Étiquette : Hannah Arendt


  • Hannah Arendt | Hermann Broch



    H.B. [HERMANN BROCH]



    Überleben
    Wie aber lebt man mit den Toten? Sag,
    wo ist der Laut, der ihren Umgang schwichtet,
    wie die Gebärde, wenn durch sie gerichtet,
    wir wünschen, dass die Nähe selbst sich uns versagt.

    Wer Weiss die Klage, die sie uns entfernt
    und zieht den Schleier vor das leere Blicken?
    Was hilft, dass wir uns in ihr Fort-sein schicken,
    und dreht das Fühlen um, das Überleben lernt.






    H.B. [HERMANN BROCH]



    Survivre
    Mais comment vit-on avec les morts ? Dis,
    où est la voix qui apaise leur présence,
    comme le geste, quand il est guidé par eux,
    nous souhaitons que leur voisinage même nous soit refusé.

    Qui sait la plainte qui de nous les éloigne
    et tire le voile devant les regards vides ?
    À quoi sert de nous résigner à leur absence,
    et le retournement de nos sens qui apprennent à survivre.*



    Hannah Arendt, Heureux celui qui n’a pas de patrie, Poèmes de pensée, Payot, 2015, pp. 76-77. Traduit de l’allemand par François Mathieu. Édition établie, annotée et présentée par Karin Biro.




    _________________________________________
    * Variante du dernier vers, ajout manuscrit : « Le retournement de nos sens est bien comme le poignard que l’on retourne dans le cœur ». (Das Fühlen ist doch wie der Dolch, den man im Herzen umdreht. »)






    Arendt heureux





    HANNAH ARENDT


    Portait_de_hannah_arendt
    Source



    ■ Hannah Arendt
    sur Terres de femmes

    14 octobre 1906 | Naissance de Hannah Arendt
    4 décembre 1975 | Mort de Hannah Arendt (extrait de Dans les pas de Hannah Arendt de Laure Adler, et extraits du Journal de pensée de Hannah Arendt)
    Journal de pensée (poème de décembre 1952)
    Ne suis que l’une de ces choses (extrait du Journal de pensée)
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes)
    un autre extrait du Journal de pensée de Hannah Arendt


    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (dans L’Encyclopédie de l’Agora)
    le Dossier Hannah Arendt





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  • 14 octobre 1906 | Naissance de Hannah Arendt

    Éphéméride culturelle à rebours



        Le 14 octobre 1906 naît à Linden, gros bourg de Hanovre (Allemagne), Hannah Arendt.






    Hannah_arendt
    Source






        « Hannah, Johannah pour l’état civil, naît à la maison, comme c’est l’usage à l’époque, le dimanche 14 octobre 1906, à 21h30, après vingt-deux heures de contractions. La maman, dans un cahier intitulé Unser Kind, « Notre enfant », conservé dans les Archives Arendt, à la bibliothèque du Congrès, à Washington, a retranscrit par le menu l’évolution du bébé à partir du 3 décembre 1906. Ce journal, sorte de cahier d’écolier, est un document manuscrit où Martha notait l’évolution physique et psychologique de sa fille. Il a accompagné Martha jusqu’aux États-Unis et Hannah Arendt l’a précieusement conservé. Hannah, dès ses premières semaines, est atteinte d’eczéma. Sa mère lui trouve bien des défauts : des mains et des pieds trop grands, une voix rauque, une certaine excitation.
        Hannah fait ses nuits dès sa naissance. Adulte, elle conservera le plaisir de ce ressourcement dans le sommeil. Elle sourit à la sixième semaine, « rayonne » dès la septième. La mère aime beaucoup ce mot. Hannah, toute petite, manifeste ses émotions : elle rit aux chansons joyeuses, pleure aux sentimentales. La mère note qu’elle a besoin des autres : « Elle n’aime pas être seule. »
        À onze mois, Hannah chantonne beaucoup, avec une forte voix. À douze, elle adore rester à côté du piano, écouter et chanter. À quinze mois ― c’est tôt ! ―, elle sait répondre à la question « qui es-tu ? ». À deux ans et demi, on la prend pour une enfant de quatre ans. Son tempérament est très vif, très joyeux, sa curiosité énorme. La mère note combien la petite, « très douce », cherche à se blottir contre elle.
        En 1909, la famille quitte Linden pour Königsberg. La ville a depuis changé de nom, de population, de configuration : depuis 1946, date de l’annexion d’une partie de la Prusse-Orientale par l’Union soviétique, elle s’appelle Kaliningrad, en hommage à Kalinine, ancien président de l’URSS. C’est aujourd’hui une enclave russe cernée par la Pologne et la Lituanie, pays membres de l’Union européenne. Hannah n’a jamais pu retourner sur les lieux où elle passa son enfance et son adolescence, car la ville, au bord de la mer Baltique, devenue un port militaire important, était interdite aux étrangers. Il faut aller à l’Institut historique allemand consulter de vieux atlas photographiques et des livres d’histoire de la ville pour tenter d’imaginer ce que fut l’atmosphère de cette ville provinciale et paisible qu’était Königsberg au temps de la jeunesse de Hannah. Dans un de ces livres d’images, un peintre du dimanche a immortalisé une scène dans la rue de la ville au début du siècle. Il fait beau. C’est l’été. Les femmes portent de longues jupes, des chemisiers à dentelle, de grandes coiffes. Les hommes sont en costume, avec des chapeaux. À une terrasse de café, une mère et sa fille ont repoussé leur coiffe sur la nuque mais ont gardé leurs gants. La mère regarde les passants, la fille lit le journal.
        À Essen, en Rhénanie-Westphalie, chez Edna, la nièce de Hannah, je retrouve dans un carton une photo de la petite revenue dans le giron du grand-père Max, qui l’adorait : dans la cour devant la maison, Hannah sourit à l’objectif dans les bras du vieil homme. Martha n’aime pas se séparer de sa fille. Le 19 février 1911, elle note : « Hannah supporte très bien l’hiver. […]
        Tempérament : très vif, s’intéresse à tout ce qui l’entoure. Aucun intérêt pour les poupées […] Avec ses quatre ans elle est une petite si grande et si solide qu’on la prend déjà pour une fille qui va à l’école. »
        « Elle a de très beaux cheveux longs. Elle est belle et en bonne santé. Elle chante beaucoup, presque avec passion, mais avec beaucoup de fausses notes […] Je ne vois aucun talent artistique ni aucune habileté manuelle : par contre une précocité intellectuelle et peut-être une capacité particulière comme par exemple le sens de l’orientation, la mémoire et un sens aigu de l’observation. Mais avant tout un énorme intérêt pour les lettres et pour les livres… ».


    Laure Adler, Dans les pas de Hannah Arendt, Éditions Gallimard, 2005, pp. 11-12-13.





    ■ Hannah Arendt
    sur Terres de femmes

    Journal de pensée (poème de décembre 1952)
    Ne suis que l’une de ces choses (extrait du Journal de pensée)
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes) un
    autre extrait du Journal de pensée de Hannah Arendt
    4 décembre 1975 | Mort de Hannah Arendt (extrait de Dans les pas de Hannah Arendt de Laure Adler, et extraits du Journal de pensée de Hannah Arendt)



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  • 14 octobre 1906 | Naissance de Hannah Arendt

    Éphéméride culturelle à rebours



        Le 14 octobre 1906 naît à Linden, gros bourg de Hanovre (Allemagne), Hannah Arendt.







    Hannah_arendt
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        « Hannah, Johannah pour l’état civil, naît à la maison, comme c’est l’usage à l’époque, le dimanche 14 octobre 1906, à 21h30, après vingt-deux heures de contractions. La maman, dans un cahier intitulé Unser Kind, « Notre enfant », conservé dans les Archives Arendt, à la bibliothèque du Congrès, à Washington, a retranscrit par le menu l’évolution du bébé à partir du 3 décembre 1906. Ce journal, sorte de cahier d’écolier, est un document manuscrit où Martha notait l’évolution physique et psychologique de sa fille. Il a accompagné Martha jusqu’aux États-Unis et Hannah Arendt l’a précieusement conservé. Hannah, dès ses premières semaines, est atteinte d’eczéma. Sa mère lui trouve bien des défauts : des mains et des pieds trop grands, une voix rauque, une certaine excitation.
        Hannah fait ses nuits dès sa naissance. Adulte, elle conservera le plaisir de ce ressourcement dans le sommeil. Elle sourit à la sixième semaine, « rayonne » dès la septième. La mère aime beaucoup ce mot. Hannah, toute petite, manifeste ses émotions : elle rit aux chansons joyeuses, pleure aux sentimentales. La mère note qu’elle a besoin des autres : « Elle n’aime pas être seule. »
        À onze mois, Hannah chantonne beaucoup, avec une forte voix. À douze, elle adore rester à côté du piano, écouter et chanter. À quinze mois ― c’est tôt ! ―, elle sait répondre à la question « qui es-tu ? ». À deux ans et demi, on la prend pour une enfant de quatre ans. Son tempérament est très vif, très joyeux, sa curiosité énorme. La mère note combien la petite, « très douce », cherche à se blottir contre elle.
        En 1909, la famille quitte Linden pour Königsberg. La ville a depuis changé de nom, de population, de configuration : depuis 1946, date de l’annexion d’une partie de la Prusse-Orientale par l’Union soviétique, elle s’appelle Kaliningrad, en hommage à Kalinine, ancien président de l’URSS. C’est aujourd’hui une enclave russe cernée par la Pologne et la Lituanie, pays membres de l’Union européenne. Hannah n’a jamais pu retourner sur les lieux où elle passa son enfance et son adolescence, car la ville, au bord de la mer Baltique, devenue un port militaire important, était interdite aux étrangers. Il faut aller à l’Institut historique allemand consulter de vieux atlas photographiques et des livres d’histoire de la ville pour tenter d’imaginer ce que fut l’atmosphère de cette ville provinciale et paisible qu’était Königsberg au temps de la jeunesse de Hannah. Dans un de ces livres d’images, un peintre du dimanche a immortalisé une scène dans la rue de la ville au début du siècle. Il fait beau. C’est l’été. Les femmes portent de longues jupes, des chemisiers à dentelle, de grandes coiffes. Les hommes sont en costume, avec des chapeaux. À une terrasse de café, une mère et sa fille ont repoussé leur coiffe sur la nuque mais ont gardé leurs gants. La mère regarde les passants, la fille lit le journal.
        À Essen, en Rhénanie-Westphalie, chez Edna, la nièce de Hannah, je retrouve dans un carton une photo de la petite revenue dans le giron du grand-père Max, qui l’adorait : dans la cour devant la maison, Hannah sourit à l’objectif dans les bras du vieil homme. Martha n’aime pas se séparer de sa fille. Le 19 février 1911, elle note : « Hannah supporte très bien l’hiver. […]
        Tempérament : très vif, s’intéresse à tout ce qui l’entoure. Aucun intérêt pour les poupées […] Avec ses quatre ans elle est une petite si grande et si solide qu’on la prend déjà pour une fille qui va à l’école. »
        « Elle a de très beaux cheveux longs. Elle est belle et en bonne santé. Elle chante beaucoup, presque avec passion, mais avec beaucoup de fausses notes […] Je ne vois aucun talent artistique ni aucune habileté manuelle : par contre une précocité intellectuelle et peut-être une capacité particulière comme par exemple le sens de l’orientation, la mémoire et un sens aigu de l’observation. Mais avant tout un énorme intérêt pour les lettres et pour les livres… ».


    Laure Adler, Dans les pas de Hannah Arendt, Éditions Gallimard, 2005, pp. 11-12-13.





    ■ Hannah Arendt
    sur Terres de femmes

    Hermann Broch
    Journal de pensée (poème de décembre 1952)
    Ne suis que l’une de ces choses (extrait du Journal de pensée)
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes) un
    autre extrait du Journal de pensée de Hannah Arendt
    4 décembre 1975 | Mort de Hannah Arendt (extrait de Dans les pas de Hannah Arendt de Laure Adler, et extraits du Journal de pensée de Hannah Arendt)



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