Étiquette : François-Marie Deyrolle éditeur


  • Christophe Grossi | [Mi ricordo]




    Lettera 22 (g)
    Source







    [MI RICORDO]



    145. Mi ricordo

    de la bouche de Silvana Mangano.


    146. Mi ricordo

    de « si ton métier est de t’intéresser à tous,

    commence donc par t’intéresser à l’un d’eux,

    rien qu’un seul ». (Silvio D’Arzo)


    147. Mi ricordo

    de jambes nues sous les robes et de jambes

    coupées, de gens bons, fumés ou brutaux, de

    gens mal armés, d’enjambées entamées.


    148. Mi ricordo

    de villes et de soldats détruits, de voleurs

    de cadavres et de bicyclettes, de gens qui ne

    parvenaient plus à se sentir.


    149. Mi ricordo

    quand les candidates devaient montrer

    qu’elles avaient un beau sourire parce

    qu’elles utilisaient une nouvelle pâte

    dentifrice.


    150. Mi ricordo

    que pour Silvio D’Arzo s’intéresser à

    quelqu’un c’est s’y intéresser « jusqu’au

    bout, au bas mot : jusqu’à la racine ».


    151. Mi ricordo

    que parfois nous aimerions savoir à quel

    moment précis notre vie a basculé.


    152. Mi ricordo

    d’un soir doux et de cette rue raide où

    berner les âmes, lécher les larmes, flamber

    les armes, sécher les lames.


    153. Mi ricordo

    des branches qui enlaçaient la maison et

    des ombres à midi derrière les volets : des

    mèches de cheveux sur des yeux baissés.


    154. Mi ricordo

    quand il zigzaguait entre les hypothèses du

    passé familial, des pointillés sur sa route.


    155. Mi ricordo

    d’une phrase jaune dans la nuit : On avait

    lâché les fauves d’anciens frères devenus des

    phares ennemis.


    156. Mi ricordo

    De la machine à écrire mécanique portative

    Lettera 22 créée par Marcello Nizzoli pour

    Olivetti.


    157. Mi ricordo

    de la tempête bien plus violente dedans

    dehors quand il a appris qu’un ancien

    bourreau était devenu conseiller municipal.


    158. Mi ricordo

    d’une langue pendue au bout d’un non vous

    ne saurez rien.


    159. Mi ricordo

    que les vieux Fenoglio étaient « sans métier

    et sans religion, tous impudents et tous

    amoureux d’eux-mêmes. »


    160. Mi ricordo

    du très beau portrait que Natalia Ginzburg

    fait de Pavese peu de temps après sa mort

    sans jamais le nommer une seule fois.




    Christophe Grossi, Ricordi, L’Atelier Contemporain | François-Marie Deyrolle Éditeur, Strasbourg, 2014, s.f. Dessins de Daniel Schlier.







    Grossi







    CHRISTOPHE GROSSI


    Christophe Grossi
    Source



    ■ Christophe Grossi
    sur Terres de femmes

    Ricordi (note de lecture d’AP)



    ■ Voir aussi ▼

    la fiche de l’éditeur sur Ricordi
    → (sur [déboîtements])
    une présentation de Ricordi lors d’un entretien de Christophe Grossi avec Delphine Japhet
    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    une note de lecture de Nathalie Riera sur Ricordi
    → (sur Liminaire)
    une lecture de Ricordi par Pierre Ménard
    → (sur lelitteraire.com)
    une recension de Ricordi par Jean-Paul Gavard-Perret
    → (sur remue.net)
    une recension de Ricordi par Sébastien Rongier
    → (sur [déboîtements])
    une recension de Ricordi par Serge Martin (revue Europe, n° 1032, avril 2015, pp. 333-335)






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