Retour au répertoire du numéro de novembre 2017
Retour à l’ index des auteurs
Étiquette : Hélène Sanguinetti
-
Hélène Sanguinetti | [Premier soleil]
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti | [Ma trouvaille de tout à l’heure]
Retour au répertoire du numéro de septembre 2017
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti, Et voici la chansonHélène Sanguinetti, Et voici la chanson,
Éditions de l’Amandier | Poésie,
Collection Accents graves Accents aigus, novembre 2012.
Lecture d’Angèle PaoliAvec pour titre un hexasyllabe ― Et voici la chanson ―, Hélène Sanguinetti présente et signe sa dernière partition. Poétique, musicale, graphique ? Tour à tour l’une et l’autre ou les trois ensemble, cette création, plurielle et déroutante, se soustrait aux classifications courantes de la poésie et échappe à toute définition rassurante de genre et de forme. Seule la construction rigoureusement ordonnancée que révèle la « table » en fin d’ouvrage, permet au lecteur de visualiser les appuis nécessaires à son entrée dans le poème. À lui aussi de stimuler son oreille pour que la partition rende tout son jus et toute la richesse de sa palette sonore.
À l’origine, il y a une première de couverture. Sur l’ivoire de la page, le « Et » annonciateur du poème semble ancrer le recueil dans une séquence. Celle, silencieuse, mais virtuellement présente, des œuvres précédentes. Et marquer ainsi, par la concision nominale du titre ― son caractère enjoué et son humour ―, un provisoire achèvement. Mais ne nous y trompons pas, le titre n’est peut-être qu’illusion. Ainsi, « la chanson », pourtant ostensiblement présentée, ne constitue-t-elle pas l’ouverture du poème. Le recueil s’ouvre en effet sur un huitain intitulé « la parole se cassa ». Ponctué et encadré par trois griffures incurvées de longueurs inégales, ce huitain aux vers irréguliers est repris à l’identique dans le finale de la partition. Avec pour seule variante, une répartition intervertie des griffures qui le caractérisent. 1-2//2-1. L’une à l’autre assemblées, les deux forment un chiasme, figure cruciforme que l’on retrouve de façon récurrente dans d’autres séquences du texte. Entre le début du poème et son aboutissement, rien n’a changé. Le drame annoncé dans le huitain d’ouverture se retrouve dans le huitain final. Mais à travers le refrain qui la porte, la Chanson va son chemin !
Entre ces deux huitains se déploie le poème, ponctué de signes, flèches → ou ↓, tirets —, de dessins au tampon qui bousculent les habitudes de lecture : minuscules lutteurs fléchés, loup accompagné de son long cri, visage hurlant ses cris, émoticônes (notes de musique, cœur, soleil, as de pique, de trèfle, de carreau, symboles mâle / femelle, petit dessin cabalistique…), autant de graphies qui animent la page. Tout comme l’onomatopée récurrente pfffffuuuuuuiiiif (et ses variantes) ponctue le lire/dire du poème.
Quant au poème lui-même, il est composé de pavés aux typographies différentes, passant du romain à l’italique ; les mini-pavés en petit corps finalisant comme des répons les pavés principaux, alternant eux-mêmes avec quatre « apparitions » en pleine page aux tailles de caractères démesurées. À quoi viennent s’ajouter des encadrés singularisés par des filets-cadre dans lesquels s’inscrit une histoire autre ; des « parlures », des bribes de conversations courantes ; des colonnes de mots en italiques ; des énumérations échevelées introduites par des « MOI je »… ou par des « Ah » anaphoriques… Ainsi de ce texte à dominante ludique qui donne à voir autant qu’à lire :
« Ah,Relever sa robe !Ah, passer le Pont à reculons !Ah, griffer Ses jambes baiser ses jambes !Ah, perdre ses doigts En liessed’épouser !Ah, mentir du jour, rouler d’ivre, folle !Ah, S’en aller au fossé !Filles, joyez »C’est dire si le « faire » du ποιεῖν, dans le rapport qu’il entretient avec la page, joue, chez Hélène Sanguinetti, avec l’aspect visuel. Et le lecteur se prend à feuilleter cette partition à la recherche d’idéogrammes, à la manière d’un enfant. Sans doute la poète en appelle-t-elle à tout ce qui, en chacun de nous, demeure encore de l’enfance et de ses rêves, de ses joutes amoureuses et de ses jeux. Mais si l’on s’attarde dans le vif du texte lui-même, la légèreté et l’insouciance réputées être l’apanage de cet âge d’or n’affleurent que par intermittence. Et la chanson annoncée par le clairon du titre n’a rien d’allègre ni de léger. Du moins la première chanson. Associée à la violence aveugle et meurtrière de « Joug », la première chanson ― « Voici la chanson » ― est chant funèbre. Thanatos règne en maître sur le monde. La Chanson évoque le rêve baltique anéanti par les souvenirs noirs de la déportation. Derrière la scansion Ô BALTIQUE QUE JE RÊVAIS se dresse le « camp méconnu NEUENGAMME » en Allemagne du Nord. Surgissent alors les barques livrées aux rats et aux « Puants », les grappes humaines conduites vers les camps d’extermination. Après la tragédie de la prison flottante Kap Arkona, la chanson s’achève par le décompte des rescapés.
Accompagnée d’une didascalie en espagnol ― (para bailar a dos) ―, la seconde chanson est au contraire une « Chanson qui fait pleurer de joie ». Chanson à danser pour exister / « por existar por flamenquer », elle est hymne à la vie et à l’amour. Introduite par « Joui » le bienvenu, figure bienveillante et rêveuse, elle est pleine manifestation de bonheur. Le « joïr » domine et entraîne dans sa cadence endiablée les deux héros du jour. Flamenco et Flamenca. Por existar por existar scande la poète pour s’insurger contre la mort. Pour insuffler ses forces de vie là où préside la mort.
Une autre partition « à chanter » vient mimer les deux moments précédents. « Voici la dispute ». Épique et enlevée, cette vive « dispute » médiévale, tout droit sortie des fabliaux (Ysengrin montre sa « Pauvre-queue-gelée »), est rythmée par les onomatopées de l’échauffourée. Vlan ! Vlan ! Vlan ! Les phrases, débarrassées de leurs déterminants, s’enchaînent, percutantes et rapides. Le récit est ponctué de régionalismes (méridionalismes) ― « oh tanqué tanqué tanqué » ― qui scandent les actions. Les participants à la « dispute » ― cavaliers et roncins, cuirasses et loups ― surgissent au milieu des poules et font voler les plumes. Le monde est retourné. L’épique s’empare des hommes et les emmêle, comme souvent dans les poèmes d’Hélène Sanguinetti. Au milieu de tout ce charivari, une voix insiste qui clame son désir : « Et moi je veux chanter chanterchanterchanter ».
Il faudrait pour cela que les opposants « Joug » et « Joui » ― dont les traits caractéristiques sont précisés au cours de quatre « apparitions » zoomées pleine page ― cessent de s’affronter en vaines joutes. Il faudrait pour cela que tous deux cèdent au désir de réconciliation espéré par la poète. Il faudrait que Jour et Nuit s’assemblent pour que la terre se repose enfin de ses massacres. Il faudrait qu’Eros l’emporte sur Thanatos. Ainsi « Joui » tente-t-il des intrusions dans la violence de « Joug ». Minuscules intrusions (usage des bas-de-casse), modestes comme des parenthèses, vie menue où affleurent les images de l’enfance éblouie, l’humilité des tomettes de la cuisine, la pochette Rouge bien repassée. Autant de parenthèses de jeunesse et de fraîcheur susceptibles de faire reculer la terreur. Un instant seulement.
Reste pour la poète son travail obstiné sur la langue, ses inventions et ses jeux sur les sonorités, ses distorsions et ses ruptures aux limites de l’« a-grammaticalité », avec tenu serré au cœur, le désir du poème ― son comment et son faire ―, qui cherche à concilier le visuel avec l’oralité. Car, pour Hélène Sanguinetti, le travail sur les mots est recherche des origines. Mettre les mots en voix et en corps, n’est-ce pas renouer avec l’oralité qui préexiste à toute forme écrite ? Écouter Hélène donner corps et voix à son poème, c’est vivre avec elle ce pneuma qui l’habite et nous traverse jusque dans les pfffuuuuiiiit ! qui chuintent et glissent entre ses lèvres.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
______________________________________
NOTE d’AP : Et voici la chanson fait partie de la sélection du Prix des Découvreurs 2013-2014.
Retour au répertoire du numéro de décembre 2012
Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti | [Automne vivant et adoré]
Ph., G.AdC
[AUTOMNE VIVANT ET ADORÉ]
Automne vivant et adoré
malgré mouches gavées de nuit derrière la
vitre entrent contre la lampe, le nouveau froid,
pinçons, étoile lune-contre, étoile lune-avec,
gobent une veste de jardinier, et, lui, vole, au, sommet,
nage là-haut tresse une robe à tout entourée, lianes arbres air
Les histoires alors descendent* se
glissent sous la porte, peuple s’installe en
tailleur, stop ! ça commence !
stop ! stop ! et ça commence.
“le char bondit la chanson file, cheveux
nattés je rêve”
Qu’est-ce qui fut raconté
ce jour-là cette nuit-là
dans ce pays-là,
homme à la flûte ?
Hélène Sanguinetti, Et voici la chanson, Éditions de l’Amandier, Collection Accents graves Accents aigus, 2012, pp. 80-81.
Retour au répertoire du numéro de novembre 2012
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti | La vieille femme regarde en bas
Aquatinte numérique, G.AdC
LA VIEILLE FEMME REGARDE EN BAS
La vieille femme regarde en bas, les gens, une fille, attend son bus pour rentrer chez elle, dans son immeuble, là-bas derrière la mer, sans doute.
La fille ne fumait pas, elle pleurait, elle serrait ses doigts sur un mouchoir roulé en boule, en charpie, ses manches, sa peine, je n’ai plus de bonbons, et la fille est trop grande, elle se vexerait bien sûr, je pourrais taper sur la vitre pour qu’elle lève la tête, qu’elle me voie ?
Qu’elle la voie.
Il y a dans le buffet des biscuits et du rhum.
Des biscuits et du rhum.
Je vous en prie, servez-vous.
Je vous en prie.
C’est très bon avec un sucre. Ça remonte, ça donne de la couleur.
Comment ouvrir le plus essentiel du cœur de l’homme ?
Respire,
encore,
encore.
C’est pour mieux se jeter
la tête en bas
dans les arbres.
Si tout le sang s’échappait de tous les corps,
de tous,
si on le recueillait,
quel espace remplirait-il, aussi vaste
qu’une mer ?
Tout le sang, dans quoi contiendrait-il ?
Il ne resterait personne pour mesurer et le dire. Il resterait la mer inconnue, rouge sombre, beaucoup plus rouge que la Mer rouge.
Qui n’a qu’un nom.
Hélène Sanguinetti
D.R. Texte inédit
Hélène Sanguinetti pour Terres de femmes
HÉLÈNE SANGUINETTI

Ph. D.R.
■ Hélène Sanguinetti
sur Terres de femmes ▼
→ Alparegho, Pareil-à-rien (note de lecture d’AP)
→ De quel pays êtes-vous ? (extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien + bio-bibliographie)
→ De la main gauche, exploratrice (I)
→ De la main gauche, exploratrice (II)
→ De ce berceau, la mer (extrait de D’ici, de ce berceau)
→ À celui qui (extrait de Hence this cradle)
→ Et voici la chanson (note de lecture d’AP)
→ [Automne vivant et adoré] (extrait de Et voici la chanson)
→ Le Héros (note de lecture d’AP)
→ [Ma trouvaille de tout à l’heure] (extrait de Domaine des englués)
→ (dans la galerie Visages de femmes) un Portrait de Hélène Sanguinetti (+ un poème extrait de De la main gauche, exploratrice)
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique
(+ un extrait sonore issu de Alparegho, Pareil-à-rien)
→ (sur remue.net) Hélène Sanguinetti disant un extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien
Retour au répertoire du numéro de janvier 2010
Retour au Sommaire de l’anthologie poétique Terres de femmes
(Printemps des poètes 2010 « Couleur femme »)
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti, Le Héros
Hélène Sanguinetti, Le Héros, Flammarion,
Collection Poésie/Flammarion, 2008.
Ph., G.AdCÀ l’honneur en ce mois d’avril 2008 sur le site de l’écrivain Claude Ber, Hélène Sanguinetti poursuit sa trajectoire poétique, inflexible et ardente, avec la publication de son dernier recueil, Le Héros. Présenté au cours de la soirée du Printemps des poètes 2008 en Corse (Patrimonio, Haute-Corse), Le Héros vient de paraître chez Flammarion, dans la collection Poésie dirigée par Yves Di Manno.
CHEF DE RIEN, LE HÉROS
Dernier-né d’Hélène Sanguinetti, Le Héros, figure de proue polymorphe — chatoyante — frère, fiancé, amant, ami, voyageur, soldat —, se suit et se lit d’une traite, d’un souffle, à travers le long poème narratif qui déroule sa vague océane d’un chant à l’autre du recueil. Onze chants où le héros, beauté solaire presque sans nom et presque sans visage, traverse la mosaïque de la vie dans un hors-temps relayé par un hors-norme de l’écriture. Alternances de formes et de genres, de typographie et de style, de tonalités et de voix. Fragments de sens et d’images, énumérations-éclats. Ou au contraire laisses lyriques, à lire d’un même jet de voix.
Sur fond de décors exhumés de l’enfance, pareil à une flèche, le héros ulysséen file vers sa cible mortelle et entraîne avec lui, dans son sillage d’or et de plumes, Celle qui depuis toujours l’aime et le chérit, Petite Sœur, Petite-Soie, rivée aux images colorées de l’enfance, emportée consentante dans le tourbillon du héros éternel. Iphigénie monte à l’autel, liste de mots vus du ciel. Panoplie de rires et de fêtes, de cabanes et de nids à couver dans les arbres, jeux d’indiens et de poètes inventeurs de mots et de magies. Chimères, Chiens mères jours. Plus tard dans le récit, batailles et victoires. Épique et burlesque. Chromo de cartes postales des temps de guerre et des adieux. Dialogues de comptoirs. Et toujours, dans le paysage, comme dans Alparegho, pareil à rien, les ponts qui veillent à l’orée des villes et des strophes. Des ponts « comme des pas » qui « relient », qui « séparent ».
Après le pont dessous l’eau, après les pierres, c’est jusqu’où j’irai au milieu de la vie, en cet état d’appelant et meneur de mule.
Ainsi s’exprime dès l’incipit du poème la voix première du Héros.
Toujours en partance, le héros généreux, Eroe, Air, Eau, grand assembleur de bêtes et de gens — « tous hommes et femmes héros » —, jamais ne se retourne ni ne s’attarde. Jamais ne s’arrête. Sinon au moment où survient la mort. « Chef de rien ». Disparition. Quelle douleur, plus pure douleur que celle-là, pierre plus dure et blanche sur la langue que celle-là ? « Derrière la fenêtre, regard sur les oiseaux, froid d’hiver, jeux, sépultures, jeux », c’est ce qu’il reste, au bout du compte, du Héros. Un conte mystérieusement dédié, en fin de recueil, à Alain.
« Ainsi, adieu Héros, bonheur aux suivants, oh, chance à tous ».
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
HÉLÈNE SANGUINETTI

Ph. D.R.
D’origine corse (Castagniccia), née à Marseille le 3 mars 1951, Hélène Sanguinetti vit et travaille actuellement en Provence. Elle adore la mer ― regarder le ciel ― tailler les arbres en boule ― dire ses textes ― lire, beaucoup et très tard dans la nuit les entretiens, les écrits des peintres, les biographies, les livres des peintres, des aventuriers, penseurs, poètes, et aussi le journal L’Équipe. Elle adore le sport et en pratique plusieurs (elle regrette de ne pas avoir joué au rugby).
Écrit « du » poème depuis toujours.
Son premier livre, De la main gauche, exploratrice, a paru en 1999, dans la collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno.
Elle est aussi l’auteure de D’ici, de ce berceau (Poésie/Flammarion, 2003), publié en avril 2007 dans une traduction anglaise d’Ann Cefola sous le titre : Hence this cradle (bilingue, Otis Books/Seismicity Ed., Los Angeles), d’Alparegho, Pareil-à-rien (L’Act Mem 2007, Fonds Comp’Act 2005) ; en 2009, de deux textes-voix chez publie.net (Collection L’Inadvertance dirigée par François Rannou), ouvrages à voir et à écouter : Toi, tu ne vieillis plus, tu regardes la montagne et Une pie ; en 2012, de Et voici la chanson (Éditions de l’Amandier, Collection Accent graves Accents aigus) ; en 2017 de Domaine des englués, La lettre volée.
Très proche de toutes les expressions plastiques, Hélène Sanguinetti travaille depuis 2006 avec une artiste polonaise, Anna Baranek (Gora soli, l’attentive, janvier 2008) ; invitée en 2005 par la Maison des Écrivains et le Festival de Danses d’auteurs, elle poursuit son compagnonnage avec les corps en mouvement (travail en cours avec la chorégraphe Muriel Piqué, Cie comme ça).
Claude Adelen, poète et critique, perçoit dans le poème d’Hélène Sanguinetti « des sortes de fiction, où l’on entrevoit les profondeurs de quelque roman familial à travers l’opacité d’un mythe » et parle pour qualifier son écriture de « noblesse et roture du langage » et de « souveraineté radieuse » (L’Émotion concrète, L’Act Mem, Fonds Comp’Act, 2004).
■ Hélène Sanguinetti
sur Terres de femmes ▼
→ Alparegho, Pareil-à-rien (note de lecture d’AP)
→ De quel pays êtes-vous ? (extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien + bio-bibliographie)
→ De la main gauche, exploratrice (I)
→ De la main gauche, exploratrice (II)
→ De ce berceau, la mer (extrait de D’ici, de ce berceau)
→ À celui qui (extrait de Hence this cradle)
→ Et voici la chanson (note de lecture d’AP)
→ [Automne vivant et adoré] (extrait de Et voici la chanson)
→ [Ma trouvaille de tout à l’heure] (extrait de Domaine des englués)
→ [Premier soleil] (autre extrait de Domaine des englués)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) La vieille femme regarde en bas
→ (dans la galerie Visages de femmes) un Portrait de Hélène Sanguinetti (+ un poème extrait de De la main gauche, exploratrice)
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique
(+ un extrait sonore issu de Alparegho, Pareil-à-rien)
→ un extrait sonore [10 mn] de Et voici la chanson (« JOUG 2 » « Voici la chanson », pp. 22-31) dit par Hélène Sanguinetti. Prise de son : François de Bortoli
Retour au répertoire du numéro d’avril 2008
Retour à l’ index des auteurs
Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti | À celui qui
Aquatinte numérique, G.AdC
À CELUI QUI
Et que j’aime
Vésuve ne cesse pas de chuchoter avec le
ciel. Du vent venu de là et du silence qui
râpe, une invasion de fourmis lente, les
Infatigables. Qu’en vois-tu depuis ta petite
fenêtre que je ne connais pas ?
Que reste-t-il de moi dans tes poumons
quand tu plonges, suis-je air ou vide brûlant,
déjà éponge et corail, déjà douceur et
douleur, et toujours le bienvenu retour au ciel,
là, retour enfin aux yeux, aux miens ?
Les petits pains dorés fabriqués par tes
doigts, déposés par tes doigts,
sont sur la coupe, je mords, l’oranger, tes
doigts. Collés à mon nord et mon sud, plus loin
que les boucles parfumées. Plus
qu’envahie. Ennoiement.
Hélène Sanguinetti, D’ici, de ce berceau, Flammarion, 2003 ; Hence this cradle, Otis Books/Seismicity Editions, Los Angeles, 2007, page 120.
TO HE WHO
And whom I love
Vesuvius doesn’t cease whispering with the
sky. Wind blowing from there and grating
silence, an invasion of slow ants,
Indefatigable. What can you see of it from little
window that I’ve never seen ?
What of me remains in your lungs
when you plunge, am I air or burning emptiness,
already sponge and coral, already softness and
ache, always the welcome return to sky,
returning there at last to eyes, to mine ?
Little golden loaves made by your fingers,
set down by your fingers,
on the cutting board, I bite off, the orange tree, your
fingers. Stuck to my north and south, much farther
than the scented curls. More
than invaded. A flood.
Hélène Sanguinetti, Hence this cradle, Otis Books/Seismicity Editions, Los Angeles, 2007, page 121. Traduit du français par Ann Cefola.
Retour au répertoire du numéro de avril 2008
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Stefanu Cesari | Ti scrivaraghju in faccia
Stefanu Cesari lisant un poème
de son avant-dernier recueil Forme animale
Canari (Haute-Corse)
Ph., G.AdC
J’ECRIRAI SUR TON VISAGE
J’écrirai sur ton visage des mots qui ne servent à rien
tu ne parleras dans le regard des autres
qu’une langue incertaine
aux mensonges forcés
à même la peau
l’inutile douleur du tatouage
pour tout dire
TI SCRIVARAGHJU IN FACCIA
Ti scrivaraghju in faccia tanti paroli vani
chi’n u sguardu di l’altri parlarani
una fabeta di lingua
a fior’ di visu una bucìa un calcosa
o micca, a saparé tu
calchì dulori ghjustu
capaci à dì
u guasgi tuttu

Ph., G.AdC
Stefanu Cesari, Forme animale, A Lingua lla bestia (édition bilingue corse-français), A Fior di Carta éditions, Collection Puesia, Barrettali (Haute-Corse), mars 2008, pp. 24-25. Prix des lecteurs de Corse 2009.
Joute poétique sur la Terrasse au tilleul d’Angèle Paoli
(Canari, 15 mars 2008)
A gauche (prenant la parole), Yves Thomas, éditeur webmestre de TdF,
au centre Angèle Paoli et Stefanu Cesari,
sur le rocher à droite Hélène Sanguinetti
Ph., G.AdC
Retour au répertoire du numéro de mars 2008
Retour à l’ index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti le 14 mars dans le Cap Corse

Domaine Orenga de Gaffory
Ph. D.R.
HÉLÈNE SANGUINETTI À PATRIMONIO (HAUTE-CORSE)
Dans le cadre du Printemps des poètes 2008, les éditions A Fior di Carta (Barrettali, Haute-Corse) et la revue Terres de femmes ont invité Hélène Sanguinetti à se joindre à elles le vendredi 14 mars prochain pour la soirée poétique qu’elles organisent (à partir de 18h00) dans l’Espace Art contemporain du prestigieux Domaine Orenga de Gaffory à Patrimonio (Haute-Corse).
En tant qu’invitée d’honneur, la poète Hélène Sanguinetti dira des extraits d’Alparegho, Pareil-à-rien et de son prochain livre, Le Héros (à paraître chez Flammarion, Collection Poésie, en avril prochain). Ce dit poétique sera suivi d’une table ronde avec les auteurs d’A Fior di Carta, et d’un libre échange en terres de poésie avec les invités de cette soirée.
À l’occasion de cette rencontre sont exposées pour la première fois (jusqu’au 24 mars 2008) les planches originales du recueil Le Passeur de mélancolie qu’Angèle Paoli a conçu avec le directeur artistique de Terres de femmes : Guidu Antonietti di Cinarca.
HÉLÈNE SANGUINETTI

Ph. D.R.
D’origine corse (Castagniccia), née à Marseille, Hélène Sanguinetti vit et travaille actuellement en Provence. Elle adore la mer ― regarder le ciel ― tailler les arbres en boule ― dire ses textes ― lire, beaucoup et très tard dans la nuit les entretiens, les écrits des peintres, les biographies, les livres des peintres, des aventuriers, penseurs, poètes, et aussi le journal L’Équipe. Elle adore le sport et en pratique plusieurs (elle regrette de ne pas avoir joué au rugby).
Écrit « du » poème depuis toujours.
Son premier livre, De la main gauche, exploratrice, a paru en 1999, dans la collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves Di Manno.
Elle est aussi l’auteure de D’ici, de ce berceau (Poésie/Flammarion, 2003), publié en avril 2007 dans une traduction anglaise d’Ann Cefola sous le titre : Hence this cradle (bilingue, Otis Books/Seismicity Ed., Los Angeles), d’Alparegho, Pareil-à-rien (L’Act Mem 2007, Fonds Comp’Act 2005) et du Héros (Poésie/Flammarion, 2008).
Très proche de toutes les expressions plastiques, Hélène Sanguinetti travaille depuis 2006 avec une artiste polonaise, Anna Baranek (Gora soli, l’attentive, janvier 2008) ; invitée en 2005 par la Maison des Écrivains et le Festival de Danses d’auteurs, elle poursuit son compagnonnage avec les corps en mouvement (travail en cours avec la chorégraphe Muriel Piqué, Cie comme ça).
Claude Adelen, poète et critique, perçoit dans le poème d’Hélène Sanguinetti « des sortes de fiction, où l’on entrevoit les profondeurs de quelque roman familial à travers l’opacité d’un mythe » et parle pour qualifier son écriture de « noblesse et roture du langage » et de « souveraineté radieuse » (L’Émotion concrète, L’Act Mem, Fonds Comp’Act, 2004).
De quel pays êtes-vous ? (extrait d’Alparegho, Pareil-à-rien) ;
Voir/écouter aussi :
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti/À celui qui (extrait de Hence this cradle) ;
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti, Alparegho, Pareil-à-rien (note de lecture) ;
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti/
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti/De la main gauche, exploratrice (I) ;
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti/De la main gauche, exploratrice (II) ;
– (sur Terres de femmes) le Portrait de Hélène Sanguinetti dans la galerie Visages de femmes (+ un poème extrait de De la main gauche, exploratrice) ;
– (sur Terres de femmes) Hélène Sanguinetti, Le Héros (note de lecture) ;
– (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) sa fiche bio-bibliographique (+ un extrait sonore issu d’Alparegho, Pareil-à-rien).
Pour tous renseignements, écrire à Terres de femmes.
Retour au répertoire du numéro de mars 2008» Retour Incipit de Terres de femmes -
Hélène Sanguinetti | De ce berceau, la merDe ce berceau, la mer
(avec ses voix,
la grande gorge qui roucoule)
À elle, jeté ou confié ?
Et toujours, oliviers vignes figuiers, le vent qu’Ulysse-épargné
respire
Qui suis-je, osier ?
Aux mailles gonflées
un jour répondra
une chaîne tombée au cou !
Mieux nuages que moustiquaire ou voile dansant ————————
——————— Qui suis-je, osier ?
D’un dieu, de l’or casqué de ses jambes
Ou du très jeune homme père, sorti ramer près du soir autour de
l’île pour muscler les épaules ?
D’ici ballotté dans l’écume et rongé,
reste quoi de ce qui fut ?
Donne à la fin son nom,
l’eau noire blanche de mouettes,
où aucun nageur ———————
Son nom de Maïre,
Un caillou sur la mer ——————— l’enfant
Hélène Sanguinetti, D’ici, de ce berceau, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2003, pp. 40-41.
Retour au répertoire de février 2008
Retour à l’ index des auteurs


