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Étiquette : Franck Venaille
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Franck Venaille | San Giovanni, Trieste
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Franck Venaille | [J’attendais]
FRANCK VENAILLE
■ Franck Venaille
sur Terres de femmes ▼
→ [J’avais mal à vivre] (extrait de Ça)
→ [Ce que je suis ?] (extrait de C’est à dire)
→ Dans le sillage des mots (extrait de C’est à dire)
→ [On marche dans la fêlure du monde] (extrait de La Descente de l’Escaut)
→ [Quand la lumière née de l’estuaire] (autre extrait de La Descente de l’Escaut)
→ Un paysage non mélancolique (extrait de C’est nous les Modernes)
→ San Giovanni (extrait de Trieste)
■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) Au plus près de Franck Venaille, par Jacques Josse
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Franck Venaille | [Ce que je suis ?]
Gérard Titus-Carmel, Crucifixion
Source
[CE QUE JE SUIS ?]
ce
que je suis ?
le héros de ma propre vie
ainsi
bien au-dessus de mes rêves
une femme dort dans la maison certaine
sa respiration évoquant des froissements d’ailes
cela crée la vision pudique d’un corps blond re-
Couvert de plumes
le nu est dessous
il faut aller loin, le chercher loin, ce plaisir qui est le frère puîné de la joie
le chercher en-dessous
dans l’espace sonore
de la volupté
en ce lieu sombre & austère
placé
sous la surveillance murale
du
crucifié splendide
Franck Venaille, « Rejetant la tristesse » in C’est à dire, Mercure de France, 2012, page 30.
FRANCK VENAILLE
■ Franck Venaille
sur Terres de femmes ▼
→ [J’avais mal à vivre] (extrait de Ça)
→ Dans le sillage des mots (extrait de C’est-à-dire)
→ [J’attendais] (extrait de Tragique)
→ [On marche dans la fêlure du monde] (extrait de La Descente de l’Escaut)
→ [Quand la lumière née de l’estuaire] (extrait de La Descente de l’Escaut)
→ Un paysage non mélancolique (extrait de C’est nous les Modernes)
→ San Giovanni (extrait de Trieste)
■ Voir aussi ▼
→ (dans Le Monde) une note de lecture du metteur en scène Wajdi Wouawad sur C’est à dire de Franck Venaille (13 janvier 2012)[document Word]
→ (sur le blog de La Quinzaine littéraire) « À la marge de l’effacement », par Norbert Czarny (note de lecture sur C’est à dire de Franck Venaille [1er mars 2012])
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Franck Venaille | [On marche dans la fêlure intime du monde]
Ph., G.AdC
[ON MARCHE DANS LA FÊLURE INTIME DU MONDE]
On marche dans la fêlure intime du monde
Ces soubresauts nés de la douleur primitive
Quelle est la voix qui le dira ? Quel sera
Le corps qui saura mener jusqu’à son terme la
Valse triste ? Une voix s’élève à l’intérieur
De nous-même — une voix chère — exprimant ce qui s’
Apparente à l’expression de la plainte première
Je suis cet homme-là qui, tant et tant, crut aux ver-
Tiges et qui, désormais, dans la déchirure du lan-
gage se tient, regard clair, miné toutefois, blessé
Dans la fêlure du monde où les plaies suintent
Ph., G.AdC
[J’AI DROIT AU REPOS DU CHEVAL JOURNALIER]
J’ai droit au repos du cheval journalier Dé-
sormais je ne partirai plus vers quel labeur
Et je suis ce centaure qui s’éveille et geint
Autour de lui les aveugles s’affolent craignant
Ses ruades Ô grand cheval qui, autrefois, tractais
vers la berge les navires, te voilà effacé Il ne
demeure de toi que ce signe sur cette feuille
Sont-ce tes traces dernières ? Ta signature de sabot ?
Ébroue-toi ! Redonne-moi confiance ! Plongeons en-
Semble Je saurai bien te faire retrouver cette joie
Enfantine que tu poursuis sur la rive noyée à demi.
Franck Venaille, La Descente de l’Escaut, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, pp. 139-140. Préface de Jean-Baptiste Para.
FRANCK VENAILLE
■ Franck Venaille
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→ [J’avais mal à vivre] (extrait de Ça)
→ [Ce que je suis ?] (extrait de C’est à dire)
→ Dans le sillage des mots
→ San Giovanni (extrait de Trieste)
→ [J’attendais] (extrait de Tragique)
→ [Quand la lumière née de l’estuaire] (autre poème extrait de La Descente de l’Escaut)
→ Un paysage non mélancolique
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Franck Venaille | Dans le sillage des mots
« Maintenant il me reste à rejoindre mon hôtel,
palace pour fêtes légales & là, […]
à regarder l’eau du canal tressaillir,
frémir, s’allonger, s’ouvrir »
Source
DANS LE SILLAGE DES MOTS
La sentence tombe de la bouche des morts.
Des barques sous la mer comme autant de filles dénudées, retournées sur le ventre. Celles qui vont toujours trop vite. Pour en faire plus !
Des barques sous la mer afin de rejoindre ce qui, depuis toujours, donne un sens à nos actes.
Mots déchiquetés, ensanglantés mais encore capables de se battre pourtant.
Il faut parler, parler encore, puisque les mots prennent leur valeur (leur saveur également) en passant par le larynx. Parler pour avoir moins peur.
J’ai combattu jusqu’à l’extrême. Maintenant il me reste à rejoindre mon hôtel, palace pour fêtes légales & là, allongé sur un lit, chaussures encore boueuses aux pieds, à regarder l’eau du canal tressaillir, frémir, s’allonger, s’ouvrir !
Je ne fréquente pas les églises et leurs chefs-d’œuvre. La lagune s’en moque. Elle laisse la porte ouverte sur le tout petit jour quand passe devant moi un remorqueur au moteur sans âge. Debout. Droit, face au vent se tient l’homme gouvernail. Sa silhouette attise le sentiment de beauté solitaire.
Ainsi suis-je à la fois celui qui écrit mais également cet autre qui prend sur lui de lire des manuels militaires à l’usage du bataillon de mouettes de l’infanterie de marine.
Kra ― kris ― kro ― kas ― kis ― kris ― krea ― kra ― ker ― kar ― kru ― kas
Franck Venaille, La Guerre au plus près in C’est à dire, Mercure de France, 2012, pp. 114-115.
FRANCK VENAILLE
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→ [J’attendais] (extrait de Tragique)
→ [On marche dans la fêlure du monde]
→ [Quand la lumière née de l’estuaire]
→ San Giovanni (extrait de Trieste)
→ Un paysage non mélancolique
■ Voir aussi ▼
→ (dans Le Monde) une note de lecture du metteur en scène Wajdi Wouawad sur C’est à dire de Franck Venaille (13 janvier 2012)[document Word]
→ (sur le blog de La Quinzaine littéraire) « À la marge de l’effacement », par Norbert Czarny (note de lecture sur C’est à dire de Franck Venaille [1er mars 2012])
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Franck Venaille | Un paysage non mélancolique
Ph., G.AdC
UN PAYSAGE NON MÉLANCOLIQUE.
J’aime me protéger de la lumière en me réfugiant dans un cocon de brume ou de brouillard. Je ne vis bien que dans le mystère de l’ombre d’où, peut-être, mon attirance pour l’univers de l’espionnage tel qu’il est mis en scène par John le Carré. J’ai la sensation d’avoir, d’entrée de jeu, été mis dans l’obligation de cacher quelque chose, quoi ? Je ne le sais pas, bien que je me doute que la sexualité ait à voir avec cela. Longtemps j’ai caché à ma famille que j’écrivais. J’ai décidé d’être né à Ostende, de l’union du sable et de la mer. J’ai donc pris des risques. Pourquoi ? Probablement afin de me distancier du soleil algérien, celui des heures passées dans le djebel à attendre, pour assurer leur protection, le passage des convois civils et militaires. Claude Delmas écrit : On dirait que Venaille a peur du soleil, comme si celui-ci lui avait tapé sur la tête pendant son séjour dans le bled, comme s’il avait vu le crime à l’état brut, sans l’ornement d’une ombre. Cela doit être vrai. D’où l’appartenance au clan très fermé de ceux qui parlant du vent et le voyant tourner au nord, utilisent ce mot rare (cher à Pierre Grouix) qui, moi, me fait rêver : « nordir ». J’aime le ciel gris. Le froid. La pluie incessante et la présence bien réelle de ces cafés qui font face à la mer. Je sais que je me suis créé un paysage mental qui ne coïncide pas avec la réalité du pays (la Belgique, en sa partie flamande) mais qui, toujours, la respecte. Je ne trouve pas qu’il s’agisse là d’un paysage fait de douleur. D’ailleurs, je ne suis pas triste. Il me semble que c’est un sentiment (une sensation ? un état ?) que j’ai pu dépasser. Parfois je pense que, marchant face au vent, je suis semblable à un alphabet qui égare ses lettres. Dès lors il faut que je fasse avec celles qui demeurent à ma portée. C’est peut-être de là que provient mon souci de concision. L’écriture aura été la plus grande affaire de ma vie. Je n’ai vécu que pour elle, tentant toutefois d’échapper à la poésie. Pour cela j’ai été injuste. J’ai participé à un livre au titre sans équivoque : Haine de la poésie. En tout cas je me suis toujours méfié d’elle et, sur le fond, c’est un sentiment qui est encore mien. J’ai travaillé dur pour la conduire dans mes eaux, sur mes terrains, là où je souhaitais qu’elle fût. J’évoquais le vent du Nord. C’est un compagnon étrange chez qui cohabitent angoisse et peur. Les mots chuchotent, regardent, choisissent leur camp. Ils sont d’une même fratrie, ce qui n’empêche nullement qu’ils se fassent la guerre. Pour moi la poésie est ce qui ressemble le plus à ce combat fratricide de la langue contre elle-même.
Franck Venaille, C’est nous les Modernes, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2010, pp. 11-12.
Ph., G.AdC
FRANCK VENAILLE
■ Franck Venaille
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→ Dans le sillage des mots
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→ [On marche dans la fêlure du monde]
→ [Quand la lumière née de l’estuaire]
→ San Giovanni (extrait de Trieste)
■ Voir aussi ▼
→ (sur « Lettres d’Idumée », le blog de Marie Étienne) une lecture C’est nous les Modernes de Franck Venaille, par Marie Étienne (article « Un écrivain forain », paru dans La Quinzaine Littéraire n°1028 du 16 au 31 décembre 2010)
→ (sur Exigence : Littérature) une lecture de C’est nous les Modernes de Franck Venaille, par Tristan Hordé
→ (sur remue.net) « Voici ceux qui comptent pour moi », Franck Venaille, par Jacques Josse (lecture de C’est nous les Modernes)
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Franck Venaille | [Quand la lumière née de l’estuaire]
Ph., G.AdC
QUAND LA LUMIÈRE NÉE DE L’ESTUAIRE
Quand la lumière née de l’estuaire
m’éblouit
m’aveugle
Lorsqu’elle m’incite à tourner le dos à cette clarté
ainsi propagée autour de moi
J’éteins la lampe modeste du nid retourné
Longuement je regarde les petits corps chauds
Dès lors les mots ne m’assaillent plus
Mieux !
Les voici qui me laissent vivre
dans une semi-obscurité bienfaisante
Enfin ! Je vis dans l’intensité de la pénombre
Enfin ! Les modestes becs m’apportent lumière intérieure et paix
Et les heures musicales s’enchaînent
C’est l’instant où je me saisis des oiseaux anxieux
J’en fais mes frères aveugles
Et dans la nuit nous nous élançons
mus par cet étrange sentiment de sécurité animale
maintenant que l’intensité de la lumière née de l’estuaire
peu à peu
sur nous tous
a posé son voile de lin.
Franck Venaille, La Descente de l’Escaut, suivi de Tragique, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2010, page 127. Préface de Jean-Baptiste Para.
FRANCK VENAILLE
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→ Dans le sillage des mots
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→ [J’attendais] (extrait de Tragique)
→ [On marche dans la fêlure du monde]
→ Un paysage non mélancolique
■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) Au plus près de Franck Venaille, par Jacques Josse
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Franck Venaille | [J’avais mal à vivre]
Image, G.AdC
[J’AVAIS MAL À VIVRE]
J’avais
mal à vivre
ô
que j’eus peine
à trouver mon chemin
parmi
ronces et broussailles
tous ces fruits rouges que je
cueillais
avec élégance
avant
de leur confier
écrasé dans ma paume
mon
désespoir d’enfant.
Franck Venaille, Ça, Mercure de France, 2009, page 81.
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