC






    LUMIÈRE DU POÈME



    Lumière du poème
    qui change de sens

    pour créer sa parole
    et quitter la nuit

    dans le bruit du jour



    Chante ton silence
    quand se tapit
    l’enfance dans
    les échos des rires

    Comme se pause la musique
    pour quatre soupirs
    résonne
    le vide



    Je te crois
    sur ta parole

    on se chauffe aux cendres
    des consonnes aux braises
    des voyelles qui chantent

    Phénix tu brûles
    comme le buisson ardent



    France Burghelle Rey
    France Burghelle Rey, La Fiancée du silence (à paraître chez Encres vives, collection Encres blanches, en janvier 2010)







    FRANCE BURGHELLE REY


    France Burghelle Rey




    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes

    Après la foudre (lecture de Philippe Leuckx)
    Les Tesselles du jour (extraits)
    Trop (extrait du Bûcher du phénix)



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