Étiquette : Friedrich Hölderlin


  • Hermann Hesse | Ode an Hölderlin




    Hölderlin bis
    Image, G.AdC






    ODE AN HÖLDERLIN




    Freund meiner Jugend, zu dir kehr ich voll Dankbarkeit
    Manchen Abend zurück, wenn im Fliedergebüsch
    Des entschlummerten Gartens
    Nur der rauschende Brunnen noch tönt.


    Keiner kennt dich, o Freund; weit hat die neuere Zeit
    Sich von Griechenlands stillen Zaubern entfernt,
    Ohne Gebet und entgöttert
    Wandelt nüchtern das Volk im Staub.


    Aber der heimlichen Schar innig Versunkener,
    Denen der Gott die Seele mit Sehnsucht schlug,
    Ihr erklingen die Lieder
    Deiner göttlichen Harfe noch heut.


    Sehnlich wenden wir uns, vom Tag Ermüdete,
    Der ambrosischen Nacht deiner Gesänge zu,
    Deren wehender Fittich
    Uns beschattet mit goldenem Traum.


    Ach, und glühender brennt, wenn dein Lied uns entzückt,
    Schmerzlich brennt nach der Vorzeit seligem Land,
    Nach den Tempeln der Griechen
    Unser ewiges Heimweh auf.


    (1911)








    ODE À HÖLDERLIN




    Vers toi, ami de ma jeunesse, je viens souvent le soir,
    Empli de reconnaissance
    Quand, dans les lilas du jardin assoupi,
    Tinte, seul maintenant, le murmure de la fontaine.


    Personne ne te connaît, mon ami ; notre temps
    S’est éloigné du sortilège paisible de la Grèce,
    Notre temps est sans ferveur et sans dieux,
    Un peuple prosaïque erre dans la poussière.


    Mais Dieu a frappé d’une grande ardeur
    La troupe secrète de ceux dont l’âme se languit
    Et aujourd’hui encore
    Ta harpe chante pour elle.


    Nous sommes fatigués du jour et pleins de nostalgie,
    Nous nous tournons vers la nuit qu’emplit
    L’ambroisie de tes chants,
    Leurs ailes qui planent nous ombragent de rêves d’or.


    Hélas ! le mal du pays nous brûle plus encore quand ton lied
    Nous émerveille et nous élève, et plus douloureux encore
    Il nous enflamme vers le pays bienheureux de l’antique histoire,
    Vers les temples de la Grèce, notre mal du pays douloureux, éternel.




    Hermann Hesse, « Ode à Hölderlin », Revue Europe n° 851, mars 2000, page 112. Poème traduit de l’allemand par Pierre Garnier.







    Holderlin Europe





    HERMANN HESSE


    AVT_Hermann-Hesse_9978
    Source



    ■ Hermann Hesse
    sur Terres de femmes

    14 novembre 1946 | Herman Hesse, Prix Nobel de Littérature



    ■ Friedrich Hölderlin
    sur Terres de femmes

    L’Aigle
    La bonne croyance
    Diotima
    Tinian





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  • Friedrich Hölderlin | L’Aigle (trois traductions)



    Baselitz_FingermalereiIII_Adler
    Georg Baselitz (né en 1938)
    Fingermalerei III – Adler, 1972
    Huile sur toile, 160 x 130 cm
    Duisburg, Museum Küppersmühle – Moderne Kunst (MKM)
    Source







    DER ADLER



    Mein Vater ist gewandert, auf dem Gotthard,
    Da wo die Flüsse hinab,
    Wohl nach Hetruria seitwärts,
    Und des geraden Weges,
    Auch über den Schnee,
    Zu dem Olympos und Hämos
    Wo den Schatten der Athos wirft,
    Nach Höhlen in Lemnos.
    Anfänglich aber sind
    Aus Wäldern des Indus
    Starkduftenden
    Die Eltern gekommen.

    Der Urahn aber
    Ist geflogen über der See
    Scharfsinnend, und es wunderte sich
    Des Königes goldnes Haupt
    Ob dem Geheimniß der Wasser,
    Als roth die Wolken dampften,
    Über dem Schiff und die Thiere stumm
    Einander schauend
    Der Speise gedachten, aber
    Es stehen die Berge doch still,
    Wo wollen wir bleiben?
    […]




    L’AIGLE



    Mon père a survolé le Gothard
    Descendant, par où vont les fleuves,
    Aussi bien par la bande en Étrurie
    Que droit chemin,
    Sur la neige aussi,
    À l’Olympe et dans l’Hémos
    Où son ombre l’Athos projette,
    Aux grottes de Lemnos.
    Mais au commencement
    Des forêts de l’Indus
    Aux senteurs fortes
    Sont mes parents venus.

    L’ancêtre, lui
    A volé par-dessus la mer
    L’esprit en alerte, et s’émerveilla
    Le chef d’or du roi
    Du mystère des eaux,
    Quand les nues fumaient rouge
    Au-dessus du bateau et les bêtes muettes
    Échangeant des regards
    Rêbaient pâture, et pourtant
    Les monts se dressent en paix,
    Où ferons-nous demeure ?
    […]


    Friedrich Hölderlin, Œuvre poétique complète, édition bilingue, Éditions de la Différence, 2005, pp. 864-865. Texte établi par Michael Knaupp. Traduit de l’allemand par François Garrigue.






    L’AIGLE



    Mon père en son voyage, a franchi le Gothard
    D’où se jettent les fleuves, descendant
    Vers l’Étrurie tout à côté,
    Et par la ligne droite
    Au-dessus de la neige encore
    Vers l’Olympe et l’Hémos
    Où l’Athos fait tomber son ombre,
    Et vers les grottes de Lemnos.
    Mais au commencement
    Sont venus les ancêtres
    Des forêts de l’Indus
    Violentes en parfums.
    Mais le premier aïeul
    A volé par-dessus la mer
    L’esprit tendu, et il s’émerveillait
    Royal avec sa tête d’or
    Du mystère des eaux,
    Cependant que rougeoyaient les nuées
    Au-dessus du navire, et se taisant
    les bêtes s’entre-regardaient
    En pensant à la nourriture, mais
    Debout sont les monts immobiles,
    Où allons-nous nous installer ?
    […]



    Friedrich Hölderlin, Le Verbe foudroyé in Hymnes, élégies et autres poèmes, Garnier-Flammarion, 1983, pp. 110-111. Traduit par Armel Guerne.






    L’AIGLE



    Mon père a voyagé sur le Gothard
    Où en bas les fleuves…………….
    Et puis vers l’Étrurie sur le côté
    Et par un chemin droit
    Par-dessus les neiges
    Vers l’Olympe et l’Hemos,
    Où l’Athos projette une ombre
    Vers les cavernes de Lemnos.
    Originaires
    Des forêts de l’Indus fortement parfumées
    Sont venus les parents.
    Mais le grand-aïeul
    A volé sur la mer
    Plein de pensée perçante ;
    Et la tête d’or du roi fut étonnée
    Du mystère des eaux,
    Lorsque les nuages rouges s’amoncelaient
    Au-dessus du navire et que les bêtes
    Se regardaient l’une et l’autre muettes
    Songeant à leur repas, mais
    Les montagnes sont debout silencieuses,
    Où voulons-nous rester ?
    […]



    Friedrich Hölderlin, L’Aigle, in Pierre Jean Jouve, Poèmes de la Folie de Hölderlin, Œuvres, II, Mercure de France, 1987, pp. 1929-1930. Traduction de Pierre Jean Jouve avec la collaboration de Pierre Klossowski.






    ■ Friedrich Hölderlin
    sur Terres de femmes

    Diotima
    La bonne croyance
    Tinian
    La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Hermann Hesse | Ode an Hölderlin





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