Étiquette : Henri Deluy


  • 11 juillet 2001 | Henri Deluy, Imprévisible passé

    Éphéméride culturelle à rebours

    «  Poésie d’un jour
     »



    Tretyakov Gallery







    Mercredi 11
    Pont sur la Moscova
    Vertige
    Vire vire puis dizaines de vire vire
    Ancien parc des pionniers
    Galerie Trétiakov grandeur et force
    Précision
    Poids de ce qui se regarde
    De ce qui sort de ces peintures
    Du constructivisme
    Formidable plaisir
    Formidable plaisir du plaisir
    L’organisation des formes
    L’organisation des couleurs
    L’organisation des couleurs dans les formes
    L’organisation de la forme des couleurs
    L’organisation de la couleur des formes
    L’organisation du délire de la couleur
    Et des formes

    L’organisation
    L’imagination organisée




                      *




    Catalogue expo Cobra Moscou
    Et bistro en terrasse
    Première prostituée
    Sur le bord d’un trottoir
    Des voitures s’arrêtent
    Vue sur le dôme de l’hôtel
    Ukraïna




    Henri Deluy, « 2. Moscou/Saint-Petersbourg/Irkoutsk/Lac Baïkal/Sibérie », Imprévisible passé, poèmes, Le Temps des Cerises, 2012, pp. 124-125-126. Préface de Christian Prigent.






    Henri Deluy, Imprevisible passé





    HENRI DELUY


    Henri Deluy




    ■ Henri Deluy
    sur Terres de femmes

    L’Heure dite (note de lecture d’AP)
    Old Navy



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Sitaudis.fr)
    une note de lecture d’Yves Boudier sur Imprévisible passé
    → (sur Recours au Poème)
    Voyages post soviétiques, par Antoine de Molesmes (note de lecture sur Imprévisible passé + extraits)
    → (sur le site du cipM)
    une page consacrée à Henri Deluy
    → (sur le site de France Culture)
    Henri Deluy à l’heure dite (émission du 4 décembre 2011)





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  • Henri Deluy, L’Heure dite

    Henri Deluy, L’Heure dite,
    Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2011.




    Lecture d’Angèle Paoli



    « DERNIER CORPS
    DERNIÈRE SOLITUDE »




         Publié en octobre 2011, L’Heure dite, le dernier recueil poétique d’Henri Deluy, se clôt sur deux vers qui signent la fin d’un temps, la fin d’une aventure, la fin d’un parcours. Sans doute, au-delà, annoncent-ils la résignation de la mort :

    « dernier corps
    dernière solitude »

        C’est sur ces quatre mots (trois seulement si l’on prend en compte la répétition) mais dans le même temps sur le refus d’« une tristesse universelle », que se referme L’Heure dite. Dernier recueil d’un poète, traducteur polyglotte et passeur de poésie qui a mis l’écriture poétique ― celle des autres tout autant que la sienne ― au centre de son existence, au centre de ses préoccupations, de ses engagements et de son militantisme. Parallèlement à cet ouvrage publié aux éditions Flammarion vient de paraître l’avant-dernier numéro d’Action Poétique, revue créée en 1950 par Jean Malrieu et Gérald Neveu et dont Henri Deluy est depuis 1958 le directeur. Pareille ténacité dans la permanence et dans la durée est à la fois remarquable et exemplaire. L’Heure dite s’inscrit, semble-t-il, dans cette continuité temporelle et ponctue l’œuvre d’une vie tout entière occupée par la poésie. L’ouvrage s’inscrit aussi dans une continuité affective et intellectuelle puisque l’ensemble du recueil est dédié à la poète Liliane Giraudon, l’amie de toujours, et que la section « Pour Gérald Neveu » est dédiée, elle, à Jean-Jacques Viton, poète, ami d’Henri Deluy et compagnon de L.G. Le trio marseillais d’Action Poétique est donc ici reconstitué. Il semble être discrètement évoqué dans le vers « Venise à trois » du poème « ..cinquante septembre ».

        Annoncée par le titre de l’ouvrage, la question du temps va de pair avec celle de la parole. Heure dite ? Heure prévue ? Donnée ? À qui ? Par qui ? Qui fixe les règles du temps dans l’univers poétique d’Henri Deluy ? Le poète lui-même, sans doute. Car « le temps bref » des poèmes est mesuré, quantifiable. Notamment dans la seconde et dans la troisième section du recueil, « Une langue étrangère/Et d’autres langues étrangères ». Chaque poème, annoncé par une indication temporelle précise soulignée, est minuté. Montre en main. Est-ce là « l’heure dite » ? « Seize heures trente » | « ..trente deux » | « ..trente cinq » | « ..cinquante six ». Une pause est observée avec le poème intitulé « Plus tard » mais le rythme imposé par l’écoulement minutieux du temps reprend dès le poème suivant : « ..dix-sept heures moins une ». Parfois, le temps s’octroie des fantaisies : « ..cinquante septembre ». Il prend ses aises, s’étire, se dilue dans l’imprécision : « ..plus tard encore » | « ..juste avant » | « ..le lendemain ». Très présent dans les poèmes, le temps déroule ses formes multiples, à travers saisons et journées. « Un été bref ». « Nuit soudaine ». « Le jour la nuit ». « Une heure elle-même | Très courte ». « Le temps passe et ne passe pas »…

        Les poèmes semblent prendre appui in medias res, les deux points de suspension qui précèdent l’expression temporelle pouvant être lus comme une façon d’éluder ce qui précède l’entrée dans le poème, une façon de prendre les événements en cours de route. Le lecteur pourrait s’amuser à calculer la durée totale qu’occupe l’ensemble des poèmes de ces deux sections ; il peut aussi mesurer l’espace temporel qui sépare le temps de lecture d’un poème de celui du poème suivant. Il peut également considérer ces indications avec légèreté en laissant couler le temps à sa guise. Mais c’est compter sans l’organisation même du recueil.

        Onze « Périphérique[s] » scandent la progression d’une section à l’autre. Onze textes annexes qui sont comme des cairns dans l’espace de L’Heure dite. Ces textes centrés sur la page, différents des autres textes par leur forme dense et compacte, déclinent, à travers les enchaînements d’énumérations, « tout ce qui traverse le siècle », depuis les menus faits de la vie courante – le « goût des croissants » et « le pigeon meunière », les « faux cils de Marilyn » et « la rénovation des stades » jusqu’au « bruit de bottes » d’une époque, son « overdose policière », ses violences et ses brutalités.

        Mais aussi les clichés rapportés des voyages (clichés détournés par le poète) :


    « la Grèce brille évite de découvrir
    Pallas Athena avec sa tête de méduse jaunie »


    ou encore la mémoire de l’homme engagé dans les combats de son temps :


    « […] ne pas oublier Violette Leduc et
    la petite maison à l’horizon
    et Banska Stiavnica
    la petite ville de Slovaquie et Joseph Epstein
    combattant des Brigades Internationales […] »


        Entre ces balises, le recueil d’Henri Deluy accorde une place importante à d’autres poètes, écrivains et artistes qu’Henri Deluy a contribué à révéler au public par ses nombreuses traductions. L’argentin Juan Gelman, dont le poème « À l’ancre à Paris » (Anclao en Paris, 1962) est traduit de l’espagnol par Henri Deluy ; Adilia Lopez, traduite du portugais par le même Henri Deluy. D’autres encore sont présents sous la plume du poète : dédiés à Danielle Collobert, les deux poèmes en prose de « Old Navy » évoquent les rencontres marseillaises autour d’un gimlett, de l’écriture ― « je t’installe dans l’écriture » ― et dans le partage d’une grande proximité fraternelle : « Nous aussi, proches des vestiges mélancoliques d’une aspiration à changer le monde. » Et que la mer fuit seule vers le nord est dédié à Pierre Reverdy et les poèmes d’Usagers de la poésie, à Gil Jouanard. Ceux de Vingt heures trente le sont à Huguette Champroux ; à l’artiste Dada Hannah Höch, Henri Deluy consacre ses Versets pour Hannah Höch. Quant au poète marseillais Gérald Neveu, Henri Deluy lui réserve une section en trois volets. Il évoque l’ami à travers une série de poèmes brefs qui tentent de dire le silence, la vacuité de l’instant, l’isolement. Ainsi de ces quatre vers curieusement agencés (l’ébauche d’un chiasme ?)

    « Pas le silence
    Le moment

    Pas la solitude
    Le silence »

        « De quoi ça parle » ? Telle pourrait être la question majeure que le lecteur pourrait se poser. Mais la question concerne-t-elle Gérald Neveu ou Henri Deluy ? Peut-être l’un et l’autre.

    « Nul ne sait
    Ne sait pas
    De quel présent
    Il est question »

    « C’était le monde
    ce jour-là

    La charge des CRS
    Le Premier Mai
    La Guerre d’Algérie

    Les chars poussés à la mer

    Le jeune engagé qui pleure »

        Les poèmes qui constituent l’ensemble de l’ouvrage sont des poèmes brefs. Henri Deluy se refuse à l’excès. Il lui préfère la rétention, le minimalisme, le ralenti du dire, ses hésitations. Pas de métaphores non plus. Rien dans l’écriture qui s’appuie sur « L’illusion/Des ressemblances ». Juste « la besogne des mots/Dans une orthographe/Sereine ». Ce qu’Emmanuel Laugier nomme le « littéralisme » d’Henri Deluy. Les seules énumérations proliférantes se trouvent dans les poèmes touristiques évoquant une ville : Moscou, par exemple, Riga ou Venise.
        Ramassés, resserrés dans la pureté de leur forme, les poèmes dessinent au fil des pages les contours d’« une géographie affective ». Paysages des pays du Nord et d’ailleurs, souvenirs de voyages, villes parcourues d’un bout à l’autre du monde, odeurs et couleurs, saisons, sensations, rien n’échappe au regard aigu et tendre du poète. Ils évoquent aussi le souvenir d’un amour singulier, unique, présent à travers l’usage du « Tu ».

    « C’était
    Ce que tu disais
    Ce que tu répétais
    Ce que tu soulignais »

    et d’un bonheur émoussé, enfui :

    « Le bonheur

    Dans quelle langue
    Première
    Quel jardin »

        Dans Une langue étrangère, poèmes de la première section, ce qui frappe dès le premier regard, c’est la présence du point. Non pas un point à la fin d’un vers ou d’une strophe. Mais un point qui sépare entre elles deux strophes. Ou qui sépare les derniers vers de la strophe principale. La respiration se suspend. Le regard se pose, interroge.

    « L’heure était
    Entièrement bleue
    Des deux côtés
    La nuit protégeait
    Les yeux

    .

    C’était

    Ce que tu disais »

         Il arrive qu’un mot ou une expression revienne d’une strophe à l’autre. Parfois sur le mode anaphorique. Ces répétitions donnent à l’ensemble du poème une musique interne, un rythme propre. Au cœur des variations sur le même, quelque chose a bougé. À peine. Le déplacement, léger, se fait dans la nuance :

    « Meilleure vue hier

    .

    Meilleure vue sur le Nord »

        Le tempo se ralentit, les mots sont suspendus. On attend une suite. Interrompue :

    « les mots parlent seuls

    Qu’on le veuille »

    D’autres fois seulement différée.

    « Tête sous les pierres
    Laisser venir
    Les événements
    Ou encore

    .

    L’arrière
    D’une fumée

    À peine légère ».

        Le mode mineur domine, qui donne à l’ensemble du recueil sa coloration en demi-teinte, sa densité de haïku. Mais la particularité de la ponctuation disparaît, elle, dans les autres sections du recueil. Pourquoi ? N’était-ce que jeu ou simple coquetterie ?

        Les mots ? Difficile de les retenir. Difficile aussi de leur laisser le champ libre, la liberté de dire ou de ne pas dire. Jadis, les mots venaient à profusion, dans une effervescence ludique et jubilatoire :

    « On ramassait les mots à la pelle
    On les comptait
    On les séparait
    On les oubliait

        Puis est venue la prise de conscience, et avec elle, une forme d’étonnement implicite, d’étrécissement :

    « Un seul pour dire la neige

    Ou alors
    Viens donc »

        Parfois le poète s’en tient à l’ébauche. Ébauche du dire, ébauche des sentiments, rarement exprimés.

        Et les mots ?

    « Il n’y a
    Rien
    Derrière les mots »

        Seulement cette tristesse infime qui court en filigrane et qui gagne en profondeur, au fur et à mesure que les mots composent sur la toile l’arrière-pays sensible et mouvant de L’Heure dite.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Deluy





    ■ Henri Deluy
    sur Terres de femmes

    Old Navy
    11 juillet 2001 | Henri Deluy, Imprévisible passé



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    L’Heure dite, d’Henri Deluy (lecture de Jean-Pascal Dubost)
    → (sur le site du cipM)
    une page consacrée à Henri Deluy
    → (sur le site de France Culture)
    Henri Deluy à l’heure dite (émission du 4 décembre 2011)





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Vladimir Maïakovski | Impossible



    IMPOSSIBLE
    Diptyque photographique, G.AdC







    IMPOSSIBLE



    Je ne pourrais, à moi seul,
    porter un piano
    (à plus forte raison ―
    un coffre-fort).
    Ni coffre, ni piano, mon cœur,
    mais comment le porter,
    si je le reprenais.
    Les banquiers le savent :
    « Nous, les riches sans limites,
    nous remplissons les coffres. »
    J’ai déposé
    l’amour
    en toi ―
    j’ai caché une richesse dans du fer ―
    et je flâne,
    joyeux Crésus.
    Peut-être,
    si l’envie m’en prend,
    je retirerai un sourire,
    un demi-sourire,
    ou moins encore,
    et à la fête avec d’autres,
    après minuit, je claque
    une quinzaine de roubles de petite monnaie lyrique.




    Vladimir Maïakovski, J’aime | Вхутемас [1922], in L’amour, la poésie, la révolution, Le Temps des Cerises, 2011, pp. 60-61. Adresses à Vladimir, choix de poèmes et traductions d’Henri Deluy. Illustrations d’Alexandre Rodtchenko.





    Maïakovski, L'amour, la poésie, la révolution





    Commentaire d’Henri Deluy (op. cit. supra, page 48) sur le recueil J’aime | Вхутемас [1922], dont est extrait le poème ci-dessus :


    « J’aime est écrit en janvier-février 1922.
    Une première édition sort en mars de la même année. […]
    1922, janvier : Lili Brik, la femme passionnément aimée, rentre à Moscou. Elle était, depuis octobre 1921, en Angleterre où sa mère travaillait dans un service commercial soviétique, puis à Riga, en attente de son visa.
    J’aime s’inscrit totalement dans l’intense communauté de vie qui est alors la leur ― Lili, Ossip Brik, Maïakovski vivent ensemble dans un petit appartement ―, ils sont dans le climat du militantisme expansif et généreux des « fenêtres » publicitaires, les « rosta », dont chacun, aujourd’hui encore conserve le souvenir.
    Quelques mois avant
    De ça, qui marquera la pointe d’un engagement idéologique abrupt, à la fois dans la revendication amoureuse et dans la lutte contre les retombées d’un mode de vie jugé bourgeois favorisées par la Nep, J’aime souligne un émoi, une émotion, sans doute attisés par l’absence, qui donnent à ces vers une extraordinaire luminosité, une simplicité, un calme et une douceur assez rare chez Maïakovski, dans un étalage d’amour sans retenue. La vie que le poète déroule nous est offerte, sans résidu, sans défense, toute une vie sur le front de l’amour, dans la dignité du populaire.

    Le récit autobiographique qui court sous le déploiement et la concentration lyriques devient ce puzzle dont le poète demeure l’instigateur. L’amour, l’amour touché du doigt, dans une langue russe directe mais effervescente, riche en néologismes, en glissements sémantiques et sonores inédits, cependant que le poète semble naître de sa propre écriture.

    Un amour impératif, dans la réalisation de ce désir à jamais désir. »





    VLADIMIR MAÏAKOVSKI


    Maïakovski
    Source



    ■ Vladimir Maïakovski
    sur Terres de femmes

    Maïakovski au ciel



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    18 septembre 1921 | Marina Tsvétaïeva (À Maïakovski)





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  • Henri Deluy | Old Navy



    Danielle Collobert
    Image, G.AdC





    O L D    N A V Y


    aux porteurs de valises, à Danielle Collobert.



    Une première fois, elle avait douze ans. Pourquoi pas ? Puis elle a commencé d’écrire. Une remontée. Les mots me couvrent comme un drap froissé, trop petit. L’écriture est du côté de la vie, disais-tu, dommage.

    Tu parlais peu.

    Tu parlais un peu. Le bar n’était jamais désert. En pleine nuit. Je n’ai pas très envie d’entendre les autres, je n’ai pas très envie de m’écouter.

    Danielle s’installait le plus souvent entre la terrasse et le bar. À portée des tabacs.

    Enfoncée dans une banquette assez profonde. Gris bleu. Deux cendriers sur la table. Je bois des gimlett’s, quand je peux. Je devrais changer de cigarettes, je devrais m’arrêter de fumer.

    Nous aussi, proches des vestiges mélancoliques d’une aspiration à changer le monde.





    Bien sûr, l’écriture n’est pas le langage. Bien sûr, le langage ne ressemble à rien. Échec de la tristesse. L’errance aussi. Il faudrait pouvoir ne pas laisser l’écriture s’isoler dans la solitude. L’obscurité se réduit au silence.

    La rectitude. Si tu écris, que ce soit une sorte de rectitude. Morale.

    Voyager. Pas mal. Ne pas séjourner. Pour l’écriture aussi la terre est vaste. Ronde. C’est la mort, en fin de compte, qui s’isole.

    Je te tire du silence. Je te tire de la solitude. Je te tire de la tristesse. Je t’installe dans l’écriture. Ridicule. Et pourtant.

    Il est deux heures trente. Je t’offre un gimlett.



    Henri Deluy, L’Heure dite, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, octobre 2011, page 186.





    Deluy





    ■ Henri Deluy
    sur Terres de femmes

    L’Heure dite (note de lecture d’AP)
    11 juillet 2001 | Henri Deluy, Imprévisible passé



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site du cipM)
    une page consacrée à Henri Deluy
    → (sur le site de France Culture)
    Henri Deluy à l’heure dite (émission du 4 décembre 2011, dans laquelle Henri Deluy lit le poème « Old Navy »)



    ■ Danielle Collobert
    sur Terres de femmes

    Danielle Collobert | Toujours mouvement



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur remue.net)
    Danielle Collobert | Les mots pour cible (hommage à Danielle Collobert)
    → (sur Le tiers livre)
    Collobert | Une mer intérieure
    → (sur le site de P.O.L Editeur)
    une fiche bio-bibliographique
    → (sur le site du cipM)
    une autre notice bio-bibliographique consacrée à Danielle Collobert
    → (sur le site de l’IMEC)
    une fiche bio-bibliographique
    → (sur Littérature de partout, le blog de Tristan Hordé)
    un extrait des Cahiers 1956-1978 de Danielle Collobert





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  • Nezend Begîxanî | Ici moi ailleurs

    «  Poésie d’un jour  »



    Dancing Peacock by Sadiq Toma
    Source






    ICI MOI AILLEURS


    Ombre blanche
    Entre ici et ailleurs

    Mon passé
    Installé
    Vers l’orient

    À l’aube
    Ma mère la recouvrait d’un voile de soleil
    Elle et les soufis méditaient
    Et les mollahs la craignaient

    À la nuit
    Melik Tawus*
    Glorieusement la tirait par la main
    Vers le dôme de la connaissance
    Et au matin les hommes
    S’inclinaient devant ses tresses

    Elle
    Comme Inanna**
    Dans le temple de la pureté
    Elle attendait Dumuzid***

    Mon présent
    Dans la gorge des soirées de paris
    Pâles
    S’égare
    Derrière le diamant de la logique
    Dans une nuit de solitude
    Et menace la mort
    Et s’accouple avec l’éternité

    Mon futur
    S’endort
    Entre ici et ailleurs
    Il rêve l’un et l’autre



    Nezend Begîxanî, in Dix poètes kurdes, Action Poétique, N° 197, septembre 2009, page 33.




    * « Ange-paon », ange suprême chez les Yezidis, communauté kurde non-musulmane, pratiquant une religion indo-iranienne très ancienne.
    ** Inanna, plus tard Ishtar, déesse de l’amour, de la fertilité et de la guerre chez les Sumériens.
    *** Dans la mythologie sumérienne, Dumuzid, le berger-roi, consort d’Inanna.





    DIX POETES KURDES




         Née en 1966, à Koysenceq, Nezend Begîxanî a fait une partie de ses études à l’Université de Paris-IV Sorbonne. Militante féministe, elle vit actuellement à Londres. Elle a publié deux livres de poèmes.






    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Nezend Begîxanî lisant certains de ses poèmes

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